Erik Satie

Erik Satie

Erik Satie était un compositeur Français né à Honfleur en 1866 et mort à Arcueil en 1926. En 1878, il rejoint son père à Paris qui s’est remarié avec une professeur de piano. Cette dernière lui dispense des leçons au clavier et réussit à dégouter le jeune Satie de la musique. Il aura plus tard beaucoup de difficultés avec ses professeurs au conservatoire qui le pensaient dénué de tout talent musical.

Mais très vite, Satie se réconcilie avec la musique et surtout avec le piano, instrument qu’il affectionne particulièrement et pour lequel il aime beaucoup composer. En 1887, il le prouve en composant Ogives et Trois Sarabandes. Certaines harmonies utilisées dans ces oeuvres sont assez audacieuses pour l’époque et n’ont sans doute pas manqué de séduire Debussy. Toujours au piano, il enchaine avec la composition des Trois Gnossiennes en 1888, et des Trois Gymnopédies en 1890. Ces deux dernières pièces font aujourd’hui la popularité du compositeur et ont conquis Maurice Ravel à l’époque.



Avec le temps, le langage de Satie se développe et il décide de s’opposer aux fadeurs du courant impressioniste en adoptant un style burlesque qui se retrouve d’ailleurs dans la dénomination de ses oeuvres : Airs à faire fuire, Morceaux en forme de poire, Trois préludes flasques ou encore Embryons desséchés.

La dernière periode de Satie commence alors qu’il atteint l’âge de 40 ans. Voulant faire face aux raffinements harmoniques de Debussy, il fonde l’école d’Arcueil qui disparaitra avec la mort du compositeur. La doctrine qui en découle est la simplicité, un art dépouillé, qui dominera la musique française de 1920 à 1930.


Tweed Run – Vélos, Tweed et thé


Un participant du Tweed Run de Londres

Depuis maintenant 3 ans, le Tweed Run rassemble grands et petits pour un tour de vélo dans une grande ville. Les seules règles: porter du Tweed et avoir un vélo. Après avoir fait un tour par New York le 15 Octobre dernier, le Tweed Run est repassé par son pays natal à Londres le 26 Novembre dernier avant de partir pour Tokyo. Comme annoncé, nous y étions.

Contrairement à celle de 2010, et la précédente de 2011 qui la jouaient solo, cette édition était organisée en partenariat avec Rugby Ralph Lauren pour celébrer leur premier magasin en Europe. Ceci explique aussi l’omniprésence de rayures jaunes et bleues un peu partout sur les photos. Il y avait vraiment tout types de personnes: jeunes, agées, à barbe et à moustache, hommes et femmes. Tout le monde a joué le jeu et si ce n’était pas pour les téléphone portables, appareils photos dernier cri et les quelques Barclay’s bikes (equivalent du Velib’ à Londres) on aurait pu se croire téléporté dans le Londres des années 40.

À grande doses de politesse, cire à moustache et un petit coup de pouce des flasques cachées dans la chaussette, le groupe est parti de Covent Garden pour se diriger vers Trafalgar Square, puis Hyde Park Corner avant de descendre la King’s Road et enfin s’arrêter pour la « Tea Break » promise, le tout agrémenté de grands « Tally Ho! », pour le courage surement.

Après une orgie de cup cakes, le groupe s’est élancé à nouveau vers Knightsbrige, puis d’avantage vers le sud pour longer la Tamise. La route s’est finie près de Belgrave Square Gardens, au Caledonian Club, où les participants ont pu se réchauffer avec une tasse de thé et/ou un verre de Johnnie Walker Blue Label… l’ordre n’est pas vraiment important.

Les participants ont fait preuve d’originalité, autant pour les habits que pour leurs montures avec de nombreux gentilshommes en plus-fours, complets en tweed et noeuds papillons de toutes les couleurs. Pour les vélos, certains sont allé loin avec des modèles semblant sortir tout droit d’une usine à vapeur des années 30.

Cependant, la réelle conclusion de ce Tweed Run est la suivante: Mesdemoiselles, portez du Tweed! Cela vous va à merveille.

 

Steve de Style Salvage était là aussi pour documenter l’évènement

Il n’y a pas à dire mesdemoiselles, portez du Tweed!

 

Plus d’un passant ont tourné la tête au passage du groupe avec un air étonné

Trafalgar Square

Admiralty House

Hyde Park Corner

Sûrement le vélo le plus incroyable du Run

Ce gentilhomme passait de la musique en parfait accord avec l’ambiance du tour

Première « Tea Break »

Ce gentilhomme m’a demandé de préciser que l’ensemble de sa tenue (chapeau et chaussure compris) ne lui avait coûté que 30£. Faire les puces, ça paie.

Monocle chez FrenchTrotters

La vitrine du 116 rue Vieille du Temple

Juste un petit mot pour vous faire passer que les produits Monocle sont enfin disponibles en France dans une vraie boutique (brick and mortar comme disent les anglos saxons). Arrivés depuis quelques jours, les articles de papeterie, les cravates, les bougies, savons et parfums sont disponibles dans la boutique FrenchTrotters du Marais à Paris au 116 rue Vieille du Temple.

Les amoureux du magazine seront sûrement ravi de pouvoir mettre la main sur des agendas qui reprennent l’identité visuelle si travaillée de la publication, les autres seront sûrement très content de trouver le cadeau de Noël idéal ou une très belle ligne de papeterie.


Pour vos beaux yeux – Nice et Paris


La devanture incroyable de la boutique parisienne, coiffée d’une enseigne digne des années 30.

Choisir une paire de lunettes, c’est toujours très compliqué. Même si on en trouve à tous les prix, de toutes les formes et dans tous les matériaux, quand on en vient au choix d’une monture on se confronte à un problème de taille: les marques qui de nos jours réussissent à faire de besicles de beaux objets se font très rares. Rayban et Persol inondent le marché, Krys et Afflelou, on a pas envie d’y aller, pas plus que de porter une paire siglée CK ou D&G. Les dernières marques un peu confidentielles en date à faire de jolies choses c’est sûrement Oliver Peoples, Moscot ou des lunetiers de haut vol comme Maison Bonnet (très beau Maison Bonnet et tout bonnement inabordable). Seulement voilà, on fini tous par avoir les mêmes lorgnons sur le nez. On a donc un problème. Les plus hardis d’entre nous iront peut être jusqu’à chiner de vieilles montures entre deux marchés aux puces: ça prend du temps, et quand on ne connaît pas, on a vite fait d’acheter hyper cher une fausse Baush&Lomb en mauvais état, persuadé d’avoir fait une bonne affaire (oui, ça sent le vécu).


À l’intérieur ça ne sent pas la poussière: on voyage dans le temps à la recherche de la paire ultime.

« Pour vos beaux yeux » ça résout pas mal des problèmes exposés ci-dessus. Comme toute histoire cool dans ce milieu, ça commence par la passion. Charles Mosa n’est pas un opticien comme les autres: collectionneur passionné de lunettes, il recherche à travers le monde des vieux stocks de véritables montures anciennes. Entendez donc « deadstock »: des paires vieilles mais neuves , n’ayant encore jamais été portées. En bon commerçant il décide donc de vendre ses trouvailles dans un petit coin de sa première boutique d’optique classique à Nice. Il y propose des modèles datant des années 20 aux années 80 (plusieurs spécialistes s’accordent là dessus, c’est environ à cette période que les entreprises ont vraiment recherché à maximiser leurs marges en délocalisant et en laissant la qualité de leurs produits se dégrader). La réponse des clients ne s’est pas faite attendre et « Pour vos beaux yeux » est maintenant dédiée et spécialisée dans les montures anciennes.

Mais rassurez vous, le succès ne s’est pas arrêté là et si vous n’avez pas la chance de vous déplacer souvent jusqu’à Nice, une deuxième boutique « Pour vos beaux yeux » a ouvert il y a quelques mois au Passage du Grand Cerf à Paris, près de la rue Tiquettone. On peut donc plus facilement trouver de belles montures originales que l’on est quasiment sûr de ne pas retrouver sur le nez de son voisin et ça, ça fait du bien.


Certaines lunettes ont leur emballage d’origine… avis aux collectionneurs.

Non content de proposer des produits impecables d’une qualité que l’on ne connait que trop rarement de nos jours, Charles Mosa a également pris le parti d’imaginer des boutiques incroyables pour présenter le fruit de son travail de passionné. Meubles anciens, instruments optiques, devantures et enseignes soignées jusqu’au dernier détail: l’écrin est parfait, on est de retour 50 ans en arrière avant même d’avoir passé la porte.

En plus, « Pour vos beaux yeux » fonctionne, comme un vrai opticien: il mesure les corrections, adapte vos verres et peut également gérer le remboursement de vos lunettes selon votre mutuelle.



American Psycho vs Wall Street


Wall Street – Gordon Gekko (Michael Douglas) et Bud Fox (Charlie Sheen)


Les costumes au cinéma sont et seront toujours une fantastique source d’inspiration. Après avoir analysé les costumes dans les films de Wes Anderson, il ne sera plus ici question de marionnettes de renards mais du redoutable monde de la finance à travers deux films : Wall Street d’Oliver Stone, sorti en salles en 1987 et American Psycho, sorti lui en 2000, mais adapté du best-seller de Bret Easton Ellis datant de 1991. Alors que ces derniers temps les blazers et costumes sont ré-apparus dans la rue, et pas uniquement dans les quartiers d’affaire, rien de mieux que de regarder ce qui se faisait lors de la dernière époque où les costumes furent sur le devant de la scène : les années 80. Baptisée par certains les « années fric », cette époque fut celle de la découverte du monde de la finance, des yuppies et des golden boys, via des scandales à répétition et une bonne dose de films et d’ouvrages plus ou moins fictionnels sur le sujet, ce qui n’est pas sans rappeler ce qu’il se passe aujourd’hui.

Encore une fois, le but premier des costumes est de soutenir l’histoire et la vision du réalisateur. Ainsi dans Wall Street, Bud Fox est un jeune courtier cherchant coûte que coûte à devenir un « player ». Sa garde robe va témoigner de son évolution en véritable requin sans scrupules. Paré au début de simples chemises button-down et d’une montre Lorus à quartz, il a plutôt un look d’étudiant fraîchement débarqué que celui d’un investisseur sans pitié. C’est petit à petit, après sa rencontre avec Gordon Gekko, que le style de Bud se précise. Lors de leur seconde rencontre, Gordon va jusqu’à lui conseiller de s’habiller mieux, et d’aller voir Morty Sills, à l’époque un tailleur renommé de New York et fréquenté notamment par les PDG qui trainaient dans le quartier. Sa garde robe s’affine et on note l’apparition de vestes croisées (bien plus longues que celles que l’on peut voir partout aujourd’hui), de cols clubs et de cols contrastés.


Wall Street – Un col boutonné mal rempli par un noeud de cravate trop fin – Bud a encore tout à apprendre…


Wall Street – Col contrasté, cran de revers aigu, noeud adapté à son encolure – C’est quand même mieux !


Wall Street – Veste croisée 4 boutons et col club contrasté


Quant à Gordon Gekko, venant d’un milieu modeste et ayant atteint des sommets, on peut dire que c’est un parvenu et cela s’exprime très bien dans sa garde robe où le mot d’ordre n’est pas la finesse. Si on n’est pas sûr de comprendre lorsque Ellen Mirojnick, la costumière, le décrit comme « un mix de Clarke Gable et du Duke de Windsor », on est plus d’accord lorsqu’elle explique que la tenue de Gordon est à propos de « pouvoir, d’argent et de séduction », en somme complètement adaptée à vendre du rêve à un Bud Fox en mal de reconnaissance. Un peu à la manière d’un Gatsby ou d’un Nucky Thompson dans Boardwalk Empire, son style est difficile à ignorer et va souvent loin dans les couleurs et les excentricités. Excentricités que l’on doit pour certaines à Alan Flusser. Le fameux tailleur/auteur new-yorkais (et aussi auteur de certaines des bibles de l’habillement – je pense notamment à « Dressing the Man ») fut en charge des costumes de Gordon Gekko, ce qui lui valut un succès considérable auprès des hommes d’affaires de l’époque.

On notera notamment une pièce assez culte de la garde robe de Gordon Gekko : la chemise à rayures horizontales. Elle est toute une révolution à elle seule et un vendeur de Turnbull & Asser me confiait il y a peu qu’elle poussa à l’époque beaucoup de gentlemen à venir demander la même chez leur chemisier favoris. Gordon est aussi le meilleur ambassadeur de la chemise aux poignets et au col blanc contrastant avec le reste de la chemise, que certains appelent chemise « financier », car très populaire dans les quartiers d’affaire à cette époque. Celle-ci est d’ailleurs aussi très présente dans American Psycho

Petite parenthèse historique, à l’ère des cols amovibles, des cols blancs étaient portés de cette manière lorsque le propriétaire n’avait pas de col pour parfaitement aller avec le motif ou la couleur de la chemise. Ensuite, lorsque les cols amovibles furent remplacés par des cols cousus, les tailleurs remplaçaient les cols et poignets usés par de nouveaux coupés dans du tissu blanc, car il est souvent difficile de trouver un tissu qui aille parfaitement avec le reste de la chemise, souvent délavé par le temps et l’usage.


Wall Street – Col contrasté


Wall Street – La fameuse chemise à rayures horizontales – on note que les rayures des manches sont elles verticales, le pattern matching (correspondance des rayures entre les différentes pièces de tissu de la chemise) prend alors une toute autre dimension !


Wall Street – Triple combo : Col club contrasté et épinglé


Wall Street – Ici on note les poignets du costume, ceux-ci marquent bien le manque de discrétion du personnage


American Psycho – Le col contrasté est aussi très présent dans American Psycho, ici sur Patrick Bateman (Christian Bale)


C’est un tout autre angle qui est abordé dans American Psycho, où les costumes toujours très soignés des protagonistes renforcent une idée de standardisation de l’apparence des milieux matérialistes yuppies. En effet, même si on note une préférence de certains personnages secondaires pour les tab collar, tout le monde se ressemble. Comme l’explique Isis Mussenden, la costumière : « Ce film est inhabituel parce qu’il tourne beaucoup autour du fait que les personnages ont du mal à se reconnaître. Le challenge a été de faire en sorte que les acteurs se ressemblent, mais en même temps aient un style bien individuel. ». Pour elle, les costumes doivent aussi raconter l’histoire : « Quand Bateman se sent puissant, il porte une cravate rouge et une chemise à grosses rayures. Mais dans les moments plus faibles il apparaît dans des costumes plus clairs et avec une cravate jaune qui le met moins bien en valeur ».


American Psycho – A l’époque, les bretelles étaient de rigueur


American Psycho – Une chaise Hill House , des chaises Barcelone et du Robert Longo au mur – Les années 80 sont aussi l’époque où l’on commence à faire des rééditions de meubles modernes classiques


American Psycho


American Psycho


La coiffure aussi est importante. Gordon Gekko et Patrick Bateman sont tous les deux représentés comme des personnages peu scrupuleux aux cheveux peignés en arrière. C’est une grande tradition des films hollywoodien que de représenter les méchants de cette manière. Si bien que le journal satirique américain The Onion imagina avec humour une association dénommée la National Organization of Men with Slicked-Back Hair (Association nationale des homme avec les cheveux peignés en arrière) organisant des manifestations pour lutter contre cette pratique nuisant à leur image !

Ce qui est encore plus intéressant losqu’on étudie les costumes ce sont ces petits détails qui donnent de la crédibilité aux films. Des petites manies de personnages secondaires ou principaux qui permettent de donner de la profondeur à ceux-ci, pour peu que les spectateurs les remarquent. C’est par exemple le cas du collègue courtier de Bud Fox dans Wall Street, qui porte toujours sa montre à l’envers, à l’instar d’Alain Delon dans Le Samouraï. Intéressant aussi de noter ce personnage secondaire de American Psycho qui, surement pour adoucir les proportions de son visage et de son cou, semble posséder une belle collection de chemise à tab collar. On remarque aussi à plusieurs reprise dans American Psycho les initiales de Patrick Bateman sur ses poignets de chemises, toujours au même endroit. Et enfin, pour revenir à Wall Street, les autres collègues de Bud Fox ne sont pas en reste : Celui qui perd son emploi porte une cravate avec des têtes de chien (cela renforce un peu le côté victime du personnage), et son patron, toujours de bon conseil, incarne la sobriété vestimentaire même.


American Psycho – Ce personnage porte très souvent des chemises à tab collar


American Psycho – Une brillante illustration de la manière dont un tab collar remonte la cravate et donne du volume à une mise


American Psycho – On aperçoit ici les initiales de Patrick Bateman sur son poignet gauche


American Psycho – Les initiales, toujours au même endroit


Wall Street – Ce personnage secondaire porte toujours sa montre de cette manière


Wall Street – Cravate avec des têtes de chien


Wall Street – Le patron de Bud, toujours très sobre


Cette époque est aussi celle du power dressing, les tenues plus sportswear et relachées des années 70 furent abandonnées au profit d’une garde-robe bien plus conservative, prenant ses racines dans les années 30 et 50. Les épaulettes se développèrent et donnèrent à leur porteur une silhouette en « V », typique de l’époque, que l’on préssentait déjà dans « American Gigolo », où Armani se donna à coeur d’exploiter ce style si particulier. Isis Mussenden explique qu’à l’époque, « tout était plus gros que maintenant – des épaules avec beaucoup de padding, des grosses lunettes, des grosses boucles d’oreilles et colliers. Les vêtements utilisaient de bien plus grandes quantités de tissu. En règle générale, quand les temps sont affluents, les vêtements sont plus volumineux. »


Wall Street – Les trench-coats se portaient bien plus grands et larges à l’époque


Wall Street – Nous sommes bien dans les années 80


American Psycho – Grosses lunettes Oliver Peoples – on en avait déjà parlé ici


Ceci dit il ne faut pas chercher une représentation des costumes fidèle à la réalité. Oliver Stone, qui se souciait du réalisme des costumes ira même voir Ellen Mirojnick, la costume designer de Wall Street, alarmé parce que les costumes n’avaient rien à voir avec ceux qui étaient portés dans les salles de marchés. Selon une interview à Esquire, celle-ci lui répondit « C’est un film, et on va élever le genre. On ne va pas faire ceci complètement enraciné dans le réel, un film c’est pour raconter des histoires ». Pareil, American Psycho est sorti en 2000 et propose donc une interpretation contemporaine des tenues des années 80, à l’instar de La Grande Évasion qui donne un twist années 60 aux uniformes de la seconde guerre mondiale. De plus le but premier de ces costumes est de porter le récit et non de scrupuleusement reproduire le passé. La relation entre les costumes de cinéma et la mode est très intéressante. Si le premier s’inspire du second pour fonctionner, on ne compte plus les références que fait la mode aux films. Ainsi Wall Street et American Psycho sont devenus des sources d’inspiration évidentes pour de nombreux designer, tel Umit Benan et sa collection « Investment Banker ».


Amercian Psycho


Wall Street et American Psycho (par ailleurs tous deux disponibles en DVD) sont sortis en réaction à la folie libérale des marchés des années 80, prenant son point culminant lors des nombreux délits d’initiés puis du crack de 1987. Si Wall Street pose la question du bénéfice de l’avidité (le fameux « Greed is good »), American Psycho met en valeur le matérialisme vain des yuppies. Cependant, le charisme (et les costumes) de Gordon Gekko et de Patrick Bateman fit de ces personnages de véritables modèles, et ceux-ci poussèrent même des gens à faire carrière dans la finance…

Strauss, Strauss et Ligeti – 2001, A Space Odyssey

Couverture du vinyl de la BO 2001, l’Odysée de l’espace

Après Barry Lyndon et le magnifique trio op. 100 de Schubert, les reprises surprenantes de Beethoven par Wendy Carlos dans Orange mécanique, et la valse de Chostakovitch dans Eyes Wide Shut, ce sont les musiques de 2001, l’Odysée de l’espace qui retiendrons notre attention cette fois ci.

Stanley Kubrick préférait s’en tenir aux grands compositeurs, à des musiques ayant déjà « fait leurs preuves » plutôt que de s’embarquer dans une création musicale nouvelle qui aurait probablement un effet moins important. Pourquoi donc s’embêter à passer commande de la composition d’une musique alors qu’il suffit de se baisser un peu pour trouver ce qu’il y a de plus parfait. Le films 2001, l’odyssée de l’espace en est l’exemple type.

Dans ce film, deux Strauss contribuent lourdement : le premier, Richard, fait son apparition auditive dès l’ouverture du film avec l’une des musiques les plus connues du monde : Ainsi parlait Zarathoustra.

Ainsi parlait Zarathoustra (introduction) :

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Le second Strauss est Johann II, fils du précédent Johann I, qui au passage n’ont aucun lien de parenté avec Richard. Johann II était un compositeur fécond qui a tout de suite beaucoup séduit le public en composant des valses (plus de 400 au total) qui lui valent aujourd’hui une célébrité universelle et durable. Kubrick a retenu la Valse « Le beau Danube bleu » qui est l’une de ses valses les plus célèbre avec « Sang viennois », « Vie d’artiste », « Histoires de la forêt viennoise », « Rose du Sud » etc. 
La valse se fait entendre dans la fameuse scène du de l’amarrage où la musique transcende l’image (ou bien est-ce l’inverse ?), le résultat est renversant.


Enfin, à l’image du film, très moderne (surtout si on se replace en 1968), Stanley Kubrick fait également appel à Ligeti en utilisant entre autre son oeuvre Lux Æterna. La partition a été composée pour un choeur de 16 voix a cappella, sous forme de canon. Très étrange et mystérieuse, l’oeuvre colle parfaitement à l’univers du film et contribue largement à l’atmosphère qui se dégage de 2001, l’odyssée de l’espace.

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Cachemire – Bonne ou mauvaise affaire?


Une chèvre de la région d’Ordos en Mongolie. La région est réputée pour produire la meilleure qualité de cachemire au monde.

Il commence a faire froid, bien froid et on ne rêve que d’une chose, s’envelopper dans un pull bien chaud et doux pour passer l’hiver. Pour cela quoi de mieux que le cachemire: connu pour sa douceur et sa chaleur, il est aussi connu pour son prix. On trouve des prix très diverses cela dit, d’une centaine d’ Euros chez Uniqlo à plusieurs centaines chez des marques comme Bompard, voir plus de mille Euros chez Ralph Lauren, on peut alors se demander qu’est-ce qui justifie une telle différence de prix?


Une chèvre à cachemire venant de se faire peignée de son duvet

Ce qui explique le prix du cachemire est avant tout sa rareté. Il provient des chèvres de la région du Cachemire que l’on peut trouver principalement en Chine (Mongolie Intérieure) et en Mongolie et ne peut être récolté que pendant l’hiver lorsque les chèvres produisent ce duvet supplémentaire pour se protéger du froid extrème de la région (de -30°C à -40°C). Chaque chèvre ne produit que environ 150 gr de Cachemire par an. Il faudrait donc le duvet d’environ six chèvres du Kashmir pour faire une veste de sport.  La production annuelle mondiale de cachemire se situe entre 15 000 et 20 000 tonnes en brut, ce qui une fois lavé et dégraissé descend à 6 500 tonnes environ de cachemire « pure ». Si l’on compare ce chiffre à la production mondiale de laine, cachemire inclus, qui est de environ 1.3 millions de tonnes par an, on comprend qu’il s’agit bien d’une denrée rare.

 

Un exemple d’éjarrage en Mongolie. Il s’agit ici de laine de Yak

La qualité de la récolte dépend de plusieurs paramètres: la qualité de la saison et l’attention portée au peignage. Plus il aura plu, plus la qualité de l’herbe sera bonne, ce qui influencera la qualité de la laine et la quantité produite. Concernant le peignage dont le but est normalement de ne récupérer que la partie la plus fine de la laine, il se peut qu’il ne soit pas raffiné au maximum afin de récupérer de la matière en plus.

Une fois la matière « brute » issue du peignage de la chèvre récupérée, le duvet est lavée pour éliminer les impuretés et aussi pour enlever la graisse naturelle présente dans la laine. S’en suit l’éjarrage, qui a pour but d’éliminer les fils longs et durs du duvet, puis le cardage qui permettra de démêler les fibres et les paralléliser ainsi que d’enlever les dernières impuretés restantes. Ce n’est que après le cardage que les fibres pourront êtres filées, et donc transformées en fils pouvant être utilisés à la confections de tricots, ou autres.


Du cachemire brut avant d’être filé

Comme toutes les fibres textile naturelles, la qualité se mesure selon la finesse de la fibre et sa longueur. Plus une fibre sera fine, plus elle sera dure à tisser, mais la toile sera plus fine et donc plus agréable. Concernant la longueur de la fibre, il sera plus facile de faire un fil solide si la fibre est longue. On pourra alors la filer, alors que si la fibre est courte, on aura recours à la technique dite du « open end », qui consiste à passer les plus petites fibre dans une turbine pour en faire un fil. Le fil sera alors moins solide et aura plus facilement tendance à pelucher.La fibre récupérée est considérée comme du Cachemire véritable si sa longueur dépasse 36mm.

Les standards américains définissent la largeur maximale d’une fibre de cachemire à 19 microns, les plus fines pouvant être de 14 microns. La principale qualité de cette fibre est qu’elle contient des minuscules capsules d’air qui permettent une meilleure isolation ainsi qu’une grande légèreté. De plus, la fibre est recouverte de cuticules très fins qui lui donnent ce touché doux et soyeux. En clair, une très bonne isolation pour un poid minimal avec un touché doux, que demander de plus?


Un fil de cachemire passant dans une machine chaine et trame

Le plus gros producteur de cachemire et de loin, est la Chine (10 000 tonnes brut), suivie de la Mongolie (3 000 tonnes brut) qui est aussi connue pour produire la meilleure qualité (environ 15 microns). Les autres pays producteurs sont l’Australie, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, la Nouvelle Zealande, la Turquie et les USA.

Au vu de sa rareté, le cachemire pur n’est pas courant et est donc très cher, on trouve principalement des mélanges avec d’autre laines. Donc quand vous voyez un pull en cachemire « pas cher » il y a des chances qu’il peluche rapidement et soit moins doux qu’une qualité supérieure car le fil sera surement issu de l’ « open end » avec une fibre plus courte et plus large. Si vous voulez vérifier la qualité d’un pull, n’hésitez pas à tirer une fibre et voir sa longueur et sa finesse. Plus elle sera longue et fine, plus la matière sera de bonne qualité. Et si vous voulez être sûr qu’il s’agit bien de fibre animale, il suffit de bruler une fibre. Si ça sent le cochon, c’est du bon.

Grenson pour The Next Door


The Next Door reprend le coffrage en bois de l’ancienne boutique qui occupait les locaux: une épicerie anglaise.

Dans le vêtement, beaucoup de gens considèrent Paris comme le seul endroit où il se passe des choses en France. Pourtant quand on se balade un peu et qu’on voit les efforts déployés par The Next Door à Avignon pour mettre en avant sa collaboration avec Grenson par exemple, on se dit qu’il fait bon de regarder ailleurs et que certaines boutiques de Province valent vraiment la peine qu’on s’y intéresse. Voici donc la vidéo de présentation, assez impressionante pour un néophyte de l’image comme moi: on a plus l’habitude de voir ce genre de contenu développé pour de très grosses boîtes, habituellement les boutiques indépendantes utilisent plus du « fait-maison » pour la communication (ce qui n’est d’ailleurs pas sans charme).

Grenson for theNextdoor from theNextdoor on Vimeo.

On a donc deux brogues montantes, l’une en daim beige et l’autre noire, en cuir, daim et toile de coton. La noire est dotée d’une semelle « Vibram » increvable et chère aux alpinistes comme aux amateurs de chaussures de rando. Celle en daim beige, d’une semelle noire à crampon. Le résultat est élégant et forcément durable si vous décidez de l’entretenir comme il se doit une fois à vos pieds: vous pourrez en tout cas retrouvez les chaussures sur la boutique en ligne toute neuve de TheNextDoor.

À la saison dernière In the middle à Biarritz réalisait aussi son second lookbook qui avait séduit nos amis outre-atlantique (oui, « Biarritz » ça fait son petit effet) et une courte vidéo très réussie, « faite maison » cette fois, pour présenter sa collaboration avec QHuit, la marque de t-shirt. Le Dixième à Lyon arrive aussi à créer un contenu assez décalé un qui vaut le coup d’oeil: à chaque nouvelle livraison, un déballage met le produit en scène. On ne peut donc qu’encourager ce genre d’initiative qui vise à créer du contenu sympa, même si c’est plus compliqué à réaliser qu’un email de demande d’échange de lien (dont la réception n’est jamais vraiment enthousiasmante finalement).


Passion pour Irene


Passion – Photo par Lucie et Simon

Il est toujours fantastique de voir des gens se lancer dans l’aventure de projets ambitieux, et c’est donc avec grand plaisir que nous avons vu deux fanzines apparaître dans notre entourage cette année. D’abord il y a eu Irene, publication érotique créée par trois londoniennes apportant un peu de poésie et de substance artistique au genre. Ensuite est venu Passion, un bel objet né de l’ambition d’une petite équipe (dont nos amis derrière La Conjuration) de mettre en avant les productions parfois oubliées de leurs amis créatifs. Deux projets qui ont donc choisi une optique de magazine, à l’heure des blogs, des tumblr et de la surenchère écoeurante de belles images scrollables à l’infini. Un bon moyen de sortir du lot et d’obtenir une pause salutaire du spectateur sur leurs travaux. Ils organisent aussi des soirées toujours très sympa, où il fait bon siroter des biéres d’abbaye en découvrant les nouveaux exemplaires. Irène sortira son numéro deux le 8 décembre prochain et fêtera l’occasion en organisant une soirée au ChaCha à Paris ce même soir. Tandis que Passion vous propose de fêter la sortie du beaujolais nouveau jeudi soir, chez Dominique F. à deux pas de chez Charvet. Passion est d’ailleurs disponible dans quelques librairies / lieux culturels sélectionnés : la librairie/galerie Ofr, la boutique de la Gaîté Lyrique …

Je vous conseille donc d’aller jeter un oeil sur leurs sites respectifs :

Irène Erotic Fanzine

Passion

Passion – Illustration de Tanguy Dyer


Irène – Photo par Esthèle Girardet


Passion – Photo par Dylan Calves


Irène – Photo par Geneviève Elliard


Passion – Photo par Arnaud Lajeunie et texte par Foucauld Duchange


Irène – Photo par Esthèle Girardet