Frans Boone

La pochette Drakes fait toujours son petit effet

La vie vous réserve parfois de belles surprises : c’est lors d’une promenade touristique tout à fait innocente sur la côte flamande que je suis tombé sur la boutique Frans Boone. Connue pour son moulin pittoresque, son charmant belfort, et surtout les prix attractifs de ses boutiques de cosmétique en gros, j’étais loin d’imaginer que la ville frontalière de Sluis (2040 habitants) puisse réserver une telle pépite.

Car Frans Boone est une boutique véritablement exceptionnelle. En effet, très rares sont les multimarques ayant une telle sélection en Europe, et celle-ci fait intelligemment le pont entre l’univers de l’héritage américain et celui des vestes déstructurées, chemises cousues mains et autres petites joyeusetées bien italiennes.

Cela fait un petit moment que l’on entend parler du retour du made in Italy et avec lui de celui de l’influence culturelle vestimentaire italienne. Les flux RSS tendances débordant d’images volées à Pitti Uomo depuis maintenant plusieurs années, on se demandait quand est-ce que cela se traduirait par l’apparition en boutique d’une offre compatible. Et il semble que cela soit enfin en train de prendre forme, en effet de belles boutiques comme Trunk Clothiers à Londres (la boutique co-fondée par Monocle), Antonia/Excelsior à Milan, Frans Boone, mais aussi Mr Porter, Barneys… Toutes ont intégré de petites perles italiennes à leurs sélections.

Vous trouverez donc chez Frans Boone les marques assez familières que sont devenues Gitman Vintage, Alden, Orlebar Brown, Red Wing ou SNS Herning, mais accompagnées par les moins communs et parfois un peu moins casual Slowear, Crockett & Jones, Aspesi, Caruso, Barena, Essemplare, Boglioli, Salvatore Piccolo, Finamore, Barba et Drakes.

Frans Boone est un véritable prescripteur et déniche de nombreuses exclusivités pour sa sélection, en effet Salvatore Piccolo était chez lui avant d’avoir son stand à Pitti Uomo, et aujourd’hui il est le tout premier revendeur européen des new-yorkais Ovadia & Sons, qui font beaucoup parler d’eux outre-atlantique. Il réalise en plus de cela de nombreuses collaborations, par exemple avec Crockett & Jones, Salvatore Piccolo, Finamore, Caruso ou Alden.

La boutique possède une vitrine en ligne mais l’espace physique vaut vraiment le détour si vous êtes en train de faire du cyclotourisme dans les polders, voici quelques photos.


Frans Boone
Kapellestraat 17
4524 CW Sluis
The Netherlands
FransBooneStore.com



J.Press York Street


J.Press, normalement, c’est ça : pas moins de 10 versions différentes du classique blazer bleu-marine, on est perfectionniste ou on ne l’est pas

Fondée en 1902 sur le campus de Yale, et depuis présente à Harvard, New York et Washington, la marque J.Press est sûrement la plus belle représentante du style preppy américain. Le label a habillé les étudiants de ces prestigieuses écoles à l’époque où le jean était prohibé et où les sweats encore réservés au sport, étudiants qui n’ont jamais vraiment hésité à revenir une fois installés dans la vie professionnelle. Aujourd’hui, franchir la porte d’un de leur magasin équivaut à un voyage dans le temps. Rien ne semble y avoir changé depuis des années, si bien que même les vendeurs paraissent avoir largement passé l’âge de la retraite. Se cache au sein des boiseries patinées et de l’apparent bazar une véritable mine d’or pour tout amateur à la recherche d’authenticité : les si particuliers pulls Shaggy Dog y côtoient des chemises button-down qui n’ont rien à envier à celles du concurrent Brooks Brothers, tandis que des écharpes et bracelets de montre aux couleurs des écoles Ivy League ainsi que l’obsession pour les motifs de crustacés rappellent que l’histoire de la marque est bien ancrée en Nouvelle-Angleterre.

Rivale éternelle de Brooks Brothers, la marque distribue de très belles chemises button-down

L’intérêt névrosé des Japonais pour le style américain ne datant pas d’hier, la marque connu un fort succès au pays du soleil levant où celle-ci fut licenciée dès 1974, devenant ainsi la première marque américaine avec ce type de contrat. A l’instar de ce qui est arrivé à Carven il y a peu, J.Press fut racheté par son licencié en 1986. La marque est aujourd’hui 6 fois plus distribuée au Japon qu’elle ne l’est aux États-Unis et son coeur de métier n’a pas changé : faire du  vêtement classique, en portant une attention toute particulière à rester éloigné des tendances, à toujours utiliser des matières naturelles et à conserver l’essentiel de sa fabrication dans le pays de l’oncle Sam.

Le fameux pull Shaggy Dog, en laine des Shetlands, qu’on ne trouve que chez J.Press

Depuis le milieu des années 2000, et le retour sur le devant de la scène mode internationale de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de l’intemporel, la marque multiplie les appels du pied vers une cible plus jeune, sûrement afin d’éviter de disparaître avec sa clientèle historique. Mark Mc Nairy fut ainsi embauché à la direction de la création en 2005. Il introduisit des nouveautés, comme par exemple une cravate ironique reprenant l’emblème de l’association secrète de Yale Skull and Bones (c’est de l’ironie pour initiés), mais sans toutefois révolutionner la ligne de l’enseigne. Suivit en 2010 une collaboration oubliable avec Urban Outfitters, dont nous fumes bien évidemment privés en France. A l’instar de Brooks Brothers et de sa ligne Black Fleece avec Thom Browne, c’est maintenant toute une collection dessinée par les frères d’Ovadia and Sons qui insuffle de la nouveauté chez J.Press. Baptisée York Street, d’après l’adresse du premier magasin de la marque, celle-ci propose des coupes modernisées, ainsi que des pièces plus casual et plus sportswear, synthèse de l’interpretation contemporaine du style preppy. Ovadia and Sons, en seulement deux ans, a su se faire une place de choix au sein des labels américains de mode masculine, modernisant des classiques issus de leur histoire. Le choix est donc très cohérent et cela fonctionne plutôt bien. De quoi faire effectivement entrer des étudiants d’aujourd’hui dans une boutique J.Press.

Ci-dessous un aperçu de la collection York Street printemps-été 2013, pour une vue complète, c’est ici que cela se passe.