Last


Last but not least

En terme de mode masculine, le Japon est sûrement le pays où l’on trouve les journaux spécialisés les plus pointus au monde. C’est donc toujours un plaisir de parcourir les rayons de la librairie japonaise Junku à Paris (je vous en avais déjà parlé ici) à la recherche de nouvelles merveilles de maniaquerie obsessionnelle.

Mon dernier butin s’appelle Last, se lit à l’envers, et ne possède que de très rares phrases déchiffrables par le non-japonophone que je suis. Last, les calcéophiles les plus bilingues d’entre vous le savent déjà, signifie « forme » en anglais: c’est un terme qui décrit l’outil en bois ou en plastique sur lequel va être bâti et « formé » un soulier. Last est donc bien entendu dédié aux amateurs de belles chaussures, et le numéro que j’ai entre les mains propose un véritable abécédaire des grands bottiers internationaux: y figurent nos nationaux Corthay, John Lobb, Paraboot, Berluti, aux côtés de classiques tels qu’Edward Green ou Alden, et accompagnés de quelques découvertes.

La mise en page et les visuels sont d’une qualité assez rare, et chaque marque est présentée accompagnée de quelques-uns de ses modèles emblématiques. Sont aussi présentés quelques visites d’ateliers français d’exception, notamment ceux de John Lobb et de Berluti, et d’un tailleur japonais basé à Courbevoie dont il me tarde d’apprendre un peu plus …


Mr Porter fête ses un an en couleurs




Voilà déjà un an que le site de vente en ligne Mr Porter s’est ouvert pour le plus grand plaisir des hommes amoureux de belles choses, et il faut le dire, de toutes ces personnes occupées qui n’avaient pas le temps de faire du shopping.

Après avoir ouvert Net-à-Porter en juin 2000 avec le concept novateur à l’époque de vendre des produits de luxe en ligne, Natalie Massenet, fondatrice et directrice du groupe, a lancé la version masculine du site en 2010. Il est intéressant de noter que Net-à-Porter, le site initial,  a tout de même mit 4 ans avant d’être profitable, et n’a apparement pas cessé de l’être depuis. 2010 a également été l’année où Net-à-Porter a été vendu au groupe Richemont pour la coquette somme de £350 millions. Une belle réussite pour un projet que beaucoup pensaient voué à l’échec lors de son lancement.

Mr Porter reprend donc le même concept que Net-à-Porter: proposer à ces messieurs des produits de luxe avec des marques comme Lanvin, Martin Margiela ou Yves Saint Laurent, mais aussi des produits plus abordables comme ceux proposés par J.Crew, Folk ou Hentsch Man. L’ouverture du site exclusivement masculin fut aussi l’occasion de voir arriver sur la toile des marques  n’étant jusqu’ici souvent disponibles qu’en magasin tel que Turnbull & Asser, Charvet ou John Lobb.


Terry Betts et Toby Bateman de Mr Porter (© A Continuous Lean)

Il faut dire que peu de choses avaient été laissées au hasard pour l’ouverture de ce deuxième volet. La partie éditoriale est tenue par Jeremy Langmaed, l’ancien éditeur en chef de Esquire UK et Jodie Harrison de GQ, tandis que Toby Bateman, ancien directeur des achats homme chez Selfridges, et Terry Betts ancien acheteur chez Harvey Nichols s’occupent des achats.

Avec une ligne éditoriale pointue et une presence sur internet assez impressionante, on peut dire sans trop se tromper que la première année d’existence de Mr Porter a été réussie et que ce n’est qu’un début.

Pour marquer le coup, le site met en ligne dès aujourd’hui une collection de pochettes, sobrement nommée « the pocket square project », conçues en collaboration avec 10 marques présentes sur le site. Un total de 50 exemplaires par modèle sera mit en vente avec un nombre très limité de coffrets comprenant les 10 modèles. Une jolie manière de marquer le coup.

www.mrporter.com

Band of Outsiders

Drakes

Hiroyoshi the Third

Jean Shop

Oliver Spencer

Our Legacy

Richard James

The Elder Statesman

YMC


Les chaussures du prince Charles

Les amateurs de beaux souliers le savent sûrement déjà, le prince Charles a une relation toute particulière avec ses chaussures. La presse anglaise y voit un moyen facile de se moquer du prétendant au trône, on peut notamment y lire que le prince Charles porte des chaussures plus vieilles que ses enfants ou même qu’elles sont une preuve que la crise économique touche aussi la famille royale.

C’est indéniable, ces chaussures ont surement accompagné le prince durant de longues années. Mais bien que leur apparence manque de fraîcheur, et que l’on aime ce type de glaçage ou non, ces chaussures ont un cachet certain. Résultat du travail d’orfèvre de John Lobb, le fameux bottier sur mesure de St. James à Londres, elles sont la preuve que des chaussures de qualité peuvent vous accompagner toute une vie. Le prince aurait même une paire depuis plus de 40 ans. Se pose alors la question de l’entretien : crémages, cirages, et toute la bonne volonté du monde ne suffisent pas, car après de nombreuses années des trous finissent par apparaître dans le cuir. La seule solution pour conserver ces chaussures est donc d’appliquer des patchs de cuirs, sortes de rustines qui finissent d’achever le look d’antiquité de la paire d’oxfords noirs en photo ci-dessous.

Certains argumenteront que ces chaussures ressemblent plus à des épaves qu’à la belle paire d’oxfords de l’origine et ils auront sûrement raison. Cependant je trouve qu’elles signent de manière originale, et avec un décalage certain, les tenues toujours travaillées du prince. Et puis à l’heure où l’on peut acheter des chaussures qui s’auto-détruiront après quelques sorties, c’est une véritable démonstration de consommation durable.

Je ne vais pas m’étendre trop sur la maison Lobb, qui mériterait un long article, mais sachez que le John Lobb de St James à Londres et en fait indépendant de l’enseigne internationale du même nom contrôlée par Hermès. Pour la petite histoire, les boutiques John Lobb londoniennes et parisiennes furent à l’origine créées par la même famille. Hermès racheta la filiale française en 1976, et continue d’y fabriquer des souliers sur-mesure selon la même tradition et les mêmes critères de qualités. Cependant la marque de luxe lui a greffé une gamme de prêt-à-chausser, disponible aujourd’hui dans le monde entier.

Voici d’autres paires d’exception du prince, ainsi que quelques photos de sa visite dans les ateliers de John Lobb ltd., provenant du site du bottier.