Levi’s par Filson – Hunter Trucker Jacket

Je vous avais parlé l’an dernier de la première collection résultant des efforts conjoints de Levi’s et de Filson et plus particulièrement de la version en Tin Cloth de la légendaire Trucker Jacket de Levi’s. Anecdote sympa : on avait aussi croisée cette veste sur Jon Hamm lorsqu’il troqua ses costumes de Don Draper pour jouer dans un clip de Herman Düne.

Dernièrement, Filson s’était vu greffée une sous-marque nommée « Filson Black Label », fabriquée intégralement en Italie. Cette sous-marque (license ?) s’inspirait de l’héritage de Filson pour proposer des pièces dans l’air du temps. Bien que certaines soient intéressantes, il est regrettable de noter un branding légèrement ambigüe et certaines pièces qui vont un peu trop loin dans l’ajout de poches et de boutons à l’origine suspecte.

Au delà de ça, la bonne nouvelle c’est que Filson et Levi’s nous sortent une deuxième collection.

Au menu donc, un Levi’s 505 en Tin Cloth, une western shirt en Tin Cloth aussi et surtout un hybride entre veste de chasse et trucker jacket des plus réussies. La première version de la trucker jacket en Tin Cloth, sûrement suite à son succès, se voit aussi ré-éditée.

Considérant que la veste de chasse sort largement du lot, détaillons-la un peu. Tout d’abord la « oil finish shelter cloth hunter trucker jacket » (rien que ca), se veut donc être un savant mélange entre une trucker jacket Levi’s (ou type 3) et une veste de chasse de chez Filson.

Reprenant la coupe classique d’une trucker jacket Levi’s, le denim est abandonné pour le shelter cloth couleur « vert loutre », sorte de version légère et très imperméable du fameux tin cloth de Filson. Un zip est ajouté et les boutons sont couverts, laissant le bouton du centre partiellement découvert. Enfin une poche gibier apparaît dans le dos, qui permettra de stocker une perdrix, un canard, ou plus simplement votre journal comme suggéré sur la photo ci-dessous.

Il ne reste plus qu’à espérer que cette nouvelle collection sera distribuée en Europe, ce qui n’était hélas pas le cas de la précédente…

En attendant elle est disponible pour les américains sur le site de Filson.

The Vintage Showroom


La devanture du magasin au 14 Earlham Street à Londres

On compte surtout les marchés quand on parle de vintage à Londres : Spitalfields le jeudi, Portobello le vendredi, Camden le samedi et Bricklane le dimanche. Si on me demande c’est le programme que je suivrais. Quand il s’agit de boutiques, on tombe souvent sur un os : le prix. Les loyers à Londres sont chers et ça se ressent sur l’étiquette . Alors comment se démarquer de moult boutiques de vintage londoniennes qui proposent souvent tout et n’importe quoi pour des prix loin de raisonnables? The Vintage Showroom fait partie des exemples qui font bande à part de cette faune et propose réellement des produits de qualités, rares et même s’ils sont loin d’être gratuits, valent souvent le prix affiché.



Un aperçu de l’étage principal du magasin

Vintage de l’armée américaine, française ou anglaise en passant par de beaux exemples de chemises hawaïennes, des vestiges des heures de gloire de l’air preppy avec vestes en madras ou chinos d’époque sans oublier workwear français et grands noms du denim d’outre manche, le tout est réuni dans cette espace ouvert toute la semaine. Simon le manager et James, son assistant, sauront vous aider à trouver votre bonheur.

Pour ceux qui cherchent quelque chose de bien particulier, le sous-sol peut être rendu accessible sur demande. Le but de l’endroit est de montrer une sélection des belles pièces que Doug Gunn et son acolyte Roy Luckett gardent à l’écart des yeux du public pour le plaisir des professionnels du cinéma et de la mode.


Le sous-sol: ouvert uniquement sur demande

Lors de notre rencontre avec Doug, nous avons eu la chance d’apprendre en exclusivité qu’ils lanceront prochainement leur marque : F.W Collins, nommée d’après le magasin que la boutique a remplacé. L’avantage de ce nom est son histoire. Avec plus de 160 ans d’existence, le magasin a de quoi raconter une où deux anecdotes pour inspirer les futures collections de la marque. De leurs côté, avec 35 ans d’expérience cumulées dans le monde de la fripe, on fait confiance aux deux associés pour faire les choses bien. Les produits devraient être disponibles à la boutique pour le printemps prochain. Un peu de patience, on ne manquera pas de vous donner plus d’information dès que possible.



La plaque de F.W.Collins

Le clou du spectacle s’est déroulé le jour précédent, lorsque nous avons eu la chance de visiter le studio du Vintage Showroom. L’accès y est exclusivement réservé aux professionnels malheureusement, donc si vous voulez juste jeter un œil, ça risque d’être compliqué.

L’endroit recèle de trésors incroyables : Une Ursula suit réalisé par Barbour sur demande du Capitaine George Phillips, commandant du sous-marin HMS Ursula en 1937, est surement un des plus impressionnant. Vous n’aurez sûrement pas l’occasion d’en voir une autre de si tôt. Quand on sait que c’est de là que provient l’idée de la Barbour International portée notamment par Steve McQueen, ça laisse rêveur.



Doug Gunn


Plus on avance dans le showroom, plus nos yeux d’amateurs s’écarquillent, les pièces sont plus rares les unes que les autres et les prix le montrent bien. C’est beau, c’est rare, c’est inaccessible au commun des mortels que nous sommes, bref, c’est incroyable. Bienvenue au paradis du vintage.


Veste en camo reversible et Belstaff Trialmaster à la patine incroyable


Merci à Doug pour cette chance, on suivra le lancement prochain de F.W. Collins de très près, vous pouvez en être sûr.


The Vintage Showroom
14 Earlham Street
London, WC2H 9LN
t: +44 (0)207 836 3964
e: sm@thevintageshowroom.com

www.thevintageshowroom.com

La moleskine – Histoire d'un tissu



Veste en moleskine – LL Bean

Le workwear ayant eu ses heures de gloire récemment, on a beaucoup parlé de moleskine, la matière de référence pour le workwear français. Mais qu’est-ce que la moleskine?

Le nom moleskine vient de l’anglais « mole skin », qui signifie littéralement « peau de taupe » en référence au touché de la matière. Le dictionnaire Larousse en ligne définit la matière comme étant une « Étoffe de coton lustré, que l’on employait autrefois pour faire des doublures de vêtements » ou encore une « Toile vernie imitant le maroquin ou le cuir, constituée par une étoffe recouverte d’un enduit et d’un vernis. (Elle est utilisée en gainerie et en reliure.) ». Le mot décrit aussi un type de cuir tel que celui qui recouvre les carnets de la marque du même nom. Finalement, une ancienne définition de 1668 décrit la moleskine comme « désignant la fourrure de peau de taupe ou toute fourrure dont le rasage des poils lui donnerait un aspect semblable » élargit en 1803 à « surface du tissu étant rasée au cours de la fabrication de ce velours ».

Au cours de mes recherches, j’ai également regardé la définition dans l’Eternel masculin, de Bernhard Roetzel, qui renvoit la matière au velours. Bref me voilà perdu face à des définitions bien différentes, surtout que certains forums anglophones tel que askandyaboutclothes parlent de la moleskine vernie comme d’une hérésie. Alors d’où vient cette matière?



Des fabricants d’acier à Sheffield

Certaines sources parlent de sa première utilisation par les fabricants d’acier de Sheffield, en Angleterre, pour ses qualités protectrices : la matière étant tissée très serrée et ayant des « poils » courts, l’acier fondu glissait dessus, protégeant les ouvriers des éclaboussures. La moleskine était utilisée dans la fabrication de leurs pantalons mais aussi des tabliers.

Le tissu est de la famille des futaines, tissé serré et en coton brossé lui donnant un effet duveteux qui est ensuite tondu pour lui donner cet effet peau de taupe. Tout comme le jean, la matière est connue pour être solide et s’embellir avec l’âge avec l’avantage supplémentaire d’être chaude et donc adaptée pour l’hiver.

Comme le souligne Mr.Freedom dans son interview pour Hell’s Kitchen, ce qui fait la différence entre le workwear français et américain est l’utilisation de matières différentes: la moleskine pour les Français et le denim pour les américains.



Pantalon en moleskine blanc pour tailleur de pierre

En France, le vêtement de travail s’est développé à la fin du XVIIe siècle en réponse à l’évolution de l’industrie. Les vêtements étaient alors constitués de tissus en coton tissé de manières différentes tel que le velour, le satin et la moleskine. Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’Adolphe Lafont a eu l’idée de créer des habits adaptés à chaque profession avec pour exemple un pantalon en moleskine blanc et une veste en velour noir pour les charpentiers.



Un largeot en velour – Le Laboureur

Ce pantalon, du nom de largeot, s’est vu attribué une couleur différente selon la profession de celui qui le portait: écru pour les tailleurs de pierre et sculpteurs, noir pour les charpentiers et couvreurs et marron pour les menuisiers ou ébénistes. Les mécaniciens et chauffeurs se sont quand à eux vu dotés de la couleur bleue, d’où le nom « bleu de chauffe » pour décrire ce vêtement. Les teintures artificielles n’existant pas, l’indigo était utilisé pour teindre ces vêtements leurs donnant les mêmes capacités de délavage que le jean.

Comme l’a définie le Larousse, la moleskine était bien utilisée « autrefois » pour les doublures et encore aujourd’hui, notamment pour les poches de Barbour. Si vous vous étiez déjà demandé comme moi quelle était cette matière chaude et douce dans laquelle vous fourriez vos mains au moindre coup de vents cet hiver, nous voilà fixé!



Pantalon d’ouvrier en moleskine bleu – Le Mousquetaire


Pantalon en moleskine – Lambourne

Crédit photo: la vie en bleu de travail, Flickr, Google images