Arpenteur.fr

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Depuis le début, Arpenteur fait son bout de chemin dans son coin, avec ses propres règles. Sans trop d’efforts de communication, sans véritable site web, la marque s’est concentrée jusque-là sur le principal : sortir des collections et des produits de qualité, aux influences subtilement mixées et bien ancrés dans la tradition des savoir-faire français. Cette approche semble au final plus efficace que les gesticulations Instagram de certains, car la marque a enchaîné de belles collaborations (Drake’s, Paraboot …) et est aujourd’hui revendue au sein des multimarques les plus exigeants de la planète.

Marc et Laurent, les fondateurs d’Arpenteur, franchissent enfin le pas cette semaine en lançant leur site de e-commerce : arpenteur.fr . Mais fidèle à leur liberté de ton, ils ont sorti un site internet à leur sauce, éloignée des gimmick minimaux et géométriques de l’époque.

Si on se souvient du catastrophique précédent site d’Hermès, qui avait très tôt pris le parti prix d’un site entièrement illustré, Arpenteur a de son côté appliqué son univers visuel au style ligne-clair, et cela sans tomber dans les écueils de son aîné, notamment grâce à une structure simple et lisible.

Ce site réserve quelques bonnes surprises, comme la gamme Arpenteur Tricot, uniquement vendue en ligne ou la section Arpenteur Art, proposant des sérigraphie créées par l’illustrateur Régric pour la marque. Tout cela est complété d’une partie éditoriale nous permettant d’en apprendre plus sur leurs savoir-faire ou leurs collaborateurs.

Arpenteur.fr

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Sage – Malmö

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Papier, bois, laiton, terre cuite… les matières priment dès le premier coup d’oeil

Arrivé il y a un peu plus d’une année à Malmö en Suède, il m’aura fallu peu de temps pour vraiment aimer la ville natale de Zlatan Ibrahimovic.  Boutiques de seconde main,  cafés aux espresso sirupeux, artistes, designers et jeunes artisans y foisonnent. N’oublions pas la superbe scène techno indépendante qui fait danser les svartklubb dans les zones industrielles désaffectées.
Rencontrés alors que je cherchais à établir le contact avec les locaux avides de belles étoffes, Johann et Johana m’ont tout de suite parlé de l’ouverture de Sage. Concurrence, veille permanente, courses aux promos : ouvrir une boutique indépendante à l’heure digitale relève du tour de force.
Pourtant, une fois poussée la porte, on comprend immédiatement la force des détaillants : l’atmosphère chaleureuse de la boutique est aux antipodes des intérieurs froids  et sans aspérités du luxe ou de la fast fashion, on s’y sent bien et on y reste. On y croise des poteries bien choisies de Jim Green sur des étagères et tables réalisées sur mesure par Martin Israelsson. La sélection axée workwear ( Vetra, Fleurs de Bagne … ) n’oubliera pas les amateurs de beau casual (Astorflex, Andersen Andersen, John Sterner …). Full disclosure : ce sont aussi mes premiers clients en petite série (tada!) et vous y trouverez un sac à leur nom, réalisé par mes soins (ici).

www.leshopsage.com

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Stan Ray

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Smith Ban

Stan Ray, comme Teddy Smith ou Johnny Halliday, est un nom qui sonne trop américain pour être vrai.  C’est pourtant effectivement le petit nom d’un façonnier texan spécialisé dans le vêtement utilitaire – comprendre militaire et professionnel – qui a sympathiquement décidé de faire parvenir jusqu’à nous certaines de ses productions.
Le site du fabricant est authentique à souhait et les prix restent abordables pour du Made in USA, ce qui nous permet de mettre la main sur tout que nous avons envie de porter en ce moment : des fatigue pants et chinos de l’armée US , des pantalons de peintre avec plein de poches, le tout bien large, ou alors revu avec une coupe plus cintrée si vous êtes du genre à avoir froid aux yeux.
C’est plus brut et moins bien fini que du Orslow, mais c’est de l’original et cela n’a pas de prix. À vous de voir si vous préférez du bon scotch artisanal ou du Nikka.
Les matières et couleurs se lisent comme un abécédaire du vêtement utilitaire: du satin des fatigues pants au ripstop des surchemises, du sergé au hickory et de l’OG107 au Tiger Camo.
Toutes résisteront à vos cascades en scooters et se patineront avec brio, comme on peut le voir sur les originaux qui jonchent l’internet et les friperies ici et là. On fonce, c’est pour l’instant chez Oi Polloi et Royal Cheese, et bientôt partout.

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Atlas Market 2016

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Du rare et du pas cher
 
Atlas Market 🌐 sera de retour le dimanche 15 mai prochain. Pour sa 4e édition, on ne change pas une recette qui gagne : une ambiance détendue entre potes passionnés de vêtements du passé, du présent, mais aussi du tur-fu. Une vingtaine de stands présenteront dans une sorte de chaos organisé meubles, vyniles, sportswear, streetwear, workwear, vintage ou contemporain. Que du timeless et du classique, tout cela accompagné de musique et des cocktails des Petites Gouttes.
Comme la dernière fois, ce sera sur la terrasse des Petites Gouttes, sur l’esplanade Nathalie Sarraute dans le 19e.
Nous y serons pour essayer de se débarrasser de quelques belles vieilleries, mais aussi pour vous présenter en avant première un projet sur lequel nous travaillons depuis un petit moment, à base de petite maroquinerie faite main en Suède.
Un petit aperçu de l’ambiance qui régnait lors du précédent opus sur cette vidéo :

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Pop-up Arpenteur

Arpenteur - Pop-up Store 1ldk

On l’oublie trop souvent lorsqu’il s’agit de citer les marques françaises qui nous inspirent : Arpenteur investit du 3 au 12 mars les locaux de 1LDK au 16 rue de la Sourdière dans le premier arrondissement parisien.
Depuis leurs débuts en 2011 ils fabriquent de beaux vêtements en France.
Ils y développent et y sourcent également leurs matériaux en retrouvant des techniques et savoir-faire parfois oubliés… Un véritable travail d’archiviste ! Retrouvez ici une interview de Laurent et Marc par notre cher Laurent Laporte, ce devrait être suffisant pour vous donner envie de toucher, leurs matières sont incroyables.

Jinji

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Le fatigue pants d’Orslow

Située au 22, rue des Canettes dans le 6ème arrondissement de Paris, Jinji est la boutique pour homme à connaître rive gauche, surtout si vous aimez les produits authentiques et le style workwear.
On y trouve un mélange de marques traditionnelles et établies, des labels japonais ultra pointus que Julien est le seul à distribuer en France, et du vintage américain soigneusement choisi (M-65, Utility shirt et Jungle jacket).
La boutique a pour principe de proposer le meilleur de chaque produit pour homme, que le fabricant soit nouveau sur le marché ou qu’il ait fait ses preuves depuis des décennies, pour définir un style digne des plus belles silhouettes vues sur Free & Easy, et qui ne vous transformera pas en sapin de noël.
On retrouve par exemple des pièces authentiques comme les jeans Levi’s Vintage made in USA en toile Cone Mills, les pulls Inverallan tricotés dans le Clackmannanshire pour les marins écossais depuis des générations, les t-shirts Velva Sheen tubulaires fabriqués aux Etats-Unis ou les sacs et vêtements Filson conçus pour les pêcheurs et chasseurs américains depuis 1897.
En plus de cette sélection de marques traditionnelles, Julien distribue les labels japonais les plus difficiles à trouver en Europe.
Pour avoir bien chaud cet hiver vous trouverez de grosses paires de chaussettes Kapital teintes en indigo, des gilets Brown’s Beach, les indispensables chemises blanches en oxford Orslow, des chemises en chambray et un jeans Momotaro en coton du Zimbabwé de 18oz teint lui aussi, en indigo naturel.
Les chaussures Sanders, les New Balance made in USA, les Stan Smith ou une paire de Nike compléteront cette silhouette moderne et pointue.
Après tout ce name dropping, une mention spéciale pour l’arrivée des produits Champion par le designer américain Todd Snyder fabriqués au Canada et en Italie, essayés et plus qu’approuvés, et des manteaux et gilets Coldtech, marque technique américaine que Julien est allé dénicher : c’est chaud, imperméable, et différent de toutes ces doudounes canadiennes qui ont fini par nous lasser…
Je vous laisse découvrir le reste sur jinji.fr, sur Instagram ou sur leur page Facebook !

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T-shirt Velva Sheen, tubulaires et Made in USA, en pack de deux ou non.

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Visite d'atelier Bleu de Chauffe

« Joseph » et « Jules » sont aussi des noms de produits Bleu de Chauffe

On se souvient tous du pataquès créé par la couverture du Parisien, présentant le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg. Depuis ce jour, le made in France a fait son chemin. Cette expression est devenue à la limite écoeurante à force de la voir se dandiner sur les lèvres de communicants mais elle prend pourtant son essence dans une vocation politique profonde.

Si vous êtes de ces néophytes en authenticité, il est alors grand temps pour vous de découvrir Bleu de Chauffe. Cette belle marque est créée en 2011 par Thierry Batteux et Alexandre Rousseau. Le premier vient du secteur de la mode urbaine et sportive pour lequel il a travaillé près de 10 ans, tandis que le second, Alexandre, est designer de formation, spécialiste en bagagerie et a travaillé pour différents projets dans le luxe et la mode, notamment pour Lancel. Unis par l’amour du workwear, ils décident de s’associer pour lancer leur marque. Pour la petite histoire : le bleu de chauffe est la veste bleue que portaient les conducteurs de locomotives à vapeur pour chauffer l’eau et faire monter la pression. Par extension, c’est devenu la veste de travail de l’ouvrier français. Aujourd’hui, mon grand père enfile son bleu quand il va travailler dans son atelier et mon oncle, plombier, quand il est à ses œuvres. Ancré dans cet univers par ce nom, Thierry et Alexandre commencent par proposer un sac d’usage, solide et fonctionnel. Le premier né s’appellera Jules. Depuis, ils ont su proposer avec habileté, jouant entre modernité et tradition, des housses pour tablettes ou ordinateurs , des ceintures et autres porte clés. Des produits répondant à des besoins modernes conservant des valeurs traditionnelles. Jeune marque, on espère la voir s’ouvrir vers de nouveaux horizons tout en gardant un ancrage dans la bagagerie. Il y a une carte à jouer, vu l’intérêt croissant pour le workwear dans la mode pour homme. Les jolis sacs Made in Aveyron ne cessent de s’exporter et cela de manière exponentielle. Après l’Europe, c’est l’Asie qui s’affole. On sait que le duo va continuer à valoriser et préserver ce savoir faire de proximité, et c’est d’ailleurs mon amour pour celui-ci qui m’a amené à rendre visite aux ateliers Bleu de Chauffe.

Tranquillement installé aux abords du Larzac, près de Millau, c’est un sous-traitant que je rencontre, mais au vu des piles de sacs griffés au nom de la marque, je me rends bien compte de son essor et de la place qu’elle prend dans cet atelier. Les artisans compagnons fraîchement diplômés croisent les plus expérimentés, l’ambiance y est agréable et chaleureuse. Ça respire le cuir et la chaleur humaine. Le temps y est apaisé et ce petit atelier me projette dans un monde que j’ai cru révolu. C’est à croire que le Larzac a ça en lui. Un autre temps, une alternative s’organise ici. Faisant un pied de nez à la grande consommation, ces produits prendront de la valeur avec l’âge. Fait de beaux matériaux dont les heureux détenteurs auront le plaisir d’observer le vieillissement progressif, ces sacs gagnent à vivre leur histoire.

Estampillés du nom des artisans les ayant façonnés et de leurs dates de réalisation, ils naissent mais ne mourront pas. Une des ouvrières me montre son sac : « Il est bien usé celui-là, il est devenu vraiment sublime. Ce cuir est une merveille, il gagne en souplesse et la couleur devient moins terne. » La marque a opté pour un matériau 100% naturel : le cuir traité tanné végétal. C’est un des rares cuirs à ne pas être assoupli ni teint lors du tannage, ce qui lui permet de conserver un rendu naturel après la sortie de production. L’achat d’un de ces sacs est un investissement affectif et conscient, tout l’inverse de la tendance générale de surconsommation. Une belle promenade sans appareil photo ne vaut pas grand chose, c’est pourquoi je suis revenu avec quelques photos de l’atelier, parfois suggérées et mystérieuses, elles entretiennent les valeurs de la marque qui sont d’après Alexandre : « le travail, la fabrication française et artisanale, la qualité, le travail manuel, les matières, le cuir végétal et l’authenticité… »

Les machines sont de beaux colosses, du genre balèzes et efficaces, elles semblent increvables. De l’alliage entre le travail de ces grosses machines et des petites mains à la finition en résulte des produits en matière brut et robuste aux traits fins. On avance dans l’atelier au rythme de la confection du produit, d’abord la pièce où l’on découpe le cuir, on se croirait dans un ranch et ça sent bon la peau de bête. Toutes les peaux y sont déposées et une énorme machine vient découper ce cuir. On traverse ensuite un petit couloir, les murs sont des étagères remplies de boutons, clous ou sangles qui habillent le mur du sol au plafond. Et tout à coup, le coeur de l’action : l’atelier. Des tables de coupes, des plans de travail, des établis, ça fourmille avec rigueur sans se bousculer, ici on travaille. Je vois une ouvrière, du genre bonne mère de famille qui s’attèle à la couture, elle maîtrise sa machine les yeux fermés alternant jeux de pieds et jeux de mains. Tandis qu’une jeune ouvrière étale des découpes de cuirs et trace les contours du futur sac, le cuir valse entre toutes ces petites mains et prend doucement forme sans que je n’y comprenne grand chose. Je vois la magie s’opérer sous mes yeux. Petit à petit, je vois un objet du quotidien émerger, les tâches semblent décloisonnées, la cadence est régulière mais pas de stress dans l’atelier. On sait que c’est le savoir-faire qui prime et il prendra le temps qu’il faut, monsieur, me dit-on.

Cet article est un article invité rédigé par Arnaud Pessey. Retrouvez l’auteur sur Twitter.

Tokyo – Suite …

Une des petites mains, la seule en fait, à l’atelier de The Franklin Tailored

On vous a déjà parlé de Biotop, Wild Life Tailor, Vendor, et Saturday’s Surf, il reste cependant beaucoup de choses sur lesquelles on pourrait s’attarder, Tokyo recellant de mille bijous que l’on rêverait de voir dans nos villes. Que ce soit du petit magasin indépendant aux grandes enseignes qui y lancent des concepts que l’on tarde de voir arriver prêt de chez nous, il fallait faire un point sur ces trouvailles afin que vous puissiez vous y arrêter si il vous arrivait de passer dans les parages.

Found Muji

Si vous êtes un fan de Muji, commencez déjà à économiser. Le concept « Found » regroupe des produits de haute qualité que l’équipe de l’enseigne a dégoté aux quatres coins du monde, le tout allié au sens de présentation très japonais qui a fait le succès de la marque. En somme il s’agit d’un mini-supermarché regroupant le meilleur de chaque endroit où l’on a tout simplement envie de tout acheter. On sent le concept de Labour & Wait pas très loin.

Nakajima Bâtiment 5-50-6 Jingu-mae, Shibuya-ku, Tokyo 1 ~ 2F
www.muji.net/foundmuji/

Timeworn Clothing – At Last

Timeworn Clothing est l’une de ces boutiques qui proposent du workwear américain encore plus fidèle à l’original que ce que l’on peut trouver en Amérique. L’offre de la boutique est principalement composé de leur propre marque: At Last Clothing. Cependant vous y trouverez aussi d’autres labels, surtout japonais, proposant des accessoires. Les prix sont conséquents mais la qualité est au rendez-vous. J’ai bien failli dépenser un demi mois de loyer pour la veste ci-dessus.

3-12-3,Kitaaoyama,Minatoku,Tokyo

Loopwheeler

Loopwheeler a la réputation de faire certains des meilleurs sweatshirt du monde. L’homme derrière la marque, Satoshi Suzuki, n’est autre qu’un passionné de la matière, au point d’avoir plus de 350 pulls en jersey dans sa garde-robe. Ce n’est pas rien. Le nom de la marque vient de la machine qui était utilisée au début de 20ième siècle pour tisser le jersey. Alors que tout le monde passait aux machines automatisées qui permettaient d’avoir un meilleur rendement, Satoshi a décidé de sauver ces antiquités de la poubelle et d’en faire sa marque de fabrique. Le résultat: une entité connue mondialement qui travaille avec des marques comme Nike et Clark’s sur des produits en collaboration. Un endroit donc à visiter si vous cherchez le meilleur sweatshirt disponible, vous aurez l’embarra du choix en ce qui concerne les coupes et les couleurs (pas la matière cependant, qui reste celle de l’obsession de Satoshi). Une des fameuses machines est d’ailleurs exposée en vitrine pour tous les curieux.

Yamana Bldg. B1F, 3-51-3 Sendagaya, Shibuya-Ku, Tokyo
www.loopwheeler.co.jp

The Franklin Tailored

The Franklin tailored est une toute petite marque proposant des produits d’une extrème qualité avec une forte inspiration workwear. Présent notamment chez Biotop et Wild Life Tailor, ce petit atelier propose cette chemise en oxford d’apparence simple outre le fait qu’il s’agit d’un tissu triple retord. En somme, trois fois plus épaisse que votre chemise en oxford habituelle. Une petite merveille. L’atelier de la marque sert aussi de boutique / showroom. Si vous voulez voir le savoir-faire japonais en action, ça vaut le coup de passer y jeter un coup d’oeil et s’approprier cette chemise. Je regrette encore de ne pas l’avoir emporté avec moi dans ma valise.

3-14-10 Minami-Aoyama, Minato-ku, Tokyo
www.the-ft.com

Ride Béret Baguette 2012

 

L’an dernier j’avais eu la chance d’assister au Tweed Run à Londres, mais j’ai depuis traversé la Manche et cette année c’est au Ride Béret Baguette – sorte de réponse française à l’événement britannique – que je me suis rendu. Non seulement en tant que participant mais aussi en tant que sponsor : en effet l’occasion était trop belle, et donc notre boutique en ligne La Belle Échoppe fut cette année parmi les sponsors de l’événement. Le Ride Béret Baguette, à l’instar du Tweed Run, fut lancé par un forum de passionnés de pignon fixe (PignonFixe.com), qui organisèrent il y a quelques années la première ballade cycliste anachronique à Paris. L’occasion pour eux de s’amuser, de pique-niquer tous ensemble et surtout de sortir leurs vélos vintage incroyables.

Je sais d’expérience que les Anglais vont toujours plus loin lorsqu’il s’agit de vintage ou de se déguiser. Je craignais donc de me retrouver entouré de gens à moitié impliqués, un peu comme ces soirées parisiennes ou au final personne ne vient déguisé et où vous vous retrouver tout seul à devoir assumer votre T-shirt Desigual ironique. Au final ce fut une surprise vraiment positive : les participants ont joué le jeu et la bonne ambiance et le soleil étaient là. L’occasion donc de prendre quelques photos inspirantes, que je vous laisse découvrir.


Un Bergam, ancien sac de l’armée française qui fut à l’époque fabriqué par Lafuma.

 

Ce bon vieux cartable d’écolier !


Un sac de travail français assez typique : bords francs, grosses boucles, pas très fin mais une solidité exemplaire.

 

Un sac Bleu de Chauffe : la jeune marque propose des sacs made in France inspirés des anciens sacs de travail français.

 

Les fameuses Michael de Paraboot, increvables et toujours fabriquées en France.


 

Le canotier : reviendra, reviendra pas ?

 

Notre ami Foucauld, de La Conjuration et Passion, avec sa fameuse casquette Lock&Co. Tweed fantastique et finitions impressionnantes, notamment le raccord des motifs du tweed.


L’intérieur aussi est soigné : c’est ce que j’appelle une belle étiquette.

 

Le Coq Sportif – qui vient d’obtenir les droits d’équiper les maillots distinctifs du prochain tour de France – est aussi sponsor de la course italienne nostalgique l’Eroica. La marque édite chaque année pour l’occasion une petite série de tricots de course vintages (en laine).


Mais rien ne vaut un véritable maillot d’époque, aux broderies impressionnantes.

Le pull Fair Isle


Edouard VIII, le prince de Galles, en tenue de golf : plus fours en tweed et pull Fair Isle

Les Shetlands sont un chapelet d’îles au nord de l’Ecosse dont l’une est particulièrement connue pour ses motifs tricotés : Fais Isle. Penchons nous un peu sur la riche histoire de ce pull que l’on peut voir partout aujourd’hui.

Historiquement, le tricot vient du monde arabe, et a été très répandu dès le Xème siècle. Les plus vieilles pièces ont été retrouvées dans des tombeaux coptes datant du 4ème et du 5ème siècle. Les peuples arabes l’ont introduit dans les pays annexés (Espagne, Sicile), puis il a été ramené en Europe du nord par les Normands. Anecdote singulière, ce sont les marins espagnols naufragés sur les côtes des îles britanniques qui y enseignèrent l’art du tricot aux insulaires, suite à la destruction de leurs navires par les Anglais en 1588.

Traditionnellement,  les pêcheurs britanniques, français ou hollandais portaient des tricots en jersey damassé. Le jacquard fut prisé pour son épaisseur, résistant au froid et à l’humidité du climat nordique.

La technique utilisée sur l’île pour obtenir des motifs diversifiés, complexes et colorés pouvait nécessiter jusqu’à l’emploi de 17 fils. Une des spécificités du pull Fair Isle est que la couleur des laines peut changer dans le milieu du dessin. Il peut y avoir jusqu’à 12 couleurs utilisées par pull, dont jamais plus de deux par rang. Tricotés par les femmes de marins, uniques et personnels, ils étaient une véritable carte d’identité de son propriétaire.

Les dessins, inspirés de la nature, ont subi de nombreuses influences géographiques et culturelles. Certains ont été identifiés comme originaires d’Extrême-Orient, de Chine, d’Inde, de Turquie, et on trouve par exemple un motif représentant  un arbre inconnu sur l’île. On trouve également des inspirations espagnoles et maures, mais la source principale reste la Scandinavie, notamment le motif « OXO » venu d’Estonie, dont on répertorie plus de 160 variantes, ou l’étoile norvégienne. Cette richesse et cette pluralité des influences est due au trafic maritime important, Fair Isle étant un port de passage au confluant des pays Baltes.

En Grande-Bretagne, c’est en 1921, qu’un négociant offrit au Prince de Galles, Edouard VIII, un pull à motif « OXO », qui sortit le jacquard Fair Isle de son rôle de vêtement de travail.

Côté français, en 1943 Jean Marais porte un pull jacquard dans « L’éternel retour » de Jean Delannoy et contribue à le rendre populaire en France pour les sports d’hiver. Ces deux évènements dans l’histoire du Fair Isle ne suffirent pas à lui insuffler un renouveau durable.

Jean Marais dans « L’éternel Retour » (1943), de Jean Delannoy

Après quelques décennies à avoir souffert d’une image ringarde,  il a été la grande surprise de l’hiver 2010, parmi les come-back pas franchement attendus. Cet artisanat minutieux et travaillé a enfin retrouvé ses lettres de noblesse et s’est vu renouvelé, modernisé. On l’a notamment vu en total look sur le défilé hiver 2010-2011 D&G, et chaque marque, toutes origines confondues, a profité de la tendance pour imaginer sa version du Fair Isle. On notera particulièrement l’utilisation étonnante des motifs Fair Isle par Juny Watanabe sur des Teddy et des vestes, dans sa collection de l’hiver 2011-2012. Mais cet engouement soudain pour ces motifs, dont le tricotage est maintenant totalement industrialisé, ne sauve pas pour autant ces techniques traditionnelles vieilles de plusieurs siècles sont aujourd’hui en voie de disparition avec les dernières tricoteuses.

Patron Bestway datant des années 40


Portrait d’Edouard VIII par John St. Helier Lander

 

Stanley Cursiter, The Fair Isle jumper, 1923

Article par Vanessa Montalbano, retrouvez ses autres articles sur son blog.