Très Bien Shop World Tour

Ambiance James Bond, côté méchants.


Ils règnent sur la fashion-toile depuis quelques années déjà et sont prêt à se déplacer dans les plus grandes villes du monde pour tester leur force de frappe. Très Bien Shop organise un World Tour courant le mois de mai et ouvre une boutique éphémère à Paris le vendredi 10. Rivalisant sur les réseaux sociaux avec l’incomparable Mr Porter (ce dernier ayant beaucoup plus de moyens) c’est en tout cas le premier à aller rencontrer ses clients en chair et en os. Bref, je serais sûrement parmi les premiers à aller chercher mon t-shirt cadeau le 10. N’hésitez pas à nous contacter par mail (redingote.fr@gmail.com) si vous voulez aussi aller jeter un coup d’oeil, ça me ferait plaisir aussi de vous rencontrer. Sinon il vous suffit de télécharger l’application de l’évènement sur votre iPhone. Et non, je n’en ai pas non plus (pour ceux d’entre vous que je voyais déjà râler).

Les parapluies d'Oliver Ruuger

Avis aux amateurs de poignées en croco !


Quand on parle d’artisanat, on a facilement à l’esprit l’image d’un homme ou d’une femme évoluant dans la poussière d’un atelier lugubre, un peu en guerre avec la planète entière car acteur d’un monde ancien en pleine disparition, déjà oublié par le commun des mortels. Pourtant comme la plupart des images mentales que l’on peut construire dans son coin, celle ci se révèle souvent très fausse. Il est d’ailleurs assez amusant de voir comme certains artisans ont compris comment communiquer pour toucher un public déjà rassasié d’innombrables images de processus de fabrication et à quel point ils peuvent être en phase avec les plus hautes sphères de la tendance. Si laContrie en est le parfait exemple, c’est également le cas d’Oliver Ruuger qui a réalisé une série de parapluies incroyables pour la superbe boutique LN-CC à Londres et qui développe une image de marque superbe, très en phase avec les temps qui courent. J’ai d’ailleurs également eu la chance de rencontrer Célia Granger il y a quelques semaines qui réalise un travail remarquable et collabore régulièrement avec quelques designers de haut vol. Habitués à travailler le sur-mesure ou la demi-mesure, il faut comprendre que réaliser une série d’une dizaines de pièces et vendre leurs produits dans des boutiques, aussi haut de gamme soient elles, c’est déjà pour eux sortir très loin de leurs carnets de commandes classiques. Je vous laisse avec une vidéo d’Oliver Ruuger au travail sur une pièce magnifique.

LN-CC FILM: Oliver Ruuger | Making Umbrellas from LN-CC on Vimeo.

LaRose Paris chez FrenchTrotters

La fête des fleurs.

En me baladant sur les grands boulevard à l’approche de Noël l’année dernière je me suis fait la remarque: les grandes enseignes du moyen-haut de gamme ont perdu l’art de faire les vitrines. Ces fenêtres pleines de couleurs qui attiraient les enfants par dizaines avaient cette année là été remplacées par des poupées de Karl Lagerfeld qui jouaient de la guitare, un spectacle assez navrant dont on se demandait si il n’était pas sponsorisé par Coca-Cola. Ayant à l’esprit les belles années des grands magasins, les indépendants qui mettent de la passion dans leur métier redoublent par contre de créativité pour attirer l’oeil des passants. Le dernier exemple en date de vitrine vraiment réussie, c’est le fleuriste de haut vol Jeremy Martin qui l’a réalisé pour Larose Paris chez FrenchTrotters. En voici quelques images, ça en jette !

En plus vous vous en doutez, le branding, c’est une de nos grandes passion et chez Larose on sait travailler l’image de marque: logo travaillé, étiquettes brodées, vidéos jouant sur une certaine idée du parisien qui fait fabuler les étrangers… bref, ça fonctionne, le produit donne envie et s’est d’ailleurs vite retrouvé propulsé sur les étagères de quelques unes des boutiques tendance les plus prestigieuses tout autour du monde. Ensuite que l’on aime les casquettes ou non, force est de constater que le produit est qualitativement impeccable, Pauline Brosset étant l’une des dernières chapelières sur-mesure à Paris et co-fondatrice de la marque, on peut imaginer qu’elle veille au grain d’assez près.

La vitrine est visible dans la boutique FrenchTrotters du 128 rue Vieille du Temple, dans le 3eme arrondissement de Paris.


Passion – Ça change des magazines

Youpi.

Nos chers amis de Passion Magazine viennent de boucler leur troisième numéro « La Belle Vie sous un autre angle » et organisent dans la foulée une exposition « Ça change des magazines » à la librairie Ofr  dans le 3eme arrondissement de Paris. Vous pourrez y découvrir les créations inédites de Christophe Brunnquell, Lucie & Simon, Arnaud Lajeunie, Lvdovico Magno, Le Creative Sweatshop, VLF, Marie Quéau, Dylan Calves, Caroline Fayette, Sébastien Zanella, Aurélien Bacquet, Svetlana Kuzminykh et Paul Loubardinio qui ont tous contribué aux 3 premiers numéros de Passion.

Vous y retrouverez également du beau monde et des bières le soir du mardi 23 avril pour le vernissage. L’exposition dure ensuite jusqu’au 12 mai.

Ofr se trouve 20 rue Dupetit-Thouars, 75003 Paris et ouvre ses portes du lundi au samedi de 10:00 à 20:00 et le dimanche de 14:00 à 19:00 et vous pouvez retrouver ces infos sur Facebook.

Interview – Husbands

On est comme ça chez Husbands, décontractés. Puis comme ça vous savez qui pose les questions (à gauche). Merci à Robin N. pour la photo !


Quand Nicolas Gabard nous a envoyé un mail pour nous présenter sa marque de vêtements pour homme, j’ai tout de suite été séduit, quelque chose m’avait interpellé dans la fraîcheur de l’image de marque et la simplicité du site internet. Le premier contact numérique réussi, il me fallait aller toucher les produits. Là encore bingo, une fois les pièces examinées je savais que c’était de loin la jeune marque la plus intéressante qu’il m’avait été donné de découvrir depuis longtemps. Après avoir écrit et publié ces quelques lignes pour vous faire part de mes premières impressions quelque chose me poussait à vouloir y retourner : outre les produits impeccables et l’image léchée, la démarche complète semblait particulièrement cohérente et différente de ce que le milieu avait à offrir d’habitude. Je suis donc retourné au 8 rue Manuel dans le 9ème arrondissement de Paris pour parler chiffons.

Après m’avoir offert un traditionnel café et quelques délicieux gâteaux italiens, Nicolas dû s’absenter un cour instant pour dissuader une pervenche un peu trop consciencieuse qui inspectait la rue. Je profitais de ce moment seul dans le bureau/boutique pour en balayer du regard les étagères où quelques vieux grands classiques de la littérature un peu jaunis attendaient tranquillement d’être redécouverts alors que de gros ouvrages de design et de mode masculines bataillaient avec des carnets d’échantillons de tissus très épais et quelques planches de boutons où la corne et le corroso taillaient le bout de gras. Quelques vinyls de groupes de rock anglais assistaient à la scène, observant les chaises de designers des années 70 savamment sélectionnées. Le bruit de la porte me tirait de ma rêverie et Nicolas qui entrait s’excusa de sa courte absence. Fasciné par l’environnement je ne lui répondais pas immédiatement mais entamais directement par une question qui venait de me traverser l’esprit:


Tu m’expliquais, la fois où tu me présentais Husbands, le lien entre culture et vêtement, pourquoi est ce que c’est important pour Husbands ?

Ce qu’il y a de fascinant dans le vêtement masculin, c’est qu’il dissimule des centaines d’histoires. Histoires liées à sa fonction qui appelle tels ou tel détails, formes, couleurs et qui perdurent jusqu’à nos jours. Histoires des savoir-faire qu’il véhicule, et de leurs évolutions. Histoires de ceux qui l’ont porté, en créant un style propre, encore source d’inspiration. Ces sous-bassements historiques, politiques, sociologiques, sont maginfiquement exliqués par Farid Chenoun dans son livre « Des Modes et des Hommes« . Bref on ne s’emmerde jamais quand on parle de vêtements masculins.

C’est l’ensemble de ces dimensions, qu’avec Synneve nous avons décidé d’explorer avec HUSBANDS, une démarche plus proche de l’archiviste, que du styliste. L’idée est d’explorer le vestiaire masculin et d’identifier les essentiels, les pièces maîtresses, ces pièces que chaque homme pourrait avoir pour construire sa garde robe idéale. Une sorte d’alphabet dans lequel tout à chacun pourra puiser pour raconter sa propre histoire. La construction de cette garde robe nécessite que chaque vêtement puisse durer, s’user, se patiner. D’où les savoir-faire traditionnels, gage de confort et de qualité, et les matières nobles et authentiques, à même de supporter la patine du temps.

Cet alphabet HUSBANDS le construit aujourd’hui en 2013, de sorte qu’il convient aussi d’intégrer dans cette garde robe idéale, évidemment le trois pièces en flanel rayures tennis, le costume croisé bleu en super 100, ou le manteau croisé Churchill mais aussi des éléments que s’évertuent à ignorer les Dressing the Man et autres Eternel Masculin : le selvedge denim 14,3/4OZ , les chelsea boots, la veste M65, le biker jacket, le pull de marin (toutes ces choses dont vous parlez sur redingote) etc.

Ce qu’on a envie de mettre en avant c’est la dimension culturelle dans sa fabrication mais également de redonner du sens aux pièces que nos contemporains peuvent avoir dans leurs garde robe.


Churchill en pinstripes.

Pourquoi est ce que c’est important pour toi de redonner du sens aux tenues que portent les gens ? Est ce que ça a été perdu ? Parce qu’on le veuille ou non le vêtement est vecteur d’idée, la première impression que tu as d’une personne est ce qui restera en tête pour un bon laps de temps, on ne peut donc pas dire que le vêtement n’est pas déterminant de l’avis que l’on se forge d’une personne que l’on rencontre pour la première fois…

Exactement, le vêtement dit beaucoup de nous. Le problème est que souvent il ne vient dire que ce que d’autres ont décidé de dire pour nous. Et ça s’appelle la mode, qui par un mouvement chaque fois changeant, auquel prennent part stylistes, bureau de tendances, journalistes, acheteurs, etc… vient rendre obsolètes les vêtements de l’année précédente. Me semble beaucoup plus intéressant celui/celle qui trouve sa propre voix(e) et vient expliciter année après année de façon de plus en plus précise la même histoire.

Beaucoup de gardes robes sont des cimetières, et les magasins actuels, des chambres funéraires (rires…).

Ce que nous voudrions, et j’en reviens à cette histoire d’alphabet, c’est qu’une nouvelle génération d’hommes, reviennent aux beaux vêtements qui durent, qu’ils se mettent à les porter, les user, les patiner, et que se faisant ils développent un style propre fait de nuances et de convictions.

Et dans la construction de cet alphabet/garderobe, HUSBANDS aimerait extirper toutes les explications, les histoires, les traditions, qui font du vêtement masculin quelque chose de quasi antinomique avec la notion de mode.

De ce point de vue, on est aussi là pour apprendre de ceux avec qui on travaille, et de nos clients. On a aussi un devoir de modestie et parfois devant la culture encyclopédique de certain, on se tait et on écoute (rire…).


Pantalon taille haute, boots et St James. Enfin lui on savait qu’il était bon.


Tu penses donc que l’on a perdu cette envie de donner du sens à nos tenues ?

Je ne sais pas. Il y a toujours eu des hommes élégants, qui savaient, qui s’intéressaient, qui pouvaient t’expliquer. Un vieux tailleur me disait l’autre jour, que si le vestiaire masculin aime tant les couleurs sombres c’est qu’au XIXème, la bourgeoise industrieuse triomphante entend se distancier de l’aristocratie oisive et de ses couleurs. Le même me racontait que jusqu’à la fin des années 60, les hommes portaient des uniformes codifiés par la nature même de leur activité professionnelle: on habillait le notaire garant du patrimone, en costume trois pièces gris rassurant, le médecin qui va en visite chez ses patients en tweed chaleureux, le banquier d’affaires, en costume bleu raisonnable etc. Puis Renoma est arrivé, et on est passé de Jean Gabin à Jacques Dutronc et Serge Gainsbourg!

Pour revenir à ta question du sens, si on l’a perdu  c’est peut être que l’on avait plus besoin de cette codification rigide et je n’ai pas le sentiment qu’il faille y retourner mais je crois qu’il faut connaître ces choses là. Quand tu mets un costume à rayures trois pièces, savoir que c’était l’uniforme des banquiers de La City, ou que Churchill l’arbore fièrement avec une mitraillette en 1936 dans une flanel Fox Brothers, mais que tu peux en faire autre chose est finalement assez drôle, parce que l’habillement peut être une source de plaisir. Qu’il existe probablement un espace de liberté entre la masturbation stylistique du dandy, l’obsession du détail du geek, et l’ennuyeuse banalité du salary man.


Et si c’est un jeu pourquoi le détail, les matières et le savoir faire ont une place si importante pour Husbands, après tout il suffirait d’aller chez Uniqlo, s’acheter un «déguisement» qui fera l’affaire de la première impression…

Je ne critique pas le genre d’enseignes dont tu parles, et qui ont une offre légitime, qui permettent de s’habiller sans trop dépenser. Reste que si tu désires des vêtements qui durent, si ta stratégie d’acquisition est de construire un vestiaire (et ce que nous voulons proposer avec HUSBANDS), alors deux éléments deviennent essentiels : la qualité de la construction (entoilage complet notamment) et le choix des matières (authentiques). Le vêtement doit se nourrir des beaux savoir faire traditionnels. Ce qui me gêne c’est quand certaines marques, dont on sait que la marge passe avant le souci de la qualité, tentent de faire prospérer un discours clairement opportuniste sur leurs soit disant savoir faire. C’est ce que j’explique à certains clients : il y a costumes et COSTUMES, qui finalement tous ont leur légitimité, mais qu’il ne faut pas tomber dans le piège du marketing de la tradition.

Ensuite, j’ai le sentiment que tu ne t’habilles pas pour les autres, mais pour exprimer une singularité et une personnalité qui t’est propre, en ayant conscience de ce qu’on fait les anciens et te construisant avec ce fond d’histoires.


L’alphabet selon HUSBANDS.


Mark Lee (CEO de Barneys), disait que l’homme en terme de shopping avait de plus en plus tendance à se comporter comme une femme, à voir le shopping comme un loisir plus que comme nécessité, de plus en plus sensible à la mode dans le sens courant du terme. Qu’est ce que tu en penses ?

Ah il doit avoir énormément de donnés que je n’ai pas, là où je vais simplement fonctionner sur de l’intuition. Si ce qu’il dit est que les types se réintéressent à leurs vestiaires, je suis d’accord avec lui. Mais ce qu’il semble sous entendre c’est que l’on va pouvoir faire de la mode pour homme et c’est précisément ce que je ne veux pas faire, la mode change par essence alors que je m’intéresse à la construction d’un vestiaire cohérent. J’en reviens à ta question de tout à l’heure sur le vêtement qui devrait dire de nous, et qui vient dire ce qu’on veut dire pour nous. L’homme n’est pas un femme avec de la barbe. Il ne m’apparait pas comme un animal de mode, continuellement changeant. L’homme se construit une personnalité en même temps qu’un style. Et le vêtement masculin fonctionne sur une temporalité longue, s’inscrit loin des modes, et dispose de ses propres prescripteurs là où la mode féminine  est chaque année soumise à un mécanisme normatif. Les prescripteurs masculins sont des sortes de pères putatifs, modèle de style et aussi de comportement, et de manière d’être. Des comédiens, des écrivains, des musiciens, des architectes ou simplement ton père ou ton grand-père.  Chaque homme raconte sa propre histoire (et pas celle d’un autre, et surtout pas une nouvelle chaque année). Il se choisit des modèles et s’en inspire.

Ensuite, j’ai l’impression que l’homme s’il est sensible à la coupe, et aussi intéressé par ce qu’il y a sous le “capot”. Quand j’observe mes clients, j’ai  l’impression que les deux hémisphères du cerveau sont sollicités, le gauche rationnel, explore les savoir faires, les détails, tandis que le droit  va être plus sensible à la coupe et aux matières. En résumé, je dirais, mais ma perception est peut être biaisé, que l’homme agit selon des stratégies d’acquisition du vêtements et de constitution de son vestiaire. Et c’est souvent aussi pour cette raison, que l’acte d’achat peut prendre du temps. Le problème avec la logique de mode, c’est que si tu mets 6 mois à te décider, et bien la pièce qui t’avait plû est forcément remplacée par une autre qui bien évidemment a peu à voir avec celle qui t’avait séduit. Je trouve cela désespérant, comme si chaque pièce était interchangeable, sans réelle légitimité. Nous avons une ambition tout autre : chaque vêtement HUSBANDS est motivé, a une raison d’être dans le vestiaire. On serait meutri de la voir dispparaître tellement on y a mis du coeur. Et cette pièce essentielle a vocation à rester chez nous des années. Autant te dire, que cette idée qui consiste à laiser le temps au client de réfléchir sans aucune pression n’est pas super bien vu par notre banquier (rires), pas plus que par notre expert-comptable; cela crée du stock et tu paies de l’impôt sur ton stock même quand il n’est pas vendu !

En conclusion, je dirais que ces stratégies où se mêlent rationnalité et plaisir, me semblent rétives à toute logique de mode, encore plus dans un univers hyperconnecté qui permet au gens de ne pas être dupe des discours marketing un peu faisandé.


Donc pour toi il n’y a pas vraiment d’engouement pour le travail du designer menswear ?

Je dirais qu’il en faut pour tout le monde mais que mes clients y sont finalement assez peu sensible. J’ai beaucoup de respect pour ceux qui utilisent le vêtement pour créer, innover, apporter une vision originale, cohérente et audacieuse. Mais ce n’est pas HUSBANDS : nous travaillons plus comme des archivistes, des historiens. Il nous appartient de construire un alphabet de pièces maitresses et de laisser nos clients innover dans la façon de les porter. En fait c’est ça, ce qui nous plaît, c’est la singularité dans l’assemblage, dans le mélange. Quand Gainsbourg associe un pantalon flannel à rayure craie, et un vieux Saint James, ou Redford, un denim et une veste en tweed, ça créé un accident qui fait style.

J’aime bien cette idée de Dries Van Noten qui expliquait qu’un vêtement doit assez peu dire de celui qui l’a conçu et beaucoup de celui qui le porte.

Parce que oui, ça ne marche pas à tous les coups… sorry Marc.


Husbands cherche donc un moyen moins calqué sur la mode féminine pour se développer ?

Oui HUSBANDS c’est du vêtement et pas de la mode. Nous voudrions que les hommes gardent leurs vêtements, les usent, les transmettent. Nous investissons dans les savoir-faire, pas dans les pas de porte. Nos vêtements sont livrés dans des sacs recyclés, pas des boîtes oranges. On cherche vraiment une autre façon de faire, moins violente, moins dévoreuse de ressources. Ce n’est pas forcément quelque chose que l’on met en avant mais cela constitue un objectif fort. D’être responsable dans la création de nos vêtements.

Mais ce n’est pas parce que tu fais du vêtement (et non de la mode ndr), que ta communication doit être forcément  ennuyeuse. Elle est peut-être là l’innovation à trouver.


Tu veux donc renouveler tout ça mais en éditant des classiques parfois centenaires, c’est amusant non ? Est ce qu’il n’y a pas un risque de perdre la mystique incroyable de la culture tailleur en voulant la dépoussiérer ?

On s’envisage comme un lieu de passages et de transmissions. Nous sommes très humbles et on se rend compte qu’il n’y pas un jour ou un client ne nous apprend pas un truc. Nous sommes bien conscients que nous avons beaucoup à découvrir, et nous sommes vraiment admiratifs du travail des artisans. Ça serait une grande fierté que des clients HUSBANDS nous quittent pour aller encore plus haut vers le grand artisanat, voilà encore un truc qui ne fera pas plaisir à notre banquier (rires).

J’ai bien conscience de ce que peut avoir de séduisant l’expérience du luxe, en revanche, ce qui est certain, c’est que pour toute une génération, tout le cérémonial, les codes, les boiseries et les fauteuils club sont au mieux impressionnants, au pire poussiéreux. On voudrait élaguer un peu, simplifier, rendre plus accessible, spontané. Tu sais, un jour je rentre chez un chausseur français bien connu et demande à essayer une paire de richelieu. Le type me regarde un rien méprisant en me disant «Non Monsieur, ceci est une paire de derby». Bon ben voilà, c’est un truc qui n’arrivera jamais chez nous… parce que je ne sais toujours pas ce qu’est un derby et ça ne sera jamais important.

Ensuite, toute cette pompe du luxe a un coût. Et il me semble que le critère prix, même pour des très beaux savoir faire, est important. La valeur que tu crée en tant qu’entrepreneur doit être équitablement partagé entre ton client, ton atelier, et toi qui doit continuer à développer ta marque.

La valeur ainsi créée ne doit pas être cannibalisée par une seule des entités de la relation. Aujourd’hui certaines marques de luxe font de jolies choses mais avec une exigence de qualité diminiuée par rapport à leurs pratiques passées, animées par des logiques financières. Si H&M et Uniqlo marchent autant, c’est qu’au delà de la démocratisation de la mode qu’ils proposent, leurs clients ont le sentiment d’en avoir pour leur argent. D’un autre côté certaines grandes maisons et marques prestigieuses pratiquent des prix décorrélés de la valeur intrinsèque du produit, le prix perdant toute sa valeur d’information. J’ai conscience que nos prix sont élevés, mais ils révèlent les savoirs faires de montages et matières qui définissent nos vêtements.

C’est aussi cette dimension qui fera que les hommes réinvestiront leur vestiaire.


Mais le costume n’a t il pas été un peu abandonné ? Même si certains d’entre nous aiment les silhouettes des années 40, il a une image parfois un peu ringarde ou trop attachée au monde du travail…

Notre ambition est de redonner à l’homme l’envie de remettre un costume. Il y a un retour à quelque chose. Les années 70/80 sont un peu la conquête du confort, on vient d’un monde très corseté, assez figé. Mais cette conquête du confort s’est un peu fait au détriment du vestiaire qui s’est peu à peu appauvri, certains d’hommes abdiquant tout intérêt pour cette richesse, le costume se trouvant alors préempté par l’univers professionnel ou à l’inverse par une espèce de sophistication stylistique d’initiés. Nous voudrions remettre le costume de la rue, montrer qu’on peut être aussi à l’aise et séduisant qu’en jeans et parka.

Les HUSBANDS ce sont forcément ceux du film de Cassavetes avec trois amis qui pendant quelques jours vont partir à la dérive, trois types normaux en costards mais avec une allure terrible.

Comme je te l’ai dit, nous voudrions que l’homme reprenne goût à s’habiller et s’approprie les essentiels que HUSBANDS va proposer. En les mixant à leur façon. Que le costume ne soit pas seulement un vêtement professionnel ou à l’inverse de cérémonie, mais qu’il soit porté quotidiennement avec un réel plaisir et selon un style singulier à chacun.


J’aime assez cette image de vêtement sans obsession: le but de tout ça ce serait finalement d’être suffisamment sûr de sa tenue pour s’en foutre, pour ne pas avoir à en parler plus que nécessaire ? Assez paradoxalement ça m’agace un peu de parler chiffons, j’aime bien quand il n’y a rien à dire à ce propos.

Oui je suis assez d’accord avec toi. C’est Scott Schuman du Sartorialist qui expliquait qu’il aimait bien l’attitude des Italiens, qui passaient beaucoup de temps à acheter un vêtement, mais que c’était justement pour ensuite ne plus y penser. Cela dit, le vêtement doit aussi être partie intégrante de ce que j’appellerais le bagage de « l’honnête homme » actuel, au même titre que les livres, la musique, le cinéma, le vin, la gastronomie etc. Or j’ai le sentiment que si cela semble être la cas en Italie, en Angleterre ou au Japon, ici en France, ça reste toujours un peu suspect, la condamnation pour frivolité n’étant pas loin. Avec HUSBANDS, j’aimerais bien redonner à certain cet intérêt pour le vêtement, sans jamais oublier que si cela est important, ce n’est qu’une partie de ce qui fait une personnalité.



Tu me parlais du choix délibéré de lancer HUSBANDS avec une distribution en propre…

Oui absolument, c’est apparu très vite. Et ce choix impacte tout ton modèle d’affaire, puisque tu dois financer ton propre stock, là ou la distribution t’autorise à ne financer qu’une tête de collection, la mise en production des vêtements ne venant qu’après les commandes des acheteurs/distributeurs.

Mais c’était vraiment ça qu’on voulait. J’expliquais l’autre jour, qu’on ne vendait pas des vêtements mais qu’on habillait des gens. Et ça change tout, parce que tu ne peux pas te permettre qu’un vêtement n’aille pas. Tu ne peux pas laisser partir un client avec un vêtement approximatif. Tu dois prendre en charge les retouches sans coût supplémentaire. Et tu ne dois pas hésiter à refuser une vente, si ton vêtement n’est pas adapté à la morphologie du client.

On voulait voir nos vêtements portés. Tu sais c’est très intéressant de monter une marque, de réfléchir à son identité, de travailler la coupe avec le modéliste, de choisir les matières en Angleterre, d’aller à l’atelier en Italie, mais la réelle satisfaction, le truc qui te fait dire que tu sers à quelque chose, c’est quand tu vois quelqu’un dans tes vêtements qui rayonne, et que tu vois qu’il se trouve élégant. C’est la récompense !

Ensuite, ce contact direct avec les clients, t’apporte une mine d’informations. D’abord sur les essayages. Je dis souvent aux gens qui rentrent que nos vêtements sont là pour être essayés avant d’être achetés. Oui je sais c’est très con, t’essaie toujours avant d’acheter, mais pour nous c’est particulièrement intéressant. Sérieusement, chaque essayage t’apporte une information sur la valeur de ton patron, sur la silhouette que tu veux proposer, le style devant se marier avec le confort. Et même si tu as des convictions, tu dois aussi entendre les retours que l’on te fait. Aujourd’hui nous en sommes à notre troisième évolution de patronage en moins d’un an. Et ça tu ne peux le faire, que parce que  chaque jour tu vois tes vêtements portés. Avec des distributeurs ou des détaillants nous serions moins à l’écoute du client final.

Ensuite, souvent nos client viennent nous nourrir, soit parce que ce sont eux aussi des  passionnés, parfois plus pointus que nous, soit qu’ils viennent t’apporter des anecdotes sur leur pères, leurs grands-pères, ou des histoires sur tel ou tels artistes. Et tout cela enrichit considérablement HUSBANDS.

Du coup un détaillant ne t’est pas utile dans la stratégie que tu as choisie?

Aujourd’hui c’est prématuré pour nous. Mais c’est vrai que cela me paraît légitime quand tu es fier de ce que tu fais, de vouloir que le maximum de personnes puissent y avoir accès. Reste que cela doit se faire avec le même souci de service. Aujourd’hui, compte tenu du niveau de notre marge, il nous est impossible d’en plus supporter celle du détaillant. Après tu sais que si tu montes en volume, tu gagnes en marge. À nous de donner ces marges supplémentaires au détaillant, mais en préservant à tout prix notre exigence de qualité.

Et se pose aussi la question de la légitimité et du rôle du détaillant.

Absolument. Avant Internet le détaillant physique était un découvreur en même temps qu’un prescripteur. Avec Internet, les hommes sont en mesure de découvrir eux même tel ou tel produit, de s’informer sur telle ou telle fabrication. Et de passer à l’achat sur un eshop. En boutique, les gens arrivent avec une réelle connaissance. Le détaillant maintenant doit être à niveau, sinon il disparaitra.


Dans le vêtement on a quand même la problématique de l’essayage: acheter sur internet c’est prendre le risque d’être déçu à un certain niveau, que ce soit au niveau du fiting, de la couleur ou du toucher de la matière…

Oui effectivement, et c’est plutôt bien. Reste que and tu vois des sites comme Mr Porter, tu ne peux qu’être bluffé par leur puissance de feu et la qualité de la gestion des retours et des échanges. Je vois les deux expériences comme étant complémentaires l’une de l’autre. Rien ne remplacera jamais un véritable essayage chez un détaillant passionné, mais encore faut-il qu’il le soit. Le web, lui, offre une exhaustivité irremplaçable et une source d’information et de découverte inépuisable.

Au final tout cela marque le retour des passionnés, qu’ils soient créateurs, blogueurs ou consommateurs. Et ce mouvement ne peut qu’améliorer la qualité général de nos vêtements et donnera à redingote encore des raisons d’écrire de nombreux posts (rires).

The Broken Arm

The Broken Arm : nouvelle boutique dans le haut-marais

Parmi les nombreuses ouvertures de boutique ayant eu lieu dans le haut-marais cette année, attardons-nous sur une des plus récentes. The Broken Arm, située rue Perrée depuis déjà quelques semaines, a été fondée par trois membres du collectif derrière le blog De Jeunes Gens Modernes, que l’on suit déjà depuis quelques années.

Les fondateurs de la boutique, après des expériences auprès de divers cabinets de conseil mode et luxe de la capitale, ont fait le pari d’un positionnement encore rare dans le quartier en réunissant des marques de créateurs comme Kenzo, Carven, Raf Simons, Cristophe Lemaire, 3.1 Phillip Lim ou encore Jacquemus. La boutique propose aussi une très belle sélection de livres à table basse, de bijoux par Aurélie Biderman et de fantastiques accessoires en cuir végétal naturel par Isaac Reina. En plus de tout ceci, le 12 rue Perrée accueille aussi une petite salle de café, où l’on pourra notamment déguster de petits plats et qui s’annonce déjà difficile d’accès.

Le lieu vaut le détour rien que pour son aménagement : des panneaux en bois brut, des structures métalliques, des plantes, tout ceci dans des tons doux et un esprit moderne. On apprécie particulièrement la moquette jaune et les fauteuils Guariche du sous-sol, peut-être parce qu’on commence à se lasser de voir des sièges Eames partout ?


The Broken Arm
12, rue Perrée
75003 Paris
+33 1 44 61 53 60

When in Rome, do as Romans do

30 chemises identiques ?


Récemment ouverte dans le marais à Paris, la galerie Made In Town propose régulièrement des expositions et événements sur des thèmes qui nous sont chers. Ayant accueilli la présentation de la première collection De Bonne Facture dès l’ouverture, ce lieu dédié à la fabrication locale accueille aujourd’hui une exposition sur le savoir-faire des chemisiers sur mesure romains.

Intitulée d’après le fameux proverbe, When in Rome, Do as Romans Do présente le résultat d’une expérience que rêvent d’effectuer tous les amateurs de belles chemises. Le créateur Pascal Gautrand, à l’occasion d’une résidence d’un an à la villa Médicis, est allé à la rencontre d’une quarantaine de chemisiers romains, afin de leur commander à chacun la réalisation, à leur manière, d’une reproduction d’une basique chemise Zara.

L’Italie, on en a déjà parlé, dispose toujours d’une forte tradition tailleur et les hommes, même les moins impliqués, continuent de s’y faire faire des vêtements sur mesure. Il en résulte dans la capitale italienne un écosystème complet composé de nombreux chemisiers, ayant tous développé un savoir-faire spécifique et une clientèle propre.

Au final, ce n’est pas moins d’une trentaine de chemisiers qui ont accepté de jouer le jeu. Tous ont effectué une chemise se rapprochant de la chemise Zara, utilisant un tissu parmi leur catalogue et travaillant à leur manière : prise de mesure, essayages, fabrication complètement artisanale ou semi-industrielle, demi-mesure ou grande mesure, tout cela pour des prix allant d’une cinquantaine à plus de trois cent euros.

L’exposition présente donc une trentaine de chemises, qui paraîtront identiques à première vue, mais s’avéreront pleines de petits miracles à ceux qui s’attarderont suffisamment. Forme et tissu des hirondelles de renfort, boutonnières finies ou non à la main, couture et taille des boutons, étiquettes plus ou moins visible, tissu d’une finesse particulière, broderies, nombre de points au centimètre, utilisation ou non de thermocollage dans le col et les poignets, montage des manches décalé, tout détail devient alors facteur de différentiation et porte l’empreinte du chemisier et de son savoir-faire.

L’exposition est une occasion rare d’approcher et de toucher les détails chargés d’histoire qui font la qualité et l’exceptionnalité des plus belles chemises romaines.

Celle-ci s’achève samedi prochain, est ouverte du mardi au samedi de 14H à 19H. Tous les détails sont sur le site de la galerie.

 

Les broderies dépendent énormément du savoir-faire de l’artisan.

 

Les coutures des boutons varient énormément d’un chemiser à l’autre, ici une couture fleur de lys contrastée, pas vraiment ce qu’on trouve de plus subtil …

 

Les étiquettes, leur place, leur taille, en disent souvent beaucoup sur un chemisier et l’esprit de sa maison

 

Un détail particulièrement recherché, les emmanchures rabattues à la main, on perçoit tout juste la couture.


Une boutonnière réalisée à la main, que l’on reconnait par l’irrégularité de ses points.

"Septième largeur"

Une double moine qui s’en va rejoindre le garage des grands classiques


Il y a quelques semaines j’ai eu l’occasion de découvrir une nouvelle saveur acide du monde impitoyable de la chaussure haut de gamme pour homme: le prix de l’entretien. Ayant évidement fait le fou avec mes deux paires préférées (un superbe mocassin Church et une derby Alden en cordovan), il était logique que les semelles commencent un jour à faiblir. Une Church qui laisse passer la lumière et une Alden dont les coutures pètent ça n’est pas vraiment rutilant. Plein de naïveté je pousse la porte de chez Vanneau, le légendaire cordonnier de la rue Vanneau à Paris, dont le diagnostic est cruel et immédiat: il faut tout refaire. Le coeur déjà serré je m’enquiers du prix de l’opération, le verdict tombe et la coquette s’élève à 135 euros par paire. Comme l’on pouvait s’y attendre, le prix de la réfection totale et manuelle d’une semelle de belle chaussure est assez élevé. Noël vient de passer, les fêtes de fin d’année également, j’ai été très généreux et je suis donc un peu à sec, je décide donc de remettre le ravalement à plus tard. Une fois la porte franchie dans l’autre sens, plein d’amertume de ne pas avoir fait plus attention et grommelant en marchant, je décide d’aller taquiner l’étalage de mon fripier habituel. Ça ne manque pas, je n’y trouve rien et commence à penser que mettre la main sur une paire supplémentaire en attendant de laisser reposer mes chaussures favorites ne va pas être chose facile. Là, soudainement, un vague souvenir refait surface, une image volée lors d’une session de lèche vitrine passée revient sur le devant de la scène: il y avait bien un chausseur dont je voulais tester les produits qui avait un positionnement prix correct et à propos duquel j’avais lu et entendu une pléthore d’avis positifs. Ni une ni deux, je remonte dans le métro le plus proche et me dirige vers Notre Dame de Lorette à la recherche de la rue Saint Lazare.


Une photo de la devanture, empruntée sur le site de la marque. Merci !

 

Une fois dans la rue je lorgne avec amertume ce maudit poteau qui aura vu mon cher vélo disparaître plus tôt en décembre et me met en route vers le numéro 59. Ô joie ! la boutique est ouverte et dans ma précipitation j’avais oublié le calendrier: nous sommes à quelques jours des soldes d’hiver et Septième Largeur vient de commencer ses ventes privées avec une réduction de 30% sur une belle sélection de modèles. Un accueil réservé me rappelle que nous sommes bien dans une boutique pour les messieurs. Qu’à cela ne tienne je me met à l’aise et commence à en faire le tour, flânant de pied en pied, de bottines en mocassins. Je dois avoir l’air un peu étrange à inspecter chaque pièce comme un enfant lorgne un insecte à la loupe. « Puis je vous renseigner monsieur ? » pour la deuxième fois, je rassure le vendeur « Pas encore, mais je cherche quelque chose, je viens vous voir dès que je sais ce qui m’intéresse ». Voilà qui devrait lui permettre de me laisser finir mon inspection.

Après moult aller et retour entre les articles, une double boucle noire que je n’avais pas repéré finit par se détacher du lot et par chance ma pointure est disponible. Je m’approche du même vendeur qui se demandait ce que je pouvais bien examiner de la sorte un peu plus tôt et lui demande à essayer la paire. Il me fait asseoir et ouvre la chaussure, j’y entre, il cale le chausse pied à l’intérieur et pousse pour m’aider à terminer de l’enfiler. Pas de doutes, nous sommes bien ici chez un chausseur et non pas chez un marchand de chaussures, on sent déjà qu’on ne déconne ni avec le produit ni avec le service client qui est impeccable.

La main dans le sac, les patins ne sont pas encore posés.

La chance se décide enfin à me sourire et la double boucle me va parfaitement. Je fais quelques pas dans la boutique après m’être vu tâter les pieds et le chaussant me paraît très agréable. Dernières questions de routine sur la fabrication et la cire de finition présente sur la semelle (qui laisse les coutures du Goodyear invisible, d’où mon étonnement premier), questions qui ne gênent pas du tout mon interlocuteur qui se fait d’ailler un plaisir de parler un peu chaussure. L’affaire est dans le sac avec les embauchoirs correspondants ainsi qu’un pot de crème pour cordovan que l’on a parfois du mal à trouver à Paris (il y en a également chez FrenchTrotters, Anatomica et Carmina si vous en cherchez). Toujours un peu sceptique quand on parle chaussure, affaire pour le moins sérieuse, l’achat est fait avec cette légère sensation de doute et une petite idée en tête « si je ne suis pas content, je n’y reviendrai pas »…


De bien belles boucles, de bien belles finitions.


Après un mois de port et quelques douleurs les deux premiers jours, le temps que jeunesse du cuir se passe, je suis comme dans des chaussons dans ma paire de Septième Largeur. Avec le recul c’est réellement le meilleur rapport qualité prix que j’ai eu l’occasion de croiser dans ce petit monde: cuir de la tige de belle qualité, celui utilisé pour la doublure également très agréable au toucher, un cousu Goodyear impeccable, un chaussant bien étudié, le tout pour un prix tout à fait raisonnable même hors promotion. On trouve facilement chez Septième Largeur une jolie paire faite par un chausseur pour moins de 300€, ce que les amateurs de belles chaussures savent être très compliqué. Je vois d’ici les sceptiques au sourire goguenard, pourtant le secret du prix abordable n’est pas très loin: Marcos Fernandez, qui a fondé la marque après un joli parcours dans la création de chaussures, supprime des intermédiaires que d’autres marques ont choisi de s’offrir. Ainsi la marque n’est distribuée que via la boutique/showroom Septième Largeur de la rue Saint Lazare et son site internet se libèrant ainsi de la marge des détaillants et des loyers de boutiques en propre sur les plus belles avenues du monde, ce qui lui permet de développer des produits de meilleure qualité sans que les prix s’envolent. Notez que sa communication est fondée sur le bouche à oreille et la presse spécialisée, d’amateur de chaussure à amateur de chaussure, ce qui lui évite également de réaliser des séances photos, de payer pour leurs diffusions, ou de louer les services d’une agence de presse tout en touchant directement son coeur de cible.

Au niveau design Marcos et son (jeune) neveu Mathieu Preiss on décidé de suivre de près les classiques du genres, imposés au fur et à mesure par l’histoire du soulier masculin. Vous y trouverez donc des mocassins, des demi-chasse, des doubles boucles, des bottines et autres richelieu que l’industrie connait bien: ce qui réduit encore les risques de défauts de qualité et bien évidement, les risques de fautes de goût qui concernent malheureusement pas mal de messieurs se souciant pourtant beaucoup de leurs vestiaires aujourd’hui.

Pour les amateurs Septième Largeur se spécialise également dans la patine artisanale de vos souliers: à vous les coloris uniques, les touches de couleurs incroyables et personnalisé vous permettant d’être le plus beau de la rue.

Tout se passe donc ici: Septième Largeur, 59 rue Saint Lazare 75009, du Lundi au Samedi de 10h à 19h, 01.55.32.33.10.

http://septiemelargeur.fr

Oui si, c’est vraiment pas mal.


Husbands – Paris



Un écrin sans fioritures qui s’insère parfaitement dans le quartier.

 

« Quelle promesse implicite fais-je à mon client lorsque je lui propose un vêtement ? ». Pour Nicolas Gabard et Synneve Goode, c’est à ça que se résume le travail d’une marque: répondre à cette question et se plier à ce serment une fois trouvé et formulé.

De leur côté, avec Husbands, l’engagement est de taille: permettre à l’homme de construire sa garde robe parfaite en explorant le patrimoine vestimentaire masculin. Selon eux même si la mode est une réalité dans les habitudes de consommation, l’homme se fiera plus à ses classiques qu’aux derniers modèles extravagants proposés par un designer lambda. Même si on passe notre temps à essayer de les revoir, la durée de certaines pièces dans l’histoire du vestiaire masculin suffit à en dégager des bases solides qui n’ont besoin de ne souffrir d’aucune modifications significatives.

Lors de ma rencontre avec Synneve et Nicolas il m’a évidement fallu lever la première interrogation, la seule question qui me taraudait l’esprit devant cette image de marque si cohérente: pourquoi Husbands ? et du tac au tac de me voir répondre « pour le film de Cassavetes ». Déjà suffisante, la réponse allait pourtant plus loin: « le husband c’est aussi le client, quelqu’un qui existe, qui vit avec le costume ou le vêtement sur le dos, qui est fatigué et qui peut avoir des « bosses » sur le visage » en somme, pas un mannequin au sourire bright d’une pub Dolce Gabbana à qui personne n’a envie de ressembler.

Commencer par une ligne de costumes la construction d’une garde robe sans failles paraissait alors tout naturel: essentiel à tout homme qui se respecte, il donnera de l’allure à son porteur dans n’importe quelle circonstance, qu’il s’agisse d’aller siroter des bières à une terrasse d’automne ou de se rendre à un cocktail guindé dans un quartier chic à la nuit tombée. Le rêve secret de Synneve et Nicolas étant bien sûr qu’il redevienne une habitude vestimentaire qui sortirait de la simple distinction boulot/loisir, parce que l’indétrônable combo t-shirt/jean/basket ne nous donnera jamais autant de classe qu’un pantalon taille haute en flanelle accompagné de sa veste assortie.

Pour apercevoir l’enseigne, il faut vraiment chercher !

 

Si la silhouette recherchée était importante à définir lors de la création d’Husbands, Nicolas et Synneve ne souhaitaient pas s’arrêter là. Amoureux des belles matières, des choses bien faites et respectueux des savoirs faires incroyables associés à la « culture tailleurs », la notion de beaux vêtements n’était donc pas pour eux qu’une question d’esthétique. Or, chez Husbands il fallait faire du beau, dans tous les sens du terme. Nous sommes là encore en présence d’une de ces jeunes ligne qui s’inscrit dans le mouvement du « consommer moins pour consommer mieux », qui loin du simple slogan politico/marketo facile dessine finalement un art de vivre à part entière. Ils sont donc allé chercher des matières incroyables chez les anglais de la maison centenaire Fox Brothers, chez Hields, chez quelques italiens doués pour la flanelle et se sont démenés pour trouver de petits ateliers de façonniers italiens aux mains magiciennes capables de répondre à leurs exigences en terme de qualité et finitions. Les amateurs de costumes iront forcément fouiner du côté de chez Synneve et Nicolas puisqu’ entoilés traditionnellement, leurs modèles ne sont pas victimes de la maladie industrielle du thermocollage, technique de construction du costume très répandue car plus rapide. Ils garantissent de cette façon la durée de leurs pièces dans le temps…

À contre courant de la dynamique notoire de l’industrie de la mode qui créé sans cesse de nouveaux besoins, Husbands revient aux sources de ce qui faisait l’élégance de nos grands parents: pantalons taille haute sans ceinture, matières incroyables qui s’entretiennent bien et qui vivent avec le porteur, finitions et constructions infaillibles qu’un tailleur ou retoucheur pourra vous reprendre sans problème en cas d’accroc malheureux… toutes ces choses que la « fast-fashion » nous a fait oublier durant des folles années de sur-consommation.

La petite boutique sert également de bureau, qui de mieux placé que les esprits derrière les produits pour conseiller le client ?

 

Ça y est, vous avez l’impression d’avoir déjà lu ça des centaines de fois: « basiques intemporels, bien faits, conçus pour durer, dans des matériaux nobles ». Pourtant c’est très rarement que j’ai un coup de coeur pareil à propos d’une jeune marque. J’ai immédiatement été séduit par la démarche et l’esprit du projet, tout autant que par le soin apporté au produit: coupes, stylisme, matières, sizing, confort, tout y est. Si vous cherchez un costume je ne saurai donc que trop vous conseiller de jeter un oeil au 8 rue Manuel dans le 9ème arrondissement de Paris, vous ne serez vraiment pas déçu, tant par les pièces que vous y trouverez que par le contact authentique et agréable de Synneve et Nicolas. Loin des mauvais commerçants qui peuvent parfois faire marchands de tapis en essayant de vous refourguer une veste trop grande pour arrondir leur journée, ils vous parleront avec passion de leur projet, avec attention de votre allure et s’autoriseront même sûrement à tailler le bout de gras à propos de votre roman préféré. Une fois dans la boutique gardez tout de même un oeil sur le cadran de votre montre, il se pourrait bien que le temps y file plus vite que prévu.


Ils sont tous là, prêt à l’essayage.

Un prince de Galle sans chemise blanche ? ne comptez pas sur Husbands.

Une jolie flanelle pour terminer, dépêchez vous d’aller toucher ces étoffes !

Husbands est installé 8 rue Manuel, dans le 9ème arrondissement de Paris.


FrenchTrotters, qui monte qui monte…

Street teasing !


Ça fait quelques mois que la presse spécialisée en parle et vous l’avez peut être déjà lu sur quelques blogs ça et là sur les internets mais il fallait qu’on vous en touche deux mots parce que nos partenaires qui ouvrent une nouvelle boutique de 200m2 à Paris même pas 7 ans après leur premiers pas, ça nous fait forcément un petit quelque chose.

Située au 128 rue vieille du temple, à deux pas de l’actuelle boutique FrenchTrotters Homme, le grand et nouvel espace sera l’occasion d’introduire, aux côtés de l’homme, la sélection femme de FrenchTrotters en plein coeur du Marais à Paris. Déjà proposées dans la boutique du 30 rue de Charonne près de Bastille, vous pourrez retrouver dans ce nouveau lieu certaines marques chères à l’enseigne parisienne ainsi que les lignes FrenchTrotters pour la femme : Michel Vivien, Pomandere, Avril Gau, Laurence Doligé se feront donc également un plaisir de se pavaner dans les rayons.

Côté homme on retrouvera également la ligne FrenchTrotters, quelques unes des marques qui ont fait le succès des boutiques et des nouvelles venues dans la sélection: Gitman Bros, Enginereed Garments, Nigel Cabourn, Nanamica, Alden, SNS, Levi’s Vintage et Barena seront donc de la partie.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Carole et Clarent proposeront une sélection inédite d’objets, de linge et de mobilier dans un espace reservé à la déco intérieure et à la maison, y seront proposées entre autres les créations d’Astier de Villate, Lab. , Khadi & Co et Linge Particulier.

Connaissant le goût certain du couple de dénicheurs de belles choses, on peut être sûr que l’aménagement de la nouvelle boutique sera à la hauteur et qu’il détonnera forcément de l’ambiance habituelle des boutiques environnantes. À n’en pas douter vous y retrouverez également un staff incroyable ayant toujours le bon conseil et le compas dans l’oeil.

Allez, plus qu’un bon coup de peinture…