Pour vos beaux yeux – Nice et Paris


La devanture incroyable de la boutique parisienne, coiffée d’une enseigne digne des années 30.

Choisir une paire de lunettes, c’est toujours très compliqué. Même si on en trouve à tous les prix, de toutes les formes et dans tous les matériaux, quand on en vient au choix d’une monture on se confronte à un problème de taille: les marques qui de nos jours réussissent à faire de besicles de beaux objets se font très rares. Rayban et Persol inondent le marché, Krys et Afflelou, on a pas envie d’y aller, pas plus que de porter une paire siglée CK ou D&G. Les dernières marques un peu confidentielles en date à faire de jolies choses c’est sûrement Oliver Peoples, Moscot ou des lunetiers de haut vol comme Maison Bonnet (très beau Maison Bonnet et tout bonnement inabordable). Seulement voilà, on fini tous par avoir les mêmes lorgnons sur le nez. On a donc un problème. Les plus hardis d’entre nous iront peut être jusqu’à chiner de vieilles montures entre deux marchés aux puces: ça prend du temps, et quand on ne connaît pas, on a vite fait d’acheter hyper cher une fausse Baush&Lomb en mauvais état, persuadé d’avoir fait une bonne affaire (oui, ça sent le vécu).


À l’intérieur ça ne sent pas la poussière: on voyage dans le temps à la recherche de la paire ultime.

« Pour vos beaux yeux » ça résout pas mal des problèmes exposés ci-dessus. Comme toute histoire cool dans ce milieu, ça commence par la passion. Charles Mosa n’est pas un opticien comme les autres: collectionneur passionné de lunettes, il recherche à travers le monde des vieux stocks de véritables montures anciennes. Entendez donc « deadstock »: des paires vieilles mais neuves , n’ayant encore jamais été portées. En bon commerçant il décide donc de vendre ses trouvailles dans un petit coin de sa première boutique d’optique classique à Nice. Il y propose des modèles datant des années 20 aux années 80 (plusieurs spécialistes s’accordent là dessus, c’est environ à cette période que les entreprises ont vraiment recherché à maximiser leurs marges en délocalisant et en laissant la qualité de leurs produits se dégrader). La réponse des clients ne s’est pas faite attendre et « Pour vos beaux yeux » est maintenant dédiée et spécialisée dans les montures anciennes.

Mais rassurez vous, le succès ne s’est pas arrêté là et si vous n’avez pas la chance de vous déplacer souvent jusqu’à Nice, une deuxième boutique « Pour vos beaux yeux » a ouvert il y a quelques mois au Passage du Grand Cerf à Paris, près de la rue Tiquettone. On peut donc plus facilement trouver de belles montures originales que l’on est quasiment sûr de ne pas retrouver sur le nez de son voisin et ça, ça fait du bien.


Certaines lunettes ont leur emballage d’origine… avis aux collectionneurs.

Non content de proposer des produits impecables d’une qualité que l’on ne connait que trop rarement de nos jours, Charles Mosa a également pris le parti d’imaginer des boutiques incroyables pour présenter le fruit de son travail de passionné. Meubles anciens, instruments optiques, devantures et enseignes soignées jusqu’au dernier détail: l’écrin est parfait, on est de retour 50 ans en arrière avant même d’avoir passé la porte.

En plus, « Pour vos beaux yeux » fonctionne, comme un vrai opticien: il mesure les corrections, adapte vos verres et peut également gérer le remboursement de vos lunettes selon votre mutuelle.



Les costumes des films de Wes Anderson


The Royal Tenenbaums (2001)


Au cinéma, les costumes sont là pour servir l’histoire, ils permettent généralement de retranscrire une époque, la personnalité d’un personnage, ses aspirations et ses évolutions. Les costumes viennent donc appuyer le travail narratif et se font souvent discret, afin de ne pas distraire le spectateur de l’intrigue. Dans les films de Wes Anderson, il en est tout autre et les costumes ont une visibilité inhabituelle. Ici tout est fait pour que les vêtements définissent, de manière bien ostentatoire, les personnages et nous fasse adhérer à un univers plutôt particulier. Les costumes y font l’objet d’une minutie impressionnante et c’est un véritable plaisir que de se laisser guider à travers les frasques de ces personnages souvent farfelus aux looks intemporels. En effet, impossible de retranscrire à l’écran des modes éphémères telles que traitées dans les magazine de mode, Karen Patch, costumière pour Bottle Rocket (1996), Rushmore (1998) et The Royal Tenenbaums (2001), le confirme dans une interview à W magazine : « Il faut faire attention parce qu’un an après la création des costumes, lorsque le film sort dans les salles, un certain look peut être dépassé. C’est pour cela qu’il faut chercher à faire des choses plutôt classiques. ». Et lorsque Karen Patch n’est pas aux commandes, c’est Milena Canonero, géante du costume design qui s’en charge. Sachant qu’elle a notamment travaillé sur Barry Lindon, Out of Africa et Le Parrain 3, Wes Anderson pouvait difficilement se tromper en travaillant avec elle.


Rushmore (1998) – le tweed bien épais semble être un classique du corps professoral à travers le monde


Ces costumes nous permettent avant tout d’être plongé dans le monde du réalisateur : monde étonnant où chacun a son uniforme et où souvent, l’habit fait le moine. Ainsi les costumes de certains personnages ne changent jamais. On va jusqu’à imaginer que Max Fisher, dans Rushmore, possède une garde robe entière de blazers bleu marine et de chemises oxford bleues. Ceci est même mis en image au début de The Royal Tenenbaums où l’on voit Chas s’habiller. Que ce soit dans Rushmore (1998), The Royal Tennenbaums (2001), Life Aquatic with Steve Zissou (2004) ou The Darjeeling Limited (2007), les costumes ajoutent toujours une part d’inexplicable, d’irréel. Cette prise de distance avec la réalité permet d’ancrer le spectateur dans un monde loufoque, où l’on s’imagine que tout est possible. Cela, ajouté aux décors et à certaines animations, participe grandement à l’ambiance si particulière ayant fait le succès de ces films.


The Royal Tenenbaums (2001) – Chas Tenenbaum a l’embarras du choix…

 

The Royal Tenenbaums (2001)

 

Il est aussi intéressant de noter la traduction vestimentaire des liens entre les personnages. Par exemple, Margot Tenenbaum, tout comme sa mère, porte un sac à main classique de chez Hermès. Cependant, Margot a opté pour un Birkin alors que sa mère possède le plus classique Kelly. Certains soutiennent que le Birkin, créé dans les années 80, est une actualisation du Kelly, qui lui est apparut dans les années 30. Il paraît ainsi logique d’attribuer le Kelly à Ethelyn Tenenbaum et le Birkin à sa fille. C’est aussi un aspect fort du film Darjeeling Limited où les trois frères portent toujours des tenues coordonnées, souvent accompagnées de la maroquinerie monogrammée de leur père défunt.


The Royal Tenenbaums (2001) – Ethelyn Tenenbaum et son Kelly

 

The Darjeeling Limited (2007)


Mais ces liens vestimentaires ne se limitent pas aux familles, et comme en vrai, les vêtements servent aussi à se fondre dans son environnement, à adapter l’image que l’on souhaite présenter. Normal donc de voir Max Fisher troquer son uniforme de parfait preppy pour tout autre chose lorsqu’il quitte Rushmore. Il en est de même pour Ned Plimton qui quitte ses tshirt, vestes et autres accessoires estampillés « Air Kentucky » lorsqu’il rejoint l’équipe de Steve Zissou, reconnaissable à ses bonnets rouges, ses Adidas customisées et de superbes pulls marins à col châle.


Life Aquatic with Steve Zissou (2004) – Ces chaussures sont en fait des Adidas Rom créées spécialement pour le film, étonnament Adidas ne les a jamais commercialisées.

 

Life Aquatic with Steve Zissou (2004) – Pull marin à col châle

 

Beaucoup des films de Wes Anderson se passent aux Etats-Unis, et cela se ressent aussi bien dans les décors que dans les costumes. Particulièrement pour les films où Karen Patch s’occupe du costume design : Bottle Rocket (1996) , Rushmore (1998) et The Royal Tenenbaums (2001). Les chemises sont button-down et en oxford bleu, et les cravates club s’associent à des blazers bleu marine et à des chinos. Des noeuds papillons des personnages secondaires jusqu’aux mocassins portés par Margot Tenenbaum : On ne serait pas étonné d’apprendre que ces costumes aient tous été achetés chez Brooks Brothers…


Bottle Rocket (1996) – Bien que la garde robe du film soit bien ancrée dans les 90s, on y trouve tout de même le traditionnel combo : blazer/chino/chemise OCBD/cravate club

 

Rushmore (1998) – Jason Schwartzman en parfait preppy

 

Et lorsque le costume design s’éloigne des classiques américains, les influences restent liées aux Etats-Unis. C’est par exemple le cas dans The Darjeeling Limited, où les costumes cintrés, ceinturés sur le dos et avec des poches plaquées à rabat sortent tout droit de l’imagination de Marc Jacobs. Celui-ci n’est d’ailleurs pas étranger au fait que la maroquinerie du film ait été conçue chez Louis Vuitton.


The Darjeeling Limited (2007) – Vous avez remarqué la poche à rabat à la poitrine ?

 

The Darjeeling Limited (2007) – L’arrière de ces vestes. Casual juste ce qu’il faut


L’influence des costumes de ces films, notamment de Royal Tennebaums, a largement dépassé leur rôle et ont marqué beaucoup de spectateurs. A tel point que la sortie d’un film de Wes Anderson est à chaque fois un événement dans le monde du vêtement. Par exemple, pour la sortie de Fantastic Mr. Fox aux Etats-Unis, on a pu voir la vitrine du grand magasin Bergdorf Goodman à New-York être décoré avec des marionnettes du film. Et preuve ultime de l’entrée de ces costumes dans les esprits : impossible de passer une soirée de halloween aux Etats-Unis sans croiser des Richie et des Margot Tenenbaum à tous les coins de rue. Il y aurait beaucoup encore à dire, mais je vous laisse juger par vous même avec quelques photos supplémentaires qui ne rendent pas vraiment honneur aux films (par ailleurs tous disponibles en DVD).


The Royal Tenenbaums (2001) – Bill Murray en veste de velour « 3/2 roll » : une veste à 3 bouton transformée en veste à 2 boutons


The Royal Tenenbaums (2001) – Owen Wilson parvient à rendre élégantes des tenues fortement inspirées de l’ouest américain


Fantastic Mr. Fox (2009)

 

The Royal Tenenbaums (2001) – Danny Glover semble sortir tout juste de chez Brooks Brothers

 

Fantastic Mr. Fox (2009)


The Darjeeling Limited (2007) – La courte apparition de Bill Muray dans ce film fait son effet avec une belle association de couleurs


The Royal Tenenbaums (2001) – Norfolk jacket et ascot


Bottle Rocket (1996)


Oliver Peoples – O'Malley

Alors que les lunettes à grosses montures sont incontestablement de retour, et pas seulement chez les plus branchés, on remarque autour de nous que les formes s’arrondissent légèrement.

Une bonne occasion pour traiter du modèle classique de la marque de lunettes californienne Oliver Peoples : les O’Malley. La courte histoire de Oliver Peoples remonte à 1988, année à laquelle la marque se lança en commercialisant des modèles aux allures vintages. Larry Leight, à l’origine opticien, raconte que la marque fut créée après l’achat lors d’une vente aux enchères de la totalité de la collection d’un dénommé Oliver Peoples, collectionneur averti et passionné de lunettes vintages. L’entreprise s’est donc lancé en vendant les montures issues de la collection de M. Peoples, puis continua en produisant ses propres modèles.

Une de leurs premières réalisation, la O’Malley nommée après l’ancien propriétaire des LA Dodgers, est devenue la plus emblématique de la marque ainsi que la mieux vendue. On la voit d’ailleurs apparaître au nez de Patrick Bateman dans American Psycho, film dont on apprécie énormément les costumes. Bizarrement, la marque a décidé d’arrêter la production de ce modèle phare au début des années 2000, peu avant qu’apparaisse l’engouement général pour les montures plus imposantes. Mais il est toujours très facile de trouver des lunettes semblables, rappelant les années 50 et ses preppies, chez de nombreux fabricants français ou étrangers.

Ceci-dit, Oliver Peoples propose toujours un modèle assez similaire, la Riley, qu’il est possible de se procurer en différentes tailles et couleurs (notamment de nombreuses variantes de coloris écaille), afin de s’assurer qu’elles s’accordent parfaitement aux traits du porteur.

Ci-dessous, quelques images extraites du film American Psycho (2000) de Mary Harron où l’on peut voir les O’Malley.