Arpenteur.fr

Relairoute

Depuis le début, Arpenteur fait son bout de chemin dans son coin, avec ses propres règles. Sans trop d’efforts de communication, sans véritable site web, la marque s’est concentrée jusque-là sur le principal : sortir des collections et des produits de qualité, aux influences subtilement mixées et bien ancrés dans la tradition des savoir-faire français. Cette approche semble au final plus efficace que les gesticulations Instagram de certains, car la marque a enchaîné de belles collaborations (Drake’s, Paraboot …) et est aujourd’hui revendue au sein des multimarques les plus exigeants de la planète.

Marc et Laurent, les fondateurs d’Arpenteur, franchissent enfin le pas cette semaine en lançant leur site de e-commerce : arpenteur.fr . Mais fidèle à leur liberté de ton, ils ont sorti un site internet à leur sauce, éloignée des gimmick minimaux et géométriques de l’époque.

Si on se souvient du catastrophique précédent site d’Hermès, qui avait très tôt pris le parti prix d’un site entièrement illustré, Arpenteur a de son côté appliqué son univers visuel au style ligne-clair, et cela sans tomber dans les écueils de son aîné, notamment grâce à une structure simple et lisible.

Ce site réserve quelques bonnes surprises, comme la gamme Arpenteur Tricot, uniquement vendue en ligne ou la section Arpenteur Art, proposant des sérigraphie créées par l’illustrateur Régric pour la marque. Tout cela est complété d’une partie éditoriale nous permettant d’en apprendre plus sur leurs savoir-faire ou leurs collaborateurs.

Arpenteur.fr

Antenna2

Beige Habilleur

Beige-1

Le beige est le nouveau noir

Il y a quelques années, lorsque j’étais encore acheteur pour le Printemps, j’expliquais à qui avait la patience de m’écouter qu’il y avait un gros « gap » sur le marché de la mode homme à Paris. En effet, alors que les projecteurs du monde entier étaient braqués sur Pitti Uomo et que l’intérêt pour la mode authentique et historique s’écartait doucement du bucheron ou du preppy américain pour se focaliser sur le Made in Italy, des multimarques aux accents transalpins ont éclos ici et là dans les grandes villes internationales. Mais voilà, à part une timide approche de Slowear à Paris, où étaient les Trunk Clothiers ou les Gabucci locaux ? La fermeture d’un vieil Old England en bout de course a laissé un trou béant dans le marché (comblé pour la chaussure par Upper Shoes) et l’idée semblait toute trouvée : choisir un emplacement près de la Madeleine, à Paris, avec une force de vente tirée à quatre épingle à la Armoury, on pourrait y proposer des marques aux intonations chantantes telles que Lardini, Boglioli, Lubiam, Camoshita, Finamore ou Barba. Il ne restait plus qu’à communiquer via les réseaux sociaux et profiter de l’engouement international pour le #menswear et on pourrait bénéficier d’un mélange intéressant de clients classiques, habitués à venir s’habiller dans le quartier, et d’une clientèle plus jeune et connectée, en recherche de ces labels introuvables à Paris
C’est donc à point nommé qu’est apparu Beige. Beige est un multimarque en ligne, et, bien qu’il n’ait pas encore de vitrine physique, il vient remplir ce manque. On y trouve donc de belles marques de Pitti Uomo, ou que l’on suit depuis longtemps : Camoshita, Drake’s, Inis Meain, Jamieson’s, LBM, Valstar, Merola … On y fait aussi quelques belles découvertes comme Cohérence, une marque d’outerwear japonaise aux beaux volumes, ou la marque espagnole Justo Gimeno et ses vestes Teba, sorte de chaînon manquant entre une slack jacket, une forestière et une veste de peintre.

Restait à trouver une belle image, et souvent dans ce type d’univers produit, on est trop sage, trop propret, on s’emmerde. C’est un peu l’écueil dans lequel est tombé le pourtant excellent (et concurrent américain de Beige) No Man Walks Alone . Mais c’est avec brio que Beige s’en sort avec ce lookbook Automne-Hiver à l’image contemporaine juste ce qu’il faut. Avec pour décor les lignes architecturales rétro-futuristes de Beaugrenelle, le style est casual mais reste chic, surtout on reste bien éloigné des mises endimanchées trop clichées.
On se projette, cela fonctionne, et on a hâte de voir le prochain.

www.beige-habilleur.com Beige-2 Lire la suite

Drake’s London AW15

Drakes-Fall-2015-03-960x640

#layering

Timing malheureux, cet article a pour sujet un lookbook AH15 alors que la saison est finie, les soldes ayant emportées avec elles le reliquat bigarré de cette belle collection Drake’s. Mais un coup d’oeil à l’extérieur suffit pour s’en assurer, l’hiver est toujours là, n’en déplaise aux images ensoleillées qui commencent à envahir notre boite mail encombrée. A l’heure où il est de bon ton de vouloir tout remettre à plat, on essaie tout de même de nous faire parler seersucker et madras alors que nos besoins sont plutôt de l’ordre de la flanelle et du tweed. Si du coup le see now buy now n’est plus possible pour ce lookbook, il n’en demeure pas moins plein de belles images et de bonnes idées de layering, applicables maintenant.
Le mannequin pour l’occasion, Jason Jules, qui semble être dans l’ombre de tout bon projet menswear (ici en background dans un article de mai 2011, ainsi qu’en guest-star chez notre ami Francis en juillet 2011), est aussi à l’origine du blog Garmsville, qu’il vous faut dans votre Feedly.
D’ordinaire plus porté sur un look vintage/héritage forcément plus casual, on ne l’attendait pas forcément chez Drake’s. Mais sa présence, accompagnée du stylisme soigné du lookbook, permettent d’atténuer sagement le côté formel du vestiaire Drake’s, pour un résultat parfait.

Lire la suite

Drake’s SS15

« – Comment vais-je pouvoir peler cette orange avec sprezzatura sans faire tomber ma veste ? »

Pour son lookbook SS15, Drake’s a fait appel à l’illustrateur japonais Akira Sorimachi, dont le trait vous sera peut-être familier pour être régulièrement apparu sur les couvertures du magazine Monocle. Sur ces illustrations, toutes les pièces présentées sont extraites de la nouvelle collection de Drake’s et de ses diverses collaborations, des cravates aux souliers, en passant par les vestes, chemises, panamas et pochettes. La marque s’aventure petit à petit dans un vestiaire complet, mais toujours avec l’extrême justesse qui caractérisait déjà ses collections d’accessoires.
Nous avons été récemment exposés à quelques illustrateurs japonais avec des styles aussi différents qu’intéressants, qui possèdent souvent une patte rétro très contemporaine. Leurs univers sont simples, colorés et positifs et ceux-ci s’attardent parfois sur la mode masculine, on pense notamment à Hiroshi Watatani, à Satoshi Hashimoto (qui a collaboré sur la dernière maquette de M, le magazine du Monde) ou à Kazuo Hozumi, dont les figurines que l’on peut apprécier dans Free & Easy sont de pures petites merveilles…
Lire la suite

La Stòffa

Le tricotage d’une cravate en soie

Une recherche syntaxique sur les noms de marques pour homme pourrait nous en dire long sur les tendances d’une époque et ses influences. Si dans le passé il a été tour à tour bien vu de s’inventer un nom français, italien, américain, anglais ou même écossais, il semble qu’aujourd’hui il soit à nouveau de rigueur de s’imaginer une histoire italienne. Après O. Ballou, traité ici il y a quelques semaines, voici une seconde marque anglo-saxonne se revendiquant de savoir-faire transalpins. Le développement d’une collection part généralement de la vision d’un créatif, les chefs de produits et façonniers faisant ensuite de leur mieux pour atteindre un résultat s’approchant au maximum de cette vision.
Stòffa prend le problème à l’envers : la jeune marque new-yorkaise prend ses fournisseurs – tous italiens – comme base pour la construction d’un assortiment de produit. Le fondateur de la marque – Agyesh Madan – se présente comme un chef de produit et non comme un styliste. Mais si Agyesh Madan est un chef de produit, c’est un chef de produit avec une vision forte et une bonne dose de bon goût. C’est en effet un de ces jeunes loups qui posent en chapeau mou à Pitti Uomo et, contrairement à certains, il peut se le permettre : après avoir été diplômé de Parsons et avant de monter Stòffa, ce jeune homme s’occupait de la direction du développement produit chez Isaia.
Lire la suite

Wild Life Taylor – Tokyo



Devanture du « meilleur magasin de vêtement dans l’univers connu »

Pour être tout à fait honnête, la première fois que je suis passé devant le magasin Wild Life Tailor à Tokyo, j’ai d’abord cru à une friperie haut de gamme. En fait, il en est tout autre. Wild Life Tailor est sûrement un des meilleurs magasins que j’ai pu voir, rien que ça, et d’ailleurs le magasin annonce fièrement sur la devanture: « The best clothing store in the known universe ».

Bien que cela puisse sembler un peu prétentieux, on doit quand même leur accorder que leurs sélection de vêtement en ferait rêver plus d’un: Lock & Co, Alden, Tricker’s, Breuer, Orcival, Mr.Freedom, Porter Classic, Oliver Peoples et bien d’autres à découvrir. Le merchandising n’est pas non plus en reste et réussi à restituer parfaitement l’ambiance attendue pour chacun des deux étages du magasin.

Montres militaires et lunettes Oliver Peoples cohabitent à merveille

Le premier étage est très orienté tailleur : on le comprend très vite à la vue des placards en bois, de la lumière tamisée et des liasses de tissu Dormeuil posées sur l’étagère. Au départ, on se demande si le magasin ne regroupe pas tout simplement toutes les meilleures marques connues de l’homme averti. En y regardant de plus prêt il semble que cela soit le cas, en plus de proposer un service de tailleur sur mesure. En clair, vous pouvez y choisir un ensemble composé d’un costume, d’une paire de chaussures, d’une chemise, d’une cravate, d’une pochette, de lunettes et d’un chapeau à faire pâlir Patrick Bateman. Préparez la carte de visite qui va avec.

Le Laboureur fait partie de la sélection workwear au premier étage

Le deuxième étage possède une toute autre atmosphère. En montant les escaliers, on a tout d’abord le regard attiré par l’étrange tête d’élan empaillée qui a deux paires d’yeux et deux paires de bois. Le reste de la salle rappelle un peu un grenier où l’on aurait installé son atelier (plutôt haut de gamme). On y retrouve des marques comme Mr Freedom pour Sugar Cane, Carharrt par Adam Kimmel, Le Laboureur, Gitman Vintage ou encore Franklin Tailored ainsi que certaines marques du groupe Adam et Ropé, car oui, il s’agit aussi d’un de leurs magasins. Le produit qui m’a tout de même le plus intéressé a été le chapeau entièrement tricoté, on en voit pas tous les jours des comme ça. Pour le reste, je vous laisse découvrir le magasin à travers les photos, et si vous en avez l’opportunité, n’hésitez pas à aller le voir de vos propres yeux.

Wild Life Tailor
1-32-12, Ebisu Nishi, Shibuya-ku, Tokyo
wildlifetailor.adametrope.com


Chapeaux, chaussures, chemises, costumes, foulards et parapluies, tout pour se constituer le parfait ensemble

Une belle sélection de cravates parmi lesquelles celles en soie sauvage qui sont particulièrement belles

L’étrange tête d’élan

La collaboration Mr Freedom et Sugar Cane

Le chapeaux tricotés dont je vous ai parlé plus haut

Devinez qui s’occupe de quel étage?

Mr Porter fête ses un an en couleurs




Voilà déjà un an que le site de vente en ligne Mr Porter s’est ouvert pour le plus grand plaisir des hommes amoureux de belles choses, et il faut le dire, de toutes ces personnes occupées qui n’avaient pas le temps de faire du shopping.

Après avoir ouvert Net-à-Porter en juin 2000 avec le concept novateur à l’époque de vendre des produits de luxe en ligne, Natalie Massenet, fondatrice et directrice du groupe, a lancé la version masculine du site en 2010. Il est intéressant de noter que Net-à-Porter, le site initial,  a tout de même mit 4 ans avant d’être profitable, et n’a apparement pas cessé de l’être depuis. 2010 a également été l’année où Net-à-Porter a été vendu au groupe Richemont pour la coquette somme de £350 millions. Une belle réussite pour un projet que beaucoup pensaient voué à l’échec lors de son lancement.

Mr Porter reprend donc le même concept que Net-à-Porter: proposer à ces messieurs des produits de luxe avec des marques comme Lanvin, Martin Margiela ou Yves Saint Laurent, mais aussi des produits plus abordables comme ceux proposés par J.Crew, Folk ou Hentsch Man. L’ouverture du site exclusivement masculin fut aussi l’occasion de voir arriver sur la toile des marques  n’étant jusqu’ici souvent disponibles qu’en magasin tel que Turnbull & Asser, Charvet ou John Lobb.


Terry Betts et Toby Bateman de Mr Porter (© A Continuous Lean)

Il faut dire que peu de choses avaient été laissées au hasard pour l’ouverture de ce deuxième volet. La partie éditoriale est tenue par Jeremy Langmaed, l’ancien éditeur en chef de Esquire UK et Jodie Harrison de GQ, tandis que Toby Bateman, ancien directeur des achats homme chez Selfridges, et Terry Betts ancien acheteur chez Harvey Nichols s’occupent des achats.

Avec une ligne éditoriale pointue et une presence sur internet assez impressionante, on peut dire sans trop se tromper que la première année d’existence de Mr Porter a été réussie et que ce n’est qu’un début.

Pour marquer le coup, le site met en ligne dès aujourd’hui une collection de pochettes, sobrement nommée « the pocket square project », conçues en collaboration avec 10 marques présentes sur le site. Un total de 50 exemplaires par modèle sera mit en vente avec un nombre très limité de coffrets comprenant les 10 modèles. Une jolie manière de marquer le coup.

www.mrporter.com

Band of Outsiders

Drakes

Hiroyoshi the Third

Jean Shop

Oliver Spencer

Our Legacy

Richard James

The Elder Statesman

YMC


Ouverture du Premier Magasin Drakes

Le mois dernier le fabriquant culte d’accessoires Drakes a ouvert sa première boutique à Londres. C’est tout un évènement en soi car il s’est tout de même écoulé 34 ans avant que cette marque ait un lieu dédié. C’est en effet en 1977 que Michael Drake et ses associés fondent Drakes. Ils fournissent depuis les plus grandes marques de luxe en accessoires colorés. Drakes peut aussi se targuer de proposer ses produits dans certains des meilleurs magasins au monde, « des plus conservateurs aux plus innovants ». En effet on peut citer parmi ceux-ci le magasin du fameux blog A Suitable Wardrobe (pour l’exemple conservateur), ou bien le Dover Street Market, en passant aussi par JCrew, qui sont décidément partout.

Et c’est ce subtil mélange entre tradition bien anglaise et modernité qui me plaît beaucoup. On est loin de certaines désuétudes imprimées que l’on peut trouver sur quelques cravates d’enseignes traditionnelles. On est aussi assez éloigné des expérimentations tâtonnantes qui sont l’apanage des marques plus créatives. Bien que beaucoup de motifs sortent des archives du fabriquant, leur sélection tombe toujours très juste, un véritable bol d’air frais dans le monde de la cravate.

Détail intéressant : Drakes fabrique une grande partie de son offre au coeur de Londres, à Clerkenwell. Les cravates de la marque y sont d’ailleurs toutes réalisées à la main. Non seulement la production n’a pas été délocalisée, mais elle est en plus restée dans le centre d’une des capitales où les loyers sont les plus chers au monde.

L’ouverture d’un premier magasin est toujours une étape cruciale dans l’évolution d’une marque : c’est l’occasion d’associer les produits à tout un univers, visuel, sonore, olfactif, qui se doit d’être cohérent et de renforcer l’image de marque. C’est un pari réussi pour Drakes, leur boutique à la modestie toute calculée est, si on veut, une fidèle traduction de l’understatement revendiqué par le fabriquant. Mention spéciale pour l’utilisation de carrelage à l’extérieur, chose que l’on voit souvent (mais en vert) sur les vieux pubs londoniens et que l’on a très peu l’occasion de croiser en neuf.

Sont mis en avant les cravates et accessoires, véritable coeur de l’offre de Drakes, qui se voient ici accompagnés de chemises, vestes et autres pulls en cashmere, toujours à la construction soignée et aux matières impeccables. Le magasin propose aussi un service de cravate bespoke, où tout est fait à la mesure et à l’envie du client. A l’instar des chemisiers installés quelques rues plus loin sur Jermyn Street, la commande minimum est de trois cravates, ce qui fait donc un budget d’entrée assez conséquent.

Je vous laisse avec quelques photos que j’ai pu prendre dans cette boutique, située au 3 Clifford Street, pile entre la boutique Hermès de Bond Street et Savile Row :