Oliver Peoples – O'Malley

Alors que les lunettes à grosses montures sont incontestablement de retour, et pas seulement chez les plus branchés, on remarque autour de nous que les formes s’arrondissent légèrement.

Une bonne occasion pour traiter du modèle classique de la marque de lunettes californienne Oliver Peoples : les O’Malley. La courte histoire de Oliver Peoples remonte à 1988, année à laquelle la marque se lança en commercialisant des modèles aux allures vintages. Larry Leight, à l’origine opticien, raconte que la marque fut créée après l’achat lors d’une vente aux enchères de la totalité de la collection d’un dénommé Oliver Peoples, collectionneur averti et passionné de lunettes vintages. L’entreprise s’est donc lancé en vendant les montures issues de la collection de M. Peoples, puis continua en produisant ses propres modèles.

Une de leurs premières réalisation, la O’Malley nommée après l’ancien propriétaire des LA Dodgers, est devenue la plus emblématique de la marque ainsi que la mieux vendue. On la voit d’ailleurs apparaître au nez de Patrick Bateman dans American Psycho, film dont on apprécie énormément les costumes. Bizarrement, la marque a décidé d’arrêter la production de ce modèle phare au début des années 2000, peu avant qu’apparaisse l’engouement général pour les montures plus imposantes. Mais il est toujours très facile de trouver des lunettes semblables, rappelant les années 50 et ses preppies, chez de nombreux fabricants français ou étrangers.

Ceci-dit, Oliver Peoples propose toujours un modèle assez similaire, la Riley, qu’il est possible de se procurer en différentes tailles et couleurs (notamment de nombreuses variantes de coloris écaille), afin de s’assurer qu’elles s’accordent parfaitement aux traits du porteur.

Ci-dessous, quelques images extraites du film American Psycho (2000) de Mary Harron où l’on peut voir les O’Malley.

S.E.H Kelly – Production locale

L’industrie textile, aujourd’hui complétement globalisée, est particulièrement gourmande en ressources naturelles. La matière première, coton ou laine, doit être filée, tissée, puis transformée en produits finis par une usine de confection, et ce n’est qu’après tout ceci que le vêtement peut espérer être distribué. Les ressources et savoir faire nécessaire à toutes ces étapes sont bien souvent présents sur différents continents et il n’est pas rare qu’un pull ait déjà parcouru plusieurs milliers de kilomètres avant d’arriver sur vos épaules.

A l’heure où les consommateurs sont de mieux en mieux informés, de nombreuses tendances de consommation ont émergées, au début principalement dans le secteur alimentaire : Le bio, le commerce équitable et la consommation de produits locaux en sont de bons exemples. Ces tendances se sont ensuite élargis à d’autre secteurs et notamment à celui de l’habillement, Veja propose ainsi des sneakers équitables et Stella McCartney utilise du coton bio pour sa collection capsule, et ceux-ci ne sont que des exemples…

Pourquoi-donc ne pas commencer à proposer des vêtements ayant été fabriqués au maximum localement ?

C’est à cette question que répondent l’équipe derrière S.E.H Kelly. Une expérience professionnelle à Savile Row a permis aux fondateurs de cette jeune marque londonienne de nouer des contacts avec certains des derniers producteurs de tissus anglais. La marque s’est imposée comme contrainte de ne sourcer ses tissus et boutons que sur le sol britannique. Au delà des considérations purement environnementales, cela permet aussi de soutenir l’industrie locale, qui a connu des plus beaux jours.

Leur première véritable collection, dont les photos illustrent cet article, propose des styles dans l’air du temps, des coupes casual simples et efficaces, fortement inspirés du workwear. C’est cependant aux tissus qu’il faut particulièrement s’intéresser : certaines chemises sont en sergé 80 % coton et 20% laine et une dans un mélange 95% laine et 5% cachemire. Tous ont été tissés en Grande-Bretagne et l’ensemble de la collection a été confectionné entre Londres et le Somerset.

Il ne reste plus qu’à cultiver du coton en Angleterre et la boucle sera bouclée !

L’ensemble de leur collection est disponible sur leur site :

http://www.sehkelly.com/

The Rig Out 3

On ne présente plus la boutique en ligne anglaise Oi Polloi et sa sélection pointue. Chose intéressante, Oi polloi publie depuis quelques temps un magazine, mettant en avant leur sélection autour d’articles originaux et de belles photos. Le magasin de Manchester en est à son troisième numéro et la qualité de la publication n’a cessé de s’améliorer depuis la première parution en Juin 2009.

On imagine que The Rig Out est un outil de communication efficace pour véhiculer les valeurs de Oi Polloi, et mettre en scène leur sélection dans un environnement plus « lifestyle ».

De nombreuses entreprises à l’origine des magazines arrivant aujourd’hui sur le marché sont présentes sur trois fronts : la presse, le commerce avec une boutique, et un support internet mixant blog et web-shop. Les trois fonctionnant de manière complémentaire, faisant la promotion des autres, et créant un véritable univers que peut adopter le client.

Alors que les dernières années ont vu se multiplier les marques de vêtement couplées à des labels de musique (APC, Kitsune…), et que la presse traditionnelle semble emboiter le pas à l’industrie du disque en s’inclinant face à l’internet, un nouveau business-model serait en train d’apparaître ? Bien sûr, il est difficile de comparer The Rig Out, Inventory et Monocle car ces entreprises ont des origines diverses et des cœurs de métier qu’on imagine bien différents, cependant il sera intéressant de surveiller leurs évolutions…

Voici quelques images issues du magazine, qu’il sera possible d’acheter au magasin Levi’s Vintage à Paris, ou directement sur le site des auteurs.

US Army field jackets : M-1943, M-1951 et M-1965

M65 - Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

M65 – Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

Continuons notre inventaire des pièces militaires cultes avec les vestes de combat ou field jackets de l’armée US : les M-1943, M-1951 et M-1965 (respectivement M43, M51 et M65). Les field jackets sont apparues au cours de la seconde guerre mondiale, où l’expérience sur le terrain des soldats américains démontra que l’équipement de l’époque (La courte M41 et le Service Coat) n’était pas approprié.

M43 Alpha Industries

Reproduction de M43 par Alpha Industries

La M43 fut distribuée à partir de 1944 par l’armée américaine, elle est le fruit d’un tout nouveau principe alors mis en avant par la division équipement de l’armée : celui d’un uniforme composé d’une superposition de différentes couches. En effet, l’armée américaine étant présente sur différents fronts, il était important de développer un équipement modulable et adaptable. L’équipement du soldat américain est depuis composé de multiples pièces à superposer en fonction des conditions climatiques et/ou de l’aisance nécessaire. Les field jackets furent les piliers centraux des uniformes US et ne sont donc pas forcément des vestes chaudes, elles peuvent accueillir une doublure (boutonnable ou non) et c’est avant tout ce que l’ont va mettre au dessus ou en dessous qui va permettre de se réchauffer, de se protéger de la pluie, de la neige … (je conseille au passage la lecture de l’article de Hell’s Kitchen sur la M44, sous-couche possible de la M43)

La M43 est une veste longue, arrivant aux hanches et qui possède quatre poches cargos sur l’avant, deux à la poitrine et deux au niveau des hanches. Un lien interne au niveau de la taille permet de serrer la veste à son gré, et un rabat au niveau du col permet de fermer ce dernier en vue de protéger son cou si nécessaire. Le col, qui conserve la forme en pointe des service coats, peut accueillir une capuche grâce à des boutons. Les autres boutons de cette veste, aussi bien aux poches qu’au niveau de fermeture centrale, sont cachés en vue d’éviter toute gêne avec le matériel.

Cette veste fut adoptée rapidement et fit preuve de son efficacité, à tel point que de nombreux pays développèrent depuis des vestes étrangement ressemblantes …

M51 - Supreme SS 2010

Reproduction de M51 par Supreme – Collection SS 2010

Quelques années plus tard, la guerre de Corée créa de nouveaux besoins d’équipement, et la M43 fut améliorée. C’est ainsi qu’est née la M50, veste qui n’eut qu’une courte durée de vie car rapidement remplacée par la M51. Les M50 sont des M43 un petit peu modifiées, en effet des boutons furent ajoutés en vue d’accueillir une doublure, boutonnable cette fois. S’en est suivit la M51, encore une modernisation mineure car un zip fut ajouté à la fermeture centrale de la veste, et les boutons furent remplacés par des boutons clipsables en métal, sur le rabat de la veste et aux poches. Les boutons classiques aux poignets ainsi qu’au col furent conservés.

M65 - Alpha Industries

Reproduction de M65 par Alpha Industries

Enfin, la M65 est la field jacket ayant été distribuée le plus longtemps, ce qui a fait d’elle une pièce véritablement culte. Développée par l’armée américaine en 1965, en plein milieu de la guerre du Vietnam, elle est l’évolution de la M43 et de la M51 et a progressivement remplacée cette dernière. Le col fut changé en col rond, et un zip y fut intégré afin d’y rouler une capuche dans la doublure. Les boutons aux poignets, ainsi que le rabat au col furent cette fois remplacés par des bandes velcro.

Après de longues années de service, elle finit sa carrière en 2009 mais restera surement encore longtemps la pièce phare de tous les surplus.

Woody Allen en M51 - Annie Hall

Woody Allen en M51 dans Annie Hall (1977) – On apercoit « USMC » (US Marine Corps) sur la poche gauche

 

Robert de Niro en M65 - Taxi Driver

Robert de Niro en M65 dans Taxi Driver (1976)

 

M51 - Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

M51 – Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

 

M65 - Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

M65 – Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

Carolyn Massey – Printemps/été 2011

Alors que c’est officiellement l’automne depuis quelques jours, certains designers continuent de nous présenter leurs collections de l’été prochain. Carolyn Massey, la créatrice anglaise que l’on suit de près depuis maintenant plusieurs saisons, nous évite cependant tout choc thermique en diffusant cette superbe vidéo, qui semble avoir été tournée en Bretagne ou en Normandie.

Un paysage rural, des nuages et du vent servent de toile de fond pour la présentation de sa collection printemps/été 2011, portée par des modèles aux allures de promeneurs côtiers. Si les longues chemises dépassant sous les pulls ne feront sûrement pas l’unanimité, les magnifiques nuances de beige, de rouille et de blanc, ainsi que les vestes d’inspiration utilitaire semblent être de belles réussites.

Vestes de l'armée francaise : Satin 300, F1 et F2

Aujourd’hui, toute l’offre en matière de veste, blouson et manteau est basée sur des rééditions ou des adaptations de modèles classiques, généralement des vêtements militaires ou utilitaires. Il est toujours passionnant de retourner à la source de l’inspiration des créateurs et industriels actuels. Cet article est le premier d’une série de descriptions de pièces militaires cultes inspirant les créateurs d’aujourd’hui, détaillant les évolutions de vêtements purement fonctionnels à travers le temps.

Veste M64 ou Satin 300

Commençons par étudier un modèle que tout le monde ou presque possède dans sa garde robe : les vestes F1 et F2 de l’armée française. Trouvable dans tous les surplus français pour un prix très abordable, elle est à peu près portée par tout le monde en France, de la fashionista au bcbg. Mais cette veste se trouve aussi très facilement dans des surplus à l’étranger, profitant d’un succès global.

Veste M64 ou Satin 300, aperçu du rabat coupe-vent

Jusqu’au début des années 80, la tenue du combattant français, alors appelée M64 ou Satin 300 était composée d’un tissu satiné plutôt épais d’où celle-ci tirait son nom. La forme de la veste de cette tenue semble annoncer de manière grossière les F1 et F2, celle-ci est en effet bien plus large et plus longue. Les spécificités des vestes françaises sont déjà présentes : deux poches poitrines verticales s’ouvrant avec un zip, et deux poches à revers aux hanches. Cette veste possède des épaulettes et une capuche amovible qui peut se boutonner derrière le col. De plus, un cordon interne permet de serrer la veste à la taille, à la manière des field jackets américaines. Des boutons permettent de fermer les poignets ainsi que les poches à revers mais aucun n’est apparent, il s’agit en effet d’éviter que quoi que ce soit n’entrave la manipulation du matériel.

 

Veste F1 raccourcie

L’épaisseur du tissu de cette tenue la rend pénible à utiliser lorsqu’il fait chaud, et c’est pour cette raison que celle-ci a été remplacée au début des années 80 par la tenue F1.

La tenue F1 se démarque principalement de la S300 par le tissu utilisé pour sa confection : un herringbone 65 % coton et 35% polyester 210gr/m. Ce tissu est en effet plus léger, si bien qu’il posera rapidement des problèmes de résistance. Le style de la veste subit lui aussi une mise à jour, celle-ci devient plus près du corps et des détails fonctionnels sont améliorés : Les boutons sont remplacés par des boutons pressions et les poches zippés s’ouvrent cette fois vers le bas, et non l’inverse. Les boutons destinés à l’accueil de la capuche sont supprimés et le rabat coupe-vent disparaît lui aussi.

Veste F1 raccourcie

Trouvant les S300 et F1 trop longues, il était très commun de voir des officiers les faire raccourcir chez un tailleur. Même maintenant, il est fréquent de tomber sur ces versions modifiées dans des surplus. Non seulement la veste est raccourcie, mais un élastique couvrant tout le pan arrière de la veste est souvent ajouté.

Veste F2, aperçu du rabat coupe-vent

A la fin des années 80, la F1 est remplacée par la F2, les modifications apportées par les officiers ont été appliqué sur la nouvelle veste : deux élastiques équipent maintenant l’arrière de la veste et celle-ci est plus courte faisant du coup disparaître le cordon interne qui permettait de la serrer à la taille. Le tissu est bien sûr remplacé par une version plus résistante du précédent, du herringbone 65% coton et 35% polyester 270 gr/m.  Le rabat coupe-vent réapparaît, mais est plus petit qu’il fut sur les satin 300 et ne couvre que le haut de la veste.

Il arrive maintenant de voir des F2 sans les poches au niveau des hanches, celles-ci furent en effet supprimées en 1994 car elles n’étaient que très peu utilisées sur le terrain.

Veste F2

Le look sympa ainsi que l’étendu du succès de cette veste, bien au delà de son utilisation première, en a fait un vêtement véritablement culte. Et c’est avec grand plaisir que l’on ressent sa présence derrière de nombreuses créations actuelles.

Veste APC d’il y a quelques saisons

Kitsuné – Publicité par Jean-Philippe Delhomme

Ce fut une agréable surprise de trouver ces images dans ma boite e-mail tout à l’heure. Kitsuné, pour sa première campagne de publicité, a travaillé avec Jean-Philippe Delhomme pour créer 4 affiches présentant la très qualitative collection automne-hiver 2010. Le résultat est très bon, audacieux et possède une pointe d’humour irrésistible. Les vêtements n’étant que peu présentés, il semble que la campagne ait pour but de véhiculer plus clairement l’image de marque de Kitsuné, qui n’avait jusqu’ici que peu  profité de telles attentions. Kitsuné veut donc se présenter comme une marque chic, cultivée, et ne se prenant pas au sérieux. On adhère.

Je vous conseille au passage de découvrir les autres travaux du talentueux Jean-Philippe Delhomme sur son site ou sur son fameux blog Unknown Hispter.

Levi's par Filson – Oil Finish Trucker Jacket

Dernièrement, nous étions plutôt déçus des collaborations annoncées par les marques que nous suivons, Supreme n’impressionne plus tandis APC et Carhartt méritaient mieux. Même si ces collaborations ont sûrement réussi à faire venir les curieux dans les magasins entre deux saisons, pas grand chose d’intéressant à retenir au niveau des produits.

Aujourd’hui, Filson et Levis, deux entreprises centenaires américaines s’allient pour créer une petite collection qui apporte un peu de fraîcheur. Parmi des produits globalement en denim, une pièce sort du lot : la trucker jacket en tin cloth.

La formule est simple, prenez une veste Levi’s type 3 à poches, le fameux tissu « Tin cloth » – signature de la marque de Seattle – et ajoutez-y un col et des poignets dégradés. Faîtes confectionner le tout aux Etats-Unis et vous aurez une belle pièce 100% américaine qui prendra une belle patine avec le temps.

J’ai toujours apprécié les collaborations simples de ce goût, mixant une coupe classique avec un tissu reconnu. A porter lorsque votre M65 en K-way APC ne vous tient pas assez chaud.

Disponible sur le site de Filson.