L'Outil de Production


Parmi les jeunes marques françaises de maroquinerie haut de gamme dont on entend un peu parler en ce moment (Emissar, Trémoulière ou Bleu de Chauffe par exemple), nous avons la chance de pouvoir en ajouter une à ce beau tableau. L’Outil de Production fait pourtant un peu bande à part: la marque existe depuis les années 60 même s’il aura fallu attendre 2011 pour la voir réactualisée. Il s’agit au début de la marque d’un atelier de confection de Touraine qui réalisait des pièces de cuir pour montrer son savoir faire à ses clients. Apparemment la démarche a fait ses preuves, l’atelier travaille aujourd’hui pour Louis Vuitton, Hermès ou Goyard et d’autres grands noms du marché du luxe.

Après avoir retrouvé en 2009 quelques dessins et prototypes ou même des matières premières des collections d’origine, L’Outil de Production se relance et développe aujourd’hui une collection a destination des particuliers, non plus seulement destinée à faire l’inventaire des compétences de l’atelier. En plein regain d’intérêt pour les pièces durables que l’on connaît depuis quelques mois maintenant, la marque travaille de beaux cuirs et une toile de haute qualité en profitant de mains d’orfèvres, qui s’attachent à réaliser des finitions minutieuses (tranches peintes à la main, zip RiRi, numérotation des pièces…)

Voici quelques premières images de la première collection du nouveau visage de la marque, nous reviendrons vers vous pour vous en dire plus sur la distribution quand nous aurons plus d’information.

La moleskine – Histoire d'un tissu



Veste en moleskine – LL Bean

Le workwear ayant eu ses heures de gloire récemment, on a beaucoup parlé de moleskine, la matière de référence pour le workwear français. Mais qu’est-ce que la moleskine?

Le nom moleskine vient de l’anglais « mole skin », qui signifie littéralement « peau de taupe » en référence au touché de la matière. Le dictionnaire Larousse en ligne définit la matière comme étant une « Étoffe de coton lustré, que l’on employait autrefois pour faire des doublures de vêtements » ou encore une « Toile vernie imitant le maroquin ou le cuir, constituée par une étoffe recouverte d’un enduit et d’un vernis. (Elle est utilisée en gainerie et en reliure.) ». Le mot décrit aussi un type de cuir tel que celui qui recouvre les carnets de la marque du même nom. Finalement, une ancienne définition de 1668 décrit la moleskine comme « désignant la fourrure de peau de taupe ou toute fourrure dont le rasage des poils lui donnerait un aspect semblable » élargit en 1803 à « surface du tissu étant rasée au cours de la fabrication de ce velours ».

Au cours de mes recherches, j’ai également regardé la définition dans l’Eternel masculin, de Bernhard Roetzel, qui renvoit la matière au velours. Bref me voilà perdu face à des définitions bien différentes, surtout que certains forums anglophones tel que askandyaboutclothes parlent de la moleskine vernie comme d’une hérésie. Alors d’où vient cette matière?



Des fabricants d’acier à Sheffield

Certaines sources parlent de sa première utilisation par les fabricants d’acier de Sheffield, en Angleterre, pour ses qualités protectrices : la matière étant tissée très serrée et ayant des « poils » courts, l’acier fondu glissait dessus, protégeant les ouvriers des éclaboussures. La moleskine était utilisée dans la fabrication de leurs pantalons mais aussi des tabliers.

Le tissu est de la famille des futaines, tissé serré et en coton brossé lui donnant un effet duveteux qui est ensuite tondu pour lui donner cet effet peau de taupe. Tout comme le jean, la matière est connue pour être solide et s’embellir avec l’âge avec l’avantage supplémentaire d’être chaude et donc adaptée pour l’hiver.

Comme le souligne Mr.Freedom dans son interview pour Hell’s Kitchen, ce qui fait la différence entre le workwear français et américain est l’utilisation de matières différentes: la moleskine pour les Français et le denim pour les américains.



Pantalon en moleskine blanc pour tailleur de pierre

En France, le vêtement de travail s’est développé à la fin du XVIIe siècle en réponse à l’évolution de l’industrie. Les vêtements étaient alors constitués de tissus en coton tissé de manières différentes tel que le velour, le satin et la moleskine. Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’Adolphe Lafont a eu l’idée de créer des habits adaptés à chaque profession avec pour exemple un pantalon en moleskine blanc et une veste en velour noir pour les charpentiers.



Un largeot en velour – Le Laboureur

Ce pantalon, du nom de largeot, s’est vu attribué une couleur différente selon la profession de celui qui le portait: écru pour les tailleurs de pierre et sculpteurs, noir pour les charpentiers et couvreurs et marron pour les menuisiers ou ébénistes. Les mécaniciens et chauffeurs se sont quand à eux vu dotés de la couleur bleue, d’où le nom « bleu de chauffe » pour décrire ce vêtement. Les teintures artificielles n’existant pas, l’indigo était utilisé pour teindre ces vêtements leurs donnant les mêmes capacités de délavage que le jean.

Comme l’a définie le Larousse, la moleskine était bien utilisée « autrefois » pour les doublures et encore aujourd’hui, notamment pour les poches de Barbour. Si vous vous étiez déjà demandé comme moi quelle était cette matière chaude et douce dans laquelle vous fourriez vos mains au moindre coup de vents cet hiver, nous voilà fixé!



Pantalon d’ouvrier en moleskine bleu – Le Mousquetaire


Pantalon en moleskine – Lambourne

Crédit photo: la vie en bleu de travail, Flickr, Google images

La Belle Échoppe !

Nos lecteurs les plus assidus auront peut être remarqué nos allusions discrètes (très discrètes) à un nouveau projet sur lequel nous travaillons depuis quelques mois maintenant. On peut enfin mettre un nom dessus et vous en parler un peu plus !

Ça fait environ un an et demi que FrenchTrotters nous accompagne, et on a eu envie de pousser notre collaboration un peu plus loin en décidant de travailler ensemble sur un projet de boutique en ligne entièrement consacré à la création française.

Après quelques mois d’exploration, de rencontres et trouvailles formidables, La Belle Échoppe ouvrira bientôt ses portes aux alentours de la mi-avril.

La boutique proposera une sélection de belles choses exclusivement fabriquées en France: des vêtements mais également toutes sortes de beaux objets. Vous pourrez notamment y trouver les eaux de Cologne Institut Très Bien, les sacs Bleu de Chauffe, les marinières Le Minor, mais aussi des chausses pieds, des peignes, du savon de Marseille et autres accessoires issues du savoir faire formidable que l’on trouve encore en France, que ce soit auprès de fabricants « historiques » que de jeunes créateurs misant sur une production locale.

On ne se refait pas: le site sera également accompagné d’un blog relatant l’histoire de ces produits et mettant en lumière leurs techniques de fabrication.

Nous vous invitons à vous inscrire à la newsletter (ici) qui vous tiendra informé une fois le moment venu, à suivre la page Facebook de ce nouveau site ou même à nous rejoindre sur le compte Twitter, pour commencer à planter le décor et à en discuter si vous le souhaitez. À bientôt !

Emissar

Un peu à la manière de Steve Opperman, le créateur de Temple Bags, Emissar se sert de toile militaire pour réaliser ses modèles. Si le premier était un passionné qui partageait ses restaurations de sacs sur son blog au début et à ouvert sa boutique ensuite, Emissar est une marque française qui utilise le matériau pour développer et fabriquer à Paris sa collection.

Le résultat du travail d’Emissar est beaucoup plus fin: la toile militaire américaine de récupération conserve ses inscriptions d’origine, du cuir de veau et du lin font le reste pour les sangles et les doublures.

La marque, qui se positionne tout de suite à un niveau assez haut de gamme, n’est distribuée qu’en exclusivité chez colette pour le moment. Je vous laisse avec quelques images du Négociateur, de l’Aviateur et du Navigateur ainsi qu’avec quelques clichés de l’atelier de confection parisien.

Négociateur: un attaché case avec une poche rembourrée pour les ordinateurs portables.

Navigateur: un sac 48h inspiré des kits de vol des pilotes.

Aviateur: un fourre tout inspiré par le sac du casque des pilotes de l’US Air Force.

 

 

 

 

Paraboot – Made in France

para - copie

Cela fait pas mal de temps que les gens sont de plus en plus attachés à l’origine et la fabrication des produits. Les « sneakers addict » et fans de streetwear ont été remplacés par les « Monocle Men », soudainement obsédés par les vidéos de manufacture et de grosses mains d’artisans, ce qui n’a fait que renforcer cette tendance, évidente aujourd’hui.

Du coup, les trois quarts des marques américaines ont rebondis en vitesse en renforçant leur secteur « héritage » et se sont mis a filmer les unes après les autres leur processus de fabrication, créant une addiction générale pour le continent Outre-Atlantique.

Alors bien sûr, cet article n’a aucunement l’intention de descendre des marques comme Alden, Levi’s ou Pendleton qui ont joué le jeu de la tendance mettant en avant leur héritage véritable quand tout le monde semble s’en chercher un, mais bien de souligner que le Made in France aussi pourrait avoir le vent en poupe.

Il y a en effet en France de belles marques prestigieuses même si certaines ont du délocaliser leur production. Paraboot, elle, continue de fabriquer 350 000 paires par an dans la vallée de l’Isère par leurs 200 artisans. La marque  n’a plus rien à prouver: elle fabrique de la même façon depuis 1919 de belles chaussures robustes et authentiques, et bien que Richard-Pontvert le fondateur, ai ramené le concept des boots sur semelles en gommes des Amériques, la marque est la seule aujourd’hui dans le monde à fabriquer ses propres semelles en latex.

ParabootParaboot

Une tradition respectée au millimètre mais qui n’a jamais mis sur le côté l’innovation. Grâce à ce savoir-faire inestimable, Paraboot a su produire de façon impeccable des derby golf et demi-chasses, des mocassins et autres qui ont rendu cette marque terriblement respectée. Aussi, pour les nouveaux accrocs du travail bien fait, Paraboot montre depuis toujours sur son site des photos d’artisans minutieux, de beau cuir travaillé et de vieilles mains sales à l’œuvre, bref tout est là pour séduire, surtout qu’on accroche particulièrement en ce moment avec les chaussures à boudins. Leurs noms ? Les Michael. Une paire légendaire de 1945, destinée aux agriculteurs, aux bûcherons et aux ouvriers de l’époque…

Michael

 

Laurent Laporte,
whereisthecool.blogspot.com