Stockman

Vous l’avez sûrement croisé au détour d’une vitrine ou d’un shooting vêtement dans un magazine. Peut être même avez vous la chance d’en avoir un dans votre grenier, rescapé du temps où nos grands mères étaient de bonnes couturières: si c’est le cas, mettez le dans votre salon, il se plaira très bien dans votre intérieur.

Lorsque j’ai remarqué que le nom Stockman revenait très souvent, j’étais à des lieux de penser que les ateliers étaient situés en France depuis 1867, et vous savez peut être que le sujet nous intéresse particulièrement. L’objet peut être vraiment très beau et j’avoue que je ne m’étais pas particulièrement intéressé à la question du fabriquant. En s’y penchant de plus près on peut remarquer que le mannequin de couturière Stockman est véritablement une référence parmi les professionnels, on ne compte plus les maison de luxe ou les boutiques haut de gamme qui font appelle à la marque pour mettre en valeur leurs pièces: que ce soit chez Dior, Vuitton, colette, l’Éclaireur, FrenchTrotters, Old England, on retrouve les bustes.

Voici donc quelques belles photos de l’atelier situé à Gennevilliers, et gardez la marque à l’esprit si vous avez l’occasion de vous baladez dans une brocante dans les mois qui viennent.

Tweed Run – Tweed, soufflets et semi-brogues

 

Je vous en avais déjà parlé l’an dernier, le Tweed Run est un événement très britannique. La troisième édition de ce défilé à vélo a eu lieu il y a quelques jours à Londres. Environs 500 personnes se sont réunies aux alentours de la cathédrale St-Paul pour ensuite faire le tour de Londres à vélo et tout de tweed vêtus, sous les yeux médusés des touristes. Si le public était hétérogène, mixant adeptes du pignon fixe, membres du mouvement Chap, amateurs de rétro ou poseurs endimanchés, l’ambiance était très bonne, pleines d’attentions et de politesses exagérées.

Les concours habituels sont venus agrémenter la course : la plus belle moustache, la meilleure mise ainsi que le plus beau vélo se sont vus récompensés, mais l’ensemble des participants a tout de même eu le droit à une tasse de thé lors d’une petite pause dans un parc.

Pour rappel, l’inscription était payante et de nombreux sponsors ont participé à l’événement, tels que Brooks England, ou le tailleur de Savile Row H. Huntsman & Sons, ce qui a permis de récolter une belle somme d’argent pour l’association caritative Bikes4Africa.

En plus du défilé de vélos assez impressionnant, le Tweed Run était aussi l’occasion d’admirer de belles tenues ainsi que pleins de détails intéressants, voici une petite sélection.

 

Un des organisateurs du Tweed Run, son costume serait-il un H.Huntsman & Sons ?


Simon Crompton, du (très bon) blog Permanent Style – Tenue de chasse grande mesure H.Hunstman & Sons et une chemise Turnbull & Asser

 

Nick Clements, du (très bon) magazine Men’s File -Son pull a été confectionné par St. James et fait parti d’une marque qu’il est en train de créer, inspirée de tricots de cyclisme vintages


Norfolk Jacket Cordings de 1985

 

Les cyclistes de H. Huntsman & Sons



Pour la chasse comme pour le vélo, fentes et soufflets permettent plus d’aisance dans les mouvements – Détail d’une veste H.Hustman & Sons

 

 

 

Arrière de la norfolk Cordings

 

 

Toujours la tenue inspirée du vêtement de cyclisme vintage : Fesses rembourées et poche à l’arrière du maillot


 

Church’s Diplomat, 15 ans de patine

 

Semi-Brogues Barker, 15 ans de patine

Otto Messer – Lame de fond


Comme vous le savez, on aime les belles choses chez Redingote, et les couteaux en font aussi partie. Les beaux couteaux cela dit. Que ce soit Opinel, Laguiole, ou Otto-Messer qui fabrique à Solingen en Allemagne depuis 1887, les couteaux sont aussi des pièces ayant une histoire riche et demandant un important savoir-faire.

Solingen est la ville de référence en Allemagne quand il s’agit de la fabrication de lames de haute qualité. Ce n’est pas pour rien que 90% des lames allemandes sont faites là bas.
Il y a un type de couteau pour chaque usage et j’ai personnellement un penchant pour les couteaux de marins. Quand j’ai découvert le couteau ci-dessous, j’avoue n’avoir pas hésité trop longtemps avant de passer à l’achat. Je vous laisse juger.



Fait d’une lame en carbone, d’un manche en bois de rose incrusté d’une ancre en cuivre, je pense qu’il ne me quittera pas cet été, que ce soit au cours des picniques au bord de la plage ou d’une quelconque escapade.

Pour vous présenter l’entreprise qu’est Otto-Messer, je pense que le mieux est encore de vous faire découvrir les différentes vidéos disponibles à son sujet sur internet. Il est un peu dur de croire que ces vidéos ont été réalisées sérieusement en 2007, elles sont néanmoins assez… descriptives. La vidéo de présentation officielle de l’entreprise est disponible ici si un peu d’allemand ne vous fait pas peur.

http://www.otter-messer.de/


Ralph Lauren X: Le futur

Si Ralph Lauren vient de lui redonner un peu d’actualité, la technologie intégrée aux vêtements on l’a déjà tous plus ou moins rêvée. Vous devez au moins vous souvenir des LA Gear à semelle clignotante que vous arboriez fièrement dans la cours de récréation (ou que vous lorgniez rageusement aux pieds du beau gosse, accessoirement bon en sport). Si cela ne vous dis rien, on peu tenter une dernière carte du côté du cinéma populaire américain de la fin des années 80: Marty Mc Fly et ses fameuses Nike qui se lacent toutes seules, sa veste qui se sèche et qui s’ajuste à sa taille, ça vous rappelle forcément quelque chose. L’overboard, ça marque. D’ailleurs si vous vous assumez comme sneaker addict, il n’est pas impossible que vous ayez signé la pétition adressée à Nike pour la réalisation du modèle ou même cherché à débusquer quelques versions home made sur Ebay.


Évidement ça ça fait sourire, ça eclipse un peu la fameuse ceinture à LED souvent arborée par les clubber en mal de fluo depuis que la tecktonik à cessé de sévir: le vêtement technologique, on ne mettra pas ça entre toutes les mains.

En remettant ce genre d’accessoire sur le tapis, Ralph Lauren prend également une direction différente que celle d’ArcTeryx Veillance ou Norwegian Rain qui cherchent à maîtriser les textiles techniques afin de les utiliser pour réaliser des vêtements aux coupes parfaites. Ralph Lauren fait dans le gadget technologique et le fait plutôt bien, en s’adressant à une clientèle qui ne s’intéresse pas forcément au vêtement mais qui cherche peut être à profiter de tous les avantages d’une Business Class quand elle fait du trekking dans les Rocheuses. En attendant, le résultat est assez fun et plaira sûrement aux amateurs de pièces thermocollées, vous avez quelques photos ci dessous.


On remarque d’ailleurs le choix très judicieux d’introduire ce genre de produit pour sa ligne RLX, orientée textile de haute technologie, à la différence de Costume National qui avait essayé tant bien que mal de l’intégrer à sa collection principale (qui n’était déjà pas trop notre tasse de thé évidement).

L’avenir nous réserve sûrement bien des surprises en la matière et j’attends de mon côté patiemment que l’optical camo se démocratise.


J.Crew – Transformation radicale

La semaine dernière, je suis retombé sur un commentaire assez intéressant laissé par un de nos lecteurs, il traitait de J.Crew et de leur montée en gamme. Je me suis alors dis que cela méritait un véritable article. En plus cela me donne une bonne excuse pour publier les photos du lookbook automne-hiver 2011, qui viennent d’être diffusées. Attention : J.Crew existe presque exclusivement aux Etats-Unis et n’est pas encore présent en France, par contre le magasin Trunk à Londres propose quelques modèles.

La ré-apparition soudaine de J.Crew sur les radars des amateurs de mode est quelque chose d’assez exceptionnel. L’entreprise américaine vit le jour peu après la seconde guerre mondiale mais ce n’est qu’à partir de 1983 qu’elle prit un considérable essor, rencontrant un fort succès avec des catalogues de vente par correspondance, très au goût de l’époque. Depuis, l’enseigne ne faisait guère parler d’elle et rencontrait quelques problèmes financiers malgré ses nombreux magasins aux États-Unis. Mais voilà, Gap, eux aussi dans le rouge au début des années 2000, ont alors décidé de se séparer de leur PDG, Mickey Drexler. On lui attribut pourtant le succès phénoménal que rencontra Gap dans les années 90 et qui avait propulsé l’entreprise américaine au rang de géant international. Mickey Drexler se retrouva rapidement à la tête de J.Crew, où il fit des merveilles en re-dynamisant la marque avec l’aide du directeur artistique Frank Muyjtens.

La recette du succès ? Comme chez Gap, J.Crew distribue des produits assez classiques. Il faut, je pense, regarder plutôt du côté de leurs innovations en terme de marketing, de la qualité de leurs équipes créatives et de leur stratégie de communication pour comprendre comment ils ont pu augmenter leurs prix ainsi, et rencontrer un tel succès.

Tout d’abord, J.Crew ne distribue pas uniquement sa marque et a su entourer sa marchandise de produits pointus. Ils se mirent donc à distribuer de petites séries de marques bien connues et respectées des passionnés de vêtements : Alden, Viberg, Mister Freedom, Converse, Barbour… En collaborant pour la création de modèles avec certaines, en distribuant tout simplement leurs produits pour d’autres. L’image de marque derrière ces fabricants, souvent des entreprises avec une longue histoire, rayonne sur les produits J.Crew et leur permettent d’être vendu à des prix qu’ils ne justifieraient pas seuls. Ils sont aller assez loin dans le concept, en ouvrant des magasins à thème tels que le fameux Liquor Store. Ma favorite reste leur boutique de l’Upper East Side à New-York, où des chemises J.Crew confectionnées avec du tissu Thomas Mason cotoîent de luxueuses sacoches et parapluies par Swayne Adeney Brigg, mais aussi leurs simples chemises en chambray. C’est un peu le grand écart, mais cela semble fonctionner. Maintenant je serais curieux de savoir quelle est la relation exacte entre ces marques de luxe et J.Crew. Mickey Drexler parle de « dilution de l’impact de la particularité d’une marque », à propos des contrats que font certains designers avec de grands distributeurs américains (type Wallmart), mais ne sont-ils pas logés à la même enseigne ?

Ensuite, l’offre pour homme suit de très près les tendances grâce à des designers talentueux. Sans entrer dans des cycles de créations fast-fashion à la Zara ou Topshop, l’équipe dirigée par le designer hollandais Frank Muyjtens a une bonne connaissance du marché et a su se placer correctement sur l’envie actuelle des passionnés de vêtement. Cela vaut d’ailleurs à Frank Muyjtens de régulièrement apparaître dans Free&Easy. Malgré cela, leurs collections peuvent très facilement plaire aux néophytes et ils ont su développer un style qui leur est propre, assez centré sur la culture vestimentaire américaine. Je pense notamment à leurs tenues composées de blazers, cravates et chemises casual…

Enfin, ceci s’est vu accompagné par une très bonne communication. Leurs produits se sont rapidement retrouvés dans des médias pointus, ciblant, comme l’explique Mickey Drexler, les « 5% de clients les plus exigeant, en termes de design, de goût et de qualité », afin que le « reste suive ». La marque à aussi su misé sur internet et a eu le droit à une place à part sur les blogs américain parmi les plus suivis. Par exemple leurs publicités magazines, que l’on peut trouver notamment dans Inventory, font apparaître des adresses web de fabricants et de médias, s’adressant directement à ces clients exigeants et connectés.

Mais petit bémol, bien que les prix des produits augmentent, certains client se plaignent de la qualité générale qui ne semble pas toujours suivre. Quoiqu’il en soit, cette transformation est quelque chose d’assez unique pour une chaîne de cette taille, il va être intéressant de voir commet cela évolue dans les prochaines années.

Les images présentent leur collection automne-hiver 2011. Vous pouvez trouver la totalité des photos sur ACL.


Madras – La faute des Écossais



L’été arrivant et me trouvant actuellement à Dehli, la question du madras est venue tout naturellement. La plupart des tissus de madras que nous connaissons sont souvent à carreaux, alors qu’aux dernières nouvelles, le carreau n’a pas toujours été un des signes distinctifs de l’Inde, mais plutôt de… l’Écosse.

Le madras est originaire d’Inde, de la ville du même nom qui s’appelle aujourd’hui Chennai. La ville est située au sud-est du pays, sur les bords de la baie du Bengale.

La ville est connue pour son coton depuis 3000 av. J.-C. Autant dire qu’ils ont de l’expérience. Au 12ème siècle, la qualité reconnue de ce coton lui a valu d’être exporté vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Le tissu fait de ce coton était alors appelé gada et était principalement utilisé pour faire des coiffes. Il n’était alors pas du tout recouvert de rayures ni de carreaux. Le tissu a commencé à être imprimé de motifs floraux et religieux à partir du 17ème siècle par le moyen de tampons et est devenu le tissu servant à la confection des tenues traditionnelles de la région jusqu’au 19eme siècle.



La région a été occupée pendant le 19ème siècle par les Écossais. Il paraîtrait que les tisseurs se soient tout simplement inspiré des nombreux tartans qu’arboraient les fiers Écossais pour en faire des créations à leurs goût aux couleurs vives de l’Inde. Tout comme le tricotage pour les pulls marins écossais, chaque village, voir parfois chaque tisseur, a développé son propre tartan, ce qui permet de remonter à l’origine de la fabrication mais aussi de garder une belle diversité de motifs.

Avec l’évolution des technologies, les couteuses teintures naturelles ont été remplacées par leurs homologues chimiques, plus fixatrices, concentrées et facile à produire appelées color-fast.
C’était pourtant là toute la beauté de ce qu’on appelle le bleeding madras. Ce madras est appelé ainsi car les couleurs tendent à dégorger aux premiers lavages et s’atténuer avec le temps. Chacun des lots de coton est trempé dans une mixture de colorant naturels, sels, levures et agents fixateurs avant d’être tissés à la main. Une simple façon de vérifié que votre tissu a été bien teint fil à fil et pas imprimé est de vérifié l’envers du tissu, qui n’est logiquement pas teint dans le cas d’un tissu imprimé. Également, le tissage à la main n’est pas une science exacte et peut parfois faire apparaître des petites erreurs dans le tissu, preuve de la confection manuel. Des petits grumeaux ou slubs en anglais paraissent sur la toile dut à un manque de peignage du tissu. Cet effet, appelé « slubbé » est une des preuves que la toile a bien été tissée manuellement.



Le bleeding madras a eu ses heures de gloire dans les années 50-60 avec la tendance preppy qui a donné naissance à plus de 150 000 nouvelles combinaisons de carreaux. Le premier à importer du madras aux USA n’est autre que le fameux Brooks Brothers (BB pour les intimes) à la fin du 19 siècle. La matière n’est devenue à la mode que quelques années après, dans les années 30 et est encore disponible aujourd’hui dans tous les magasin hors et sur les campus de l’Ivy league tel que J.Press, Brooks, Paul Stuart ou the Andover Shop pour n’en citer que quelques uns. A noter également que l’imprimé qui recouvre le Preppy Handbook n’est autre que du Madras.



Le madras est donc un tissu léger, tissé de manière assez lâche et arborant des couleurs vives. Il est entièrement teint et tissé à la main et peut être uni, à tartan, avec des rayures aléatoires ou avec des dessins. La Commission Fédérale Américaine du Commerce a décrété que le terme de madras ne peut être utilisé sur une étiquette ou de manière commerciale que si il est d’origine indienne et correspond à cette description. Le madras est généralement fait de coton.

Les tissus faits à la main représentent une très grande partie de la production indienne et sont une fierté nationale, le madras en tête. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une roue à tisser sur le drapeau indien.


Kitsuné – Nouvelles publicités par J.P. Delhomme

Jean-Pierre Delhomme et Kitsuné ont à nouveau collaboré pour la dernière campagne de pub du label parisien. On retrouve la touche d’humour de la précédente série, et la patte de l’illustrateur du GQ francais.

La collection présentée, dont on devine certaines pièces, est baptisée « Reporter », et tire son inspiration du film The Passenger d’Antonioni, on vous en avait d’ailleurs parlé ici. On aime bien le seersucker et les touches preppy, qui semblent avoir été un peu mises de côté pour la collection de l’hiver prochain, toujours chic mais d’inspiration bien plus workwear.

Quoi qu’il en soit ces jolies illustrations m’ont bien fait rire, notamment celle avec Neville le blogueur mode, allez savoir pourquoi…



Marlow & Sons – New York

Si vous avez la chance de passer un peu de temps à New York, arrêtez vous chez Marlow & Sons. Non content de compter parmi les bonnes adresses de Brooklyn, le restaurant a également mis sur pied une démarche assez intéressante: créatrice d’accessoires, Kate Huling, la femme du co-fondateur, dessine une ligne de sac et de petite maroquinerie qui est réalisée à partir du cuir des animaux qu’ils cuisinent. Selon Kate, il s’agit pour le client satisfait de son repas de pouvoir repartir avec un morceau de l’animal qu’il a consommé et de s’en souvenir plus longtemps, voir même de rendre hommage à la bête. Bien sûr, le tannage du cuir et la confection de la pièce prennent plus de temps qu’il n’en faut à la viande pour arriver dans votre assiette, il ne s’agira pas du même animal. Quoi qu’il en soit l’idée est bonne et ça doit pas mal fonctionner au niveau de l’image de marque, tant pour le restaurant que pour les accessoires.

Après un bref échange de mail avec Kate Huling, je n’ai pas pu avoir accès à de belles images de la ligne homme, je vous laisse donc avec les rares clichés que l’on trouve sur le net. Si vous prévoyiez d’aller y manger et que vous savez faire de jolies photos n’hésitez pas à nous envoyer un mail, nous serions contents de les diffuser. Je vous laisse également l’adresse: 81 Broadway Williamsburg Brooklyn, NY 11211




L'Outil de Production


Parmi les jeunes marques françaises de maroquinerie haut de gamme dont on entend un peu parler en ce moment (Emissar, Trémoulière ou Bleu de Chauffe par exemple), nous avons la chance de pouvoir en ajouter une à ce beau tableau. L’Outil de Production fait pourtant un peu bande à part: la marque existe depuis les années 60 même s’il aura fallu attendre 2011 pour la voir réactualisée. Il s’agit au début de la marque d’un atelier de confection de Touraine qui réalisait des pièces de cuir pour montrer son savoir faire à ses clients. Apparemment la démarche a fait ses preuves, l’atelier travaille aujourd’hui pour Louis Vuitton, Hermès ou Goyard et d’autres grands noms du marché du luxe.

Après avoir retrouvé en 2009 quelques dessins et prototypes ou même des matières premières des collections d’origine, L’Outil de Production se relance et développe aujourd’hui une collection a destination des particuliers, non plus seulement destinée à faire l’inventaire des compétences de l’atelier. En plein regain d’intérêt pour les pièces durables que l’on connaît depuis quelques mois maintenant, la marque travaille de beaux cuirs et une toile de haute qualité en profitant de mains d’orfèvres, qui s’attachent à réaliser des finitions minutieuses (tranches peintes à la main, zip RiRi, numérotation des pièces…)

Voici quelques premières images de la première collection du nouveau visage de la marque, nous reviendrons vers vous pour vous en dire plus sur la distribution quand nous aurons plus d’information.

La moleskine – Histoire d'un tissu



Veste en moleskine – LL Bean

Le workwear ayant eu ses heures de gloire récemment, on a beaucoup parlé de moleskine, la matière de référence pour le workwear français. Mais qu’est-ce que la moleskine?

Le nom moleskine vient de l’anglais « mole skin », qui signifie littéralement « peau de taupe » en référence au touché de la matière. Le dictionnaire Larousse en ligne définit la matière comme étant une « Étoffe de coton lustré, que l’on employait autrefois pour faire des doublures de vêtements » ou encore une « Toile vernie imitant le maroquin ou le cuir, constituée par une étoffe recouverte d’un enduit et d’un vernis. (Elle est utilisée en gainerie et en reliure.) ». Le mot décrit aussi un type de cuir tel que celui qui recouvre les carnets de la marque du même nom. Finalement, une ancienne définition de 1668 décrit la moleskine comme « désignant la fourrure de peau de taupe ou toute fourrure dont le rasage des poils lui donnerait un aspect semblable » élargit en 1803 à « surface du tissu étant rasée au cours de la fabrication de ce velours ».

Au cours de mes recherches, j’ai également regardé la définition dans l’Eternel masculin, de Bernhard Roetzel, qui renvoit la matière au velours. Bref me voilà perdu face à des définitions bien différentes, surtout que certains forums anglophones tel que askandyaboutclothes parlent de la moleskine vernie comme d’une hérésie. Alors d’où vient cette matière?



Des fabricants d’acier à Sheffield

Certaines sources parlent de sa première utilisation par les fabricants d’acier de Sheffield, en Angleterre, pour ses qualités protectrices : la matière étant tissée très serrée et ayant des « poils » courts, l’acier fondu glissait dessus, protégeant les ouvriers des éclaboussures. La moleskine était utilisée dans la fabrication de leurs pantalons mais aussi des tabliers.

Le tissu est de la famille des futaines, tissé serré et en coton brossé lui donnant un effet duveteux qui est ensuite tondu pour lui donner cet effet peau de taupe. Tout comme le jean, la matière est connue pour être solide et s’embellir avec l’âge avec l’avantage supplémentaire d’être chaude et donc adaptée pour l’hiver.

Comme le souligne Mr.Freedom dans son interview pour Hell’s Kitchen, ce qui fait la différence entre le workwear français et américain est l’utilisation de matières différentes: la moleskine pour les Français et le denim pour les américains.



Pantalon en moleskine blanc pour tailleur de pierre

En France, le vêtement de travail s’est développé à la fin du XVIIe siècle en réponse à l’évolution de l’industrie. Les vêtements étaient alors constitués de tissus en coton tissé de manières différentes tel que le velour, le satin et la moleskine. Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’Adolphe Lafont a eu l’idée de créer des habits adaptés à chaque profession avec pour exemple un pantalon en moleskine blanc et une veste en velour noir pour les charpentiers.



Un largeot en velour – Le Laboureur

Ce pantalon, du nom de largeot, s’est vu attribué une couleur différente selon la profession de celui qui le portait: écru pour les tailleurs de pierre et sculpteurs, noir pour les charpentiers et couvreurs et marron pour les menuisiers ou ébénistes. Les mécaniciens et chauffeurs se sont quand à eux vu dotés de la couleur bleue, d’où le nom « bleu de chauffe » pour décrire ce vêtement. Les teintures artificielles n’existant pas, l’indigo était utilisé pour teindre ces vêtements leurs donnant les mêmes capacités de délavage que le jean.

Comme l’a définie le Larousse, la moleskine était bien utilisée « autrefois » pour les doublures et encore aujourd’hui, notamment pour les poches de Barbour. Si vous vous étiez déjà demandé comme moi quelle était cette matière chaude et douce dans laquelle vous fourriez vos mains au moindre coup de vents cet hiver, nous voilà fixé!



Pantalon d’ouvrier en moleskine bleu – Le Mousquetaire


Pantalon en moleskine – Lambourne

Crédit photo: la vie en bleu de travail, Flickr, Google images