London Undercover, de beaux parapluies

Parfois considéré comme un gadget, le parapluie est  souvent sous estimé en tant qu’accessoire à la fois utile si il est de bonne qualité et pouvant témoigner du bon goût de son propriétaire. En partant de ce constat et en voulant rendre au parapluie sa dimension élégante, Jamie Milestone a fondé London Undercover en 2008. La marque bénéficie d’ailleurs assez vite d’une très bonne visibilité puisqu’elle réalise en ce moment des produits en collaboration avec des entités assez diverses, allant du blog à la marque en passant par quelques boutiques. Les abus du co-branding par le monde du streetwear, ou même parfois du luxe, auront fatigué plus d’un amateur de vêtement mais je dois avouer que le résultat de celui amorcé par Tenue de Nîmes par exemple,est bien pensé et prête même à sourire.

Encore un témoignage de la décontraction coutumière des anglais lorsque l’on touche au vêtement ? le nom de la marque de parapluie est d’ailleurs très bien choisi si l’on décide d’y voir un jeu de mot. Puisque la marque semble vouloir d’intéresser au marché de l’accessoire ACL et Chapman ont fait un essai sur des modèles d’écharpes et de sacs. Tenue  de Nîmes a choisi de compter sur la spécialité d’Undercover et de faire fabriquer son parapluie en… toile de jean évidement.

Fabriqué en France le mécanisme du parapluie est garanti solide et de bonne qualité (je ne compte plus le nombre de pépins bas de gamme que j’ai vu se retourner sous l’effet du vent…) et la toile a reçu un traitement pour devenir imperméable. Les fanatiques du denim y verront une nouvelle technique d’usure de la toile qui les passionne, les autres seront sûrement très contents de l’anecdote.

Apparemment Undercover s’inscrit aussi dans une démarche de production responsable en utilisant des matériaux recyclés pour les produits et également biodégradables en ce qui concerne le packaging. On peut en tout cas se réjouir de la capacité des ateliers français à s’adapter à de telles exigences de la part des marques. Sans que les marques aient communiqué sur l’identité de leurs fabricants, il semble qu’en matière de parapluie, l’héritage historique de Cherbourg soit assez important, les fabricants normands sont des références et il serait étrange qu’ Undercover soit allé chercher ailleurs. Mais bon, cela reste une supposition.

Notez que Filson a également utilisé sa toile imperméable traditionnelle « Cover Cloth »  pour réaliser un parapluie de son propre chef qui semble être un classique de la marque, bien que les chasseurs ne s’embarrassent pas vraiment de ce genre de commodités climatiques lorsqu’ils pratiquent leur discipline favorite.

Merci à FrenchTrotters pour les photos ! et sachez aussi que la boutique dispose de quelques modèles Undercover en exclusivité française, la météo qui s’annonce pour les mois à venir devrait sûrement vous amener à vous pencher sur la question assez rapidement. Vous trouverez aussi en rayon les sacs issus de la collaboration avec Chapman.

Jeans, une planète en bleu



On en a déjà parlé, le monde du denim peut s’avérer particulièrement abyssal. Plus l’on s’y intéresse et plus l’on découvre de détails historiques ou techniques passionnants. Ceci-dit, ce qui n’était réservé qu’aux plus fanatiques au début des années 2000 est en train de se développer pour toucher une partie bien plus large de la population, certainement pas prête à passer ses nuits à débattre du sens de la trame sur Superfuture. La toile brute non prélavée et le liseré sont devenus omniprésents, maintenant distribués par des grandes enseignes telles qu’Uniqlo, Marks & Spencer ou même H&M. Ce qui n’étaient il y a quelques années que des détails intéressants les plus passionnés d’entre nous sont maintenant reconnus par tous et devenus très abordables, même si cela a créé certaines dérives dénoncées par les puristes…



Poussé par cet attrait croissant pour les détails historiques du jean, les ouvrages sur le sujet se multiplient, il n’est donc pas surprenant qu’aujourd’hui un documentaire se concentre sur l’histoire de la toile indigo. « Jeans, une planète bleue » nous plonge ainsi au coeur de l’histoire du jean et de la toile duquel il est issu. C’est avec plaisir que nous sont notamment livrés les témoignages de l’archiviste de Levi’s, du président de Momotaro Jeans (qui y fait une démonstration de teinture) et même de Jean Touitou. Nous retiendrons particulièrement la découverte de Ruedi Karrer, ce zurichois possédant une impressionnante collection de plus de 7000 jeans.


Jeans, une planète en bleu from Sylvain on Vimeo.

Le Roi et l'Oiseau


« Le Roi et l’Oiseau » est un dessin animé français créé par Paul Grimault en collaboration avec Jacques Prévert qui a signé les dialogues et participé au scénario directement inspiré de La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen.

Vu pour la première fois à l’époque du magnétoscope, je l’ai redécouvert très récemment et tout comme la première fois, je suis resté enthousiasmé par l’univers de ce dessin animé du début à la fin…
Sorti en 1980 sur les écrans, le film n’a pas du tout vieilli. L’Oiseau nous compte l’histoire d’une Bergère et d’un Ramoneur sous le règne du tyrannique roi Charles (V + III = VIII) + VIII = XVI (Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize) du Royaume de Takicardie.

Tout au long du film, la musique prend une place très importante. Elle est composée par Wojciech Kilar qui est un compositeur de musique classique et musique de film polonais. Le thème principal du dessin animé apparait à plusieurs reprises notamment lorsque la Bergère et le Ramoneur s’échappent du château.

Thème du Roi et l’Oiseau :

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La scène du portrait du roi fait, elle, l’objet d’un accompagnement musical très royal collant parfaitement à l’esthétique du dessin animé.


De la musique encore avec le personnage de l’Aveugle qui joue de l’orgue de barbarie. Dès que ce dernier se fait entendre, les lions de l’arène arrêtent d’être menaçants et s’allongent pour écouter la musique de l’aveugle. Lorsque les lions s’échappent avec l’Oiseau, la Bergère et le Ramoneur, c’est une Polka qui se fait entendre dans la ville basse sous les applaudissements des habitants…

La Polka des lions :

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Enfin, et pour souligner la poésie présente tout au long de ce magnifique dessin animé, l’extrait de la scène du petit clown devant « Sa Majesté » toujours accompagné d’une musique de Kilar. Un petit bijou.


Le Bar du salon du Vintage

En septembre dernier avait lieu la 6ème édition du salon du vintage à Paris. L’événement a rencontré un franc succès si bien que les organisateurs remettent ça en décembre avec « Le Bar » du salon du vintage, les 18 et 19 à la Cour du Marais. Cette fois ci l’accent est mis sur le côté festif avec un bar à bulle, des DJ et The Pompadours, un trio londonien de coiffeuses spécialisées dans les coupes des années 50.

Vous retrouverez également les exposants les plus importants du salon et pourrez à loisir flâner à la recherche d’une pièce, ce qui peut être assez arrangeant à l’approche de Noël si par le plus grand des hasards, comme chaque année, vous êtes en retard. Hahem.

LN-CC – Late Night Chameleon Cafe

 

The Skeletal Space

LN-CC (Late Night Chameleon Cafe) est une nouvelle boutique en ligne qui a ouvert en août dernier. Après quelques mois d’activité, le site a ouvert un espace physique dans ses locaux situés dans l’Est de Londres. Avec quelques aperçus en ligne et la possibilité de visiter le magasin seulement sur rendez-vous, autant dire que nous avons été curieux.

Tout est réuni pour offrir une expérience hors du commun. Situé au sous-sol du 18 Shacklewell Lane à Dalston et donc loin de toutes boutiques pouvant offrir des produits comparables, le magasin conçu par Gary Card intrigue dès que la porte d’entrée est poussée. Introduit par un escalier éclairé à la lumière violette, on pénètre alors dans un espace qui met tous les sens en éveil. Odeurs, bruits, éclairage, toucher, une expérience d’achat qui va au-delà de la simple flânerie en magasin.


The Forest

Les premiers pas se font dans la « forêt », odeur d’encens, bruits d’oiseaux, lumière sombre et lueur au bout du tunnel aux aspects irréels.

On rentre alors dans le « Skeletal Space », un tunnel fait de bois et éclairé par des néons passant au travers de panneaux oranges, donnant à l’endroit de faux airs de « 2001, l’odyssée de l’espace » de Kubrick. De ce tunnel partent alors 4 salles ayant chacune une identité bien particulière.


The Light Space

The Light Space

La première est la « Light Space ». Une salle remplie de meubles blancs sur roulettes permettant de la moduler au fil des saisons. L’idée ici est de présenter des pièces plus « urbaines » avec des marques telles que Nigel Cabourn, Unused ou Hobo.


The Warmth Space

Vient ensuite la « Warmth Space » qui, malgré son nom, est beaucoup plus sombre et luxueuse que la précédente et propose des marques telles que Damir Doma ou Rick Owens.


The Earth Space

The Earth Space

The Earth Space

La dernière salle dédiée au vêtement est la « Earth Space ». Entièrement construite en bois brut, on retrouve les couleurs et les matières du couloir par la présence de gravier au sol et le bois, omniprésent à travers tout le magasin. Cet espace présente également des marques très haut de gamme telles que Tze Goh ou Martin Margiela. En comparaison à la « Warmth Space », les couleurs des vêtements sont ici plus chaudes avec beaucoup de blanc.


The Celestial Space

On s’éloigne ensuite du vêtement et on entre dans le second univers du magasin : la musique. Le « Celestial Space » est une bibliothèque de rareté. Rassemblant vinyls et livres en éditions limitées dédiés à la mode, cet espace est le fruit de la recherche du fondateur du site, John Skelton, et de Dan Mitchell qui s’occupe de tous les achats de la boutique avec lui. Conor Donlon, libraire spécialisé dans les livres rares, les a également assisté dans leur sélection.


The music space

Finalement, la dernière pièce actuellement accessible au public est la « Music Space ». Créé en association avec Mickey Boyle, ingénieur connu du milieu de la musique underground, la salle disposera du système son utilisé par Led Zeppelin eux-mêmes ainsi qu’un équipement audio de pointe faisant de la salle un des endroit les mieux outillés en la matière à Londres.

Cette salle servira comme espace pour accueillir les clients pendant la journée et les évènements organisés par LN-CC la nuit. Elle sera terminée début 2011, marquant la fin de la phase I du magasin. La phase II commencera alors et aura pour but de construire une galerie d’art où se tiendront expositions et projections.


Dan Mitchell & John Skelton

Je trouve que cette initiative pour un magasin en ligne est une réelle innovation. En permettant à ses clients de passer du virtuel au réel, LN-CC leurs donne la possibilité de rentrer dans leurs univers physiquement et de comprendre l’identité de la marque. Chose qui n’est pas toujours facile à faire pour un magasin présent seulement en ligne. On peut alors voir, toucher et porter le produit de notre choix avant de passer à l’acte et être plus certain qu’un produit qui coûte souvent plusieurs centaines de livres sera à la hauteur de nos attentes.

Pour mieux nous aider à comprendre l’identité de LN-CC, nous avons demandé à Dan Mitchell de nous montrer ce qui serait pour lui les produits les plus représentatifs de la boutique. Voici sa sélection:


Manteau Damir DomaPantalon Sasquatchfabrix
Jacket Damir DomaTrousers Sasquatchfabrix

Le but avoué de la boutique est d’offrir une sélection de produits qui se démarque des autres, de partager le fruit de leurs recherches et de faire découvrir à tous ceux qui voudront se rendre à leur boutique une réelle expérience d’achat. « Peu importe si vous venez et n’achetez rien – nous serions heureux que vous repartiez avec ce que vous voulez, que ce soit vêtements, informations ou savoir ». Cette dernière phrase est issue de la présentation de la boutique sur son site. On ne peut que saluer une telle initiative. Pour nous en tout cas, l’expérience est réussie.

Photo: mooonprod.tumblr.com & LN-CC

Selectism – Seven Days

Selectism est un blog professionnel que l’on suit depuis un petit moment maintenant. A cheval entre culture, vêtements de designer et d’inspiration vintage, leur nombreux articles sont toujours intéressants. Depuis plusieurs saisons déjà, l’équipe du site nous présente une sélection de produits qu’ils apprécient, sous formes d’une série de photo présentant une tenue par jour de la semaine.

Pour leur troisième série, les vêtements sont maintenant portés mais l’accent est toujours mis sur le produit et le stylisme. Je ne suis pas vraiment conquis par les pièces les moins basiques telles que le sweat Raf by Raf Simons ou le jean neuf et déjà délavé et troué. Cependant je trouve que certaines associations valent le détour, je vous laisse juger par vous même :

Diderot – Regrets sur ma vieille robe de chambre

« Pourquoi ne l’avoir pas gardée ? Elle était faite à moi ; j’étais fait à elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j’étais pittoresque et beau. L’autre, raide, empesée, me mannequine. Il n’y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prêtât ; car l’indigence est presque toujours officieuse. Un livre était-il couvert de poussière, un de ses pans s’offrait à l’essuyer. L’encre épaissie refusait-elle de couler de ma plume, elle présentait le flanc. On y voyait tracés en longues raies noires les fréquents services qu’elle m’avait rendus. Ces longues raies annonçaient le littérateur, l’écrivain, l’homme qui travaille. A présent, j’ai l’air d’un riche fainéant ; on ne sait qui je suis.

Sous son abri, je ne redoutais ni la maladresse d’un valet, ni la mienne, ni les éclats du feu, ni la chute de l’eau. J’étais le maître absolu de ma vieille robe de chambre ; je suis devenu l’esclave de la nouvelle.

Le dragon qui surveillait la toison d’or ne fut pas plus inquiet que moi. Le souci m’enveloppe.

Le vieillard passionné qui s’est livré, pieds et poings liés, aux caprices, à la merci d’une jeune folle, dit depuis le matin jusqu’au soir : Où est ma bonne, ma vieille gouvernante ? Quel démon m’obsédait le jour que je la chassai pour celle-ci ! Puis il pleure, il soupire.

Je ne pleure pas, je ne soupire pas ; mais à chaque instant je dis : Maudit soit celui qui inventa l’art de donner du prix à l’étoffe commune en la teignant en écarlate! Maudit soit le précieux vêtement que je révère ! Où est mon ancien, mon humble, mon commode lambeau de calemande ?

Mes amis, gardez vos vieux amis. Mes amis, craignez l’atteinte de la richesse. Que mon exemple vous instruise. La pauvreté a ses franchises ; l’opulence à sa gêne.

O Diogène ! si tu voyais ton disciple sous le fastueux manteau d’Aristippe, comme tu rirais ! O Aristippe, ce manteau fastueux fut payé par bien des bassesses. Quelle comparaison de ta vie molle, rampante, efféminée, et de la vie libre et ferme du cynique déguenillé ! J’ai quitté le tonneau où je régnais, pour servir sous un tyran.

Ce n’est pas tout, mon ami. Ecoutez les ravages du luxe, les suites d’un luxe conséquent.

Ma vieille robe de chambre était une avec les autres guenilles qui m’environnaient. Une chaise de paille, une table de bois, une tapisserie de Bergame, une planche de sapin qui soutenait quelques livres, quelques estampes enfumées, sans bordure, clouées par les angles sur cette tapisserie ; entre ces estampes trois ou quatre plâtres suspendus formaient avec ma vieille robe de chambre l’indigence la plus harmonieuse.

Tout est désaccordé. Plus d’ensemble, plus d’unité, plus de beauté.

Une nouvelle gouvernante stérile qui succède dans un presbytère, la femme qui entre dans la maison d’un veuf, le ministre qui remplace un ministre disgracié, le prélat moliniste qui s’empare du diocèse d’un prélat janséniste, ne causent pas plus de trouble que l’écarlate intruse en a causé chez moi.

Je puis supporter sans dégoût la vue d’une paysanne. Ce morceau de toile grossière qui couvre sa tête ; cette chevelure qui tombe éparse sur ses joues ; ces haillons troués qui la vêtissent [sic] à demi ; ce mauvais cotillon court qui ne va qu’à la moitié de ses jambes ; ces pieds nus et couverts de fange ne peuvent me blesser : c’est l’image d’un état que je respecte ; c’est l’ensemble des disgrâces d’une condition nécessaire et malheureuse que je plains. Mais mon coeur se soulève; et, malgré l’atmosphère parfumée qui la suit, j’éloigne mes pas, je détourne mes regards de cette courtisane dont la coiffure à points d’Angleterre, et les manchettes déchirées, les bas de soie sales et la chaussure usée, me montrent la misère du jour associée à l’opulence de la veille.

Tel eût été mon domicile, si l’impérieuse écarlate n’eût tout mis à son unisson. »


Denis Diderot – Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune, 1768

Boardwalk Empire, côté vestiaire

L’engouement pour Mad Men en France, ça a quelque chose de vraiment étrange. On a d’abord l’impression que la presse française a découvert la série cet été, alors que la première saison a tout de même commencé en 2007. Ensuite les critiques vont quasiment toutes dans la même  direction alors que l’intrigue perd vraiment de la vitesse, et que si ça reste amusant à regarder, c’est sûrement grâce à l’esthétique de l’époque, aux femmes, et surtout aux costumes de chez Brooks Brothers mis en scène. Du coup Mad Men, même si Don Draper est un champion du style, on regardait un peu par défaut. En effet, dès que l’on recherche une série avec de beaux costumes, une ambiance travaillée, une intrigue captivante et une esthétique générale impeccable, l’offre tend à être très réduite.  Heureusement il y a quelque semaines, la relève est arrivée et on se rend compte que dès que les gros bonnets du cinéma commencent à s’en mêler, le monde de la série commence à passer aux choses sérieuses.

Évidement, pour ce qui est des costumes, il est sûrement très difficile de rater quelque chose dès que l’on s’intéresse à la Prohibition et aux années folles tellement l’époque est riche au niveau du textile: la série produite par Martin Scoresese et Mark Wahlberg, ça commençait bien, on savait déjà que rien n’allait être laissé au hasard.

Dans Boardwalk Empire, les personnages sont très travaillés et chacun d’entre eux voit ses traits de caractères, ses origines sociales et géographiques retranscrit dans les plis de ses vêtements. Les matériaux utilisés pour fabriquer les pièces nécessaires sont ceux que l’on trouvait à l’époque et John Dunn, le costumier, ne voulait pas utiliser des pièces issues de friperies. L’équipe aurait dû les restaurer et elles risquaient de paraître suspectes à l’écran. Il a donc fait appel Martin Greenfield, une sommité du monde des maîtres tailleurs, qui après avoir travaillé pour Brooks Brothers dans sa jeunesse, habillait entre autres Paul Newman et Bill Clinton. Ce grand monsieur du costume ne se contente d’ailleurs pas de ses gloires passées et entretient également des liens étroits avec Rag&Bone et Band of Outsiders. On peut avoir un aperçu de son atelier sur  The Selby, et c’est assez plaisant à regarder.

Pour commencer notre rapide tour d’horizon, nous allons commencer par le personnage principal. Interprété par Steve Buscemi, une des cartes des frères Coen (entre autres), Enoch « Nucky » Thompson est une sorte d’homme d’affaire qui est arrivé au sommet à la sueur de son front, en utilisant la force et la corruption, et il entend bien conserver les privilèges qu’il a réussi à obtenir. Comme la plupart des détenteurs de fortunes nouvellement acquises, il aime à faire remarquer son succès et sa réussite par des tenues tape à l’oeil, chatoyantes et luxueuses. On se rappelle surtout de Steve Buscemi dans des rôles de ratés ou de personnages secondaires, ici sous les feux de la rampe, on peut imaginer que ces costumes colorés compensent avec l’impression de faiblesse à laquelle renvoie son physique.  D’ailleurs vous aurez le plaisir de remarquer au fil des épisodes que ses costumes sont très souvent colorés et ornés d’accessoires qui rappellent son identité à ses interlocuteurs.

De stature tout à fait différente, on peut s’intéresser à Arnold Rothstein, ponte de l’alcool à New York, interprété par Michael Stuhlbar, encore piqué aux frères Coen. Ses costumes impeccables, assez sobres, rehaussés de quelques accessoires bien sentis en font l’un des personnages les plus élégants de Boardwalk Empire. Calme, éduqué, posé, violent, il a beaucoup de classe et sait manipuler les codes vestimentaires des classes sociales élevés pour ne pas en faire trop et passer pour un parvenu. Précisement ce qu’il peut manquer à notre ami Nucky.

Michael Shannon aka Nelson Van Alden, l’agent du « Federal bureau of internal revenue » n’est qu’austérité. Fanatique religieux, il prend son travail très à coeur et son costume, sans fioriture, ne lui sert qu’à travailler efficacement.

Le cas de Jimy Darmody est assez amusant, habillé au début de pièces tout à fait quelconques, on aura l’occasion de constater son ascension au sein du syndicat du crime italien lors de sa prise de mesure pour son complet bleu marine. À partir du moment où il aura revêti le vêtement, une véritable transformation s’opère et il deviendra l’un des personnages clés de la série. Interprété par Michaël Pitt, le rôle relancera sans aucun doute la carrière du jeune acteur.

Chalky White est un peu l’équivalent de Nucky Thompson au niveau de son style vestimentaire. Sûrement un des seuls noirs américain à avoir sa place dans les affaires à cette époque, il est très fier, et veut prouver son statut grâce à ses vêtements. On avait déjà croisé l’acteur dans The Wire où il jouait le rôle très réussi de Omar Little, un braqueur  semant la pagaille dans Baltimore. Sa garde robe ressemble beaucoup à celle de Nucky.

Bref, si vous cherchez un moyen de passer le dimanche froid qui nous attend au coin du feu, et de passer un bon moment, n’hésitez pas à vous pencher sur Boardwalk Empire. La série nous fait revivre le sentiment qu’on a pu éprouver en regardant Les Affranchis, Le Parrain II ou Il était une fois en Amérique et nous permet de nous délecter d’une esthétique poussée très agréable.