laperruque

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Petit indice, un protège-cahier en cuir incroyable se cache dans cette image.

Amoureux du cuir, après avoir hésité pendant des mois à l’époque, j’ai fait le grand saut en 2014 et quitté mon job qui ne me passionnait pas. Je suis enfin entré à l’Atelier Grégoire à Paris pour devenir sellier maroquinier.
Accompagné par des artisans de haut vol pendant une année, j’ai eu l’occasion de découvrir un superbe savoir-faire et d’approcher un monde ou le temps semble suspendu. Par hasard, en classe, à la fin d’un exercice donné, je commence à m’amuser avec une chute de cuir et à faire de la perruque. Faire de la perruque c’est ça : en atelier quand tu as terminé ta production pour le patron, tu commences un objet pour toi. Au nez et à la barbe du contremaître. Travailler en perruque c’est faire de la résistance goguenarde, sortir un peu des rails. Et voilà : Laperruque, on le tenait enfin ce nom de marque. Ensuite c’est venu tout seul : il a fallu bosser sur la collection, déménager en Suède pour y suivre une belle autochtone, y installer un atelier sérieux, après avoir développé les produits dans la cuisine, s’assurer que le business-model allait tenir le coup et enfin mettre sur pied un site web, avec des photos qui en jettent.
L’esthétique est simple, les modèles sont classiques et laissent la part belle à de superbes matières, choisies chez les meilleurs fournisseurs européens.
Tout est fabriqué à la main à Malmö en Suède et arrive en quelques jours dans votre boîte aux lettres. Les cuirs français proviennent de chez  Haas et Degermann, fournisseurs habituels de marques prestigieuses, et de l’outsider suédois Tärnsjö, qui vient de commencer à travailler avec Visvim. Cela donne des pièces au toucher généreux, bien à elles, que l’on ne rencontre pas habituellement dans le commerce.
On obtient alors une jolie marque, sans faire intervenir d’intermédiaires de la fabrication à la distribution, ce qui permet d’afficher des prix abordables pour un produit durable et bien fabriqué. Vous pourrez bien sûr retrouver tout ça sur Instagram, Facebook et si vous voulez vraiment suivre l’évolution du projet et la vie de l’atelier, on a aussi une newsletter.Entre deux finitions, je me ferais évidement un plaisir de répondre à vos questions 😉 robin@laperruque.co 

laperruque.co

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Empanaché d’un Panama

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Rien à voir avec le chapeau Havana Club qu’on a donné à votre petite soeur hier soir rue de Lappe.

Il y a un moment magique dans Badlands (« La Ballade Sauvage ») – l’excellent film de Terrence Malick – où Martin Sheen (alias Kit) vole un panama et une veste en seersucker, qu’il enfile sur son ensemble en denim. Au-delà de ce cours de layering, qui, on est sûr, a inspiré de nombreux stylistes japonais maladivement obnubilés par les US, on retient surtout le rôle esthétique important que jouera cet accessoire jusqu’à la fin du road trip de Kit. En effet, Kit le sait, son chapeau lui donne une allure certaine, digne de faire la une de la rubrique faits divers.

Les panamas, comme le nom ne l’indique pas, viennent en fait d’Équateur, où ils sont tissés à la main dans le respect de la tradition locale. Un seul de ces chapeaux de paille peut prendre de quelques heures à plusieurs mois à être tissé en fonction de la finesse voulue. Il en va en effet du tissage du panama comme de l’humour, sa qualité dépend de sa finesse et certains fabricants vous proposent même des formes identiques avec des tissages plus ou moins fins et un prix évoluant systématiquement de manière incrémental : fino, extra-fino, super-fino, le graal étant souvent le Montecristi, du nom de la ville où ceux-ci sont fabriqués.

De tradition plutôt sage, un panama saura s’adapter : il peut être porté droit avec un polo comme votre oncle à Roland Garros, mais aussi en arrière sur un ensemble RRL comme Martin Sheen, ou écrasé pour imiter le sprezzaturesque Jean-Claude Brialy dans Le Genou de Claire.

Comme toute belle chose, un panama se patinera, la paille jaunira progressivement au contact du soleil, de la crème solaire et des embruns. Plus le panama sera tissé fin, plus sa matière s’apparentera à du tissu et plus celle-ci sera fascinante, flexible et malléable. Certains panamas (souvent de forme plus classique avec un petit bourrelet central) peuvent même se rouler et se ranger dans un tube.

C’est toutefois un produit fragile, il craint l’inattention d’une assise maladroite, la sècheresse ou, plus risqué, un coup de mistral perdant en bord de mer.

Bonnes vacances !

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De bien jolis poids

Leather makes it better.

Bon évidement on est en retard pour les idées cadeaux de Noël mais si vous n’êtes pas trop à cheval sur le calendrier ce qui suit me semble parfait si vous voulez faire sensation tout en restant dans le domaine du goût et des beaux objets. Le bel atelier de laContrie a sorti il y a quelques semaines des poids entièrement gainés à la main dans des cuirs exceptionnels. Ces poids en fonte normalement utilisés par les maroquiniers pour maintenir le cuir en place lors d’une découpe minutieuse trouveront facilement une place de presse papiers et orneront à merveille la pile de courrier qui déborde de votre bureau, intriguant sûrement la plupart de vos collègues par la même occasion. Encore une occasion de se faire remarquer pour laContrie qui continue à merveille de dépoussiérer le monde de l’artisanat en apportant des couleurs et des traitements plutôt inattendus tout en respectant la tradition française de la sellerie maroquinerie: l’anneau est évidement cousu à la main au fil de lin…


Madras – La faute des Écossais



L’été arrivant et me trouvant actuellement à Dehli, la question du madras est venue tout naturellement. La plupart des tissus de madras que nous connaissons sont souvent à carreaux, alors qu’aux dernières nouvelles, le carreau n’a pas toujours été un des signes distinctifs de l’Inde, mais plutôt de… l’Écosse.

Le madras est originaire d’Inde, de la ville du même nom qui s’appelle aujourd’hui Chennai. La ville est située au sud-est du pays, sur les bords de la baie du Bengale.

La ville est connue pour son coton depuis 3000 av. J.-C. Autant dire qu’ils ont de l’expérience. Au 12ème siècle, la qualité reconnue de ce coton lui a valu d’être exporté vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Le tissu fait de ce coton était alors appelé gada et était principalement utilisé pour faire des coiffes. Il n’était alors pas du tout recouvert de rayures ni de carreaux. Le tissu a commencé à être imprimé de motifs floraux et religieux à partir du 17ème siècle par le moyen de tampons et est devenu le tissu servant à la confection des tenues traditionnelles de la région jusqu’au 19eme siècle.



La région a été occupée pendant le 19ème siècle par les Écossais. Il paraîtrait que les tisseurs se soient tout simplement inspiré des nombreux tartans qu’arboraient les fiers Écossais pour en faire des créations à leurs goût aux couleurs vives de l’Inde. Tout comme le tricotage pour les pulls marins écossais, chaque village, voir parfois chaque tisseur, a développé son propre tartan, ce qui permet de remonter à l’origine de la fabrication mais aussi de garder une belle diversité de motifs.

Avec l’évolution des technologies, les couteuses teintures naturelles ont été remplacées par leurs homologues chimiques, plus fixatrices, concentrées et facile à produire appelées color-fast.
C’était pourtant là toute la beauté de ce qu’on appelle le bleeding madras. Ce madras est appelé ainsi car les couleurs tendent à dégorger aux premiers lavages et s’atténuer avec le temps. Chacun des lots de coton est trempé dans une mixture de colorant naturels, sels, levures et agents fixateurs avant d’être tissés à la main. Une simple façon de vérifié que votre tissu a été bien teint fil à fil et pas imprimé est de vérifié l’envers du tissu, qui n’est logiquement pas teint dans le cas d’un tissu imprimé. Également, le tissage à la main n’est pas une science exacte et peut parfois faire apparaître des petites erreurs dans le tissu, preuve de la confection manuel. Des petits grumeaux ou slubs en anglais paraissent sur la toile dut à un manque de peignage du tissu. Cet effet, appelé « slubbé » est une des preuves que la toile a bien été tissée manuellement.



Le bleeding madras a eu ses heures de gloire dans les années 50-60 avec la tendance preppy qui a donné naissance à plus de 150 000 nouvelles combinaisons de carreaux. Le premier à importer du madras aux USA n’est autre que le fameux Brooks Brothers (BB pour les intimes) à la fin du 19 siècle. La matière n’est devenue à la mode que quelques années après, dans les années 30 et est encore disponible aujourd’hui dans tous les magasin hors et sur les campus de l’Ivy league tel que J.Press, Brooks, Paul Stuart ou the Andover Shop pour n’en citer que quelques uns. A noter également que l’imprimé qui recouvre le Preppy Handbook n’est autre que du Madras.



Le madras est donc un tissu léger, tissé de manière assez lâche et arborant des couleurs vives. Il est entièrement teint et tissé à la main et peut être uni, à tartan, avec des rayures aléatoires ou avec des dessins. La Commission Fédérale Américaine du Commerce a décrété que le terme de madras ne peut être utilisé sur une étiquette ou de manière commerciale que si il est d’origine indienne et correspond à cette description. Le madras est généralement fait de coton.

Les tissus faits à la main représentent une très grande partie de la production indienne et sont une fierté nationale, le madras en tête. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une roue à tisser sur le drapeau indien.