Carmina – Visite d’Atelier

09260016

Comme le Port Salut

On connait Majorque pour ses plages, ses cyclistes et ses cités balnéaires abordables.
Ce que l’on sait moins c’est que cette île, qui abrita le tout premier Club Med, est aussi le centre d’une industrie de la chaussure florissante : siège historique de Camper, elle est aussi la patrie des marques plus habillées Carmina et Meermin.
Originellement sur place pour gravir des cols à coups de pédale et pour se reposer à coups de plages paradisiaques, le blogueur dilettante qui sommeillait en moi s’est soudain éveillé lorsqu’est venu le souvenir de Carmina, et a troqué cuissards et maillots de bain pour se taper une bonne vieille visite d’atelier.
On est en août, il fait 35°C dehors, peut-être 45°C dans l’atelier, on peaufine donc des Carmina en tongs et en marcel. L’occasion de se rappeler de cette visite de l’atelier Weston il y a quelques années, et de voir combien les ateliers sont structurés différemment. L’occasion aussi d’apprécier la finesse des formes maison, l’impressionnant choix de cuir cordovan travaillé sur place, et d’en prendre plein les yeux sur le niveau des finitions.
Une visite qui s’achèvera par un détour en boutique, pour l’essayage de magnifiques bottines et doubles boucles en cordovan, avant de péniblement remettre ses trop confortables espadrilles pour reprendre la direction de la plage.

91200008

Lire la suite

"Septième largeur"

Une double moine qui s’en va rejoindre le garage des grands classiques


Il y a quelques semaines j’ai eu l’occasion de découvrir une nouvelle saveur acide du monde impitoyable de la chaussure haut de gamme pour homme: le prix de l’entretien. Ayant évidement fait le fou avec mes deux paires préférées (un superbe mocassin Church et une derby Alden en cordovan), il était logique que les semelles commencent un jour à faiblir. Une Church qui laisse passer la lumière et une Alden dont les coutures pètent ça n’est pas vraiment rutilant. Plein de naïveté je pousse la porte de chez Vanneau, le légendaire cordonnier de la rue Vanneau à Paris, dont le diagnostic est cruel et immédiat: il faut tout refaire. Le coeur déjà serré je m’enquiers du prix de l’opération, le verdict tombe et la coquette s’élève à 135 euros par paire. Comme l’on pouvait s’y attendre, le prix de la réfection totale et manuelle d’une semelle de belle chaussure est assez élevé. Noël vient de passer, les fêtes de fin d’année également, j’ai été très généreux et je suis donc un peu à sec, je décide donc de remettre le ravalement à plus tard. Une fois la porte franchie dans l’autre sens, plein d’amertume de ne pas avoir fait plus attention et grommelant en marchant, je décide d’aller taquiner l’étalage de mon fripier habituel. Ça ne manque pas, je n’y trouve rien et commence à penser que mettre la main sur une paire supplémentaire en attendant de laisser reposer mes chaussures favorites ne va pas être chose facile. Là, soudainement, un vague souvenir refait surface, une image volée lors d’une session de lèche vitrine passée revient sur le devant de la scène: il y avait bien un chausseur dont je voulais tester les produits qui avait un positionnement prix correct et à propos duquel j’avais lu et entendu une pléthore d’avis positifs. Ni une ni deux, je remonte dans le métro le plus proche et me dirige vers Notre Dame de Lorette à la recherche de la rue Saint Lazare.


Une photo de la devanture, empruntée sur le site de la marque. Merci !

 

Une fois dans la rue je lorgne avec amertume ce maudit poteau qui aura vu mon cher vélo disparaître plus tôt en décembre et me met en route vers le numéro 59. Ô joie ! la boutique est ouverte et dans ma précipitation j’avais oublié le calendrier: nous sommes à quelques jours des soldes d’hiver et Septième Largeur vient de commencer ses ventes privées avec une réduction de 30% sur une belle sélection de modèles. Un accueil réservé me rappelle que nous sommes bien dans une boutique pour les messieurs. Qu’à cela ne tienne je me met à l’aise et commence à en faire le tour, flânant de pied en pied, de bottines en mocassins. Je dois avoir l’air un peu étrange à inspecter chaque pièce comme un enfant lorgne un insecte à la loupe. « Puis je vous renseigner monsieur ? » pour la deuxième fois, je rassure le vendeur « Pas encore, mais je cherche quelque chose, je viens vous voir dès que je sais ce qui m’intéresse ». Voilà qui devrait lui permettre de me laisser finir mon inspection.

Après moult aller et retour entre les articles, une double boucle noire que je n’avais pas repéré finit par se détacher du lot et par chance ma pointure est disponible. Je m’approche du même vendeur qui se demandait ce que je pouvais bien examiner de la sorte un peu plus tôt et lui demande à essayer la paire. Il me fait asseoir et ouvre la chaussure, j’y entre, il cale le chausse pied à l’intérieur et pousse pour m’aider à terminer de l’enfiler. Pas de doutes, nous sommes bien ici chez un chausseur et non pas chez un marchand de chaussures, on sent déjà qu’on ne déconne ni avec le produit ni avec le service client qui est impeccable.

La main dans le sac, les patins ne sont pas encore posés.

La chance se décide enfin à me sourire et la double boucle me va parfaitement. Je fais quelques pas dans la boutique après m’être vu tâter les pieds et le chaussant me paraît très agréable. Dernières questions de routine sur la fabrication et la cire de finition présente sur la semelle (qui laisse les coutures du Goodyear invisible, d’où mon étonnement premier), questions qui ne gênent pas du tout mon interlocuteur qui se fait d’ailler un plaisir de parler un peu chaussure. L’affaire est dans le sac avec les embauchoirs correspondants ainsi qu’un pot de crème pour cordovan que l’on a parfois du mal à trouver à Paris (il y en a également chez FrenchTrotters, Anatomica et Carmina si vous en cherchez). Toujours un peu sceptique quand on parle chaussure, affaire pour le moins sérieuse, l’achat est fait avec cette légère sensation de doute et une petite idée en tête « si je ne suis pas content, je n’y reviendrai pas »…


De bien belles boucles, de bien belles finitions.


Après un mois de port et quelques douleurs les deux premiers jours, le temps que jeunesse du cuir se passe, je suis comme dans des chaussons dans ma paire de Septième Largeur. Avec le recul c’est réellement le meilleur rapport qualité prix que j’ai eu l’occasion de croiser dans ce petit monde: cuir de la tige de belle qualité, celui utilisé pour la doublure également très agréable au toucher, un cousu Goodyear impeccable, un chaussant bien étudié, le tout pour un prix tout à fait raisonnable même hors promotion. On trouve facilement chez Septième Largeur une jolie paire faite par un chausseur pour moins de 300€, ce que les amateurs de belles chaussures savent être très compliqué. Je vois d’ici les sceptiques au sourire goguenard, pourtant le secret du prix abordable n’est pas très loin: Marcos Fernandez, qui a fondé la marque après un joli parcours dans la création de chaussures, supprime des intermédiaires que d’autres marques ont choisi de s’offrir. Ainsi la marque n’est distribuée que via la boutique/showroom Septième Largeur de la rue Saint Lazare et son site internet se libèrant ainsi de la marge des détaillants et des loyers de boutiques en propre sur les plus belles avenues du monde, ce qui lui permet de développer des produits de meilleure qualité sans que les prix s’envolent. Notez que sa communication est fondée sur le bouche à oreille et la presse spécialisée, d’amateur de chaussure à amateur de chaussure, ce qui lui évite également de réaliser des séances photos, de payer pour leurs diffusions, ou de louer les services d’une agence de presse tout en touchant directement son coeur de cible.

Au niveau design Marcos et son (jeune) neveu Mathieu Preiss on décidé de suivre de près les classiques du genres, imposés au fur et à mesure par l’histoire du soulier masculin. Vous y trouverez donc des mocassins, des demi-chasse, des doubles boucles, des bottines et autres richelieu que l’industrie connait bien: ce qui réduit encore les risques de défauts de qualité et bien évidement, les risques de fautes de goût qui concernent malheureusement pas mal de messieurs se souciant pourtant beaucoup de leurs vestiaires aujourd’hui.

Pour les amateurs Septième Largeur se spécialise également dans la patine artisanale de vos souliers: à vous les coloris uniques, les touches de couleurs incroyables et personnalisé vous permettant d’être le plus beau de la rue.

Tout se passe donc ici: Septième Largeur, 59 rue Saint Lazare 75009, du Lundi au Samedi de 10h à 19h, 01.55.32.33.10.

http://septiemelargeur.fr

Oui si, c’est vraiment pas mal.


Pitti Uomo – Alden

Le célèbre bottier américain jouit en ce moment d’un succès qui ne se dément pas. A Pitti Uomo, j’ai rapidement abandonné l’idée de compter le nombre de paires d’Alden que j’ai pu voir sur les pieds des visiteurs. Trop nombreuses.

La marque fait varier ses modèles classiques en associant des formes / détails / matières / semelles de manière originale. Les combinaisons sont quasi-infinies et donnent souvent des chaussures très réussies. Voici quelques photos d’associations plutôt inédites, ainsi que de leurs modèles classiques en cordovan bordeaux. Aujourd’hui une des tendances lourde de la vente en ligne est la personnalisation online, un peu à la manière de Nike ID. Prada, Louis Vuitton ou même Ralph Lauren s’y sont mis, ce qui me permet de rêver qu’un jour, peut-être, qu’un tel système existera pour des chaussures Alden…

Des Indy Boots avec semelle gomme et semelle commando


Encore une semelle en gomme (un empiècement en cuir est présent sur l’avant de la semelle)


Quelques petites variations en daim


Quelques petites variations en daim


Les modèles classiques en cordovan

Leffot – La bonne pointure


De passage à New York, j’en ai profité pour passer par la fameuse boutique Leffot dans le quartier du West Village. Ayant une certaine passion pour les chaussures, surement proche de la maladie, autant dire que j’ai apprécié les lieux. La boutique est relativement petite, du moins plus petite que je l’imaginais. Le magasin s’organise autour d’une grande salle avec une très belle sélection de chaussures alignées sur une table située au milieu. Vous pourrez aussi trouver des chaussures au sol, sur les fenêtres, un peu partout en somme.

La sélection est loin d’être chauviniste. On retrouve bien sur un certain nombre de classiques américains tels que Danner, Quoddy, Viberg, Wolverine et Alden, dont certains modèles sont disponibles en exclusivité dans la boutique, mais aussi des anglais avec Alfred Sargent, Edward Green ou encore Church’s (même si la marque appartient à Prada), sans oublier la France avec des marques comme Corthay ou Aubercy. Le magasin ne s’arrête cependant pas aux chaussures et propose aussi des accessoires pour s’en occuper comme des chausse-pieds en corne et des brosses ainsi que d’autres accessoires en cuir tel que des bracelets de montre en cordovan, des porte billets, ceintures et sacs de voyages. Du côté de la toile, on trouvera des chaussettes, écharpes et chapeaux de belles marques comme Pantherella et Borsalino.

Le choix est donc large et divers afin de répondre aux besoins de tous. Avec un slogan comme « Numquam Jactate » ayant pour signification voulue « Ne Jamais Se Vanter », le magasin prone la simplicité et la qualité avant tout, voulant ses modèles versatiles et discrets. Certaines qualités que l’on a un peu de mal à trouver chez les marques françaises proposées. Cependant, il en faut pour tous les goûts, et si vous ne trouvez rien du votre, la boutique propose aussi le sur-mesure. Une sacrée pointure.

10 Christopher Street
New York, NY 10014
(212) 989-4577
leffot.com

Alden pour FrenchTrotters

Vous en avez peut être déjà eu un aperçu sur Facebook et les plus assidus d’entre vous auront peut être repéré le changement de bannière en haut à droite: Alden a réalisé quelques paires de chaussures « expressly for FrenchTrotters« . Les boutiques à s’être vu octroyé le privilège de mettre leur patte créative dans le classicisme de la vieille marque américaine ne sont pas nombreuses et c’est avec grand plaisir que j’avais accueilli la nouvelle lorsque j’en avais entendu parler, impatient de voir les chaussures.

Une fois le résultat entre les mains, pas de doutes possibles, nous sommes bel et bien devant une collaboration très réussie. Chaque modèle est bien sûr exceptionnellement réalisé et fait de très beaux matériaux, on retrouve donc là l’efficacité coutumière d’Alden, on ne change pas une équipe qui gagne. Quelques détails discrets et très bien choisis viennent distinguer les quatres paires des modèles de la collection usuelle d’Alden: on retrouve la Indy Boot en daim marron équipée d’une semelle commando, de même que la Longwing et que l’autre Indy, cette fois traitée en Cordovan noir, ce qui est assez inhabituel. La Derby en Cordovan bordeaux est quant à elle équipée de la technologie Footbalance, développée par la marque américaine pour gagner encore plus de confort. Notez tout de même que chaque pied de cette Derby est réalisée d’une seule pièce de Cordovan, ce qui est particulièrement difficile à réaliser: les amateurs de technicité et de cordonnerie de haut vol apprécieront sûrement le clin d’oeil. Pour terminer de parfaire le confort les chaussures sont doublées en cuir de veau, enfiler sa paire le matin ne sera donc pas la pire manière de commencer la journée.

Réussissant à produire un contenu visuel très efficace qui voyage beaucoup sur Internet, FrenchTrotters n’allait pas laisser l’occasion de mettre en valeur cette belle série de chaussures: la vidéo ci dessous se chargera de terminer ma courte description et vous permettra de vous faire une idée plus précise avant que les plus chanceux d’entre vous puisse avoir leurs paires entre les mains. Maintenant il va falloir choisir, la vie peut être vraiment difficile parfois…

Alden for FrenchTrotters from FrenchTrotters on Vimeo.