Autour de ton cou

Celle ci est ornée d’un motif parfait en plein Roland Garros: deux raquettes croisées.

Notre ami Laurent Laporte, tenancier de l’excellent Whereisthecool? et co-fondateur d’À chiper à Choper vient d’ouvrir Autour de ton cou, une mini boutique en ligne (il commence d’ailleurs à avoir une belle collection de morceaux d’internet). Il y propose quelques cravates en laine récupérées dans un vieux stock de Monsieur Pierre Balmain. Légèrement courtes et fabriquées en France dans les années 60, elles orneront vos tenues estivales décontractées à merveille. Je ne peux pas résister à l’idée de vous donner le lien de l’article de Francis Cazal sur le sujet, un post à l’humour ravageur. Le name dropping s’arrête là, promis.

Notre bon Vincent, développeur à ses heures perdues et auteur des fameux Crescendo.


Ganseys de la côte est de l'Angleterre

Dans mon article précédent, je vous présentais le pull de Guernesey, pull plutôt simple, traditionnellement confectionné et porté sur la fameuse île anglo-normande. En effet, malgré ses particularités intéressantes, on est loin de la surcharge stylistique d’un Aran ou d’un motif Fair Isle.

Avec les échanges commerciaux entre villages de pêcheurs des côtes anglaises, le pull de Guernesey s’est retrouvé être produit et utilisé de plus en plus au nord, où il était appelé gansey. Et chaque adoption du pull par un nouveau village fut l’occasion de l’adapter au goût local. C’est ainsi que sont apparues torsades, côtes et autres motifs, d’abord sur le haut du pull, puis ensuite sur sa totalité. Les motifs les plus complexes se trouvèrent dans les villages de pêcheurs écossais, le plus au nord.

Chaque village, et parfois chaque famille avait son motif bien défini, certains allant jusqu’à tricoter les initiales du porteur en relief sur le bas du pull. C’est peut-être l’origine la fameuse histoire du pull permettant d’identifier le marin échoué (ou alors, pourquoi pas, juste d’identifier un pull oublié au pub du port voisin).

J’aime bien cette histoire de messages que font passer les motifs utilisés. On est loin d’un gros logo tapageur et pourtant le sens est là, mais pour un oeil averti uniquement. Comme partout, les vêtements permettent aux porteurs de se reconnaître et d’avoir le sentiment d’appartenir à un clan. Je ne prendrai pas le risque d’aller plus loin là dessus, je vous laisse juste apprécier ces photos, provenant des archives du Norfolk, et trouvées grâce au blog Mister Crew. Ces photos et ces pulls datent de la fin du XIXe et du début du XXe siècle et permettent d’apprécier la richesse et la diversité des motifs des ganseys (attention, ces photos sont en noir et blanc, ces pulls sont en fait tous bleu marine).


 

 

 

Savile Row Field Day

Les temps sont durs pour l’industrie du textile. Que ce soit le coût de la main d’œuvre, du transport ou du coton, les fabricants font face à de nombreuses difficultés. Avec la période de crise que nous avons tous senti passer, la demande en laine en a aussi fait les frais.

Dans le but de relancer l’économie autour de laine, les tailleurs de la rue la plus connue au monde pour son savoir-faire, Savile Row à Londres, organisent une semaine de promotion de leur matière de prédilection. Soutenue par Sa Majesté le Prince de Galles, la semaine de promotion commencera le 11 octobre 2010 et verra Savile Row se transformer en pâturage pour moutons ce jour là. Le but étant de démontrer que la laine n’est pas aussi inconfortable que certains pourraient le penser.

Pendant cette journée, les producteurs expliqueront la manière dont est traitée la laine pour aboutir à la matière noble utilisée par les tailleurs de la rue. Certains des tailleurs en question ouvriront leurs portes et leurs ateliers à tous les visiteurs afin que chacun puisse avoir un aperçu de leur savoir-faire et du travail nécessaire pour créer les costumes que portent les grands de ce monde.

Pour plus de détails sur l’événement, le programme complet de la journée, le plan pour y aller et la liste des tailleurs participant à l’événement, rendez vous ici.

Harris Tweed – avant

Label de qualité Harris Tweed

Au cours d’une flânerie dans une friperie, vous avez peut-être déjà remarqué cet étrange sigle surmonté d’une croix annonçant fièrement : « Harris Tweed, Tissé main ». Cet insigne désigne la laine constituant la veste ou le manteau qui aurait pu vous intéresser, et plus particulièrement la manière dont elle a été tissée.

Ne vous y trompez pas, Harris Tweed n’est pas une marque mais un label de qualité qui est régi par la « Harris Tweed Authority » et est protégé par acte du parlement écossais. On ne prend pas les choses à la légère en Écosse.

Afin de bien comprendre le passé et le présent de ce prestigieux label, nous aborderons tout d’abord son histoire, puis dans un second article, son application aujourd’hui et les raisons de sa renommée actuelle.

La certification Harris Tweed offre la garantie d’un Tweed tissé à la main par les habitants des îles Hébrides, au Nord Ouest de l’Ecosse, chez eux et finis dans les îles de Harris, Lewis, Uist du Nord, Benbecula, Uist du Sud et Barra ainsi que leurs différentes dépendances (Outer Hébrides) et faite d’une pure laine vierge tannée et filée dans les Outer Hébrides. C’est un peu long, mais il s’agit de la définition légale du Harris Tweed traduite de l’anglais.

Ce tissage est pratiqué par les habitants de ces îles depuis des centaines d’années afin d’affronter les hivers rudes du nord de l’Écosse. Les vestes étaient à la fois chaudes et robustes ce qui en faisaient des vêtements adaptés à la vie de l’île.

La survie des méthodes ancestrales de production a été sauvegardée par la volonté de toute une population. Ils ont choisi de conserver la tradition de leurs îles alors que le continent « succombait » à la révolution industrielle et se munissait de machines à forte capacité de production.

La majorité de la production n’était pas colorée et était utilisée pour la fabrication de vêtement telle quelle. L’autre partie était teinte en utilisant les colorants de végétaux présents sur l’île donnant une palette de couleurs typiques de cette région.

Le nom de Harris vient de l’île des Hébrides portant le même nom. Cette île avec celle de Lewis regroupe la grande majorité de la population de l’archipel (75% en 2001).

Pour ce qui est de l’appellation tweed, elle viendrait d’une erreur de lecture faite par un commerçant londonien d’une lettre venant d’une entreprise écossaise. La confusion s’est faite entre le mot « tweels », qui correspond à un aspect du tissu obtenu par une méthode de tissage particulière, et la rivière Tweed.

tweed

Tisseur de Tweed au travail


Cette confusion a été répétée lors de la commercialisation du produit devenant sa dénomination officielle.

Pendant très longtemps la production de tweed des îles Hébrides était vendue comme toutes les autres productions de ces îles aux habitants du continent.

Ce n’est qu’en 1843 que Lady Catherine Herbert, veuve du Comte de Dunnemore, propriétaire de la région du Nord de Harris, remarqua la qualité de ce tissu. Plus particulièrement celui tissé par les sœurs Paisley qui était d’une qualité bien supérieure à celui produit par les tisseurs non formés.

Tartan de la famille Murray

Tartan de la famille Murray


Elle décida alors de faire tisser plusieurs longueurs de ce tissu par ces sœurs en utilisant le tartan de la famille Murray. Le tissu produit servi ensuite à la fabrication de vestes pour le personnel de son domaine.

La comtesse se prit de passion pour ce tissu qui était à la fois résistant à l’usure et à l’eau et trouva qu’il était parfaitement adapté aux sports d’extérieur pratiqué par l’ensemble de ses amis aristocrates.

Le succès du vêtement s’étendit même jusqu’à gagner l’entourage proche de la reine Victoria.

La comtesse Catherine s’efforça de pérenniser la production du Harris Tweed de haute qualité en faisant évoluer les moyens de production de l’époque et en envoyant des jeunes filles se faire former aux méthodes de tissage.

Le succès du Harris Tweed se propagea rapidement et certaines entreprises du continent écossais se mirent à en produire utilisant l’appellation Harris Tweed.

Cette pratique donna naissance à un des plus longs procès de l’histoire de l’Écosse qui opposa les fabricants des îles à ceux du continent. L’histoire se termina sur une jurisprudence statuant que l’appellation Harris Tweed ne pouvait être utilisée que pour un tweed fait à la main par les habitants des îles Hébrides chez eux, sur l’île.

John Murray, 4ème Comte de Dunmore, fils de la Comtesse Catherine Murray

Golden Hook, une belle aventure française

Golden Hook - Printemps 2010

Au moment du regain d’intérêt de la mode pour l’artisanat, le travail manuel et le côté authentique du vêtement, il est bon de voir que certaines marques faisaient de ces ingrédients une priorité dès leurs débuts, sans attendre l’influence plus ou moins prononcée d’une tendance toujours mise en place par des publicitaires ou autres influenceurs.

Perçue comme innovante à juste titre par la presse et les médias, l’ initiative Golden Hook fait partie de ces projets qui apportent une forme « d’ humanisation » au marché du textile, et qui contribuent à l’affranchir peu à peu de ce côté artificiel et superficiel qui lui colle à la peau.

Golden Hook - Printemps 2010

Golden Hook - Printemps 2010

En proposant des bonnets, écharpes et noeuds papillons confectionnés à la main par de vraies grand mères accros au tricot, Golden Hook n’a pas besoin de se raccrocher à une vieille icône charismatique ou à un quelconque récit, ressorti des livres d’ Histoire afin de façonner une image de marque. La marque n’invente rien: elle s’attache à distribuer des produits de qualité, fabriqués artisanalement, par des individus maîtrisant un savoir faire spécifique; et c’est cette franchise inhabituelle qui a d’ailleurs beaucoup séduit les médias.

De plus, Golden Hook implique réellement le consommateur dans le processus de création: sur le site de la marque, il est possible d’imaginer son produit dans les moindres détails (couleurs, taille, choix de la maille…) et également de choisir la grand mère qui réalisera votre projet.

Golden Hook - Printemps 2010

Pour parfaire l’idée, il était nécessaire que le produit soit qualitatif, réalisé dans de belles matières. Golden Hook traite donc directement avec des éleveurs des Alpes du Sud et continue de ce fait la recherche d’un véritable savoir faire, tout au long du processus de création du produit final.

Golden Hook - Printemps 2010

Golden Hook - Printemps 2010

Golden Hook - Printemps 2010

En dépit du côté un peu fun, qui peut rebuter le modeux hâtif dans son jugement, Golden Hook est donc une très bonne marque, porteuse de valeurs, produisant des pièces de qualité, forte d’une direction artistique cohérente dont témoignent des pièces reconnaissables au premier coup d’oeil (véritable chalenge quand on parle de tout sur mesure).

L’avenir du projet laisse d’ailleurs assez songeur, outre l’élargissement de sa gamme, Golden Hook voit se profiler un avenir assez intéressant au niveau international: imaginez le plaisir qu’ aurait un new-yorkais de se voir tricoter un bonnet par une grand mère new-yorkaise…