La Stòffa

Le tricotage d’une cravate en soie

Une recherche syntaxique sur les noms de marques pour homme pourrait nous en dire long sur les tendances d’une époque et ses influences. Si dans le passé il a été tour à tour bien vu de s’inventer un nom français, italien, américain, anglais ou même écossais, il semble qu’aujourd’hui il soit à nouveau de rigueur de s’imaginer une histoire italienne. Après O. Ballou, traité ici il y a quelques semaines, voici une seconde marque anglo-saxonne se revendiquant de savoir-faire transalpins. Le développement d’une collection part généralement de la vision d’un créatif, les chefs de produits et façonniers faisant ensuite de leur mieux pour atteindre un résultat s’approchant au maximum de cette vision.
Stòffa prend le problème à l’envers : la jeune marque new-yorkaise prend ses fournisseurs – tous italiens – comme base pour la construction d’un assortiment de produit. Le fondateur de la marque – Agyesh Madan – se présente comme un chef de produit et non comme un styliste. Mais si Agyesh Madan est un chef de produit, c’est un chef de produit avec une vision forte et une bonne dose de bon goût. C’est en effet un de ces jeunes loups qui posent en chapeau mou à Pitti Uomo et, contrairement à certains, il peut se le permettre : après avoir été diplômé de Parsons et avant de monter Stòffa, ce jeune homme s’occupait de la direction du développement produit chez Isaia.
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Officine Générale – Été 2013

La DA de la série photo fonctionne également très bien.

La modération,  la sobriété, la subtilité, le goût des belles choses, simples et bien faites, ainsi une touche de décontraction et de bonne humeur sont des choses qui semblent avoir traversé l’esprit de Pierre Mahéo, fondateur d’Officine Générale, lors de l’élaboration de sa collection Printemps/Été 2013.

À en juger par les photos du lookbook, la marque façonne une silhouette élégante à l’aide de classiques utilisant les codes du workwear et du vêtement militaire sans pour autant rentrer complètement dans ces univers bien particuliers ni trop se prendre au sérieux. Chaque pièce semble avoir quelque chose à dire avec des détails subtils tout en étant parfaitement en phase avec la silhouette contemporaine recherchée par les amateurs de beaux vêtements. Notez également qu’il s’agit d’une des rares marques de prêt à porter française qui donne envie de se glisser dans les vêtements tant les matières ont l’air d’être agréables. Il ne nous reste plus qu’à aller toucher, voir et essayer tout ça mais en attendant, la vidéo ci dessous dénote de l’état d’esprit général de la marque, très bon enfant, qui nous rappelle que le créateur sait qu’il ne s’agit que de vêtements. Et ça fait du bien parce que ça a tendance à devenir rare.

Tommy Ton à Pitti Uomo hiver 2013


 

Chaque saison, GQ dépêche le photographe Tommy Ton (auteur du célèbre blog de street-style Jak & Jil) sur le salon italien Pitti Uomo. Véritable temple de la mode masculine le temps d’une semaine, c’est toujours avec plaisir que l’on y croise les mises savamment préparées des acheteurs et commerciaux internationaux. Chaque saison ce sont des dizaines de nouvelles idées, vouéex à un avenir plus ou moins bref, qui sont capturées par l’escadron de photographes se rendant désormais habituellement à la Fortezza da Basso de Florence. Je retiendrai de l’édition de cet hiver les nombreux fedoras, les texture épaisses, colorées, et parfois boulochées des manteaux, le retour du col V, et que porter ses gants est dorénavant totalement démodé, en effet ceux-ci ne servent plus qu’à accessoriser vestes et manteaux en dépassant de manière faussement négligée des poches poitrines, désolé pour les frileux.

L’ensemble des photos est visible sur GQ.com


Pitti Uomo – Yuketen & Heschung

Oui, du Yuketen made in France

On suivait la marque américaine Yuketen depuis un petit moment pour ses magnifiques mocassins, un peu ambiance trappeur, cousus à la main aux États Unis. Si la marque est connue pour ces quelques pièces, elle a aussi depuis quelques années développé une importante gamme de souliers en cuir en suivant la même recette : tout y passe jusqu’à des desert boots en poulain imitation zèbre.

L’équipe derrière la Yuketen développe aussi la marque de vêtement Monitaly, dont on a parlé il y a peu. Mais la surprise la plus étonnante du dernier Pitti était la collaborations assez inattendu entre ce spécialiste américain et le très français Heschung, qui ajoute un peu de cohérence au tout jeune repositionnement de ce dernier. Apparaissent alors deux modèles : un mocassin à boudin et cousu norvégien très workwear français (on pense immanquablement au Michael de Paraboot), et une version un peu plus « sport », où semelles en cuir et cousu norvégien sont remplacés par une semelle en gomme (elle aussi cousue, quand même).

Si on regrette un peu le logo embossé sur le côté, on ne peux qu’apprécier la dose de fraîcheur apportée sur un modèle que l’on avait pas l’habitude de voir dans de si nombreux coloris. Mention spéciale pours les versions d’une seule couleur, en cuir grainé ou en daim. En bonus, une photo de Pierre Heschung, PDG de Heschung, et de Yuki Matsuda, designer de Yuketen, enthousiastes de présenter une de leur co-création.


Pierre Heschung et Yuki Matsuda, plutôt satisfaits du résultat de leur collaboration


Voici peut-être la paire la plus osée, parfaite si vous n’avez pas froid aux yeux ou si vous êtes japonais


La voilà en cuir grainé, impeccable


Elle existe aussi dans de nombreux coloris de veau velours


Le cousu norvégien, pour sauter dans les flaques d’eau sans mouiller ses chaussettes

 

D’autres coloris…


Voici la version plus « sport », avec une semelle en gomme donc


Elle est aussi disponible dans de nombreux coloris


La semelle en gomme n’est pas uniquement soudée, elle est aussi cousue, ce qui garantie qu’elle tiendra bien en place. C’est le genre de détail que l’on retrouve chez beaucoup de baskets haut de gamme, comme chez Common Project, ou chez les baskets de créateurs (type Lanvin, Dior Homme …)


Le logo sur le côté annonce « Yuketen Made in France »

Pitti Uomo – Salvatore Piccolo PE 2013


Une belle étiquette qui fera frissonner le fan de Dragon Ball qui sommeille en vous

Faute à la tendance preppy à l’américaine, les chemises à cols boutonnés dominent la mode casual depuis maintenant de bonnes années. On a pu voir l’invention typiquement américaine de Brooks Brothers reprise à toutes les sauces, avec pour incontournable chez toutes les marques la chemise à col boutonné en oxford bleu ciel. De l’autre côté de l’échiquier de la mode casual, certains irréductibles persistent à sortir des chemises aux mini-cols étriqués, sortes de reliquats de l’esthétique Dior Homme par Hedi Slimane qui commence franchement à dater.

Ce bref panorama montre bien comme l’offre en terme de forme de chemise commence à manquer de fraîcheur, si bien que beaucoup se concentrent maintenant sur des matières et imprimés innovants pour se démarquer : tissus japonais, chemises hawaiienne, motifs africains, ou même en liberty.

Mais pour ceux qui cherchent un peu de changement sans trahir la discrétion de leur mise, la solution pourrait bien venir d’Italie. L’Italie est un pays à la forte culture vestimentaire masculine, et possède des savoirs-faire inégalés en terme de tissage et de confection de chemises ou de costumes. Non seulement c’est véritablement le dernier bastion d’Europe de l’ouest en terme d’industrie textile, mais en plus les italiens ont su conserver une certaine tradition de l’habillement, qui se traduit par l’existence de centaines d’artisans tailleurs, dont certains font sûrement parmi les plus belles choses au monde.

Voici donc mon coup de coeur de Pitti Uomo : à l’origine un de ces artisans créant des chemises à la demande, Salvatore Piccolo développe depuis quelques saisons une gamme de chemises en prêt à porter, disponibles dans quelques boutiques dans le monde. Pour ces collections, il utilise donc tout ce qui fait de la chemise italienne quelque chose d’unique : montage intégralement réalisé à la main dans la région de Naples (avec un point incroyablement fin), pas de thermo-collage dans les cols et poignets, des raccords particulièrement travaillés, et surtout des cols italiens! Le must reste dans la richesse des tissus utilisés, ceux-ci sont souvent réalisés en exclusivité par des tisseurs italiens pour Salvatore Piccolo, et ils sont sûrement parmis les plus beaux que nous ayons pu apprécier cette saison (à défaut de pouvoir toucher, n’hésitez pas à cliquer sur les photos pour voir de plus près).

La seule boutique où j’ai pu voir leurs chemises est Antonia à Milan (et donc aussi Excelsior, un grand magasin local qui mérite une visite si vous êtes dans le coin). En France la marque n’est disponible pour l’instant qu’à St Tropez, chez le multi-marque Battaglia, tandis qu’aux États-Unis, Barneys l’a rentré il y a quelques saisons. Au delà de ça, Salvatore Piccolo a aussi collaboré avec le magazine Monocle, qui choisit toujours très bien les marques avec lesquelles il s’associe. C’est donc encore une fois une marque que l’on aimerait bien voir se développer en France, je vous laisse apprécier quelques photos prises à Pitti Uomo.


Rayures et reliefs, on est loin de la simple bengal stripe


On atteint ici les limites de l’internet, vous ne pouvez hélas pas toucher ce tissu incroyable

 

Les imperfections de la présentation des modèles (autocollants ci-dessus + cintres métalliques + manque flagrant de repassage) : un moyen de rappeler que nous sommes en face d’un artisan ?


Un tissu rayé n’est jamais qu’un simple tissu rayé chez Salvatore Piccolo : celui-ci découvre des reliefs lorsqu’on regarde de plus près

 

Ce tissu n’est pas énormément étonant, c’est l’association avec un cutaway collar qui l’est plus


Ceci-dit cela reste une très belle étoffe

 

On apprécie aussi les boutonnières, réalisées à la main


Encore une fois, ce qui ressemble tout simplement à une rayure verticale …


…présente en fait une texture assez incroyable


La marque propose aussi des étoles, mouchoirs et vestes très intéressantes


Les effets de textures sont aussi présent sur ce « vichy à flocons »


Du carreaux ou du pied-de poule ?


Les tissus utilisés font un peu penser à ceux développés par Camoshita


Un oxford rouge de toute beauté, ainsi que le renfort qui tient lieu d’hirondelle (comme chez Charvet)

Pitti Uomo – Monitaly PE 2013


Monitaly, c’est la marque de vêtements de l’équipe derrière Yuketen. Présente sur les salons Capsule et à Pitti Uomo depuis plusieurs saisons, c’est toujours un plaisir de passer voir leurs collections. Même si la marque propose toujours des pièces basiques avec les détails et matières qu’il faut, c’est avec des réalisations plus osées qu’elle fait souvent sensation. Cette saison elle revient avec toujours plus d’imprimés extravagants et notamment de quoi satisfaire mon obsession pour les imprimés africains. L’attention pour les détails, pour la qualité des matières et de la réalisation (presque l’ensemble de la collection est confectionnée aux USA) sont à un niveau assez impressionnant, de quoi justifier des prix assez élevés et peut-être expliquer pourquoi la marque est toujours aussi difficile à trouver en France. Je vous conseille une visite sur leur site internet, où vous pourrez apprécier leurs lookbooks, d’une longueur et d’un humour suffisamment rares pour être signalé.

Chez Monitaly le cordon aussi est en cuir (vous remarquerez que les boutons pressions sont aussi finis avec du cuir)


Un petit détail qui fait toute la différence, les lanières de glissière en cuir


Le retour de la fireman jacket, veste inspirée par les anciens uniformes des pompiers américains

 

Ces vestes ont très facilement été intégrées à la garde robe masculine pour devenir de véritables classiques

 

D’origine utilitaire, ce genre de crochets avaient l’avantage de permettre d’ouvrir et de fermer une veste avec des gants, rapidement et sans regarder


Monitaly ont été parmi les premiers, l’été dernier, à remettre au goût du jour la richesse des motifs textiles africains

 

Le col de cette « vacation shirt » ressemble à celui d’une chemise hawaienne


Peut-être à cause de la complexité des motifs, le raccord n’est pas complètement parfait


Ces chemises, ainsi que presque l’intégralité de la collection, ont été confectionnées aux USA

Contrairement à une chemise hawaienne, les boutons ne sont pas en coco mais en nacre


Pour ceux qui assument moins, il y a une version Tshirt plus discrète


Pitti Uomo – Ateliers Heschung

La buck par Ateliers Heschung

Commençons la retrospective de Pitti Uomo par une bonne surprise provenant de chez nous. La plupart d’entre vous aura sûrement déjà entendu parler de Heschung, un des derniers fabricants de souliers pour homme en France, et spécialiste du cousu goodyear et norvégien. Dans le but de re-dynamiser la marque, Heschung nous a fait découvrir pour la première fois il y a 6 mois une collection un peu à part nommée « Ateliers Heschung ». Jusqu’ici j’avais un peu de mal avec les créations Heschung, à cause des formes longues, plutôt arrondies et dont le bout remonte (beaucoup) des chaussures, mais aussi à cause de certains détails de style. Et bien cette nouvelle gamme pourrait bien me faire changer d’avis : intégralement fabriquée en France, celle-ci propose des designs plus dans l’air du temps et certains ont tout pour nous séduire. A Pitti Uomo, la marque présentait une sélection plus large de chaussures, dont certaines pièces très fortes qui devraient arriver rapidement en boutique. Elles sont d’ailleurs déjà disponibles en ligne sur leur site, très bien fait, et qui est plein de belles photos et vidéos autour de la marque.

La marque est spécialiste de ce genre de bottes bi-matières

 

Une cameraman jacket matérialisée en chaussure ?


 

Le contraste entre la toile couleur sable et le veau rend particulièrement bien

 

La marque s’est aussi mise à travailler sur du cordovan, ce cuir de cheval si particulier

 

La belle teinte bordeaux du cordovan

 

Demi-chasse et bottes demi-chasses en veau velour et semelle en gomme

 

Le fameux cousu norvégien, garantissant une étanchéité parfaite

Tommy Ton à Pitti Uomo été 2012

Comme chaque saison, GQ.com a dépêché le photographe Tommy Ton au salon professionnel de mode masculine italien Pitti Uomo. Pour ne pas changer, ce salon a été un véritable défilé de mode, et il y en a pour tous les goûts : des plus extravagants aux plus classiques. Le plus impressionnant c’est surtout qu’il y a fait en moyenne entre 30 et 35°, et donc porter un costume trois pièces, une cravate et ceci avec décontraction c’est véritablement ce que l’on peut appeler être cool. Je vous laisse avec une sélection de photos, le reste est disponible sur GQ.com. Nous étions aussi présents au salon, afin d’essayer de repérer des nouveautés excitantes qui arriveront en boutique l’été prochain, cet article est donc l’introduction d’une petite série sur le Pitti Uomo de cet été. À suivre donc …

Pitti Uomo – Hentsch Man AW 2012-2013

Les déclinaisons classiques de chemises Hentsch Man sont toujours présentes.


Pour continuer avec nos retours du salon italien Pitti Uomo, parlons à nouveau de Hentsch Man, une marque que l’on suit et apprécie depuis un petit moment. L’an dernier, nous avions même interviewé sa fondatrice Alexia Hentsch. Le label anglais continue de proposer des coupes simples et bien réalisées qu’il décline dans de nombreux tissus différents. De nouvelles pièces voient tout de même le jour dans la collection de l’hiver prochain, par exemple un pantalon à double pince, une doudoune sans manche ou une parka bi-matière en coton huilé. Cependant, les pièces que l’on avait aimé au début de Hentsch Man sont toujours là : chemises, vestes croisées ou non, chinos, proposés dans de nombreuses matières qui tombent souvent juste, à l’instar de cette veste grise au tissu moucheté ou de ces chemises en laine. Nous continuerons donc à les suivre de près …


Cette silhouette résume bien l’aspect simple et casual de la marque à mon goût.


Les tissus utilisés sont toujours bien sélectionnés.


Des chinos en velours côtelé aux couleurs vives.


Détail d’une veste croisée.


Détail du pantalon à double pince en laine, qui était accompagné d’une veste.


Un mac mi-long en pied de poule moucheté.


Pantalon en laine dans un prince de Galles très sympathique.


Des chemises en laine aux allures workwear mais pas trop…


Disponible dans une gamme de couleurs bien choisies


Et enfin la doudoune sans manche, dans le même tissu moucheté que la veste grise plus haut.

Pitti Uomo – Veja


Les nouveaux coloris de la collaboration Veja x FrenchTrotters


Veja, la marque de baskets équitables, avait aussi son stand à Pitti Uomo où elle présentait ses nouveaux modèles : Une nouvelle version de ses Indigenos, des nouveaux coloris pour la collaboration avec FrenchTrotters et une petite nouvelle, pendant hivernal et montant de la Méditerranée. Niveau maroquinerie j’ai tout particulièrement remarqué un tote bag tout en cuir : une sorte de version brute et plus masculine du célèbre cabas Céline. Ce sac est issu de la collaboration de la marque avec Regina Dabdab, une créatrice d’accessoires brésilienne et il me semble qu’il est disponible chez Centre Commercial.


Les nouvelles Veja Indigenos


Les nouveaux coloris de la collaboration Veja x FrenchTrotters

 

Le cabas issu de la collaboration entre Veja et Regina Dabdab


Le cabas issu de la collaboration entre Veja et Regina Dabdab

 

Le cabas issu de la collaboration entre Veja et Regina Dabdab


Le cabas issu de la collaboration entre Veja et Regina Dabdab