Saddle Shoes

Couverture du Life du 7 juin 1937

Les saddle shoes resteront pour moi à jamais liées avec le personnage d’Audrey Horne dans la série Twin Peaks. Et ceci même si la ravissante Sherilyn Fenn y portait des sortes de semi-brogues bicolores et non de véritables saddle shoes. L’effet reste le même et la costumière de la série a très sûrement choisi ces chaussures si particulières pour appuyer l’esthétique américaine partagée entre les années 50 et 80. Les saddle shoes font en effet partie de ces classiques bien américains qui resteront, à l’instar de pas mal de choses que l’on porte en ce moment, un symbole des États-Unis et de l’émergence de la culture jeune.

Les saddle shoes sont des chaussures constituées de deux parties de cuir. La première constitue la tige et la seconde recouvre partiellement l’autre, partant des côtés latéraux de la chaussure et contenant les oeillets destinés aux lacets. Cette partie, apellée « Saddle » (Selle), est souvent colorée et donne aux saddle shoes tout leur cachet. Il existe ensuite de nombreuses variations de couleurs ou de textures, les plus classiques étant les saddle shoes blanches avec l’empiècement noir. Il arrive souvent que les semelles soient aussi colorées, en rouge brique, en corail, ou bien même en vert, elles sont la plupart du temps en gomme et rendent les saddle shoes légères et très confortables.


Saddle Shoes par Mark McNairy

Les origines des saddle shoe remontent à 1906, année ou Spalding, l’équipementier sportif (oui, celui des ballons de basket) se mit à commercialiser une chaussure oxford possédant un empiècement destiné à renforcer les points de tension. Originellement dédiée à la pratique sportive, la chaussure fut rapidement adoptée par la jeunesse de l’époque dans sa vie de tous les jours. Réagissant à cette nouvelle utilisation de son produit, Spalding décida d’améliorer la semelle des saddle shoe afin que celle-ci n’emmagazine plus les saletés collectées dans la rue. Après des recherches auprès d’un fabriquant de système de freinage,
Spalding sortit la fameuse saddle shoes à semelle rouge-orangée. De nombreuses variations sont depuis apparues, aussi bien au niveau des associations de couleur qu’au niveau des formes utilisées. Aujourd’hui, la saddle shoes restent fortement associées aux années 40 – 50, où celles-ci furent beaucoup portées, notamment par des lycéennes, avec des bobby socks, des pom-poms…

Depuis son époque de gloire, les saddle shoes reviennent régulièrement au goût du jour, poussées par les vagues successives de nostalgies de l’époque de l’émergence de la culture jeune. Comme vous l’aurez peut-être remarqué, nous sommes en plein dedans en ce moment et de nombreux modèles de saddle shoes ré-apparaîssent. Bass, le légendaire fabriquant de chaussure américain, qui avait arrêté la production de saddle a soudainement relancé le modèle et Mark McNairy, ancien directeur de la création chez le très preppy J.Press, les revisite sous son label personnel. Mais plus question de faire du sport avec …

On en trouve aujourd’hui un peu partout chez de nombreux fabriquants. Le must reste Muffy’s, une boutique dédiée à la saddle shoes qui fut lancée par deux grands amateurs de la chaussure bicolore. De plus leur site a beaucoup de charme. Ceci n’engage que moi et je vous laisse avec quelques photos…

Mick Jagger

Woody Allen


Flight jackets en peau retournée (1/2) – Irvin Jacket


 

RAF Irvin jacket câblée


Nombre de pièces militaires ont marqué à jamais l’habillement civil. Nous avions notamment traité des F1 et F2 de l’armée française, des fields jackets ainsi que des vestes de pont américaines, cette fois-ci, intéressons-nous aux blousons de pilotes en peau retournée de la Royal Air Force (ou RAF, l’armée de l’air britannique). Ces blousons conçus à l’aube de la seconde guerre mondiale et portés tout au long de celle-ci par les pilotes britanniques, furent ensuite très populaire chez les jeunes civils souhaitant imiter le style désinvolte des héros nationaux. La deuxième partie de cet article sera publiée sous peu et traitera des équivalents de l’US Armed Air Forces (USAAF), notamment de la fameuse B-3.

L’origine des flight jackets est très liée à celle de l’aviation. En effet, les cabines des premiers avions n’étaient pas isolées et il y faisait rapidement très froid, jusqu’à -50° C. Les pilotes risquant des accidents mortels en cas d’engourdissement, il fut nécessaire de développer des vêtements chauds et adaptés aux mouvements dans un cockpit.

La Irvin jacket a fut donc créée par un des pionniers de l’aviation, qui inventa d’ailleurs aussi le parachute et effectua le premier saut en chute libre d’un avion. Leslie Irvin, qui donna son nom au blouson, fut rapidement à la tête d’une industrie, fabriquant des parachutes pour les pilotes du monde entier, il ouvrit notamment une usine en Angleterre à Letchworth en 1926. Au début des années 30, l’usine anglaise de Irvin répondit à un appel d’offre du Air Ministry britannique, qui cherchait à l’époque un équipement permettant d’améliorer les conditions des pilotes nationaux, évoluant à des altitudes toujours plus élevées et glaciales. C’est alors que fut proposée, puis sélectionnée, la Irvin jacket, accompagnée d’un pantalon lui aussi en peau de mouton.

La Irvin jacket est constituée de peau de mouton retournée ou shearling. Matière première lourde, disponible en abondance, elle permettait surtout une très bonne isolation garantissant aux pilotes de ne pas avoir froid. La veste possède des manches longues terminées par un zip, afin de porter des gants sans perdre de la chaleur. Le col se relève et peut être serré afin de garder le cou ainsi que le bas du visage au chaud. Une sangle à l’avant au niveau de la taille permet de garantir que la chaleur reste en place. Petite anecdote : Une partie de l’équipement de la RAF, notamment les gants, possédaient un système de chauffage électrique intégré. C’est ainsi que l’on peut apercevoir sur certaines Irvin des câbles électriques parcourant le dessus de la veste.

La veste fut ensuite portée fièrement par la RAF durant toute la seconde guerre mondiale et notamment durant bataille d’Angleterre, causant une demande accrue de la production. Cette production ne pouvant être assurée uniquement par l’usine d’Irvin, elle fut sous-traitée, ce qui fit que l’on peut noter des petites différences entre plusieurs Irvin jackets vintage. De plus, les conditions difficiles lors de la guerre impactèrent la disponibilité des matières premières. C’est ainsi que les vestes datant de la fin de la guerre possèdent de plus nombreuses pièces de cuirs que celles fabriqués au début ou avant, certaines ayant l’air d’un véritable patchwork.


Irvin jacket à capuche – On note que la veste est constituée de nombreuses pièces de cuirs, ce qui laisse croire que sa fabrication date de la fin de la seconde guerre mondiale

 

Le personnel au sol aussi eut aussi droit à sa Irvin jacket, par contre celle-ci fut adapté à son utilisation et se vit ajoutée une capuche, peinte en jaune afin d’être mieux visible. Celles-ci furent portées par les membres de la RAF Coastal Command, bras maritime de la RAF ainsi que par ceux du Fleet Air Arm de la Royal Navy.

Pour finir, voici quelques photos de pilotes de l’époque portant la Irvin :

 





Red Wing – Irish Setter

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Avec le grand retour du workwear et du besoin des consommateurs de produits durables, on se satisfait de moins en moins de produits « made in china » ou autre pays low-cost qui ne vont durer qu’une saison. Durabilité, solidité et intemporalité sont des qualités qui vont réellement influer sur le choix du produit. Une marque de botte a prouvé qu’elle possédait ces qualités en produisant depuis plus d’un siècle des modèles devenus mythiques: la marque Red Wing.

Revenons un peu sur l’histoire de cette marque. L’entreprise est fondée en 1905 par Charles H. Beckman dans la paisible ville de Red Wing, Minnesota.

Pour l’anecdote, cet entrepreneur, cherchant chaussure à son pied, décide de les fabriquer lui-même, ne trouvant pas ce qu’il cherchait.

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Cette marque a une forte dimension historique , et la raconte très bien. Au travers de leur site vous pourrez suivre les différentes étapes que la marque a traversé en passant par deux guerres mondiales, la grande dépression, et aux dernières nouvelles, elle a aussi survécu la crise actuelle.

Cette réussite provient certainement de l’incroyable qualité de ses produits: des semelles pour la plupart cousues Goodyear , une fabrication « made in USA » dans le Minnessota et des clients exigeants qui en redemandent.

Cette authenticité historique et l’incroyable qualité des produits Red Wing lui ont value un important succès auprès des consommateurs (sûrement) les plus exigeants à l’heure actuelle : Les Japonais.

La marque, comme beaucoup d’autres, a un site fait tout spécialement pour eux et produit une ligne de chaussures conçue exclusivement pour ce marché : la collection Wabasha.

Les modèles vont de la chaussure de ville facilement portable et visuellement agréable à la chaussure 100% professionnelle qui vous posera de nombreux problèmes d’ordre esthétique le matin quand il s’agira de la porter avec un jean mais qui vous laissera confiant à l’idée de recevoir une altère sur votre orteil droit.

Un de leurs modèle phare est la chaussure dite « Irish Setter », qui porte la référence 877. Cette chaussure conçue pour la chasse peut être décrite comme une botte « mocassin ». Elle tire son nom du chien de chasse « Irish Setter » ou « Red Setter » dont la couleur de la robe rappelle celle du cuir utilisé pour la première ligne de 877 en 1950. Aujourd’hui, sûrement face à son succès, Red Wing a décliné ce modèle en de nombreuses gammes différentes qu’elle distribue sous son nom d’origine et qui sont dédiées à la pratique de la chasse: les Irish Setter hunting boots.

Le cousu mocassin qui donne à ce modèle son aspect si particulier est aussi présent sur les modèles 875 et 8131. Certaines distinctions méritent d’être fait.

n°877

N°877


Red Wing - 875

n°875

Red Wing - N°8131

n°8131

La 877 est haute de 8-inch (environ 20 cm) et possède une couture qui continue sur le côté. vers l’arrière de la chaussure. Ce détail qui rappel la construction du mocassin « classique » est propre au modèle original de Irish Setter.

La 875 est construite sur la même base que sa grande sœur. Même forme du pied, même cousu mocassin et même cuir. Deux différences sont à noter: la botte est moins haute (6-inch soit environ 15 cm) et le cousue latérale diffèrent. Il suit la courbe du pied pour finir à la semelle et reprendre plus loin afin de bien prendre le talon.

Viens ensuite le modèle 8131 qui est la version actualisée de la 875: forme plus fine, grain du cuir affiné, et bout moins arrondit. Ce modèle qui est peut-être plus facile à porter, possède néanmoins le style de l’original.

Si le choix de la taille, de la coupe ou de la forme peuvent être sujet à débat, le style « Irish Setter » est devenu incontournable au point de faire l’objet de nombreuses collaborations. Des marques comme Concepts, Nom de Guerre ou Neighborhood, ont tenté de réinterpréter ce modèle mythique en y ajoutant un peu de leurs identités. La dernière collaboration en date est sûrement celle avec Woolrich. Vous pouvez en voir les détails ici.

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A l’heure actuelle, où le workwear fait fureur et où l’on recherche des produits réellement durables, Red Wing fait figure de référence, et ce n’est pas prêt de changer.

http://www.rwleatherboots.com/





Visite de l’usine Red Wings

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Jack Nicholson, dans « One Flew Over the Cuckoo’s Nest » (1975). Scan du Free & Easy de janvier 2010

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Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

Red Wing - the Sartorialist

Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

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Une photo qui montre bien l’esprit de la marque

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Chaussure faite pour l’ouverture du Flag Ship/Musée Red Wing dans le Minnesota en Août dernier. Plus de détails ici.