Carmina – Visite d’Atelier

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Comme le Port Salut

On connait Majorque pour ses plages, ses cyclistes et ses cités balnéaires abordables.
Ce que l’on sait moins c’est que cette île, qui abrita le tout premier Club Med, est aussi le centre d’une industrie de la chaussure florissante : siège historique de Camper, elle est aussi la patrie des marques plus habillées Carmina et Meermin.
Originellement sur place pour gravir des cols à coups de pédale et pour se reposer à coups de plages paradisiaques, le blogueur dilettante qui sommeillait en moi s’est soudain éveillé lorsqu’est venu le souvenir de Carmina, et a troqué cuissards et maillots de bain pour se taper une bonne vieille visite d’atelier.
On est en août, il fait 35°C dehors, peut-être 45°C dans l’atelier, on peaufine donc des Carmina en tongs et en marcel. L’occasion de se rappeler de cette visite de l’atelier Weston il y a quelques années, et de voir combien les ateliers sont structurés différemment. L’occasion aussi d’apprécier la finesse des formes maison, l’impressionnant choix de cuir cordovan travaillé sur place, et d’en prendre plein les yeux sur le niveau des finitions.
Une visite qui s’achèvera par un détour en boutique, pour l’essayage de magnifiques bottines et doubles boucles en cordovan, avant de péniblement remettre ses trop confortables espadrilles pour reprendre la direction de la plage.

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"Septième largeur"

Une double moine qui s’en va rejoindre le garage des grands classiques


Il y a quelques semaines j’ai eu l’occasion de découvrir une nouvelle saveur acide du monde impitoyable de la chaussure haut de gamme pour homme: le prix de l’entretien. Ayant évidement fait le fou avec mes deux paires préférées (un superbe mocassin Church et une derby Alden en cordovan), il était logique que les semelles commencent un jour à faiblir. Une Church qui laisse passer la lumière et une Alden dont les coutures pètent ça n’est pas vraiment rutilant. Plein de naïveté je pousse la porte de chez Vanneau, le légendaire cordonnier de la rue Vanneau à Paris, dont le diagnostic est cruel et immédiat: il faut tout refaire. Le coeur déjà serré je m’enquiers du prix de l’opération, le verdict tombe et la coquette s’élève à 135 euros par paire. Comme l’on pouvait s’y attendre, le prix de la réfection totale et manuelle d’une semelle de belle chaussure est assez élevé. Noël vient de passer, les fêtes de fin d’année également, j’ai été très généreux et je suis donc un peu à sec, je décide donc de remettre le ravalement à plus tard. Une fois la porte franchie dans l’autre sens, plein d’amertume de ne pas avoir fait plus attention et grommelant en marchant, je décide d’aller taquiner l’étalage de mon fripier habituel. Ça ne manque pas, je n’y trouve rien et commence à penser que mettre la main sur une paire supplémentaire en attendant de laisser reposer mes chaussures favorites ne va pas être chose facile. Là, soudainement, un vague souvenir refait surface, une image volée lors d’une session de lèche vitrine passée revient sur le devant de la scène: il y avait bien un chausseur dont je voulais tester les produits qui avait un positionnement prix correct et à propos duquel j’avais lu et entendu une pléthore d’avis positifs. Ni une ni deux, je remonte dans le métro le plus proche et me dirige vers Notre Dame de Lorette à la recherche de la rue Saint Lazare.


Une photo de la devanture, empruntée sur le site de la marque. Merci !

 

Une fois dans la rue je lorgne avec amertume ce maudit poteau qui aura vu mon cher vélo disparaître plus tôt en décembre et me met en route vers le numéro 59. Ô joie ! la boutique est ouverte et dans ma précipitation j’avais oublié le calendrier: nous sommes à quelques jours des soldes d’hiver et Septième Largeur vient de commencer ses ventes privées avec une réduction de 30% sur une belle sélection de modèles. Un accueil réservé me rappelle que nous sommes bien dans une boutique pour les messieurs. Qu’à cela ne tienne je me met à l’aise et commence à en faire le tour, flânant de pied en pied, de bottines en mocassins. Je dois avoir l’air un peu étrange à inspecter chaque pièce comme un enfant lorgne un insecte à la loupe. « Puis je vous renseigner monsieur ? » pour la deuxième fois, je rassure le vendeur « Pas encore, mais je cherche quelque chose, je viens vous voir dès que je sais ce qui m’intéresse ». Voilà qui devrait lui permettre de me laisser finir mon inspection.

Après moult aller et retour entre les articles, une double boucle noire que je n’avais pas repéré finit par se détacher du lot et par chance ma pointure est disponible. Je m’approche du même vendeur qui se demandait ce que je pouvais bien examiner de la sorte un peu plus tôt et lui demande à essayer la paire. Il me fait asseoir et ouvre la chaussure, j’y entre, il cale le chausse pied à l’intérieur et pousse pour m’aider à terminer de l’enfiler. Pas de doutes, nous sommes bien ici chez un chausseur et non pas chez un marchand de chaussures, on sent déjà qu’on ne déconne ni avec le produit ni avec le service client qui est impeccable.

La main dans le sac, les patins ne sont pas encore posés.

La chance se décide enfin à me sourire et la double boucle me va parfaitement. Je fais quelques pas dans la boutique après m’être vu tâter les pieds et le chaussant me paraît très agréable. Dernières questions de routine sur la fabrication et la cire de finition présente sur la semelle (qui laisse les coutures du Goodyear invisible, d’où mon étonnement premier), questions qui ne gênent pas du tout mon interlocuteur qui se fait d’ailler un plaisir de parler un peu chaussure. L’affaire est dans le sac avec les embauchoirs correspondants ainsi qu’un pot de crème pour cordovan que l’on a parfois du mal à trouver à Paris (il y en a également chez FrenchTrotters, Anatomica et Carmina si vous en cherchez). Toujours un peu sceptique quand on parle chaussure, affaire pour le moins sérieuse, l’achat est fait avec cette légère sensation de doute et une petite idée en tête « si je ne suis pas content, je n’y reviendrai pas »…


De bien belles boucles, de bien belles finitions.


Après un mois de port et quelques douleurs les deux premiers jours, le temps que jeunesse du cuir se passe, je suis comme dans des chaussons dans ma paire de Septième Largeur. Avec le recul c’est réellement le meilleur rapport qualité prix que j’ai eu l’occasion de croiser dans ce petit monde: cuir de la tige de belle qualité, celui utilisé pour la doublure également très agréable au toucher, un cousu Goodyear impeccable, un chaussant bien étudié, le tout pour un prix tout à fait raisonnable même hors promotion. On trouve facilement chez Septième Largeur une jolie paire faite par un chausseur pour moins de 300€, ce que les amateurs de belles chaussures savent être très compliqué. Je vois d’ici les sceptiques au sourire goguenard, pourtant le secret du prix abordable n’est pas très loin: Marcos Fernandez, qui a fondé la marque après un joli parcours dans la création de chaussures, supprime des intermédiaires que d’autres marques ont choisi de s’offrir. Ainsi la marque n’est distribuée que via la boutique/showroom Septième Largeur de la rue Saint Lazare et son site internet se libèrant ainsi de la marge des détaillants et des loyers de boutiques en propre sur les plus belles avenues du monde, ce qui lui permet de développer des produits de meilleure qualité sans que les prix s’envolent. Notez que sa communication est fondée sur le bouche à oreille et la presse spécialisée, d’amateur de chaussure à amateur de chaussure, ce qui lui évite également de réaliser des séances photos, de payer pour leurs diffusions, ou de louer les services d’une agence de presse tout en touchant directement son coeur de cible.

Au niveau design Marcos et son (jeune) neveu Mathieu Preiss on décidé de suivre de près les classiques du genres, imposés au fur et à mesure par l’histoire du soulier masculin. Vous y trouverez donc des mocassins, des demi-chasse, des doubles boucles, des bottines et autres richelieu que l’industrie connait bien: ce qui réduit encore les risques de défauts de qualité et bien évidement, les risques de fautes de goût qui concernent malheureusement pas mal de messieurs se souciant pourtant beaucoup de leurs vestiaires aujourd’hui.

Pour les amateurs Septième Largeur se spécialise également dans la patine artisanale de vos souliers: à vous les coloris uniques, les touches de couleurs incroyables et personnalisé vous permettant d’être le plus beau de la rue.

Tout se passe donc ici: Septième Largeur, 59 rue Saint Lazare 75009, du Lundi au Samedi de 10h à 19h, 01.55.32.33.10.

http://septiemelargeur.fr

Oui si, c’est vraiment pas mal.


Quelques photos de l'usine J.M. Weston

 

Pour une rentrée pleine de douceur, voici quelques photos rapportées de l’usine J.M. Weston que j’ai eu la chance de visiter il y a quelques mois. N’allez pas chercher dans ces photos des explications où une illustration des processus complexes qui font des souliers Weston parmi les plus beaux au monde, mais plutôt une ambiance, celle d’un bel atelier produisant de belles choses. L’atelier J.M. Weston est situé à Limoges, dans le Limousin, et y emploie 170 personnes qui continuent de produire plus de 70% des souliers de la marque, dont les commandes spéciales et leurs modèles emblématiques : le mocassin 180 ainsi que la Chasse et la Demi-Chasse.

 












La réalisation du cousu norvégien de la Chasse. Toujours effectuée à la main.


Un aperçu de la salle où sont stockées toutes les formes, sachant qu’il en faut plusieurs par pointure et largeur, celles-ci prennent rapidement énormément de place (on imagine aussi l’ampleur de l’investissement nécéssaire pour le développement d’une nouvelle forme)