Jeans, une planète en bleu



On en a déjà parlé, le monde du denim peut s’avérer particulièrement abyssal. Plus l’on s’y intéresse et plus l’on découvre de détails historiques ou techniques passionnants. Ceci-dit, ce qui n’était réservé qu’aux plus fanatiques au début des années 2000 est en train de se développer pour toucher une partie bien plus large de la population, certainement pas prête à passer ses nuits à débattre du sens de la trame sur Superfuture. La toile brute non prélavée et le liseré sont devenus omniprésents, maintenant distribués par des grandes enseignes telles qu’Uniqlo, Marks & Spencer ou même H&M. Ce qui n’étaient il y a quelques années que des détails intéressants les plus passionnés d’entre nous sont maintenant reconnus par tous et devenus très abordables, même si cela a créé certaines dérives dénoncées par les puristes…



Poussé par cet attrait croissant pour les détails historiques du jean, les ouvrages sur le sujet se multiplient, il n’est donc pas surprenant qu’aujourd’hui un documentaire se concentre sur l’histoire de la toile indigo. « Jeans, une planète bleue » nous plonge ainsi au coeur de l’histoire du jean et de la toile duquel il est issu. C’est avec plaisir que nous sont notamment livrés les témoignages de l’archiviste de Levi’s, du président de Momotaro Jeans (qui y fait une démonstration de teinture) et même de Jean Touitou. Nous retiendrons particulièrement la découverte de Ruedi Karrer, ce zurichois possédant une impressionnante collection de plus de 7000 jeans.


Jeans, une planète en bleu from Sylvain on Vimeo.

Selectism – Seven Days

Selectism est un blog professionnel que l’on suit depuis un petit moment maintenant. A cheval entre culture, vêtements de designer et d’inspiration vintage, leur nombreux articles sont toujours intéressants. Depuis plusieurs saisons déjà, l’équipe du site nous présente une sélection de produits qu’ils apprécient, sous formes d’une série de photo présentant une tenue par jour de la semaine.

Pour leur troisième série, les vêtements sont maintenant portés mais l’accent est toujours mis sur le produit et le stylisme. Je ne suis pas vraiment conquis par les pièces les moins basiques telles que le sweat Raf by Raf Simons ou le jean neuf et déjà délavé et troué. Cependant je trouve que certaines associations valent le détour, je vous laisse juger par vous même :

James Ellroy, Un tueur sur la route

« En 1965, les adolescents des classes moyennes de L.A prisaient trois styles vestimentaires: le surfeur, le loubard et le minet de collège. Les surfeurs, qu’ils fussent réellement surfeurs ou non, portaient des Levis en velours blanc, des tennis Jack Purcell « Beau Sourire » et des Pendleton; les loubards, membres d’un gang ou modèle « pseudo-rebelle », portaient pantalons de treillis fendus dans le bas, chemises de marque et casquettes de gardien honoraire de ferme-prison. Le minet de collège avait une préférence pour le style mocassins, chandail, col à pointes boutonnées, toujours en vogue. Je me dis que trois tenues de chaque style suffiraient pour me donner une coloration protectrice. »

James Ellroy, Un tueur sur la route – 1986


Levi’s Vintage Clothing Store – Paris

 

 

On vous en parlait il y a quelques mois, et vous avez pu observer ses arrivées dans de très belles boutiques récemment, Levi’s Vintage Clothing s’offre un nouveau visage pour les années à venir. Combiné avec Made & Crafted au sein d’une structure à part entière, Levi’s XX, distincte de Levi’s, il s’agit maintenant de réinvestir quelques lieux avec cette identité très qualitative.

Même si vous parcourez l’article sur Levi’s XX en diagonale, vous vous rendrez compte que la démarche est assez intéressante puisqu’elle puise constament dans le passé de Levi’s, donc de la garde robe américaine, pour en reproduire les éléments ou tout simplement s’en inspirer.

Complètement refaite, la boutique Levi’s du 21, rue Vieille du Temple dans IVème arrondissement de Paris se transforme donc en Levi’s Vintage Clothing Store à part entière: vous n’y trouverez plus de Red Tab, uniquement du premium avec Levi’s Vintage Clothing. Cette nouvelle entité étant très prometteuse, la boutique ne présage rien de mauvais, allez y les yeux fermés.


 

 

Levi's par Filson – Oil Finish Trucker Jacket

Dernièrement, nous étions plutôt déçus des collaborations annoncées par les marques que nous suivons, Supreme n’impressionne plus tandis APC et Carhartt méritaient mieux. Même si ces collaborations ont sûrement réussi à faire venir les curieux dans les magasins entre deux saisons, pas grand chose d’intéressant à retenir au niveau des produits.

Aujourd’hui, Filson et Levis, deux entreprises centenaires américaines s’allient pour créer une petite collection qui apporte un peu de fraîcheur. Parmi des produits globalement en denim, une pièce sort du lot : la trucker jacket en tin cloth.

La formule est simple, prenez une veste Levi’s type 3 à poches, le fameux tissu « Tin cloth » – signature de la marque de Seattle – et ajoutez-y un col et des poignets dégradés. Faîtes confectionner le tout aux Etats-Unis et vous aurez une belle pièce 100% américaine qui prendra une belle patine avec le temps.

J’ai toujours apprécié les collaborations simples de ce goût, mixant une coupe classique avec un tissu reconnu. A porter lorsque votre M65 en K-way APC ne vous tient pas assez chaud.

Disponible sur le site de Filson.

The Duke


Dès l’hiver dernier, le militaria, ou tendance du vêtement militaire, faisait son retour dans les sphères internet traitant de l’habillement. Si certains en parlent très bien sur la toile, et détaillent les éléments des tenues de soldat comme il se doit, il faut également savoir que ce type de vêtement a ses temples et ses boutiques dédiées. On ne vous fera pas l’affront de vous présenter Doursoux, référence pour nombre d’afficionados avec ses deux adresses parisiennes.

The Duke, c’est une autre histoire, et sa carte de visite le dit très bien « Authentic equipment for personal use only ». Ici donc, pas de reproduction, The Duke travaille uniquement de l’original. Vestes militaires, pantalons cargo, chemises, médailles, montres tout y est. Par extension, The Duke est aussi un feru de tout ce qui touche à l’amérique: vous y trouverez des perles du jean, des chemises de bowling et de mécano entre deux statues grandeur nature de Steve Mc Queen, d’ailleurs si vous cherchez une pièce précise, il se propose de vous la trouver, il couvrira le terrain pour vous. The Duke ne fait donc pas les choses à moitié, et si vous n’êtes pas particulièrement séduit par l’univers de cette tendance, n’hésitez tout de même pas à y faire un tour: la boutique est atypique, le propriétaire un véritable personnage, une réelle mine d’informations en tout genre concernant ce domaine.

Comme tout se mérite il faudra aller chercher The Duke à Clignancourt:

Marché Vermaison

Stand n°37

Allée A

93400 Saint-Ouen


 

 

Merci à Laurent Laporte pour les photos

Levi's XX, nouveau visage premium

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Quand on en vient à  se pencher sur la légitimité historique des marques de prêt à porter, il y a des noms qui sont plus dur à omettre que d’autres. Avec toute cette tendance héritage, il était évident que les anciennes marques auraient plus de facilité à sortir leur épingle du jeu, et dans le paysage du denim on voit tout de suite que Levi’s sait parfaitement tirer profit de son passé, même pour se réinventer.

Si la ligne Levi’s Vintage Clothing existe depuis déjà des années, la dernière née, Made & Crafted , vient en effet de la rejoindre au sein de la division Levi’s XX. Nouvelle entité donc, pour se distinguer de Levi’s, en gardant le patronyme bien sûr, pour la tradition. Face à toutes ces jeunes marques qui se disputent les faveurs des amoureux du denim, Levi’s avait besoin d’un nouveau visage. Utilisant ses archives et son histoire (Levi’s USA ayant sa propre archiviste, Lynn Downey, interrogée par Michael Williams ici et ) pour rééditer avec Levi’s Vintage Clothing des pièces comme elles étaient faites à l’époque: même toile, mêmes fiting, mêmes détails… la marque profite de cette ligne haut de gamme pour retrouver ses racines, retracer son parcours sur la scène du vêtement.

Levi’s Vintage Clothing commence sa collection avec le modèle de 1873, la date du lancement du premier pantalon riveté (dont Levi’s déposera le brevet, ce qui lui assure l’exclusivité pendant un certain nombre d’années) et continue en suivant la frise chronologique. On pourra donc retrouver des modèles historiques, avec les coupes, les matériaux et surtout les détails, mis en place selon les particularités de l’époque. Il sortira ensuite deux coupes de 501 par décennie depuis 1890 . Il est d’ailleurs assez intéressant de suivre l’évolution et de passer du jean fonctionnel, de travailleur ou de soldat, à l’élément de style, vêtement de contre culture, dès la fin des années 50 comme les portaient les icônes du cinéma ou de la scène musicale de l’époque.

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Levi’s Made and Crafted, c’est pour la réinvention. Il s’agit en fait de puiser dans le passé, non pas pour reproduire, mais pour s’inspirer. Le passé de la marque y est réinterprété de manière moderne pour séduire le public actuel, un peu moins extrémiste que celui de Levi’s Vintage Clothing, la visée est donc un peu plus large chez Levi’s Made and Crafted. La ligne remplace enfait les nombreuses gammes premium de la marque pour donner de la cohérence a une offre qui avait tendance à désorienter le client, qui avait du mal à s’y retrouver devant un tel choix.

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Soyez sûrs que le travail sera bien fait, Levi’s XX a fait appel à des grands monsieurs du prêt à porter  pour mener le mouvement. On retrouve donc par exemple à sa tête Maurizio Donadi, ancien de chez RRL et Giorgio Armani quand le reste de l’équipe a déjà également fait ses preuves. Levi’s XX est en tout cas prêt à nous servir une belle collection automne Hiver 2010 avec Levi’s Vintage Clothing, et la réunion de tels talents ne nous fait qu’ en attendre de très bonnes choses pour les futures saisons.

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En tout cas, la distribution semble suivre la logique qualitative: Très Bien Shop, Oï Polloï, 14oz à l’international, Abaka, Allan Joseph, Next Door, No void pour la province, Starcow, L’Éclaireur , Journal Standard luxe et Yaya à Paris… également la seule référence denim d’Inventory. Quelques unes des meilleures boutiques semblent très touchées par la démarche, vous ne devriez  donc pas rester indifférents…

Seul choses à modifier selon moi :
–          la partie liée à Maurizio DONADI : juste citer les marques RRL, Giorgio Armani…(attention à l’orthographe de son prénom et Nom)
–          la partie liée à Arturo : même choses citer juste les marques Ray ban (groupe Luxottica)
–          partie produit : Dire simplement qu’il existe une multitude de coupe depuis le lancement du pantalon riveté 1873, le modèle phare étant  bien entendu  le 501® dont il existe en moyenne une à 2 coupe différente par décennie depuis 1890 (date du lancement du premier 501)
–          pour la distribution A l’international : oi poloi, très bien shop et 14 oz
–          pour la distribution province : Allan Joseph, Next Door, No void, Abaka,
–          pour la distribution Paris : Star Cow, Journal standard luxe, Yaya, l’éclaireur (boutiques avec l’offre la plus large)


Repair Jeans

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Après 2 ans à avoir porté sans relâche le même jean, à l’avoir parfois lavé, à sec ou non, afin de trouver un juste compromis entre amour du denim et vie sociale, on s’attache forcément. Mais voilà, les jeans s’usent. C’est plutôt l’effet recherché, hélas il arrive rapidement que des trous apparaissent.

On peut cependant garder la tête haute : la plupart des jeans troués que l’on peut apercevoir dans la rue ont subit des coups de ciseaux de leur propriétaires… Mais un trou, si il n’est pas entretenu comme il le faut, s’agrandit rapidement et peut aller jusqu’à rendre un jean importable.

« Repair Jeans » est un magasin situé Porte d’Italie, à Paris. Depuis plus de 20 ans, Georges, le maître des lieux, propose des services de rachat, de vente et de personnalisation de jeans. Qui dit jeans d’occasions dit pièces rares et convoitées, et même si cela n’est pas l’offre principale du magasin, quelques beaux 501 à liserés sont présent dans son impressionnante réserve. Mais les autres services proposés par Georges sont tout autant intéressants.

Tout d’abord, Georges vous propose de réparer vos jeans : tout trou, peu importe sa taille, sera comblé et rendu presque invisible. Pour ce faire, il applique un morceau de jean en dessous de la zone à réparer puis, grâce à une machine à coudre adaptée à la tâche, il va passer et repasser, dans le sens de la trame afin de garantir une réparation solide. La réparation est effectuée dans le fond du magasin, par Georges lui-même, qui s’assure à grand coups de pédales que ses clients ne reviendront pas de si tôt.

Georges vous propose aussi de broder sur vos vêtements ce que bon vous semble. Ce type de personnalisation, un classique du milieu du siècle dernier, possède un charme certain. Ce travail est effectuée après commande chez des connaissances du propriétaire du magasin, un couple de retraités qui furent les distributeurs en Europe de ces machines de broderie. De quoi ajouter le nom de son escadron sur sa flight jacket ou même broder le nom de son équipe de baseball sur sa varsity jacket .

Je vous laisse apprécier ces quelques photos du magasin, du travail et de l’offre de Georges.

Maverick Dif
Porte d’Italie
8B Avenue de Fontainebleau
94270 Le Kremlin-Bicêtre
www.repairjeans.com
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Trou Avant Trou Apres

Avant et après. Cliquez sur les photos pour zoomer.


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Denim Debate

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Initié il y a maintenant quelques années avec Superfuture et leur thread Superdenim, le développement de la communauté des fans du denim sur le web s’est vraiment intensifié depuis quelques mois. Aficionados du vintage, fans du détail, ou obsédés de custom ce sont tous de vrais amoureux de la toile de denim et ils ont élevé le jean en véritable pièce maîtresse de leur garde robe. La boutique Self Edge de San Francisco s’est d’ailleurs consacrée très tôt à satisfaire les exigences des maniaques du selvedge, en leur apportant un panel de choix dans les épaisseurs de toiles, les couleurs de coutures et types de boutons parmi tant d’autres détails. Tenue de Nîmes à Amsterdam étant la dernière en date à s’être spécialisée dans ce créneau là.

La réponse du marché pour cet engouement ne s’est pas faite attendre très longtemps. On a donc vu plusieurs marques spécialisées voir le jour en très peu de temps (Lecur, Bleu de Paname, Naked & Famous), et même si certaines ont une démarche intéressante peut être que le sujet a déjà été tari par des gens l’ayant mieux fait avant elles. Renouveler la matière ou sortir de cette image un peu opportuniste va sûrement être compliqué pour elles, la barre ayant déjà été placée assez haut par leurs prédécesseurs.

Le témoignage le plus flagrant de l’ampleur du phénomène reste peut être la naissance de toujours plus de blogs et sites consacrés au sujet: Denimmaniac, Denimnews, Denimology&les autres: du très bon comme du mauvais. Le plus intéressant d’entre eux restera sûrement  Denim Debate, ayant vu le jour au début de l’hiver dernier. Le site permet en effet  à quelques passionnés, de publier tous les 6 mois des photos de leurs jeans pour étudier le comportement de la coupe, de la toile et de son traitement à travers le temps: comparatifs de marques, de modèles, astuces d’usures et de lavage… animé par d’excellents acteurs du web ou même du marché, le site est un codex assez utile si l’on cherche à différencier quelques pièces ou à se retrouver parmi la multitude qui est offerte.

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Chacun a son idée, correcte ou non, de ce qu’est un bon jean. Or, dans cette masse de marques qui font des produits qui pourraient sembler identiques au néophyte, le « style game » reprend parfois le dessus, et ceux qui y jouent cherchent souvent à se différencier . Si les addicts du jean affectionnent des marques plus ou moins pointues (Real Mc CoySugar Cane, Mister Freedom45rpmrrl, Evisu…), il faut savoir qu’ elles ne sont pas nombreuses à pouvoir réellement travailler sur le thème de l’héritage même si elles font souvent de très bonnes pièces.

Levi’s et Lee ayant commencées l’épopée du jean dès le XIXème siècle, suivies de peu par Wrangler, personne ne peut vraiment lutter en arrivant un ou deux siècles après, au niveau de l’histoire comme de l’innovation, de l’amélioration. Il y a donc un décalage entre les marques qui doivent s’inventer une histoire, un héritage et celles qui en ont un car elles sont issues de la tradition américaine.

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Avec le retour de l’americana les « jeunes » marques vont d’ailleurs peut être avoir un peu de mal à faire valoir leur savoir faire face à des géants comme Levi’s, Lee et Wrangler, qui peuvent facilement ressortir de leurs archives des photos de Steve Mac Queen ou de Marlon Brando portant leurs produits, pour ne citer qu’eux bien sûr. Si Wrangler a connu un bon buzz l’année dernière grâce à son site internet très bien réalisé, que Lee puise dans son passé avec Lee Archives et que Levi’s adopte une démarche très intéressante dont on vous parlera en détail très bientôt,  il me tarde de savoir comment les autres vont réussir à se positionner sur le marché.