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Private White V.C. fait partie de ces marques qui vont à contre courant des tendances de production dont nous avions l’habitude. Tout comme Albam, S.E.H Kelly ou D.S Dundee, Private White fait partie de ce groupe qui a décidé de dire non au « made in China » et de se concentrer sur ce que leur pays avait à offrir.
L’histoire de la marque est basée sur celle de Jack White. Modéliste de formation, il a travaillé dans l’usine où est aujourd’hui fabriqué Private White V.C., dans le centre de Manchester en Angleterre où il s’est employé pendant les dernières années de sa vie à promouvoir la réputation de sa fabrique comme une des meilleures du Royaume-Uni. C’est pendant la première guerre mondiale que Private White s’est distingué en résistant au feu ennemi lors d’une mission en Mésopotamie le 8 mars 1917 sur la rivière Dialah. Cette action héroïque accomplie à seulement 20 ans, lui a valu de recevoir la Victoria Cross (V.C.) des mains du Roi George V, d’où le nom de la marque: Private White V.C.
Plus de 60 ans après, son petit fils, James Eden, a décidé de quitter son travail de la City pour reprendre l’usine où travaillait son grand-père. De là est née la marque avec la volonté de produire des vêtements faits en Angleterre, avec des matières anglaises et finies à la main. Les vêtements sont inspirés de ce que portait Jack White lui-même: classiques, intemporels et empreints de tradition anglaise qui peuvent être portés en toutes occasions.
L’usine est l’une des dernières à pouvoir fabriquer des vêtements de A à Z en Angleterre à ce niveau de qualité. Channel 4 a récemment réalisé un documentaire intitulé « Made in England », qui fait fortement pensé à ceux de Loïc Prigent dans le ton et la réalisation. Le documentaire nous plonge dans la vie quotidienne de ces hommes et femmes qui travaillent dans l’usine depuis des décennies et perpétuent un savoir-faire qui ne s’apprend pas à l’école. La vidéo vaut le détour malgré quelques passages publicitaires obligatoires et un manque de sous-titre pour comprendre l’accent très prononcé des habitants de Manchester.
Jean Seddon, 74 ans, travaille à l’usine depuis 55 ans
La marque se distingue par son soucis du détail tel que l’utilisation de cuir pour couvrir les passants des boutons sur le caban ou le « great coat », ainsi que par des collaborations avec des grands noms du vêtement anglais comme ça a été le cas pour sa A-1 en collaboration avec Eastman Leathers.
Les initiatives comme celle-ci fleurissent en Angleterre avec de plus en plus de marques et grands magasins voulant revenir à une production Anglaise. La France est en retard par rapport à son voisin d’outre manche et on aimerai voir le label « Made in France » un peu plus présent sur les étiquettes de nos marques chéries. Après tout, nous aussi nous avons un patrimoine à mettre en avant.
L’illustration a longtemps été le standard pour représenter la mode. Avant que la photographie se fasse plus accessible, les magazines ainsi que les publicités nous présentaient des produits exclusivement dessinés. Rien de tel qu’une illustration de qualité pour représenter l’univers d’une marque, le travail d’un créateur et les valeurs que celui-ci porte. Un petit tour à l’exposition Drawing Fashion (jusqu’au 6 mars au Design Museum de Londres) m’a convaincu que nous avons beaucoup perdu lorsque la photo a remplacé les dessins sur les couvertures des magazines de mode.
Avec un peu de retard, j’ai découvert lors du dernier salon Capsule le lookbook de l’été 2010 de Mighty-Mac. L’été dernier a été l’apogée du retour du look BCBG américain, qui se fera surement moins présent l’été prochain. Personnellement je ne m’en lasse pas et j’ai donc adoré ce lookbook illustré, présentant des scènes semblant sorties d’un été des années 60 à Cap Cod.
Mighty-Mac est une de ces marques japonaise dont on entend pas trop parler en Europe. Peu distribuée, je n’ai pu apprécier la qualité de leurs produits que la semaine dernière, lors d’une visite au Dover Street Market, le fameux multi-marque londonien. Mighty-Mac se spécialise dans le vêtement à inspiration nautique avec une précision toute japonaise. Les vêtements reprennent les couleurs des pavillons, sortes de drapeau servant à communiquer en mer, chaque forme signifiant une lettre ou un chiffre. Ces pavillons se retrouvent parfois même sur la totalité d’une veste ou sur les poches de leurs pantalons et shorts et assurent à leurs propriétaires d’apporter une touche de fantaisie lors de leurs prochaines régates.
L’auteur de ce lookbook est Hiroshi Watatani, illustrateur reconnu au Japon pour son travail. Bien que non-spécialisé, il avoue volontiers être intéressé par la mode et ses illustrations ont souvent pour thème l’Amérique de l’après guerre ou le vêtement masculin classique (qu’il semble apprécier personnellement). Je vous laisse avec une photo de lui ainsi que quelques-unes de ses créations trouvées sur la toile.
Hiroshi Watatani très élégant en col rond épinglé, malgré une veste un peu grande – photo provenant de Bespoke Me
L’imparfaite, on l’aborde forcément avec un sourire goguenard: il y a des filles nues sur les couvertures des trois numéros parus. Ensuite vient le second contact, plus approfondi: le papier de la couverture est très agréable au toucher, le poids du magazine est idéal, la pub en est absente. On y pense peut être pas s’agissant d’une revue, mais le format est tout de même très important dans son appréhension, L’imparfaite passe donc le test avec brio: il s’agit d’un bel assemblage de papier, agréable au toucher ainsi qu’à l’oeil.
Pour ce qui est du contenu au début, en sachant que les fondateurs, les contributeurs et les modèles sont des étudiants de Science-Po on a l’impression que ça ne va qu’intellectualiser quelque chose de très primaire: le sexe. Pourtant, sans oublier de diffuser des images de jolies filles ou de véhiculer une esthétique tournée autour de l’érotisme, L’imparfaite s’intéresse aux pratiques sexuelles de ses contemporains.
Entre deux belles photos de nus (aussi bien féminins que masculins) on trouve donc abordés des sujets tels que la prostitution du point de vu de jeunes indiens fortunés, le « pedobear » bien connu des (lurkers internet), la défense des droits des transsexuels par Emmanuel Pierrat ou encore le récit d’un week end passé dans une auberge un peu spéciale.
Totalement décomplexée, la revue prend le temps de rapporter des faits, d’exposer des choses parfois mystérieuses sans porter de jugement de valeur: description chirurgicale de facettes insoupçonnées d’un sujet qui reste tout de même assez flou pour beaucoup d’entre nous.
Il y a donc pas mal de nuances lorsqu’on utilise l’expression « revue érotique »: si vous ne cherchez qu’à vous rincer l’oeil, Jacques Magazine devrait amplement vous combler tout en étant à mille lieux des torchons sous plastique proposés par votre bureau de tabac. Tournez vous en revanche vers L’imparfaite si vous souhaitez lire des articles inattendus, rédigés par des curieux pour des curieux dans un magazine qui rassemble travail artistique, sciences humaines et contenu documentaire.
La revue est disponible à Paris et sur la toile, jetez un oeil à la liste des boutiques ici. Vous pourrez également consulter quelques articles sur le blog de la revue avant de vous procurez quelques numéros.
Arnaud Bauville, qui tient French Cancan et qui commente de temps en temps par chez nous, vend quelques unes des pièces de sa collection de vêtements vintage à ses lecteurs. Attention, on parle ici de pièces authentiques issues de la quête d’un passionné, pas de simple jolies secondes mains trouvées au hasard d’une friperie, ne vous attendez donc pas forcément à trouver des pièces aux coupes très contemporaines. Si vous avez des questions n’hésitez surtout pas à lui adresser directement un mail, il échange très facilement autour de son hobby.
Je ne sais pas vous, mais on a un petit penchant pour les vieux trucs sur Redingote. Je parle de vêtement bien sur. Toujours est-il qu’il nous est parfois arrivé de chercher une veste d’une époque passée et de se retrouver face à des prix prohibitifs, et/ou pas des masses de produits de qualité.
La moitié de l’équipe vivant à Londres, nous avons fait pas mal de marchés, magasins spécialisés plus ou moins bien et un des meilleurs endroits est sans hésiter Portobello market. Certains de ces vendeurs sont de véritables puits d’informations, connaissent ce qu’ils vendent et peuvent même vous dégotter une perle rare du fond de leurs réserves à condition que vous sachiez ce que vous voulez.
Si le vêtement est ce que vous cherchez et que vous arrivez à ne pas succomber à l’odeur des gauffres, crèpes et autres cupcakes, filez directement tout au fond du marché sous le chapiteau blanc. Le vêtement d’occasion n’étant pas une science exacte, la marchandise disponible dépend des trouvailles de la semaine, donc hésitez pas à passer régulièrement pour ne pas rater les bonnes affaires.
Paul
Le stand de Paul
Les noms à retenir sont Paul, Chris et Doug. Ce sont nos 3 vendeurs préférés qui ont souvent les plus belles pièces. Doug a aussi une boutique sur Covent Garden qui s’appelle the vintage showroom où une propose une incroyable collection de raretés vintage si vous êtes prêts à mettre un peu plus au bout. Vous pourrez trouver chez ces vendeurs de l’équipement militaire américain et parfois français mais aussi des vêtements de travail et des pièces typiquement anglaises comme des Barbours ou des pulls de Guernesey.
Le stand de Doug
Après votre petit tour sur le marché, d’autres endroits valent le coup d’oeil. Un peu plus loin en vous éloignant du marché se trouve un marchand de tissu vintage où les couturiers/couturières pourront trouver leur bonheur en vue de dénicher de quoi faire une cravate par exemple. Le « King Falafel » est aussi un de nos arrêts préféré lors d’une visite au marché. Juste à côté du chapiteau, pour 5£ vous obtiendrez de quoi vous remettre d’aplomb et vous consoler de l’argent que vous venez de dépenser.
Le marché est ouvert du vendredi au dimanche. Le vendredi est le meilleur jour pour s’y rendre: peu de monde et les vendeurs viennent de déballer leurs marchandises. Vous pourrez ainsi parler plus librement avec eux et négocier en toute tranquillité.
Chris
Si vous ne trouvez pas votre bonheur, ça arrive, vous pouvez toujours vous rabattre sur le très bon Garbstore à quelques pas de là, et si le tourisme vous intéresse, il y a aussi le Travel Book Store qui a été immortalisé par « Coup de foudre à Notting Hill ». Bonne chasse!
On vous laisse avec quelques autres images des vendeurs:
Doug, photo provenant du blog Mister Mort, jettez un oeil à ses photos de Portobello market ici
The Royal Tenenbaums (2001)
Au cinéma, les costumes sont là pour servir l’histoire, ils permettent généralement de retranscrire une époque, la personnalité d’un personnage, ses aspirations et ses évolutions. Les costumes viennent donc appuyer le travail narratif et se font souvent discret, afin de ne pas distraire le spectateur de l’intrigue. Dans les films de Wes Anderson, il en est tout autre et les costumes ont une visibilité inhabituelle. Ici tout est fait pour que les vêtements définissent, de manière bien ostentatoire, les personnages et nous fasse adhérer à un univers plutôt particulier. Les costumes y font l’objet d’une minutie impressionnante et c’est un véritable plaisir que de se laisser guider à travers les frasques de ces personnages souvent farfelus aux looks intemporels. En effet, impossible de retranscrire à l’écran des modes éphémères telles que traitées dans les magazine de mode, Karen Patch, costumière pour Bottle Rocket (1996), Rushmore (1998) et The Royal Tenenbaums (2001), le confirme dans une interview à W magazine : « Il faut faire attention parce qu’un an après la création des costumes, lorsque le film sort dans les salles, un certain look peut être dépassé. C’est pour cela qu’il faut chercher à faire des choses plutôt classiques. ». Et lorsque Karen Patch n’est pas aux commandes, c’est Milena Canonero, géante du costume design qui s’en charge. Sachant qu’elle a notamment travaillé sur Barry Lindon, Out of Africa et Le Parrain 3, Wes Anderson pouvait difficilement se tromper en travaillant avec elle.
Rushmore (1998) – le tweed bien épais semble être un classique du corps professoral à travers le monde
Ces costumes nous permettent avant tout d’être plongé dans le monde du réalisateur : monde étonnant où chacun a son uniforme et où souvent, l’habit fait le moine. Ainsi les costumes de certains personnages ne changent jamais. On va jusqu’à imaginer que Max Fisher, dans Rushmore, possède une garde robe entière de blazers bleu marine et de chemises oxford bleues. Ceci est même mis en image au début de The Royal Tenenbaums où l’on voit Chas s’habiller. Que ce soit dans Rushmore (1998), The Royal Tennenbaums (2001), Life Aquatic with Steve Zissou (2004) ou The Darjeeling Limited (2007), les costumes ajoutent toujours une part d’inexplicable, d’irréel. Cette prise de distance avec la réalité permet d’ancrer le spectateur dans un monde loufoque, où l’on s’imagine que tout est possible. Cela, ajouté aux décors et à certaines animations, participe grandement à l’ambiance si particulière ayant fait le succès de ces films.
The Royal Tenenbaums (2001) – Chas Tenenbaum a l’embarras du choix…
The Royal Tenenbaums (2001)
Il est aussi intéressant de noter la traduction vestimentaire des liens entre les personnages. Par exemple, Margot Tenenbaum, tout comme sa mère, porte un sac à main classique de chez Hermès. Cependant, Margot a opté pour un Birkin alors que sa mère possède le plus classique Kelly. Certains soutiennent que le Birkin, créé dans les années 80, est une actualisation du Kelly, qui lui est apparut dans les années 30. Il paraît ainsi logique d’attribuer le Kelly à Ethelyn Tenenbaum et le Birkin à sa fille. C’est aussi un aspect fort du film Darjeeling Limited où les trois frères portent toujours des tenues coordonnées, souvent accompagnées de la maroquinerie monogrammée de leur père défunt.
The Royal Tenenbaums (2001) – Ethelyn Tenenbaum et son Kelly
The Darjeeling Limited (2007)
Mais ces liens vestimentaires ne se limitent pas aux familles, et comme en vrai, les vêtements servent aussi à se fondre dans son environnement, à adapter l’image que l’on souhaite présenter. Normal donc de voir Max Fisher troquer son uniforme de parfait preppy pour tout autre chose lorsqu’il quitte Rushmore. Il en est de même pour Ned Plimton qui quitte ses tshirt, vestes et autres accessoires estampillés « Air Kentucky » lorsqu’il rejoint l’équipe de Steve Zissou, reconnaissable à ses bonnets rouges, ses Adidas customisées et de superbes pulls marins à col châle.
Life Aquatic with Steve Zissou (2004) – Ces chaussures sont en fait des Adidas Rom créées spécialement pour le film, étonnament Adidas ne les a jamais commercialisées.
Life Aquatic with Steve Zissou (2004) – Pull marin à col châle
Beaucoup des films de Wes Anderson se passent aux Etats-Unis, et cela se ressent aussi bien dans les décors que dans les costumes. Particulièrement pour les films où Karen Patch s’occupe du costume design : Bottle Rocket (1996) , Rushmore (1998) et The Royal Tenenbaums (2001). Les chemises sont button-down et en oxford bleu, et les cravates club s’associent à des blazers bleu marine et à des chinos. Des noeuds papillons des personnages secondaires jusqu’aux mocassins portés par Margot Tenenbaum : On ne serait pas étonné d’apprendre que ces costumes aient tous été achetés chez Brooks Brothers…
Bottle Rocket (1996) – Bien que la garde robe du film soit bien ancrée dans les 90s, on y trouve tout de même le traditionnel combo : blazer/chino/chemise OCBD/cravate club
Rushmore (1998) – Jason Schwartzman en parfait preppy
Et lorsque le costume design s’éloigne des classiques américains, les influences restent liées aux Etats-Unis. C’est par exemple le cas dans The Darjeeling Limited, où les costumes cintrés, ceinturés sur le dos et avec des poches plaquées à rabat sortent tout droit de l’imagination de Marc Jacobs. Celui-ci n’est d’ailleurs pas étranger au fait que la maroquinerie du film ait été conçue chez Louis Vuitton.
The Darjeeling Limited (2007) – Vous avez remarqué la poche à rabat à la poitrine ?
The Darjeeling Limited (2007) – L’arrière de ces vestes. Casual juste ce qu’il faut
L’influence des costumes de ces films, notamment de Royal Tennebaums, a largement dépassé leur rôle et ont marqué beaucoup de spectateurs. A tel point que la sortie d’un film de Wes Anderson est à chaque fois un événement dans le monde du vêtement. Par exemple, pour la sortie de Fantastic Mr. Fox aux Etats-Unis, on a pu voir la vitrine du grand magasin Bergdorf Goodman à New-York être décoré avec des marionnettes du film. Et preuve ultime de l’entrée de ces costumes dans les esprits : impossible de passer une soirée de halloween aux Etats-Unis sans croiser des Richie et des Margot Tenenbaum à tous les coins de rue. Il y aurait beaucoup encore à dire, mais je vous laisse juger par vous même avec quelques photos supplémentaires qui ne rendent pas vraiment honneur aux films (par ailleurs tous disponibles en DVD).
The Royal Tenenbaums (2001) – Bill Murray en veste de velour « 3/2 roll » : une veste à 3 bouton transformée en veste à 2 boutons
The Royal Tenenbaums (2001) – Owen Wilson parvient à rendre élégantes des tenues fortement inspirées de l’ouest américain
Fantastic Mr. Fox (2009)
The Royal Tenenbaums (2001) – Danny Glover semble sortir tout juste de chez Brooks Brothers
Fantastic Mr. Fox (2009)
The Darjeeling Limited (2007) – La courte apparition de Bill Muray dans ce film fait son effet avec une belle association de couleurs
The Royal Tenenbaums (2001) – Norfolk jacket et ascot
Bottle Rocket (1996)
Les défilés sont de véritables spectacles, les salons permettent de connaître véritablement les personnes derrières les marques.
Pour nous la « Fashion Week » comme aiment à l’appeler la plupart des médias français, ça a toujours lieu assez loin des podiums et des mannequins. Cette année Dior Homme avait tout de même eu la gentillesse de nous convier à son défilé, Robin N. s’est dévoué pour y aller tandis que Vincent, Laurent et moi sommes restés à deux pas de (capsule), le temps d’une fin de déjeuner et d’un café avec Michael Williams, d’ A Continuous Lean.
L’agent commercial d’Haversack, toujours l’un des mieux habillés du salon.
L’avantage d’un salon de prêt à porter, c’est qu’entre deux rendez vous il est très facile de discuter un peu avec les fondateurs ou les responsables des marques qui y sont présentes: à la fin d’un défilé c’est tout de suite plus compliqué d’attraper le designer. Le problème des salons pour les puristes, c’est que souvent, des marques qui n’ont pas grand chose en commun se retrouvent côte à côte. Mais bon, c’est très pratique et pour les marques et pour les acheteurs. Les labels plus sûr d’eux mettent parfois en place un showroom à proximité des salons de prêt à porter pour pouvoir accueillir acheteurs et presse dans un espace plus confortable.
Cette saison nous avons donc eu la chance d’assister à des salons très réussis, surtout (capsule) et Tranoï, et de revoir quelques visages amicaux au Rendez Vous, cependant moins effervescent que les deux autres.
Du côté des coups de coeur au (capsule) nous avons pû approcher de plus près la magnifique veste John Boultbee, la marque textile développée par Brooks England (la marque de selles). Parfaitement conçue pour la pratique du vélo, elle allie matières techniques (ventile anglais) et le tailoring de haut vol de Timothy Everest. Les tabourets Brooks ne passaient pas inaperçus non plus sur le stand et les aficionados de la bicyclette s’imaginent sûrement déjà avec du mobilier décliné ce sur ce thème. Avouez qu’un peu plus travaillé ça serait super cool d’avoir ça chez soi non ?
Pendleton va sûrement réussir à s’imposer comme un classique même en Europe, leurs sacs et couvertures étant particulièrement efficaces: on s’imagine très bien avec l’accessoire à la main ou enveloppé dans un plaid pour braver l’hiver.
Camo comme chaque saison se réinvente autour d’un thème et abandonne le l’Italie agricole pour s’intéresser à l’esthétique des intellectuels, des gens de l’esprit et pourquoi pas des soutanes.
Naked & Famous, c’est toujours très amusant de les voir, cette année ils ont encore réalisé le jean le plus lourd du monde. « We are crazy nerds about denim » disait Bahzad, l’un des fondateurs. Il tient donc debout tout seul, ne comptez pas le porter…
Naked & Famous made the heaviest denim in the world.
Monitaly, Hiver 2011
Monitaly, Hiver 2011
Rocky Mountain, Hiver 2011
Yuketen élargi encore sa gamme et travaille à démocratiser sa Maine Guide boot en réalisant des modèles moins hauts. Monitaly, la marque de vêtement de Yuki Matsuda s’étend également. Les rayures à la Hudson Bay se retrouvent sur pas mal de modèles, on les remarque aussi chez Rocky Mountain et Pendleton. Par contre à chaque fois qu’on a mentionné Hudson Bay, cela paraissait être un sujet assez sensible… bref, aucun lien avec Hudson Bay apparemment…
Si on doit résumer la tendance générale de ce côté ci en quelques mots: ces marques ont de l’héritage ou utilisent des méthodes de fabrication tiré d’un certain contexte, mais veulent s’en servir pour aller de l’avant et ne souhaitent pas s’enfermer dans la nostalgie et la démonstration de savoir faire. En somme elles veulent sortir du carcan « Héritage » que s’échinent à vouloir exploiter certaines jeunes marques pour coller à la tendance, sans pour autant renier leurs racines. On ne peut qu’espérer qu’elles trouveront toutes des issues assez variées, pour ne pas retomber dans le piège de la mode.
Nous avons passé la porte de Rendez Vous pour revoir Pak Man Lee, de The Perfect Tangent, qui nous prépare des vestes particulièrement travaillées et efficaces pour l’hiver prochain: sur la parka ci dessous, les boucles des cordons de serrage et les boutons sont en corne véritable par exemple, jamais en plastique; la doublure est en velours côtelé, le col se transforme en capuche… Le reste de sa collection apporte également un soin tout particulier aux détails, au sizing et aux proportions, calculées en fonction du nombre d’or, qui reste le principe directeur de la ligne.
Le Tranoï reste quant à lui le plus impressionnant des trois salons et se déroule chaque saison dans plusieurs endroits de Paris. Organisé par Armand Hadida, le fondateur de L’Éclaireur, l’espace réuni de très belles marques qui constituent l’avant garde de la scène internationale en matière de prêt à porter. En nous promenant un peu le travail de quelques marques et créateurs nous a particulièrement intéressé: les nordiques de Norwegian Rain allient tailoring et vêtement technique pour se préserver de la pluie en gardant une silhouette parfaite et atypique.
Le modèle d’Emiliano Rinaldi nous a également interpellé par sa nonchalance et son auto dérision, très détaché de ce qu’il porte alors que ses vêtements sont beaux et faits en Italie.
Il reste encore pas mal de marques que nous avons découvertes lors de ces salons, mais l’article est déjà très long, nous nous attarderons sur chacune d’entre elles tranquillement dans les mois qui arrivent. Après tout les collections ne seront disponibles en boutique que dans quelques mois, inutile de se presser.
On en a en tout cas profité pour faire le point autour de notre projet dont on vous avait parlé très brièvement ici et qui avance petit à petit mais qui fait son chemin. Vous serez évidement les premiers au courant dans les semaines à venir, aucun doute là dessus !
Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »
Au cours de diverses recherches sur internet je suis tombé nez à nez avec une marque pour le moins inattendue : Umit Benan.
« U mite quoi? » est la première réaction que j’ai eu, et je ne dois pas être le seul. Umit Benan est en fait le nom du créateur. D’origine Turque ce jeune homme de 31 ans, ou sur le point de les avoir si mes calculs sont bons, a fait un bout de chemin : né en Allemagne, il est ensuite allé en Turquie à 15 ans pour continuer ses études et travailler en même temps dans l’usine textile de son père. S’en suit un début de tour du monde : lycée en Suisse, puis études à Boston, Milan, Londres et New York. Après avoir travaillé entre autre chez Marc Jacobs, il retourne s’installer à Milan et décide de lancer sa marque éponyme en 2009. En bref, il s’agit de quelqu’un qui a vu du pays.
Collection Automne/Hiver 2009 « Day 77″
Ce qui m’a plu est avant tout sa manière de présenter ses collections : les modèles utilisés ont tous de « la gueule » et posent avec humour et de manière décalée de beaucoup de ce qu’on peut voir pour une marque ayant ce positionnement prix. Les thèmes de collections ne manquent pas d’humour non plus : que ce soit « Retired Rockers » ou « Investment Bankers », les sujets sont tournés à la dérision et les modèles proposés collent parfaitement avec les personnages, nous donnant envie de porter ces vêtements et de nous mettre à leurs place.
Du côté des pièces présentées, la marque nous propose de belles coupes pour toutes occasions ainsi qu’une très bonne sélection de matières et de couleurs. C’est portable, c’est classique et original à la fois, c’est beau.
Collection Printemps/Eté 2010 « Cuba »
Umit Benan arrive même à associer des éléments de la garde robe masculine qu’on n’aurait pas imaginé ensemble. Dans la collection de l’été prochain on retrouve par exemple le sarouel décliné à diverses sauces: avec un costume trois-pièces, une veste croisée, un cardigan épais, ou tout simplement taille haute. Je suis le premier à être un peu réticent face au port du sarouel, mais après réflexion, pourquoi pas?
Que ce soit la présentation de la collection en elle-même, les modèles choisis ou les vêtements, Umit Benan a sûrement un bel avenir et on compte bien le suivre dorénavant. Et vous, vous aimez?
Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »
Malgré le jeune âge de cette marque, la revue de presse disponible sur le site est impressionnante et nous fait regretter de ne pas avoir découvert cet hurluberlu du haut de gamme (dans le bon sens du terme) plus tôt. Vous pourrez trouver ci-dessous d’avantage de photos des collections à venir (P/E 2011 et A/H 2011) ainsi que passées (A/H 2009, P/E 2010 et A/H 2010).
Collection Automne/Hiver 2009 « Day 77″
Collection Automne/Hiver 2009 « Day 77″
Collection Printemps/Eté 2010 « Cuba »
Collection Printemps/Eté 2010 « Cuba »
Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »
Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »
Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »
Collection Printemps/Eté 2011 « Home Sweet home »
Collection Printemps/Eté 2011 « Home Sweet home »
Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »
Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »
Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »
Les soldes sont presque finies, nous sortons de la courte période de présentation des collections Automne/Hiver 2011. Les amateurs de nouveautés vont donc porter leur attention vers les collections Printemps/Eté 2010 qui ont déjà commencé à envahir les magasins. Plutôt difficile de s’imaginer en chemise hawaïenne alors que le thermomètre se veut encore timide. Je vous propose donc d’y arriver en douceur avec un défilé comportant de nombreuses pièces d’extérieur, des sortes de mélanges entre des parkas 60/40, des cabans et des duffle-coats.
Jazz, moustaches et inspirations nautiques sont au menu de la vidéo ci-dessous, présentant le défilé printemps/été 2010 de Junya Watanabe. Le créateur, qui travaille toujours avec des partenaires que l’on apprécie, nous avait dernièrement étonné en ajoutant de petits « twists » à des chemises button-down réalisées avec Brooks Brothers, ou à des brogues réalisées avec Trickers. Ce qui m’impressionne particulièrement, c’est l’aisance avec laquelle le designer semble mixer les classiques, en présentant souvent des pièces juxtaposant les caractéristiques de plusieurs produits en un seul. Et même si l’on est pas toujours convaincus, on apprécie les références, par exemple de ces mélanges entre vestes et pulls norvégiens, qui seront en vente l’hiver prochain.
Enfin, j’apprécie aussi que certaines pièces aient été conçues en collaboration avec St James, Trickers ou Mackintosh. Celles-ci, tout en garantissant le savoir-faire mis en oeuvre pour la réalisation de ces pièces, permettront sûrement de faire connaître ces grands classiques du prêt à porter à un public plus large.
via Très Bien Shop