Appletrees

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Enfin, des Crocs sur redingote.fr

Où sont les belles maisons en 2016 alors que « Luxe » est quasiment devenu un gros mot ? Interrogez les spécialistes du vintage comme Gauthier Borsarello ou les clients historiques des « belles maisons »: la qualité n’est plus la même qu’il y a 30 ans. On aurait cherché à produire plus,  plus vite, en faisant disparaître le charme de certains détails pour économiser du temps et des matières, pour dépenser plus en affiches de pub. Bref, la pratique a transformé ce qui était la Haute Façon en Industrie du Luxe.
Le glas des belles choses a t il pour autant sonné ? Rassurez vous, à l’heure du digital les porteurs de projets n’ont pas abandonné le produit palpable. La relève est là, prête à en découdre (ahem) et vient ajouter du sang neuf au très haut de gamme.
Lacontrie, Husbands, Guillaume Lancelot en sont les derniers exemples français les plus poignants quand les japonais d’ Hender Scheme ou Visvim s’en mêlent à l’international.
Appletrees, est la dernière venue dans cet univers de quality nerds. Échappée il y a peu d’un studio cosy de Stockholm, elle bien compris cette parfaite balance entre tradition tailleur et l’envie d’une nouvelle clientèle de s’éloigner des vestiaires classiques et des enseignes Fast Fashion.
Passionné de traditions textiles et de vêtements, grand collectionneur, fatigué du prêt à jeter, Victor Sandberg a voyagé aux quatre coins du monde avant de maturer son produit idéal. Un produit qui fasse le pont nécessaire entre confort, plaisir, durabilité et beauté de vieillissement. Victor et son associé, Charles Murray, ont donc choisi de développer une garde-robe unisexe, sans logique de collections saisonnières, se positionnant comme spécialiste de la chemise.
Sur nos superbes photos vous pouvez avoir un aperçu de ce que ça donne sur Victor, sur son balcon à Stockholm.

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Hender Scheme


Chez Hender Scheme, on bosse avec de vieilles machines. Simples et robustes.

Célia Granger, laContrie, Isaac Reina, Ephtée… les maisons de maroquinerie indépendantes et intéressantes ne manquent pas en France (Ephtée est un peu à part, puisqu’elle fait des malles), le savoir faire haut de gamme traditionnel y est préservé même si on le décrit beaucoup comme en voie de disparition. Les seuls à qui on aurait quelque chose à envier à ce niveau là sont sûrement les japonais. Anglais, italiens, espagnols et américains ont également des artisans incroyables mais le style qu’ils développent est souvent moins subtil, peut être un tantinet plus tacky en ce qui concerne la maroquinerie. Le Japon regorge quant à lui de petits ateliers aux savoir-faire époustouflants, animés par une quête de perfection (là dessus, n’hésitez pas à visionner l’excellent documentaire Jiro Dreams of Sushi), qui ont cette idée juste d’une pièce parfaitement équilibrée.

Ryo au travail. Notez que le cuir est pré-percé pour gagner du temps, là où l’artisan traditionnel perce au fur et à mesure de sa couture, ce qui sera plus joli.

Amoureux de processus et de produits respirant la qualité, Ryo Kashiwazaki d’ Hender Scheme a bien compris l’intérêt de faire appel à ce vivier pour produire ses collections. Le label a également remarqué que ces mêmes artisans avaient du mal à communiquer ou ne savaient pas toujours comment attirer les regards de ces jeunes fashion-addicts qui traînent sur Four Pins et qui sont sûrement les consommateurs de produits haut de gamme de demain: susciter leur envie c’était se placer dans le paysage, leur montrer, à l’instar de Visvim, qu’un autre « luxe » était possible, loin du cognac et des manchettes en platine. Les vieilles maisons européennes ont d’ailleurs exactement ce même problème, d’attirer une clientèle plus jeune (sans compter Hermes évidement). Hender Scheme a donc réussi le pari: la marque s’est fait un nom ces deux dernières années en trouvant un moyen d’allier savoir-faire traditionnel et design populaire pour créer un cocktail qui étonne: reproduire des sneakers emblématiques à la main, dans de beaux cuirs naturels non teints . Quand les icônes de la fast-fashion et de la culture hip-hop rencontrent des techniques ancestrales, ça parle tout de suite à notre génération: blogs de streetwear et boutiques indépendantes de petits créateurs haut de gamme ont tous été très enthousiastes.

La fameuse paire de Jordan IV.

La Cortez, ça faisait longtemps.

Une boîte à mouchoirs en papier ? parfaite pour la plage arrière. Ça ne se prend pas trop au sérieux chez Hender Scheme apparemment, du coup j’aime encore plus la marque.

Le problème dans tout ça c’est que l’on pourrait penser que la démarche est un peu du design facile, jouant avec les frontières parfois floues entre contrefaçon et création. À mes yeux il s’agit surtout d’un beau développement produit doublé d’une belle opération de communication alliant artisanat ancestral et culture populaire, qui offre un moyen de garder plus de 10 ans une paire de Jordan IV qui s’embellira avec le temps, de la même manière qu’une paire sortie des ateliers Weston. On espère juste que le label va réussir à sortir de ce schéma bientôt pour se faire remarquer par ses propres chaussures, et non par une « simple » version haut de gamme de modèles existants.

www.henderscheme.com et merci à Haven pour les images !

De bien jolis poids

Leather makes it better.

Bon évidement on est en retard pour les idées cadeaux de Noël mais si vous n’êtes pas trop à cheval sur le calendrier ce qui suit me semble parfait si vous voulez faire sensation tout en restant dans le domaine du goût et des beaux objets. Le bel atelier de laContrie a sorti il y a quelques semaines des poids entièrement gainés à la main dans des cuirs exceptionnels. Ces poids en fonte normalement utilisés par les maroquiniers pour maintenir le cuir en place lors d’une découpe minutieuse trouveront facilement une place de presse papiers et orneront à merveille la pile de courrier qui déborde de votre bureau, intriguant sûrement la plupart de vos collègues par la même occasion. Encore une occasion de se faire remarquer pour laContrie qui continue à merveille de dépoussiérer le monde de l’artisanat en apportant des couleurs et des traitements plutôt inattendus tout en respectant la tradition française de la sellerie maroquinerie: l’anneau est évidement cousu à la main au fil de lin…


Tjikko


Ça n’est pas forcément l’idée que l’on se fait d’un atelier de maroquinerie en plein Paris.


Lorsque l’on se balade un peu dans le paysage de la maroquinerie on se fait vite happer par sa richesse infinie: pièces incroyables sorties des plus prestigieux ateliers du monde, guerres financières, belles endormies à peine réveillées par un LVMH en quête d’un nouveau terrain de jeu, maisons indépendantes rebelles à la course au profit, avides du retour de la qualité à tous les niveaux, one-woman operations en quête d’un monde plus lent, amateurs un peu fous (on va y venir, patience)… difficile de dresser une carte définitive. Le dernier ovni dans lequel je suis rentré c’est Tjikko, de Pierre Lapeyronnie et quelques uns de ses collègues et amis.


Voilà ce que l’on trouve au fond d’une cour du 12ème.

 

Ma première rencontre avec Tjikko s’est faite chez Centre Commercial, rue de Marseille, boutique dans laquelle je flânais, sûrement s parti chercher une incroyable miche de Pain des Amis. En constante observation des nouveautés et des noms inconnus sur la scène de la maroquinerie, un portefeuille marqué d’un « Fabriqué à Paris » en dessous du logo avait attiré mon oeil dans la vitrine. Rien de bien étonnant jusqu’ici, la capitale regorge de petits ateliers qui travaillent à façon. Seulement voilà, le prix n’avait rien à voir avec les travaux de selliers maroquiniers, les coutures n’étaient pas celles d’un sellier traditionnel, les bords noircis témoignaient d’une coupe à chaud, l’objet était réalisé d’une seule pièce de cuir, et le logo marqué au laser dans la peau. Une fois de retour chez moi après quelques rapides recherches sur internet, un email part à la rencontre de cette marque intrigante qui partage sur les réseaux sociaux des photos de jeunes gens pince à coudre entre les cuisses, en train de peaufiner le montage d’un portefeuille assez atypique. La réponse ne se fait pas attendre et rendez vous est pris.


Pierre et Paul au travail sur Tjikko entre deux projets de mobilier.

 

La semaine suivante je pousse une porte du 11ème arrondissement sur l’invitation de Pierre et marche dans une cour intérieure jusqu’à une petite maison entourée de fleurs en pot. Il s’agissait d’une calme journée de juillet et entrer dans l’atelier m’a un peu fait l’effet de soulever une pierre en forêt. Comme si un petit monde coupé de l’extérieur s’affairait à la tâche: l’un m’invite à m’asseoir, me tend un coca, l’autre sort d’une mezzanine sous le toit où il se tenait à accroupi, occupé à améliorer sa technique de couture, pendant qu’une de leur collègue en rendez vous téléphonique avec un distributeur me faisait un signe de la main. À peine les présentations terminées une nouvelle tête fait son apparition: un ébéniste d’une grosse vingtaine d’année venu prévenir que leur travail sur les meubles d’un hôtel ouvrant ses portes prochainement était bientôt achevé. »Voilà Tjikko » résumait Pierre une fois de retour.


Petit coin découpe pour les maquettes et autres ajustements.

 

Après avoir étudié le design et travaillé pour de belles agences, Pierre décide de prendre son indépendance et fonde le studio Pierre Lapeyronnie. Travaillant habituellement du mobilier, des chaises et des luminaires, le studio est véritablement multifacettes: pendant ses périodes d’apprentissage, pour mieux appréhender la matière, les objets et leurs techniques de fabrications Pierre est allé à la rencontre de nombreux artisans qui lui ont transmis les bases de la verrerie, la ferronerie, le travail de la céramique, la coutelerie ou encore de l’ébénisterie. Toujours touche à tout et curieux, le studio Lapeyronnie trouve donc par Tjikko un moyen de s’essayer à la maroquinerie.

Toutes les pièces seront cousues à la main après découpe et pliage.

 

Soucieux de réaliser un produit utile, durable dans le temps et simple à fabriquer, ils commencent avec le porte feuille « Modèle A »: composé d’une seule pièce de cuir découpée au laser, les trous pour la couture sont percés en amont de l’assemblage des poches qui sera réalisé par pliage et fixé au fil de lin, traditionnellement utilisé en maroquinerie. On a donc un peu l’impression que Tjikko se situe tout juste à la rencontre de deux monde, entre l’artisanat et le design industriel cherchant à allier esthétique et suppression des contraintes de fabrication.

Non contents d’avoir déjà quelques points de vente comme Centre Commercial, La Belle Société, Elka et Cieva et Figura Sfondo , Tjikko vient tout juste d’ouvrir la nouvelle mouture de son site internet. Notez que vous pouvez également aller à la rencontre de toute la troupe et vous procurer votre porte feuille directement à l’atelier au 75 rue Léon Frot dans le 11ème à Paris. Si vous êtes curieux et/ou bricoleur, vous apprécierez forcément le détour.


Les parapluies d'Oliver Ruuger

Avis aux amateurs de poignées en croco !


Quand on parle d’artisanat, on a facilement à l’esprit l’image d’un homme ou d’une femme évoluant dans la poussière d’un atelier lugubre, un peu en guerre avec la planète entière car acteur d’un monde ancien en pleine disparition, déjà oublié par le commun des mortels. Pourtant comme la plupart des images mentales que l’on peut construire dans son coin, celle ci se révèle souvent très fausse. Il est d’ailleurs assez amusant de voir comme certains artisans ont compris comment communiquer pour toucher un public déjà rassasié d’innombrables images de processus de fabrication et à quel point ils peuvent être en phase avec les plus hautes sphères de la tendance. Si laContrie en est le parfait exemple, c’est également le cas d’Oliver Ruuger qui a réalisé une série de parapluies incroyables pour la superbe boutique LN-CC à Londres et qui développe une image de marque superbe, très en phase avec les temps qui courent. J’ai d’ailleurs également eu la chance de rencontrer Célia Granger il y a quelques semaines qui réalise un travail remarquable et collabore régulièrement avec quelques designers de haut vol. Habitués à travailler le sur-mesure ou la demi-mesure, il faut comprendre que réaliser une série d’une dizaines de pièces et vendre leurs produits dans des boutiques, aussi haut de gamme soient elles, c’est déjà pour eux sortir très loin de leurs carnets de commandes classiques. Je vous laisse avec une vidéo d’Oliver Ruuger au travail sur une pièce magnifique.

LN-CC FILM: Oliver Ruuger | Making Umbrellas from LN-CC on Vimeo.

laContrie

11 rue de la Sourdière, 75001: l’atelier-boutique laContrie.

Le cuir c’est sûrement l’un des matériaux les plus passionnants de l’univers de l’accessoire voir même du vêtement en général. Ses propriétés varient selon l’animal dont il provient et selon la manière avec laquelle on tanne la peau, ses possibilités de teintes sont infinies et son utilisation détermine la patine qu’il prendra avec le temps… les beaux accessoires en cuir se révèlent donc souvent être uniques après quelques années de bons et loyaux services. Quoi de mieux d’ailleurs que de récupérer le sac ou le portefeuille luxueux des aïeux, toujours en très bon état, pour arborer une pièce très personnelle et chargée d’histoire ?

Parmi les gens qui travaillent dans la maroquinerie de luxe, on en rencontre beaucoup qui ressentent cette passion de la belle matière, qui connaissent combien les aspects décrits précedement sont importants pour des clients exigeants qui aiment s’offrir des pièces uniques et impeccables. Edwina de Charette est de ceux ci: passionnée par la maroquinerie sur-mesure et après avoir travaillé pendant plusieurs années pour la télévision, elle décide de faire son propre sac. Tissant des liens avec des maroquiniers et des artisans, l’histoire commence et l’envie de fonder sa maison de maroquinerie commence à poindre: laContrie naît en 2009.


Un maroquinier laContrie au travail.

Assez rapidement, laContrie trouve sa place dans un milieu victime de la contrefaçon qui a parfois du mal à allier créativité et bon goût, suivant les exigences de ses nouveaux clients (entre Louis Vuitton qui fait des produits avec Kanye West ou Céline qui collabore sur une basket avec Feiyue, le luxe autrefois synonyme de bon goût perd de son charme). Ça n’est d’ailleurs pas pour rien que la maison familiale Hermes s’inquiète de l’entrée de LVMH dans son capital: elle ne veut pas subir le même sort que Vuitton, véritable rouleau compresseur du luxe.

Forte de la confidentialité de son travail  et consciente de la nécessité de faire revenir le bon goût dans la maroquinerie de luxe, Edwina ouvre les portes de l’atelier-boutique de laContrie début 2011. Situé 11 rue de la Sourdière dans le premier arrondissement de Paris à côté de chez colette, cet endroit est assez impressionnant: vous rentrez dans une boutique très bien agencée où sont exposés de magnifiques sacs et portefeuilles et où vous pouvez consulter le catalogue des réalisations de laContrie. Un escalier au centre de la boutique mène au sous sol, directement à l’atelier ou de véritables magiciens des cuirs et peaux exotiques travaillent à la réalisation des commandes de pièces en semi-mesure.

Le sous sol de la boutique: l’entrée de l’atelier.

Bien sûr, il s’agit de maroquinerie de luxe et les prix pratiqués vont de paire : peaux et travail exceptionnels ont un coût non négligeable. Mais si vous avez dans l’idée de vous offrir (ou d’offrir) une très belle pièce de maroquinerie, sachez que vous trouverez chez laContrie une petite équipe très à l’écoute de ses clients, qui connaît bien les matières qu’elle façonne et amoureuse du travail bien fait. De plus quelques petites pièces plus accessibles comme des ceintures, des bracelets, des porte-cartes ou des porte-clefs y sont proposés si vous avez envie de vous doter d’une pièce d’exception en attendant de pouvoir vous offrir une suite de bagage complète.

Rien ne vous empêche en tout cas d’aller y faire un tour pour le plaisir des yeux, je peux vous assurer que vous serez très bien accueilli et qu’Edwina sera ravie de vous montrer les modèles qu’il est possible d’imaginer avec son aide. Ah, et biensûr vous pouvez les rejoindre sur Facebook, Twitter et Tumblr.

Le Feuillade dans la vitrine, superbe réinterprétation d’un cabas de marché.

Je vous laisse avec de quelques images d’autres modèles ci dessous, la palette de possibilités est gigantesque:


Les bracelets Saint Anne.

Un petit Valois

Un grand Valois

Le Saint Roch, format sac à main.

Le Saint Roch, ici en autruche et en format sac de voyage.

Une autre version du Feuillade, le modèle phare de la maison.


Le modèle Rohan, très chic, très classique, avec son intérieur rouge (très bien choisi par la cliente d’ailleurs).