J.Press York Street


J.Press, normalement, c’est ça : pas moins de 10 versions différentes du classique blazer bleu-marine, on est perfectionniste ou on ne l’est pas

Fondée en 1902 sur le campus de Yale, et depuis présente à Harvard, New York et Washington, la marque J.Press est sûrement la plus belle représentante du style preppy américain. Le label a habillé les étudiants de ces prestigieuses écoles à l’époque où le jean était prohibé et où les sweats encore réservés au sport, étudiants qui n’ont jamais vraiment hésité à revenir une fois installés dans la vie professionnelle. Aujourd’hui, franchir la porte d’un de leur magasin équivaut à un voyage dans le temps. Rien ne semble y avoir changé depuis des années, si bien que même les vendeurs paraissent avoir largement passé l’âge de la retraite. Se cache au sein des boiseries patinées et de l’apparent bazar une véritable mine d’or pour tout amateur à la recherche d’authenticité : les si particuliers pulls Shaggy Dog y côtoient des chemises button-down qui n’ont rien à envier à celles du concurrent Brooks Brothers, tandis que des écharpes et bracelets de montre aux couleurs des écoles Ivy League ainsi que l’obsession pour les motifs de crustacés rappellent que l’histoire de la marque est bien ancrée en Nouvelle-Angleterre.

Rivale éternelle de Brooks Brothers, la marque distribue de très belles chemises button-down

L’intérêt névrosé des Japonais pour le style américain ne datant pas d’hier, la marque connu un fort succès au pays du soleil levant où celle-ci fut licenciée dès 1974, devenant ainsi la première marque américaine avec ce type de contrat. A l’instar de ce qui est arrivé à Carven il y a peu, J.Press fut racheté par son licencié en 1986. La marque est aujourd’hui 6 fois plus distribuée au Japon qu’elle ne l’est aux États-Unis et son coeur de métier n’a pas changé : faire du  vêtement classique, en portant une attention toute particulière à rester éloigné des tendances, à toujours utiliser des matières naturelles et à conserver l’essentiel de sa fabrication dans le pays de l’oncle Sam.

Le fameux pull Shaggy Dog, en laine des Shetlands, qu’on ne trouve que chez J.Press

Depuis le milieu des années 2000, et le retour sur le devant de la scène mode internationale de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de l’intemporel, la marque multiplie les appels du pied vers une cible plus jeune, sûrement afin d’éviter de disparaître avec sa clientèle historique. Mark Mc Nairy fut ainsi embauché à la direction de la création en 2005. Il introduisit des nouveautés, comme par exemple une cravate ironique reprenant l’emblème de l’association secrète de Yale Skull and Bones (c’est de l’ironie pour initiés), mais sans toutefois révolutionner la ligne de l’enseigne. Suivit en 2010 une collaboration oubliable avec Urban Outfitters, dont nous fumes bien évidemment privés en France. A l’instar de Brooks Brothers et de sa ligne Black Fleece avec Thom Browne, c’est maintenant toute une collection dessinée par les frères d’Ovadia and Sons qui insuffle de la nouveauté chez J.Press. Baptisée York Street, d’après l’adresse du premier magasin de la marque, celle-ci propose des coupes modernisées, ainsi que des pièces plus casual et plus sportswear, synthèse de l’interpretation contemporaine du style preppy. Ovadia and Sons, en seulement deux ans, a su se faire une place de choix au sein des labels américains de mode masculine, modernisant des classiques issus de leur histoire. Le choix est donc très cohérent et cela fonctionne plutôt bien. De quoi faire effectivement entrer des étudiants d’aujourd’hui dans une boutique J.Press.

Ci-dessous un aperçu de la collection York Street printemps-été 2013, pour une vue complète, c’est ici que cela se passe.

March L.A.B


Les bonnes marques d’entrée de gamme en matière de montre, ça ne courre pas les rues: dès que l’on veut sortir de la reproduction de modèles militaire (toujours très efficaces) ou de designs très classiques sans mettre de côté la qualité du mouvement, il semble que ça soit un peu compliqué. March L.A.B semble plutôt bien allier des éléments que j’ai évoqué juste avant: certains de leurs modèles sont assez recherchés, d’autres plus simples font l’effort de se démarquer et leurs mouvements sont fabriqués en Suisse.

Fondée par deux français, l’un vivant à Los Angeles et un l’autre à Biarritz (voilà pour le L.A.B), la marque était déjà présente dans des boutiques comme colette ou Le Bon Marché. La démarche est en tout cas clairement enoncée et reste modeste ce qui est fort appréciable: « De fabrication Suisse, (les montres) répondent aux critères de qualité attendus, mais March L.A.B ne veut pas usurper pour autant le titre d’horloger, ce collaborateur si précieux, seul à même d’installer dans ses créations les mouvements parfaits ». Ils remettent les choses à leurs places, sans oublier de préciser que ne fait pas de l’horlogerie qui veut.

Sans abandonner son identité, elle sort ce modèle qui garde les codes de la marque en les mélangeant avec ceux que l’on peut retrouver sur des montres de plongée militaires (dont le fameux bracelet NATO). Je suis loin d’être spécialiste en matière de montre mais le modèle qui est disponible chez Union LA et Antic Boutik en France me semble plutôt réussi.

Je n’ai d’ailleurs rien trouvé sur le site de Nixon (que je trouve assez proche finalement) qui précise que ses modèles ou ses mouvements sont fabriqués en Suisse, ce qui me paraît être un gage d’une certaine qualité et qui est le cas pour March L.A.B . Si vous pouviez donc m’en dire un peu plus sur ce point et me donner une petite leçon d’horlogerie d’entrée de gamme, vos éclaircissements seraient les bienvenus !