La Stòffa

Le tricotage d’une cravate en soie

Une recherche syntaxique sur les noms de marques pour homme pourrait nous en dire long sur les tendances d’une époque et ses influences. Si dans le passé il a été tour à tour bien vu de s’inventer un nom français, italien, américain, anglais ou même écossais, il semble qu’aujourd’hui il soit à nouveau de rigueur de s’imaginer une histoire italienne. Après O. Ballou, traité ici il y a quelques semaines, voici une seconde marque anglo-saxonne se revendiquant de savoir-faire transalpins. Le développement d’une collection part généralement de la vision d’un créatif, les chefs de produits et façonniers faisant ensuite de leur mieux pour atteindre un résultat s’approchant au maximum de cette vision.
Stòffa prend le problème à l’envers : la jeune marque new-yorkaise prend ses fournisseurs – tous italiens – comme base pour la construction d’un assortiment de produit. Le fondateur de la marque – Agyesh Madan – se présente comme un chef de produit et non comme un styliste. Mais si Agyesh Madan est un chef de produit, c’est un chef de produit avec une vision forte et une bonne dose de bon goût. C’est en effet un de ces jeunes loups qui posent en chapeau mou à Pitti Uomo et, contrairement à certains, il peut se le permettre : après avoir été diplômé de Parsons et avant de monter Stòffa, ce jeune homme s’occupait de la direction du développement produit chez Isaia.
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O.Ballou

La gouaille napolitaine en cachemire à 400€

O.Ballou c’est un peu la rencontre du made in Italy et d’Akhenaton dans le clip de Je danse le Mia. La marque a un univers qui sent bon l’Italie du sud, à des lieues des vestes trop serrées et des accumulations de pochettes de Pitti Uomo. Cet univers est celui d’un fabuleux patrimoine artistique souvent laissé à l’abandon, de petits deals, de bouchers inquiétants, de grèves des éboueurs, de processions religieuses et de plages bondées. C’est un petit peu comme si les jeunes protagonistes de Gomorra magouillaient du Cucinelli tombé du camion.
En fouinant un peu, on réalise avec une pointe de déception que O.Ballou est en réalité une marque londonienne fondée par un Néo-Zélandais, qui prend donc tout logiquement son inspiration entre Naples et la Sicile.
Simon Cato, le fondateur, s’explique : « C’est important que les gens comprennent que cet esprit très italien est juste un concept avec lequel nous jouons« . Tout est tout de même fabriqué au pays de la porchetta, et la marque se spécialise dans la maille et le cuir, en recherchant en priorité une belle qualité de réalisation. « Il y a un aspect street assez fort, mais en même temps une certaine sophistication. C’est cet équilibre qui nous intéresse vraiment« . La marque est relativement nouvelle et n’a pour l’instant que quelques produits disponibles en ligne, et seulement 4 points de vente dans le monde.
A surveiller donc.
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