Gheorghe Zamfir – "Master of the Pan Flute"

Gheorghe Zamfir

Annoncer à ses parents que l’on aimerait devenir musicien professionnel ou que l’on envisage de faire carrière dans un domaine artistique n’est pas une tâche évidente… Alors je vous laisse imaginer annoncer à vos parents que vous aimeriez devenir joueur de flûte de pan ! Et pourtant, si l’idée peut paraître totalement délirante aux yeux de jeunes parents, leur enfant pourrait néanmoins réussir une carrière musicale extraordinaire en pratiquant cet instrument, à l’instar du non moins extraordinaire Gheorghe Zamfir. En effet, peu de musiciens peuvent se targuer d’avoir participé à plus de 200 albums, vendu plus de 40 millions d’enregistrements parmi lesquels figurent 90 disques d’or et de platine – sans compter le nombre de tournées internationales sur les 5 continents ! Ce succès est largement dû aux musiques de films qu’il a enregistré après avoir été choisi par des grands noms : Ennio Morricone et Sergio Leone pour « Once Upon a Time in America », Vladimir Cosma et Yves Robert pour « Le grand blond avec une chaussure noire », ou encore Quentin Tarantino pour interpréter « The lonely Shepherd » de James Last. Ce sont toutes ces fameuses mélodies qui l’ont fait connaître dans le monde entier.

Vladimir Cosma – Sirba (Le grand blond avec une chaussure noire)

James Last – The lonely Shepherd (Kill Bill Vol. 1)

Serge Prokofiev – Roméo et Juliette

Serge Prokofiev

Serge Prokofiev est un compositeur soviétique bien inscrit dans la tradition établie en Russie par Tchaïkovski : un compositeur « généraliste ». Il s’est attaqué à tous les genres, et, dans chacun d’eux, a laissé des chefs-d’oeuvre.

En décembre 1932, à l’inverse de nombreux musiciens russes qui préfèrent émigrer, Prokofiev choisit de se fixer en Union soviétique. Il reçoit rapidement des commandes d’État parmi lesquelles figurent  le très connu conte pour enfants Pierre et le loup (1936), ainsi que Roméo et Juliette (1935-1938) qui marque les débuts de sa collaboration avec les ballets soviétiques.

Le ballet Roméo et Juliette, basé sur la pièce éponyme de William Shakespeare, est aujourd’hui une de ses oeuvres les plus appréciées. On connait tous la fameuse danse des Chevaliers dont on ne compte plus les apparitions cinématographiques, télévisuelles et publicitaires…

Comme Prokofiev a l’habitude de le faire pour beaucoup de ses oeuvres, le ballet Roméo et Juliette donne également lieu à une suite symphonique ainsi qu’à une série de pièces pour piano.


Danse des Chevaliers :

Danse avec les Mandolines :

Interlude :

Georges Bizet – Jeux d'enfants

Georges Bizet

Georges Bizet fait partie de ces innombrables artistes dont l’histoire n’a retenue qu’une oeuvre. Malheureusement, et comme souvent pour les membres de ce triste cercle, il s’agit d’une injustice terrible, tant la valeur de leurs autres créations est importante.

Bizet ne manque pas à la règle. Essentiellement connu pour être le compositeur de l’opéra français le plus connu du Monde, le reste de son oeuvre est souvent passé sous silence.

Si l’opéra Carmen peut sans doute être considéré comme le chef-d’oeuvre de Bizet, il est pourtant bien trop réducteur de résumer le compositeur à cette unique partition.

Sa suite de 12 pièces, Jeux d’enfants, composées en 1871 pour piano à 4 mains en est un exemple parmi d’autres. Bizet a orchestré cinq de ces 12 pièces et les a intégrées dans la suite créée le 2 mars 1873 à Paris, par le Concert national sous la direction d’Édouard Colonne.

Marche :

Le bal :

Et bien sûr, ce n’est pas parce qu’il ne faut pas uniquement résumer Bizet à Carmen qu’on n’a pas le droit de ce faire plaisir !

Extrait de Carmen :

Jean Sibelius – Étude pour piano, op. 76

Oncle Fester Jean Sibelius en 1939

Jean Sibelius est un compositeur finlandais né en 1865 à Hämeenlinna, et mort à Järvenpää, près d’Helsinki.

Par un raccourci un peu facile, Sibelius est souvent considéré comme un compositeur « national », une sorte d’Edvard Grieg finlandais. 
Mais, à l’inverse d’un Grieg ou d’un Dvořák, Sibelius n’utilise pas la musique populaire de son pays, son style mélodique n’est pas du tout issu du folklore finnois. Cette différence est certainement dû au fait que Sibelius a baigné durant toute son enfance dans une culture presque exclusivement suédoise et non finlandaise puisque son père était d’origine suédoise et sa mère était la fille d’un immigré suédois.

Sibelius, qui était un grand voyageur, possède en réalité un langage musical assez universel même si son oeuvre est très marqué par un style musical nordique, influencé par son pays natal. Incontestablement, il a beaucoup apporté au rayonnement culturel de sa nation et reste aujourd’hui le porte-drapeau de la musique finlandaise.

Pendant longtemps, Jean Sibelius fût totalement ignoré dans le monde de la musique hormis aux États-Unis, en Angleterre et bien entendu en Finlande. Certaines encyclopédies musicales assez récentes passaient carrément sous silence le nom du compositeur. Il est un des rares musiciens a avoir suscité autant de critiques contradictoires : ainsi, René Leibowitz écrivait en 1955 à propos de Sibelius « L’éternel vieillard, le plus mauvais compositeur du monde », alors que Cecil Gray parlait de lui en ces termes : « Le plus grand symphoniste depuis Beethoven ».

Aujourd’hui, son oeuvre a largement été réhabilitée et Sibelius est reconnu comme un grand compositeur de la fin XIXe début XXe.

Étude pour piano (tiré des 13 pièces pour piano opus 76) :

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Concerto pour piano n°12 – WA Mozart

Tom Hulce interprétant WA Mozart dans Amadeus (1984)

Le Concerto pour piano n°12 de WA Mozart est connu pour citer le thème de l’ouverture de La Calamitá die cuori de Jean-Christian Bach dans son deuxième mouvement.

Il faut savoir que Mozart avait en effet une profonde admiration pour le onzième fils de Jean-Sebastien. Ils se rencontrent à Londres en 1764 lorsque ce dernier était maître de musique de la reine Sophie-Charlotte. Mozart est amené à joué avec JC Bach alors qu’il n’a que 8 ans, cette rencontre sera très importante pour Mozart qui restera influencé toute sa vie par le compositeur Allemand.

À la mort de Jean-Christian Bach, Mozart écrit à son père « Quelle perte pour le monde de la musique ! ». C’est cette même année, en 1782, que Mozart lui rend hommage par une épitaphe musicale, dans l’andante de son 12ème Concerto pour piano. Mozart avait déjà démontré l’intérêt qu’il portait à l’oeuvre de J. Christian Bach en arrangeant ses sonates opus 5 (n° 2, 3 et 4) en concertos pour piano (K. 107).

Andante du Concerto pour piano n°12 de WA Mozart :

mvt.2 Andante by Mozart on Grooveshark

Jean-Christian Bach

Musique au Festival de Cannes

Nanni Moretti sera le Président du Jury du 65e Festival de Cannes

En ce tout début de mois de Mai, ce sont les beaux jours qui se font attendre !

On attend les beaux jours certes, mais le mois de Mai est aussi synonyme, pour les cinéphiles et autres amateurs de starlettes, du Festival de Cannes et de sa montée des marches – sous la pluie ? – qui aura lieu dans quelques petites semaines.

L’occasion pour moi de faire un petit clin d’oeil aux musiques utilisées par le Festival et aujourd’hui devenues cultes pour tous les fans de l’évènement de la Croisette.

La musique qui peut être considérée comme « officielle » est tirée du très fameux Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns. C’est le mouvement Aquarium qu’on entend de façon récurrente qui évoque un monde féérique et fantastique grace aux notes du Glassharmonica ― souvent jouées au glockenspiel ou au célesta ― et aux arpèges joués par le piano.

On retourne en enfance avec une autre musique incontournable du Festival de Cannes, qui est cette fois-ci tirée du dessin animé Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles ou Petit-pied de Don Bluth, produit par Steven Spielberg et George Lucas, sorti en 1988. On entend régulièrement un court extrait de la bande originale à l’ouverture et la clôture de la cérémonie.

Version intégrale ici.


Dimitri Chostakovitch – Suite op. 50b

Dimitri Chostakovitch

Dimitri Chostakovitch (dont on a déjà parler ici) est un compositeur Russe né à Saint-Pétersbourg en 1906. Issu d’une famille russe cultivée, son enfance n’a pas pour autant été toujours très facile. Il fut en effet un enfant stressé par l’atmosphère troublée de la récente « révolution avortée » de 1905.

À l’âge de onze ans, un de ses camarades fut tué sous ses yeux en pleine rue par un gendarme de la police tzariste, cet évènement dramatique marquera définitivement le compositeur.

Dimitri Chostakovitch commence l’apprentissage du piano très tôt avec sa mère qui était une pianiste professionnelle. Il ne traine pas non plus à composer ses premières musiques : à 11 ans, il compose un Hymne à la liberté et est admis au Conservatoire de Petrograd à l’âge de 13 ans.

En 1925, alors qu’il n’était âgé que de 19 ans, a lieu la création de sa première Symphonie que des grands chefs d’orchestre comme Bruno Walter, Stokowski ou encore Toscanini font triompher dans le monde entier dès l’année suivante. Cet immense succès a fait de la musique de Chostakovitch un reflet fidèle de l’histoire de la musique en U.R.S.S.

Nous nous attardons aujourd’hui sur sa Suite op. 50b, oeuvre dont est tirée sa fameuse Valse, popularisée par le film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut et par des publicités.

La Valse n°2 a totalement éclipsé les autres mouvements de la Suite, elle est même devenue l’une des plus célèbres œuvres du compositeur auprès du grand public. Souvent appelée Valse de Chostakovitch, elle est souvent jouée isolément du reste de la Suite qui est composée d’une Marche, une Valse lyrique, 2 Danses, une Petite polka, 2 Valses, et la Finale.

On rétablit un peu les choses : je vous laisse écouter quelques extraits de la Suite mais pas la Valse n°2 !


Petite Polka :

Danse n°2 :

Finale :

Henri Dutilleux – Sonate pour Piano

Henri Dutilleux

Henri Dutilleux est un compositeur français né en 1916 à Angers. Il commence ses études musicales au Conservatoire de Douai avec comme professeur Victor Gallois. En 1933, il poursuit sa formation au Conservatoire de Paris, où il remporte des premiers prix d’harmonie, de contrepoint et de fugue. Il travaille aussi la direction d’orchestre avec Philippe Gaubert et la composition avec Henri Büsser. En 1938, il remporte un second prix de composition et le premier grand prix de Rome.

Henri Dutilleux est une grande figure de la musique française contemporaine. Il est presque un cas unique dans l’histoire de la musique, en effet il est sans doute le seul compositeur à faire l’unanimité de son vivant chez les musiciens de toutes tendances (des avant-gardistes aux défenseurs d’une certaine tradition musicale…).

Il est un compositeur indépendant en quête perpétuelle de son propre langage. Il se démarque ainsi des grands courants de la création musicale. Resté trop en retrait par rapport à Olivier Messiaen, Henri Dutilleux est quelqu’un de discret, effacé. Il compose peu mais chacune de ses œuvres nouvelles est un événement incontournable qui attire l’attention de tout le monde musical.

Je vous laisse découvrir un extrait de sa Sonate pour piano, composée en 1946.
La même année, il épouse la pianiste Geneviève Joy, qui deviendra l’interprète de ses œuvres pour piano : c’est elle qui créé la Sonate pour piano en 1947. Cette œuvre marque une rupture par rapports à ses œuvres antérieures, qui étaient encore très ancrées dans l’héritage impressionniste.

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Source – Universalis

Jehan Alain – Étude sur les doubles notes

Jehan Alain

Jehan Alain est un compositeur et organiste français né à Saint-Germain-en-Laye le 3 février 1911 et mort en juin 1940 (mort pour la France au champ d’honneur près de Saumur). Essentiellement connu pour ses œuvres « organistiques » Jehan Alain a également composé quelques pièces pour piano, restées un peu trop oubliées du grand public.

Connaissant parfaitement l’intégrale de son œuvre pour orgue, je me suis récemment demandé s’il avait trouvé le temps, dans sa trop courte vie, de composer pour d’autres instruments. C’est donc comme ça que je suis tombé sur ses pièces pour piano. Je ne manque surtout pas l’occasion de vous faire entendre son Étude sur les doubles notes, en espérant que cela attise votre curiosité sur ce magnifique compositeur.

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Olivier Messiaen – Turangalîla-Symphonie

Olivier Messiaen, toujours vêtu de chemises incroyables

La Turangalîla-Symphonie est une œuvre majeure d’Olivier Messiaen. Elle a été composée sur demande de Serge Koussevitzky, pour l’Orchestre symphonique de Boston qui la créa de façon triomphale en décembre 1949 sous la direction de Léonard Bernstein.

Le nom de la symphonie (Turangalîla) est composé de deux noms sanscrits. « Turanga » qui signifie « temps qui s’écoule comme le sable dans un sablier », mais aussi « mouvement » ou « rythme ». Le terme « Lîla » signifie quant à lui, le jeu de la vie et de la mort, il peut également signifier amour.
Le sens général qui est souvent donné pour cette œuvre est « chant d’amour », mais le compositeur à également avoué avoir choisi ce terme pour son esthétisme.
En réalité, Messiaen aborde le mythe de Tristan et Yseult dans cette œuvre qui à ce titre, fait partie de la trilogie : le cycle de mélodies Harawi

La Turangalîla-Symphonie met à l’honneur deux instruments au milieu du gigantesque orchestre que l’oeuvre requiert : le piano et les ondes Martenot (instrument électronique inventé par Maurice Martenot). Il est un des plus anciens instrument de musique électronique. Il se caractérise par ses sonorités particulières, dont la plus caractéristique est proche de la sinusoïde, qui évoque des voix « extra-terrestres ». Les sonorités sont assez proches de la scie musicale, mais l’instrument présente bien d’autres richesses et ce particulièrement au niveau de l’expression.
Lors de la création de l’œuvre à Boston, c’est la sœur de Maurice Martenot qui est derrière les ondes et la future femme de Messiaen qui est au piano : Yvonne Loriod.


Maurice Martenot aux ondes Martenot

Le cinquième mouvement de cette œuvre symphonique se nomme « Joie du sang des étoiles », il est une longue explosion de joie, la structure à l’allure d’un scherzo et trio est particulièrement complexe. Les rythmes, eux aussi complexes donnent l’impression d’une grande agitation. Les ondes Martenot jouent un rôle très important dans ce mouvement. 
Le résultat est éblouissant, l’oeuvre étant à mes yeux l’une des plus belles œuvre de la seconde moitié du XXe siècle.