Tout beau, tout neuf

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Back back dans les bacs !

Redingote pour nous a toujours été un projet en cours. Un peu comme une maison de vacances dont les rénovations ne se termineront jamais. Un petit coin de paradis. L’endroit sur internet où on se permet d’errer sans but précis, d’essayer des choses, de partager, de se tromper, de tenter des collaborations ou des partenariats avec nos amis, des lecteurs, des gens qu’on estime. Il y a eu des hauts, des bas, de la latence, des soubresauts, des bonnes idées, de mauvaises, de l’énergie et du temps investi…

Toujours est il que 7 ans après nous n’avons toujours pas quitté le navire et qu’on a encore envie de le faire vivre et avancer, de rencontrer toujours plus de gens, découvrir et apprendre toujours plus de choses.

Avec cette nouvelle maquette la recette ne change pas, c’est toujours nous derrière, 4 types indépendants et passionnés qui n’ont pas encore été racheté par un groupe de communication pour diffuser des publicités douteuses (donnez nous un coup de fil, on ne sait jamais).

De temps en temps vous y trouverez sûrement des articles incroyables de notre entourage ou de personnes dont la vision n’est pas trop éloignée de la notre. D’ ailleurs si vous avez des idées n’hésitez pas, on se fera un plaisir d’en discuter. Par contre on en avait un peu marre de ce format. Retour à la simplicité donc, place à l’image, toujours peu d’articles, toujours sur des choses qui nous intéressent et qu’on a plaisir à partager.

À bientôt !

S.E.H Kelly – Interview

Nous vous avions parlé de S.E.H Kelly il y a un peu moins d’un an. Cette toute jeune marque anglaise a pour particularité, outre le fait qu’ils ne fasse confectionner leurs vêtements qu’au Royaume-Uni, de n’utiliser que des tissus et autres accessoires tissés et fabriqués sur place. Nous avions à l’époque été séduit par une telle démarche, qui a l’intérêt de pousser encore plus loin le concept d’une production locale de vêtement. Bien entendu nous aurions sûrement été moins intéressé si leurs produits ne nous plaisaient pas autant. Nous les avons rencontré il y a peu et leur avons poser quelques questions, l’occasion de revenir sur leur expérience et sur l’avenir de S.E.H Kelly. Cet article est illustré par des images provenant de la section Makers de leur site, mettant en valeur le travail de leur fournisseurs à l’aide de très belles photos. Ici une usine produisant des draps de laine, localisée dans le Yorkshire.

Redingote : Nous pensons que les gens s’intéressent de plus en plus à ce qu’ils consomment. Ils souhaitent savoir d’où viennent ces produits, comment ceux-ci ont été réalisés et par qui. Avez-vous remarqué un tel regain d’intérêt ?

S.E.H Kelly : C’est une des raisons qui nous a poussé à lancer S.E.H Kelly. Nous avions remarqué que les gens commencent doucement à s’intéresser à l’origine des produits. Qui a fait ca ? Et comment ? Est-ce que c’est vraiment de la qualité ? Est-ce qu’ils pourront porter ça toute leur vie ? Ce sont autant de questions auxquelles nous tentons d’apporter des réponses.

C’est pour cela que nos collections sont toutes petites, nous voulions proposer des produits simples, rien de trop guidé par les tendances. Uniquement des pièces que les gens pourront garder et porter durant des années, peu importe ce qui sera à la mode.

Lorsque nous écrivons à propos d’une nouvelle chemise ou d’une nouvelle veste, nous ne décrivons pas vraiment la manière dont celle-ci est cintrée ou comment elle va rendre son propriétaire cool. Nous préférons parler de la provenance du tissu et de ce genre de choses. Nous pensons que c’est plus intéressant, que cela a plus de valeur.

Pour nous il est aussi très important de parler des gens avec qui nous travaillons. Si ils en venaient à cesser leur activité ce serait alors très difficile de relancer cette industrie en Angleterre. Ce serait vraiment une grande perte. Par exemple nous travaillions avec une bonneterie qui a tout simplement disparu lors de nos deux premiers mois d’activité. Du jour au lendemain, nous n’avons plus eu aucune nouvelle d’eux.

Nous aimons particulièrement travailler avec des usines à Londres parce que nous pouvons aller les voir régulièrement : pour les rencontrer, voir ce qu’ils font et s’assurer que le niveau de qualité est conforme à nos attentes. D’autres fabricants avec qui nous travaillons au Royaume-Uni existent depuis des centaines d’années et nous avions travaillé avec eux sur Savile Row, donc nous connaissons leurs méthodes. Certains de leurs employés travaillent là-bas depuis plus de 30 ans, alors nous connaissons effectivement les personnes qui réalisent nos produits.

Ce sont vraiment eux les professionnels. On lit beaucoup de choses à propos des difficultés que rencontre le secteur en ce moment. Ils n’ont pas vraiment besoin de nous en fait. Dernièrement la demande a beaucoup augmenté, beaucoup de marques recommencent à produire au Royaume-Uni.

Redingote : Nous avons remarqué un véritable support pour cette industrie au Royaume-Uni, par exemple la campagne de sensibilisation « Save Our Skills » du magazine Drapers (sorte de « Journal du Textile » anglais). Avez-vous l’impression que les choses ont un peu changé ?

S.E.H Kelly : On a l’impression que beaucoup de marques réalisent que les consommateurs sont intéressés par des prduits premiums faits au Royaume-Uni. Certains de nos fournisseurs ne travaillaient qu’avec des marques traditionnelles, et maintenant les plus grandes chaînes de magasins veulent travailler avec eux. C’est surtout dû au prestige de proposer un produit Made in UK. C’est une très bonne chose pour les usines, nous espérons que cela va continuer.

Redingote : Vous avez décidé de ne travailler qu’avec des tissus ou accessoires provenant du Royaume-Uni . J’imagine que cela a un impact sur vos collections. De quelle manière cette contrainte influence-t-elle vos créations ?

S.E.H Kelly : Il y a des choses que nous ne pouvons pas faire. Certains tissus, par exemple, ne sont tout simplement pas disponibles ici. C’est le cas des tissus techniques mais il est aussi très difficile de faire fabriquer des T-shirt en jersey ici. Il y a peut-être une ou deux usines pour cela, mais elles ont des minimums de quantité élevés, ce que nous ne pouvons pas encore faire. Par contre au Royaume-Uni il est assez facile de trouver de la laine, du lin et de la soie.

Cela peut aussi avoir un bon côté d’être limité ainsi, cela force à être plus créatif. Nous avons été obligé de penser à des manières originales d’utiliser des tissus. Par exemple il est très facile de se procurer de la laine ou du cachemire ici, contrairement au coton ou plus généralement aux tissus pour chemises, c’est pour cela que certaines de nos chemises sont constituées d’un mélange de laine et de cachemire.

Redingote : Nous avons lu que Thomas Mason (un fabricant anglais historique de tissus pour chemises) avait délocalisé sa production ?

S.E.H Kelly : En effet, la production a été délocalisée en Italie. Cela veut dire qu’il nous a fallut réfléchir à d’autres tissus qui fonctionneraient pour fabriquer une belle chemise. Certaines de nos chemises sont bien plus épaisses que d’habitude car elles sont en partie constituées de cachemire. Le lin est toujours très bon au Royaume-Uni alors nous en utilisons aussi pour nos chemises.

Cela nous force aussi à collaborer de manière plus étroite avec nos fournisseurs. Nous avons travaillé sur des tissus exclusifs avec certains fabricants afin d’avoir plus de variété, plus de couleurs. Ce n’est pas quelque chose que nous nous serions embêtés à faire si nous avions eu accès à tous les tissus du monde.

Redingote : Quelle importance a votre expérience sur Savile Row dans votre travail d’aujourd’hui ?

S.E.H Kelly : Je n’ai pas vraiment appliqué les même styles, parce que je travaillais sur des pièces bien plus structurées, certaines plus casuals aussi, mais principalement des costumes. J’étais en charge du développement de produit pour la gamme prêt à porter d’une maison de Savile Row. Cela signifie que les designers m’apportaient leurs créations et que je devais développer les produits avec les usines. Certaines de ces usines sont totalement hors de notre portée maintenant, ils proposent des tissus à plus de 100 £ le mètre. Sur Savile Row il était possible de les utiliser parce que c’était vraiment du très haut de gamme. C’est intéressant parce que nous travaillons maintenant avec les mêmes usines, mais nous utilisons des tissus plus accessibles.

Redingote : Pour l’instant vos produits ne sont disponibles que sur votre site internet. Est-ce que vous projetez d’être distribués en boutique multi-marque ?

S.E.H Kelly : Nous avons discuté avec quelques magasins au début, des magasins dans lesquels nous aimerions bien être maintenant. Nous n’étions juste pas certains de pouvoir faire ceci tout en conservant des prix raisonnables. Nous allons peut-être venir à Capsule à Paris en janvier prochain, mais d’abord il nous faut travailler à diviser notre offre en différentes gammes de prix. Nous pourrons ensuite voir comment distribuer nos produits dans différents magasins.

Redingote : On ressent une forte inspiration workwear derrière votre dernière collection, comment cela va-t-il évoluer ?

S.E.H Kelly : Je pense que nous sommes en train de nous éloigner intuitivement du workwear.

Les produits sur lesquels j’ai travaillé au cours de mon expérience à Savile Row étaient totalement différents, c’était presque l’opposé. Utiliser des tissus et matières premières provenant de ce monde pour les appliquer sur des styles complètement différents était très intéréssant.

Quoiqu’il arrive, nos collections seront toujours composées de produits simples dans des couleurs plutôt neutres.

Pour la prochaine collection, quelques pieces sont influencées par un côté plus tailoring, certaines pièces d’extérieur font penser à certaines des pièces les plus casual sur lesquelles j’ai pu travailler sur Savile Row. Evidemment nous ne metterons pas d’épaulettes ou quoique ce soit de trop structuré, cela restera donc assez proche de ce que nous faisons déjà.

Ce qui est bien avec le workwear c’est l’aspect fonctionnel des pièces : Où disposer les poches ? Quelles profondeur celles-ci doivent-elles avoir ? Mais cela n’est pas uniquement important pour le workwear, et nous pensons constamment à ceci lorsque nous concevons nos collections.

"Pluie norvégienne"

Malgré les éclaircies dont nous avons eu la chance de profiter ces derniers jours, il semble que la météo française ait décidé de revenir un peu sur ses humeurs ensoleillées pour les jours à venir. Qu’à cela ne tienne, trouver une veste ou un manteau dans laquelle on trouvera plaisir à s’abriter est au moins une raison de se réjouir de la pluie.

Norwegian Rain se spécialise dans le créneau de la protection contre les précipitations et semble être une des marques qui pousse la démarche le plus loin (ormis ArcTeryx et autres habitués du vêtements technique). Élaborée en première ligne à Bergen, « la ville la plus pluvieuse de toute l’Europe », Norwegian Rain sait y faire en matière de vêtement de pluie: la marque allie recherche esthétique, matériaux techniques et tailoring norvégien.

Suivant la direction artistique de Alexander Helle et du designer/tailleur T-Michael, les collections se composent de pièces simples (ok, certaines sont un peu compliquées, mais restent « légères » à l’oeil), techniquement recherchées. Les vêtements traditionnels japonais sont utilisés comme inspiration mais les coupes imaginées par les deux designers savent s’en affranchir. Le côté utile des pièces n’est en tout cas jamais perdu de vue et le but principal est bien de pouvoir rester au sec avec élégance.

Comme ArcTeryx Veillance, Norwegian Rain applique des matières de haute technologie à des pièces ayant un but esthétique, peut être pour s’affranchir du look randonneur qui a eu beaucoup de succès ces derniers temps tout en respectant certaines exigences de technicité. Chaque matière utilisée pour réaliser les pièces de Norwegian Rain on été traitées en utilisant la « Technologie des 3 couches » : la première couche extérieure est hydrofugée, la seconde est une membrane imperméable et respirante (qui laisse passer l’air) et la troisième est une doublure en satin, très agréable au toucher. Chaque couture se voit appliqué un film thermo-collé qui vient assurer que l’eau ne puisse pas y rentrer. Pour couronner le tout, les matières japonaises sont faites de matériaux recyclés.

Assez confidentielle la marque a néanmoins sa boutique en ligne ou vous pourrez jeter un oeil aux pièces de ses deux premières collections. Je vous avoue que le Raincho qui s’ouvre par devant m’a l’air d’une pièce particulièrement intéressante et j’aimerais bien savoir ce que ça donne une fois porté…


 

Umit Benan – Retired Rockers


Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »

Au cours de diverses recherches sur internet je suis tombé nez à nez avec une marque pour le moins inattendue : Umit Benan.

« U mite quoi? » est la première réaction que j’ai eu, et je ne dois pas être le seul. Umit Benan est en fait le nom du créateur. D’origine Turque ce jeune homme de 31 ans, ou sur le point de les avoir si mes calculs sont bons, a fait un bout de chemin : né en Allemagne, il est ensuite allé en Turquie à 15 ans pour continuer ses études et travailler en même temps dans l’usine textile de son père. S’en suit un début de tour du monde : lycée en Suisse, puis études à Boston, Milan, Londres et New York. Après avoir travaillé entre autre chez Marc Jacobs, il retourne s’installer à Milan et décide de lancer sa marque éponyme en 2009. En bref, il s’agit de quelqu’un qui a vu du pays.


Collection Automne/Hiver 2009 « Day 77″


Ce qui m’a plu est avant tout sa manière de présenter ses collections : les modèles utilisés ont tous de « la gueule » et posent avec humour et de manière décalée de beaucoup de ce qu’on peut voir pour une marque ayant ce positionnement prix. Les thèmes de collections ne manquent pas d’humour non plus : que ce soit « Retired Rockers » ou « Investment Bankers », les sujets sont tournés à la dérision et les modèles proposés collent parfaitement avec les personnages, nous donnant envie de porter ces vêtements et de nous mettre à leurs place.

Du côté des pièces présentées, la marque nous propose de belles coupes pour toutes occasions ainsi qu’une très bonne sélection de matières et de couleurs. C’est portable, c’est classique et original à la fois, c’est beau.

Collection Printemps/Eté 2010 « Cuba »


Umit Benan arrive même à associer des éléments de la garde robe masculine qu’on n’aurait pas imaginé ensemble. Dans la collection de l’été prochain on retrouve par exemple le sarouel décliné à diverses sauces: avec un costume trois-pièces, une veste croisée, un cardigan épais, ou tout simplement taille haute. Je suis le premier à être un peu réticent face au port du sarouel, mais après réflexion, pourquoi pas?

Que ce soit la présentation de la collection en elle-même, les modèles choisis ou les vêtements, Umit Benan a sûrement un bel avenir et on compte bien le suivre dorénavant. Et vous, vous aimez?


Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »


Malgré le jeune âge de cette marque, la revue de presse disponible sur le site est impressionnante et nous fait regretter de ne pas avoir découvert cet hurluberlu du haut de gamme (dans le bon sens du terme) plus tôt. Vous pourrez trouver ci-dessous d’avantage de photos des collections à venir (P/E 2011 et A/H 2011) ainsi que passées (A/H 2009, P/E 2010 et A/H 2010).

http://www.umitbenan.com/


Collection Automne/Hiver 2009 « Day 77″

Collection Automne/Hiver 2009 « Day 77″


Collection Printemps/Eté 2010 « Cuba »


Collection Printemps/Eté 2010 « Cuba »


Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »


Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »


Collection Automne/Hiver 2010 « Retired Rockers »


Collection Printemps/Eté 2011 « Home Sweet home »


Collection Printemps/Eté 2011 « Home Sweet home »


 

Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »



Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »


 

Collection Automne/Hiver 2011 « Investment Bankers »