John Simons – Americana à Londres



Voici quelques mois que la boutique John Simons a migré de Covent Garden pour s’installer au 46 Chiltern Street. Haut lieu de l’Americana londonien, la boutique propose des marques emblématiques américaines comme J.Press, Florsheim, Brooks Brothers ou Sebago, entre autres, mais également des marques européennes telles que Loake ou Paraboot pour ne citer qu’elles.

Loin du format typique d’une boutique (grande salle rectangulaire avec plein d’étagères), chaque pièce a des proportions assez étranges pour une boutique, donnant l’impression de se trouver dans l’appartement d’un collectionneur de vêtements plutôt que dans une boutique. Les tableaux aux murs juxtaposés aux plaques des marques accentuent cette impression. S’il n’y avait pas l’étiquette des prix sur les vêtements et le tiroir caisse caché dans un coin, on pourrait presque être tenté de se servir.

La sélection est bonne, les prix raisonnables et l’accueil chaleureux. Si l’envie de vous habiller comme Dustin Hoffman dans « the Graduate » vous prend, ne cherchez plus, vous êtes à la bonne adresse.

www.johnsimons.co.uk

Les Yeux noirs – Fédor Chaliapine

Fédor Chaliapine

Si vous ne connaissiez pas ce chant traditionnel russe, la mélodie vous dira très probablement quelque chose puisqu’un grand nombre de musiciens ont laissé libre cours à leur inspiration en utilisant ce thème d’origine Tzigane. Parmi eux, on retrouve Louis Amstrong, Django Reinhardt ou encore Art Tatum.

Interprété ici par l’une des plus belle voix de tous les temps, le baryton Fédor Chaliapine transcende ce chant traditionnel et nous offre ce qui représente à mes yeux toute l’âme et la puissance propre à la musique Russe.

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Comme je le signifiais à l’instant, la mélodie a été utilisée par d’illustres musiciens. Ne manquez donc pas d’écouter les extraits qui suivent avec dans l’ordre : Louis Amstrong, Django Reinhart et Art Tatum. On s’aperçoit à quel point la mélodie peut être utilisée de façon diverse, tantôt profonde et grave, tantôt simple et légère.

Louis Amstrong :

Django Reinhardt :

Art Tatum :


Et pour finir, la version des chœurs de l’armée rouge vaut également le détour (avec un très bon baryton) !

Dieter Rams par V&A

Dieter Rams à son bureau.

Néophite que je suis en la matière, me rendre compte de l’influence d’un designer dans la vie de tous les jours c’est toujours assez impressionnant pour moi. Le travail de Dieter Rams est l’exemple parfait d’une oeuvre qui a su intervenir au bon moment et d’une manière assez efficace pour se voir appliquer à une foule de produit et influencer les marques les plus prestigieuses pendant des décennies. Cette vidéo vue sur l’excellent the189.com m’a redonné l’occasion de m’intéresser à cet homme fort intéressant au travail remarquable, Dieter Rams y revient rapidement sur son travail pour Braun, son état d’esprit et ses influences.

Dieter Rams « Cold War Modern » from Tom Haines on Vimeo.

Si la question vous intéresse, ce très beau livre est paru il n’y a pas très longtemps, édité chez Phaidon.

Test Shots

Martin Greenfield par Jake Davis.

Sur la toile, Jake Davis et ses « Test Shots » ont connu un franc succès depuis début 2010. Ayant travaillé avec Nike, Snoop Dog ou Supreme, le réalisateur de New York se sert de son carnet d’adresse bien garni pour filmer des gens assez intéressants: Glenn O’ Brien (journaliste chez GQ USA), Angelo Urrutia (d’Enginereed Garments), Martin Greenfield (tailleur renommé), Gay Talese (auteur et journaliste), ainsi que tout un tas de filles superbes en t-shirt. Diffusées sur son blog, les vidéos se sont propagées de manière étonnante. Évidement elle donnent également naissance à des fils de commentaires assez long et plus ou moins utiles mais c’est assez plaisant à regarder.

Jake Davis Test Shots: Martin Greenfield from Jake Davis on Vimeo.

Très Bien Shop et FrenchTrotters se sont aussi adonné à l’exercice pour présenter des tenues issues de leurs sélections respectives. « In motion » chez les suédois et « Portrait » pour la boutique parisienne pour deux rendus très différents. Le résultat n’est vraiment pas mal et plutôt cool à regarder: de belles images, de beaux vêtements, que l’on découvre loin des lookbook, dans la vie de tous les jours et portés par les membres du staff des boutiques. Un vêtement sur un mannequin c’est très bien, sur une personne que l’on a plus de chance de croiser dans la rue, c’est un peu mieux.

Dans quelques temps on devrait voir de plus en plus de contenu vidéo sur internet (même dans le e-commerce) et ça devrait être assez amusant de comparer les boutiques par ce qu’elles arrivent à mettre en place à ce niveau là. D’ailleurs passez vous du temps à consulter le contenu éditorial que les magasins en ligne s’évertuent à élaborer depuis quelques saisons ? n’hésitez pas à répondre par mail si poster un commentaire ne vous fait pas envie.

In Motion – Take 3 from Très Bien Shop on Vimeo.

Sune dans un « In Motion » de Très Bien Shop.

FrenchTrotters Portrait #02 – Olivier from FrenchTrotters on Vimeo.

Le portrait d’Olivier par FrenchTrotters.

Rimski-Korsakov, Le Vol du bourdon

Nikolaï Rimski-Korsakov, par Répine

Avec Tchaïkovski, Nikolaï Rimski-Korsakov est un des plus grands compositeurs russes de la seconde moitié du XIXe siècle.

Très jeune il fait déjà preuve de grandes facilités dans le domaine musical, mais ses parents n’envisagent pas une seule seconde que leur fils puisse se consacrer à ce qu’ils considèrent ni plus ni moins comme un simple divertissement.

Rimski-Korsakov poursuit donc ses études et s’engage dans la marine impériale. Il n’oublie pas pour autant la musique et continu de prendre des cours de piano. Quelques années plus tard, affecté à l’Etat major, il trouve le temps de s’adonner à la composition. Après plusieurs années remplies de rencontres enrichissantes avec notamment : Alexandre Borodine, Tchaïkovski, Balakirev, ou encore Moussorgsky, il devient professeur de composition et d’orchestration au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. C’est d’ailleurs en tant que professeur qu’il apprendra le plus, il dit lui même avoir été son propre meilleur élève.

Rimsky-Korsakov est un génie de l’orchestration, il annonce en cela les futurs Ravel, Stravinsky et Prokofiev. Les harpes de Daphnis et Chloé ou encore le contre-basson utilisé par Dukas dans l’apprenti sorcier en ont clairement subi l’influence. Sa musique symphonique est saluée dans le monde entier et Rimski-Korsakov est reconnu comme l’un des fondateurs de l’orchestre moderne.

Parmi ses compositions les plus appréciées on trouve le fameux interlude orchestral écrit en 1900 pour son opéra Le Conte du tsar Saltan. Le Vol du bourdon est reconnaissable à son rythme invraisemblable avec des montées et descentes chromatiques de doubles croches pratiquement ininterrompues. La pièce jouée au piano est très impressionnante à voir !

Le Vol du Bourdon :

Pour la prouesse technique, la version piano :

Et pour finir, une version non moins impressionnante qu’au piano : Marc Chantereau au Marimba !

Oï Polloï – Cottonopolis

Certaines pièces sembleraient produites à Manchester.

Oï Polloï semble sur le point de lancer sa propre ligne !

La très belle boutique de Manchester, qui est également devenue une référence sur le web, va toujours un peu plus loin que les autres dans sa sélection. Elle trouve toujours le moyen d’y incorporer un peu d’originalité (Gregory en ce moment par exemple) en suivant tout de même les tendances lourdes qui se profilent: c’est justement ce qu’il est devenu de plus en plus difficile de faire avec le développement d’internet.

Oï Polloï lance donc Cottonopolis (le nom vient du surnom donné à Manchester en raison de la concentration d’usine de coton au 19ème siècle), une petite collection composée d’une parka, de lainages italiens et de quelques ceintures pour l’instant. Les photos que vous voyez mettent en scène un prototype de Parka sur le dos de Nigel Lawson, le co-fondateur d’Oï Polloï faisant du vélo dans Manchester.

Apparemment on ne sait pas encore si la marque sera disponible ailleurs ni exactement quand les pièces seront disponibles: il ne serait pas étonnant que la gamme s’étende, c’est donc une affaire à surveiller. Particulièrement fan de la boutique, je ne peux qu’espérer que Cottonopolis soit à la hauteur et connaisse le même succès.

Cette bonne surprise et les images m’ont été rapportées par The Daily Street, un bon blog anglais dédié au streetwear.

Chap Olympiads – Moustaches, Tweeds et Parapluies

Nous n’avions pas pu nous y rendre l’année dernière, on ne pouvait pas les rater une fois de plus: les Chap Olympiads étaient de retour le 16 Juillet dernier. Nous avons eu le droit à de beaux rayons de soleil au début, permettant à chacun de dresser sa nappe pour un picnic. Ces demoiselles s’étaient même couvertes d’une ombrelle pour se protéger du soleil et non de la pluie. De notre côté nous nous étions munis de lamb burgers (burgers à la viande d’agneau) et de quelques carafes de Pimm’s. Puis, inévitablement à Londres, la pluie est arrivée et s’est invitée à la fête. Cela dit, ça n’avait pas l’air de gêner les convives plus que ça: une journée comme les autres pour les chaps.

Pendant que chacun inspectait l’autre à la recherche du plus bel ensemble, et il y avait de très beaux specimens, les participants aux Olympiades se livraient une bataille sans merci lors des jeux organisés pour l’occasion: lutte de moustache, crier sur les étrangers, surf sur table à repasser, joutes à vélo avec attaché-case en guise de bouclier et parapluie en tant que lance, entre autre… Le tout s’est déroulé dans la meilleure humeur possible avec une touche d’humour on ne peut plus anglaise. Nous étions entourés par des costumes en tweed, des hommes aux moustaches défiant les lois de la gravité, des noeuds papillon aux couleurs chatoyantes et de chapeaux coloniaux à se méprendre sur la date du jour. En tous cas, un grand bravo à tous les participants pour être restés en grand nombre à regarder, applaudir et danser tout au long de la journée jusqu’à la fermeture des portes sans jamais faire grise mine. Vivement les prochaines Olympiades.

En attendant, voici quelques autres évènements qui pourront vous intéresser si, comme moi, vous pensez que vous auriez du naître quelques décennies plus tôt: the Blitz Party et Prohibition 1920.  Aussi, gardez un oeil sur le site des Chap Olympiads. Si vous souhaitez participer à la prochaine session, sachez que les places sont parties très vite la dernière fois.

Un petit aperçu de ce que nous avons pu voir lors de notre participation:



Un très bel exemple de moustache


Une scène digne d’un épisode de Mad Men



Un exemple de surf sur planche à repasser

 




Surement le meilleur participant de cette épreuve, bravo! à noter: le verre de Pimm’s à la main


Les participants se préparent pour la lutte de moustache


Le but: arracher un poil à son adversaire à l’aide d’un homard… en plastique,  je vous rassure


La chasse au papillon était ouverte


Veste Filson et Leica à la main, surement une de mes tenues préférés de la journée


Après les jeux, la piste de dance fût ouverte


Une belle façon de porter le bérêt, version Chilienne


Le meilleur pour la fin: médaillé pour la meilleur participation aux jeux

S.E.H Kelly – Interview

Nous vous avions parlé de S.E.H Kelly il y a un peu moins d’un an. Cette toute jeune marque anglaise a pour particularité, outre le fait qu’ils ne fasse confectionner leurs vêtements qu’au Royaume-Uni, de n’utiliser que des tissus et autres accessoires tissés et fabriqués sur place. Nous avions à l’époque été séduit par une telle démarche, qui a l’intérêt de pousser encore plus loin le concept d’une production locale de vêtement. Bien entendu nous aurions sûrement été moins intéressé si leurs produits ne nous plaisaient pas autant. Nous les avons rencontré il y a peu et leur avons poser quelques questions, l’occasion de revenir sur leur expérience et sur l’avenir de S.E.H Kelly. Cet article est illustré par des images provenant de la section Makers de leur site, mettant en valeur le travail de leur fournisseurs à l’aide de très belles photos. Ici une usine produisant des draps de laine, localisée dans le Yorkshire.

Redingote : Nous pensons que les gens s’intéressent de plus en plus à ce qu’ils consomment. Ils souhaitent savoir d’où viennent ces produits, comment ceux-ci ont été réalisés et par qui. Avez-vous remarqué un tel regain d’intérêt ?

S.E.H Kelly : C’est une des raisons qui nous a poussé à lancer S.E.H Kelly. Nous avions remarqué que les gens commencent doucement à s’intéresser à l’origine des produits. Qui a fait ca ? Et comment ? Est-ce que c’est vraiment de la qualité ? Est-ce qu’ils pourront porter ça toute leur vie ? Ce sont autant de questions auxquelles nous tentons d’apporter des réponses.

C’est pour cela que nos collections sont toutes petites, nous voulions proposer des produits simples, rien de trop guidé par les tendances. Uniquement des pièces que les gens pourront garder et porter durant des années, peu importe ce qui sera à la mode.

Lorsque nous écrivons à propos d’une nouvelle chemise ou d’une nouvelle veste, nous ne décrivons pas vraiment la manière dont celle-ci est cintrée ou comment elle va rendre son propriétaire cool. Nous préférons parler de la provenance du tissu et de ce genre de choses. Nous pensons que c’est plus intéressant, que cela a plus de valeur.

Pour nous il est aussi très important de parler des gens avec qui nous travaillons. Si ils en venaient à cesser leur activité ce serait alors très difficile de relancer cette industrie en Angleterre. Ce serait vraiment une grande perte. Par exemple nous travaillions avec une bonneterie qui a tout simplement disparu lors de nos deux premiers mois d’activité. Du jour au lendemain, nous n’avons plus eu aucune nouvelle d’eux.

Nous aimons particulièrement travailler avec des usines à Londres parce que nous pouvons aller les voir régulièrement : pour les rencontrer, voir ce qu’ils font et s’assurer que le niveau de qualité est conforme à nos attentes. D’autres fabricants avec qui nous travaillons au Royaume-Uni existent depuis des centaines d’années et nous avions travaillé avec eux sur Savile Row, donc nous connaissons leurs méthodes. Certains de leurs employés travaillent là-bas depuis plus de 30 ans, alors nous connaissons effectivement les personnes qui réalisent nos produits.

Ce sont vraiment eux les professionnels. On lit beaucoup de choses à propos des difficultés que rencontre le secteur en ce moment. Ils n’ont pas vraiment besoin de nous en fait. Dernièrement la demande a beaucoup augmenté, beaucoup de marques recommencent à produire au Royaume-Uni.

Redingote : Nous avons remarqué un véritable support pour cette industrie au Royaume-Uni, par exemple la campagne de sensibilisation « Save Our Skills » du magazine Drapers (sorte de « Journal du Textile » anglais). Avez-vous l’impression que les choses ont un peu changé ?

S.E.H Kelly : On a l’impression que beaucoup de marques réalisent que les consommateurs sont intéressés par des prduits premiums faits au Royaume-Uni. Certains de nos fournisseurs ne travaillaient qu’avec des marques traditionnelles, et maintenant les plus grandes chaînes de magasins veulent travailler avec eux. C’est surtout dû au prestige de proposer un produit Made in UK. C’est une très bonne chose pour les usines, nous espérons que cela va continuer.

Redingote : Vous avez décidé de ne travailler qu’avec des tissus ou accessoires provenant du Royaume-Uni . J’imagine que cela a un impact sur vos collections. De quelle manière cette contrainte influence-t-elle vos créations ?

S.E.H Kelly : Il y a des choses que nous ne pouvons pas faire. Certains tissus, par exemple, ne sont tout simplement pas disponibles ici. C’est le cas des tissus techniques mais il est aussi très difficile de faire fabriquer des T-shirt en jersey ici. Il y a peut-être une ou deux usines pour cela, mais elles ont des minimums de quantité élevés, ce que nous ne pouvons pas encore faire. Par contre au Royaume-Uni il est assez facile de trouver de la laine, du lin et de la soie.

Cela peut aussi avoir un bon côté d’être limité ainsi, cela force à être plus créatif. Nous avons été obligé de penser à des manières originales d’utiliser des tissus. Par exemple il est très facile de se procurer de la laine ou du cachemire ici, contrairement au coton ou plus généralement aux tissus pour chemises, c’est pour cela que certaines de nos chemises sont constituées d’un mélange de laine et de cachemire.

Redingote : Nous avons lu que Thomas Mason (un fabricant anglais historique de tissus pour chemises) avait délocalisé sa production ?

S.E.H Kelly : En effet, la production a été délocalisée en Italie. Cela veut dire qu’il nous a fallut réfléchir à d’autres tissus qui fonctionneraient pour fabriquer une belle chemise. Certaines de nos chemises sont bien plus épaisses que d’habitude car elles sont en partie constituées de cachemire. Le lin est toujours très bon au Royaume-Uni alors nous en utilisons aussi pour nos chemises.

Cela nous force aussi à collaborer de manière plus étroite avec nos fournisseurs. Nous avons travaillé sur des tissus exclusifs avec certains fabricants afin d’avoir plus de variété, plus de couleurs. Ce n’est pas quelque chose que nous nous serions embêtés à faire si nous avions eu accès à tous les tissus du monde.

Redingote : Quelle importance a votre expérience sur Savile Row dans votre travail d’aujourd’hui ?

S.E.H Kelly : Je n’ai pas vraiment appliqué les même styles, parce que je travaillais sur des pièces bien plus structurées, certaines plus casuals aussi, mais principalement des costumes. J’étais en charge du développement de produit pour la gamme prêt à porter d’une maison de Savile Row. Cela signifie que les designers m’apportaient leurs créations et que je devais développer les produits avec les usines. Certaines de ces usines sont totalement hors de notre portée maintenant, ils proposent des tissus à plus de 100 £ le mètre. Sur Savile Row il était possible de les utiliser parce que c’était vraiment du très haut de gamme. C’est intéressant parce que nous travaillons maintenant avec les mêmes usines, mais nous utilisons des tissus plus accessibles.

Redingote : Pour l’instant vos produits ne sont disponibles que sur votre site internet. Est-ce que vous projetez d’être distribués en boutique multi-marque ?

S.E.H Kelly : Nous avons discuté avec quelques magasins au début, des magasins dans lesquels nous aimerions bien être maintenant. Nous n’étions juste pas certains de pouvoir faire ceci tout en conservant des prix raisonnables. Nous allons peut-être venir à Capsule à Paris en janvier prochain, mais d’abord il nous faut travailler à diviser notre offre en différentes gammes de prix. Nous pourrons ensuite voir comment distribuer nos produits dans différents magasins.

Redingote : On ressent une forte inspiration workwear derrière votre dernière collection, comment cela va-t-il évoluer ?

S.E.H Kelly : Je pense que nous sommes en train de nous éloigner intuitivement du workwear.

Les produits sur lesquels j’ai travaillé au cours de mon expérience à Savile Row étaient totalement différents, c’était presque l’opposé. Utiliser des tissus et matières premières provenant de ce monde pour les appliquer sur des styles complètement différents était très intéréssant.

Quoiqu’il arrive, nos collections seront toujours composées de produits simples dans des couleurs plutôt neutres.

Pour la prochaine collection, quelques pieces sont influencées par un côté plus tailoring, certaines pièces d’extérieur font penser à certaines des pièces les plus casual sur lesquelles j’ai pu travailler sur Savile Row. Evidemment nous ne metterons pas d’épaulettes ou quoique ce soit de trop structuré, cela restera donc assez proche de ce que nous faisons déjà.

Ce qui est bien avec le workwear c’est l’aspect fonctionnel des pièces : Où disposer les poches ? Quelles profondeur celles-ci doivent-elles avoir ? Mais cela n’est pas uniquement important pour le workwear, et nous pensons constamment à ceci lorsque nous concevons nos collections.

Cuir repoussé

Yuketen, « one step beyond ».

Ces dernières saisons on a beaucoup vu de cuir tressé: appliqué à des ceintures, des chaussures, des sacs… pour un résultat souvent très bon, qui rentre dans une garde robe très facilement. Pourtant lorsque l’on parle de cuir on peut varier les plaisirs au gré d’une palette de possibilités gigantesque: les techniques des façonniers, des tanneurs ou même le choix des animaux et de leurs membres peut modifier sensiblement l’aspect de la pièce de cordonnerie ou de maroquinierie, les créateurs ont donc le choix. Certains iront jusqu’à peindre le cuir (comme Goyard pour ne citer qu’eux), le sertir de bijoux (la « studded belt » a également un bel avenir) ou s’aventureront à  s’en servir comme support pour des broderies, comme Tucker Blair par exemple. Pour l’instant, la tendance vers laquelle semblent tendre les créateurs et les marques  dans leur quête de « nouveauté » est celle du repoussage du cuir. On ne le confondra d’ailleurs pas avec de la gravure: le cuir n’est pas gravé mais frappé, avec un outil qui lui applique un certain motif que le façonnier combine avec d’autres pour obtenir un ensemble assez compliqué. On ne fragilise donc pas la peau en lui enlevant de la matière.


« Embossed Penny Loafer » par Epaulet.

Aperçu il y a quelques saisons chez Yuketen, qui détourne habilement les classiques de la culture américaine pour les introduire dans une sphère plus « mode », on a pu en avoir une talentueuse démonstration récemment chez Epaulet et Billy Kirk. Levi’s Vintage ne fera d’ailleurs pas exception pour ses quelques pièces de maroquinerie de la rentrée, et on peut s’attendre à ce que les entités qui puisent leur inspiration dans l’americana fassent de même. La tendance « gros durs » continue donc sur sa lancée, ce qui ne tarira pas les utilisations de ses codes: ces dernières années (ou décennies) on a plutôt vu les ceintures utilisant le cuir repoussé autour de la taille des bikers qu’au hanches des mannequins androgynes que les « créateurs » utilisent pour présenter leurs collections chaque saisons.

Chez Billy Kirk, on sait faire de très belles choses. Le sac ci dessus et le portefeuiile ci dessous, développés avec Horween Leather en sont de parfaits exemples.

Vladimir Cosma – La Gloire de mon père

Joseph, Marcel et son petit frère dans les collines

Sous la direction du génial Yves Robert, les souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol couchés sur le papier dans les livres « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma mère » ont retrouvé des couleurs et ont redonné un second souffle à cette œuvre littéraire pour toute une jeune génération.

Sortis en 1990, les deux films nous plongent dans la Provence du début du XXe siècle. Le chant des cigales, les couleurs des paysages, l’accent Marseillais et la musique de Vladimir Cosma nous feraient presque sentir l’odeur des collines provençales.

Les images et la musique du générique nous mettent immédiatement dans le bain en nous montrant les reliefs provençaux (le Massif du Garlaban) accompagnés d’une musique aux couleurs assez chaudes et aux rythmes hispanisants notamment avec cette Habanera.


Vladimir Cosma est un violoniste, compositeur et chef d’orchestre Roumain. Il arrive en France en 1963 pour terminer ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il suit notamment les enseignements de Nadia Boulanger. Passionné de jazz et de musique populaire, il consacre l’essentiel de sa carrière à la composition de musique de film. Il commence dès 1968 pour le film « Alexandre le bienheureux » et marque ainsi le début de sa collaboration avec Yves Robert.


Vladimir Cosma à la baguette

Pour les deux adaptations cinématographiques de l’œuvre de Marcel Pagnol, Vladimir Cosma écrit une musique simple et chaleureuse, collant parfaitement à l’univers de l’enfance du petit Marcel, à l’image de cette danse « Love Story Borely » qui se fait entendre alors que Tante Rose danse avec le futur Oncle Jules dans le parc Borély.


Outre ses diverses collaborations avec Yves Robert, Vladimir Cosma a écrit jusqu’à aujourd’hui plus de 300 partitions pour le cinéma dont : Le Grand Blond avec une chaussure noire, Les Aventures de Rabbi Jacob, La Boum, Un éléphant ça trompe énormément, Le Père Noël est une ordure, Le Dîner de cons…