Les chaussures du prince Charles

Les amateurs de beaux souliers le savent sûrement déjà, le prince Charles a une relation toute particulière avec ses chaussures. La presse anglaise y voit un moyen facile de se moquer du prétendant au trône, on peut notamment y lire que le prince Charles porte des chaussures plus vieilles que ses enfants ou même qu’elles sont une preuve que la crise économique touche aussi la famille royale.

C’est indéniable, ces chaussures ont surement accompagné le prince durant de longues années. Mais bien que leur apparence manque de fraîcheur, et que l’on aime ce type de glaçage ou non, ces chaussures ont un cachet certain. Résultat du travail d’orfèvre de John Lobb, le fameux bottier sur mesure de St. James à Londres, elles sont la preuve que des chaussures de qualité peuvent vous accompagner toute une vie. Le prince aurait même une paire depuis plus de 40 ans. Se pose alors la question de l’entretien : crémages, cirages, et toute la bonne volonté du monde ne suffisent pas, car après de nombreuses années des trous finissent par apparaître dans le cuir. La seule solution pour conserver ces chaussures est donc d’appliquer des patchs de cuirs, sortes de rustines qui finissent d’achever le look d’antiquité de la paire d’oxfords noirs en photo ci-dessous.

Certains argumenteront que ces chaussures ressemblent plus à des épaves qu’à la belle paire d’oxfords de l’origine et ils auront sûrement raison. Cependant je trouve qu’elles signent de manière originale, et avec un décalage certain, les tenues toujours travaillées du prince. Et puis à l’heure où l’on peut acheter des chaussures qui s’auto-détruiront après quelques sorties, c’est une véritable démonstration de consommation durable.

Je ne vais pas m’étendre trop sur la maison Lobb, qui mériterait un long article, mais sachez que le John Lobb de St James à Londres et en fait indépendant de l’enseigne internationale du même nom contrôlée par Hermès. Pour la petite histoire, les boutiques John Lobb londoniennes et parisiennes furent à l’origine créées par la même famille. Hermès racheta la filiale française en 1976, et continue d’y fabriquer des souliers sur-mesure selon la même tradition et les mêmes critères de qualités. Cependant la marque de luxe lui a greffé une gamme de prêt-à-chausser, disponible aujourd’hui dans le monde entier.

Voici d’autres paires d’exception du prince, ainsi que quelques photos de sa visite dans les ateliers de John Lobb ltd., provenant du site du bottier.