Nido – Handmade in Argentina

Une marque dont il fait bon de parler en ces temps de rationalisme en marbre.

Dans les quelques articles qui ponctuent l’existence de ce blog au ralenti, on a vu naître quelques petites marques pleines de belles promesses. Malheureusement certaines d’entre elles sont mortes après s’être confrontées à la réalité du marché, avoir souffert de mésententes entre associés, vu leurs fournisseurs disparaître sans avoir le temps de s’adapter… D’ autres au contraire ont réussi à fleurir, grossir et s’imposer comme incontournables. Suivre l’activité de Nido a souvent été exaltant sans que l’on sache sur quel pied danser.
Petite marque d’accessoires en laine à ses débuts, elle s’est vite faite remarqué par l’équipe d’Our Legacy. Leur belle collaboration (sur une série de bonnets, écharpes et moufles) a propulsé Nido à un autre niveau, désormais capable de développer des collections de prêt à porter homme et femme en très belle maille. Le tout toujours réalisé à la main, du tricot à la teinture, avec une belle pointe d’imperfection que l’on ne trouvera jamais chez Acne Studios ou A.P.C.
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Drake’s SS15

« – Comment vais-je pouvoir peler cette orange avec sprezzatura sans faire tomber ma veste ? »

Pour son lookbook SS15, Drake’s a fait appel à l’illustrateur japonais Akira Sorimachi, dont le trait vous sera peut-être familier pour être régulièrement apparu sur les couvertures du magazine Monocle. Sur ces illustrations, toutes les pièces présentées sont extraites de la nouvelle collection de Drake’s et de ses diverses collaborations, des cravates aux souliers, en passant par les vestes, chemises, panamas et pochettes. La marque s’aventure petit à petit dans un vestiaire complet, mais toujours avec l’extrême justesse qui caractérisait déjà ses collections d’accessoires.
Nous avons été récemment exposés à quelques illustrateurs japonais avec des styles aussi différents qu’intéressants, qui possèdent souvent une patte rétro très contemporaine. Leurs univers sont simples, colorés et positifs et ceux-ci s’attardent parfois sur la mode masculine, on pense notamment à Hiroshi Watatani, à Satoshi Hashimoto (qui a collaboré sur la dernière maquette de M, le magazine du Monde) ou à Kazuo Hozumi, dont les figurines que l’on peut apprécier dans Free & Easy sont de pures petites merveilles…
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Dociles Waves par Laurent Laporte

 

Bien qu’il sélectionne des tas de belles images tout au long de l’année sur son blog Whereisthecool? et déchire les passions des chasseurs de tendance à l’affut de la moindre touche d’inspiration, notre cher Laurent Laporte ne nous offre pas souvent l’occasion de voir celles qu’il photographie lui même. Le mal est réparé depuis peu puisqu’il a ouvert son site ou vous avez un aperçu de quelques uns de ces clichés et qu’il prépare sa première exposition du 4 avril au 4 mai 2015 au bistrot Les Petites Gouttes. Le vernissage est donc Samedi 4 avril au 12 esplanade Nathalie Sarraute dans le 18ème à partir de 19h.

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Herr Judit, Stockholm

Oui, il s’agit bien d’une friperie qui marque le pli de ses pantalons

De passage à Stockholm, vous en profiterez peut-être pour visiter quelques bonnes boutiques : Nitty Gritty, Gabucci, Rose & Born, ou même les flagships d’Our Legacy et d’Acne Studios, ce dernier étant situé au sein de l’impressionnante ancienne banque à l’origine du nom du syndrome de Stockholm. Le pays possède un écosystème complet de marques – qui ne passent pas toujours les frontières – et un style vestimentaire bien à part qu’il est toujours agréable d’observer.
Chaque capitale a ses Stéphane ou ses Simon, toujours à l’affut de pièces d’occasion et de qualité pour leur clientèle d’habitués, et où souvent la présentation n’est pas la priorité.
La boutique d’Östermalm de Herr Judit est une sorte d’équivalent local avec une offre plus large et une équipe de visual merchandiser à temps complet. Les marques diverses et bien choisies nous confirment que les Suèdois savent ce qu’ils font : Crocket & Jones, John Lobb, Tombolini, Lubiam, Barba, Ralph Lauren, Jcrew ou J. Lindeberg pour n’en citer que quelques unes. Les prix sont raisonnables et le tout est présenté avec un soin et un goût qui ne vous étonnera plus après quelques jours passés dans la capitale Suédoise.
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Open Shoes

sky is the limit… enfin peut être quoi

Touchant du bout des doigts à la maroquinerie depuis environ deux ans et ayant commencé ma formation de sellier en Novembre dernier, je suis toujours fasciné par les gens qui décident de produire des choses eux mêmes. Si vous êtes un peu curieux et que vous êtes passé à côté du projet, j’ en profite pour vous donner le lien du monsieur qui m’a décidé à sauter le pas, du bouquin à la matière: http://depiedencap.leforum.eu/t6172-Ma-nouvelle-folie.htm
L’ artisanat étant bien entendu la forme la plus traditionnelle de production de choses, on a aussi vu émerger ces dernières années une foule de designers qui s’intéresse au mouvement des FabLab et à l’Open Source.  Ces espaces mis en place par le MIT il y a une dizaine d’année mettent à disposition outils, savoirs et dernières technologies à ceux qui auraient envie de bricoler des projets pour se réaproprier les moyens de production.
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La Stòffa

Le tricotage d’une cravate en soie

Une recherche syntaxique sur les noms de marques pour homme pourrait nous en dire long sur les tendances d’une époque et ses influences. Si dans le passé il a été tour à tour bien vu de s’inventer un nom français, italien, américain, anglais ou même écossais, il semble qu’aujourd’hui il soit à nouveau de rigueur de s’imaginer une histoire italienne. Après O. Ballou, traité ici il y a quelques semaines, voici une seconde marque anglo-saxonne se revendiquant de savoir-faire transalpins. Le développement d’une collection part généralement de la vision d’un créatif, les chefs de produits et façonniers faisant ensuite de leur mieux pour atteindre un résultat s’approchant au maximum de cette vision.
Stòffa prend le problème à l’envers : la jeune marque new-yorkaise prend ses fournisseurs – tous italiens – comme base pour la construction d’un assortiment de produit. Le fondateur de la marque – Agyesh Madan – se présente comme un chef de produit et non comme un styliste. Mais si Agyesh Madan est un chef de produit, c’est un chef de produit avec une vision forte et une bonne dose de bon goût. C’est en effet un de ces jeunes loups qui posent en chapeau mou à Pitti Uomo et, contrairement à certains, il peut se le permettre : après avoir été diplômé de Parsons et avant de monter Stòffa, ce jeune homme s’occupait de la direction du développement produit chez Isaia.
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Atlas Market # 2

Un bien chouette flyer.

Tout le monde vous parle de Guerissol mais vous ne parvenez pas à y dénicher la perle rare ? par malchance ou par flemme vous aviez loupé la première édition l’année dernière ? rassurez vous, le Atlas Market revient les 13 et 14 décembre ! Hébergé par Les Petites Gouttes 12 esplanade Nathalie Sarraute dans le 18ème arrondissement de Paris, l’évènement rassemblera des passionnés venus vous proposer leurs trouvailles vintage ou deadstock. Mobilier, vêtements, chaussures et accessoires incroyables ressortiront des placards pour continuer de vivre leur vie. Vous y trouverez des tables basses, des chaises et luminaires ainsi que des vestes, des chemises et des pièces de denim incroyables à des prix raisonnables. Nos chers amis du Magasin Général y partageront également quelques objets chinés aux quatre coins de la planète.

Les mecs de l’ Atlas ont pensé à tout puisque une sélection musicale de l’ évènement sera assurée tout le week end par quelques pointures venues passer leurs morceaux favoris. Pour inaugurer ce week end déjà trop court, vous pourrez y lever le coude dès samedi soir jusqu’ à 2h00 !


Celui ci, vous ne l’aviez pas.

 

Parce que oui, il y aura aussi des marques du futur.

 

Et des pièces mortelles des saisons passées.


Une vraie fripe. En mieux.

London Cloth – Steampunk Weaving

Daniel au travail, en plein coeur de Hackney à Londres

Un jour que l’on imaginera gris et brumeux parce que c’est comme ça que l’on rêve l’outre-Manche, Daniel Harris, un jeune anglais un peu fou, a trouvé de vieilles machines à tisser perdues dans une grange du Pays de Galles. Laissées à l’abandon depuis une trentaine d’années, elles avaient pourtant servi pendant des décennies. Persuadé que ces machines datant de la fin du XIXème en avaient encore sous le capot, Daniel a voulu les revoir fonctionner: il s’est mis en tête de les comprendre, les démonter, les remonter.

En garçon futé il a vite compris comment fabriquer du tissu et a décidé d’ouvrir une petite usine à Londres même et de le vendre à qui en aurait besoin. Ainsi naquit en 2011 London Cloth Company.


Un peu d’huile de coude et de mécanique et hop, on est Loro Piana en beta

Bonne réponse aux problématiques de designers qui cherchent à matérialiser une idée sans engager une grosse manufacture dans la fabrication de 300m de tissu, London Cloth Company semble vendre ses métrages sans minimas et travailler vraiment sur mesure. Si vous pouvez acheter des coupons de matière sur son site, Daniel ne rend pas simplement service aux amateurs de loisirs créatifs mais travaille pour de belles marques établies: Ben Sherman et Nigel Cabourn n’ont pas hésité à lui faire confiance.

Comme ça n’allait pas assez loin, Daniel Harris s’est dit que ça serait bien de réaliser aussi un tissu qui n’utiliserait que de la laine anglaise, chose que les anglais ont arrêté depuis longtemps: la majeure partie de la matière première utilisée par les fabriques de tissu ou de flanelle vient en général de Nouvelle Zélande et d’Australie. Il a donc commencé l’année dernière à construire son offre de Tweed anglais en collaboration un écologiste pour s’assurer que le processus soit le plus eco-friendly possible. London Cloth Company pousse le vice jusqu’à travailler avec les tondeurs de moutons: aucun des fils ne sera teint mais chacun des tissus sera élaboré en fonction de la couleur du troupeau pour réussir à trouver une homogénéité: on obtient une matière 100% naturelle.


Une idée le matin, un prototype le soir. De quoi faire vaciller le coeur de certains porteurs de projets…

Donc oui, si un de ces dimanches vous passez par une brocante ou vous fouilliez sur eBay et que vous trouvez de vieilles machines industrielles que vous avez envie de faire revivre sans rien y connaître, envoyez nous un mail, on mettra la main à la pâte.

Profitez en aussi pour aller voir leur page Facebook, Daniel propose des stages ou des visites de temps en temps. Aller se découvrir une passion pour le tissage pendant quelques mois ça doit être ça peut être assez tentant finalement…

www.londoncloth.com


On charge, direction Londres


Daniel a quand même rajouté un peu de technologie, soyons sérieux.



La Réserve des Arts

Castorama n’a qu’à bien se tenir.

En matière de vêtement ou d’accessoire, quand on commence à parler écologie, recyclage et matériaux de récupération, on a toujours l’impression que l’on va se retrouver kidnappé et habillé en sarouel de chanvre qui gratte. Il y a tout de suite cet aspect « baton+bout de ficelle »/ »vestiaire de copines » qui vient planer au dessus de la conversation. Du coup on arrête d’y penser et on file acheter du neuf fait avec du neuf.

Pourtant l’industrie de la mode pourrait jeter beaucoup moins et réutiliser ses tissus beaucoup plus qu’elle ne le fait, sans pour autant produire des choses dignes des pages fait maison du Elle Déco.

Hermes avait d’ailleurs choisi de montrer l’exemple en réintégrant ses quasi-déchets (produits défectueux et chutes de tissus, de cuir et autres beaux matériaux) dans son incroyable initiative Petit h, dont vous pouvez avoir un bel aperçu ici.


Sélection de produits mis au rebut tout à fait exploitables et modifiables: ici des vitrines de boutique

Plus à notre portée, La Réserve des Arts semble avoir bien compris qu’il y avait quelque chose à faire pour résoudre ce problème de gâchis et savoir comment rendre ces matériaux séduisants aux yeux des designers, étudiants ou bricoleurs éclairés. Le site internet est donc très bien construit, agréable tant à l’oeil qu’au niveau de la navigation, mais surtout les produits disponibles à l’achat par les professionnels ou les étudiants sont bien choisis: réutilisables, propres et abordables.

J’ai eu récemment l’occasion d’aller y fouiller un peu et même si je suis reparti les mains vides (la couleur de cuir que je cherchais n’était pas disponible) j’ai été très bien accueilli par un staff souriant, plein d’énergie et ne se faisant pas prier pour bavarder un peu. Puisqu’il s’agit de déchets industriels je n’ai pas été surpris de ne pas trouver précisément ce que je cherchais: il n’y a pas de production, donc pas nécessairement de suivi, mais une sélection qualitative de matériaux à réutiliser. Vous pourrez donc sûrement y trouver des solutions alternatives ou même de l’inspiration si vous êtes à court.


L’identité visuelle de l’association, prête à faire palir d’envie n’importe quelle jeune marque de streetwear.


« Il est beau mon bracelet, il est frais mon bracelet ! »

Pour être client il faut par contre être adhérent à l’association non lucrative de la Réserve des Arts dont le montant de cotisation annuelle ne devrait pas vous faire tourner de l’oeil. Si vous n’êtes ni étudiant du secteur culturel ni professionnel, essayez tout de même de leur envoyer un mail pour voir si vous pouvez intégrer la chose.

Dernière chose non pas des moindres, La Réserve des Arts a intégré des locaux à Pantin et cherche à y équiper un atelier qui serait accessible moyennant adhésion et réservation pour travailler les matières disponibles sur place. On imagine facilement que ce genre d’endroit sera également propices aux rencontres entre porteurs de projets, à la manière des FabLab et espaces de coworking.

Projet utile, porteur de valeurs intéressantes et de solutions pour les petites entreprises, on peut participer à son financement sur KissKissBankBank ou suivre les derniers arrivages sur Tumblr.

Si vous êtes du genre à vous retrousser les manches et que vous voulez trouver des matières et fournitures de bonne qualité, allez leur rendre visite:


La boutique
Rue Prévost Paradol (partie piétonne), Paris 14ème,
Ouverte du mercredi au samedi de 14h à 19h.
L’ entrepôt et les futurs ateliers
53 rue Cartier Bresson, à Pantin
Ouverte du mardi au vendredi de 10h à 18h

www.lareservedesarts.org

Hender Scheme


Chez Hender Scheme, on bosse avec de vieilles machines. Simples et robustes.

Célia Granger, laContrie, Isaac Reina, Ephtée… les maisons de maroquinerie indépendantes et intéressantes ne manquent pas en France (Ephtée est un peu à part, puisqu’elle fait des malles), le savoir faire haut de gamme traditionnel y est préservé même si on le décrit beaucoup comme en voie de disparition. Les seuls à qui on aurait quelque chose à envier à ce niveau là sont sûrement les japonais. Anglais, italiens, espagnols et américains ont également des artisans incroyables mais le style qu’ils développent est souvent moins subtil, peut être un tantinet plus tacky en ce qui concerne la maroquinerie. Le Japon regorge quant à lui de petits ateliers aux savoir-faire époustouflants, animés par une quête de perfection (là dessus, n’hésitez pas à visionner l’excellent documentaire Jiro Dreams of Sushi), qui ont cette idée juste d’une pièce parfaitement équilibrée.

Ryo au travail. Notez que le cuir est pré-percé pour gagner du temps, là où l’artisan traditionnel perce au fur et à mesure de sa couture, ce qui sera plus joli.

Amoureux de processus et de produits respirant la qualité, Ryo Kashiwazaki d’ Hender Scheme a bien compris l’intérêt de faire appel à ce vivier pour produire ses collections. Le label a également remarqué que ces mêmes artisans avaient du mal à communiquer ou ne savaient pas toujours comment attirer les regards de ces jeunes fashion-addicts qui traînent sur Four Pins et qui sont sûrement les consommateurs de produits haut de gamme de demain: susciter leur envie c’était se placer dans le paysage, leur montrer, à l’instar de Visvim, qu’un autre « luxe » était possible, loin du cognac et des manchettes en platine. Les vieilles maisons européennes ont d’ailleurs exactement ce même problème, d’attirer une clientèle plus jeune (sans compter Hermes évidement). Hender Scheme a donc réussi le pari: la marque s’est fait un nom ces deux dernières années en trouvant un moyen d’allier savoir-faire traditionnel et design populaire pour créer un cocktail qui étonne: reproduire des sneakers emblématiques à la main, dans de beaux cuirs naturels non teints . Quand les icônes de la fast-fashion et de la culture hip-hop rencontrent des techniques ancestrales, ça parle tout de suite à notre génération: blogs de streetwear et boutiques indépendantes de petits créateurs haut de gamme ont tous été très enthousiastes.

La fameuse paire de Jordan IV.

La Cortez, ça faisait longtemps.

Une boîte à mouchoirs en papier ? parfaite pour la plage arrière. Ça ne se prend pas trop au sérieux chez Hender Scheme apparemment, du coup j’aime encore plus la marque.

Le problème dans tout ça c’est que l’on pourrait penser que la démarche est un peu du design facile, jouant avec les frontières parfois floues entre contrefaçon et création. À mes yeux il s’agit surtout d’un beau développement produit doublé d’une belle opération de communication alliant artisanat ancestral et culture populaire, qui offre un moyen de garder plus de 10 ans une paire de Jordan IV qui s’embellira avec le temps, de la même manière qu’une paire sortie des ateliers Weston. On espère juste que le label va réussir à sortir de ce schéma bientôt pour se faire remarquer par ses propres chaussures, et non par une « simple » version haut de gamme de modèles existants.

www.henderscheme.com et merci à Haven pour les images !