Open Shoes

sky is the limit… enfin peut être quoi

Touchant du bout des doigts à la maroquinerie depuis environ deux ans et ayant commencé ma formation de sellier en Novembre dernier, je suis toujours fasciné par les gens qui décident de produire des choses eux mêmes. Si vous êtes un peu curieux et que vous êtes passé à côté du projet, j’ en profite pour vous donner le lien du monsieur qui m’a décidé à sauter le pas, du bouquin à la matière: http://depiedencap.leforum.eu/t6172-Ma-nouvelle-folie.htm
L’ artisanat étant bien entendu la forme la plus traditionnelle de production de choses, on a aussi vu émerger ces dernières années une foule de designers qui s’intéresse au mouvement des FabLab et à l’Open Source.  Ces espaces mis en place par le MIT il y a une dizaine d’année mettent à disposition outils, savoirs et dernières technologies à ceux qui auraient envie de bricoler des projets pour se réaproprier les moyens de production.
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La Réserve des Arts

Castorama n’a qu’à bien se tenir.

En matière de vêtement ou d’accessoire, quand on commence à parler écologie, recyclage et matériaux de récupération, on a toujours l’impression que l’on va se retrouver kidnappé et habillé en sarouel de chanvre qui gratte. Il y a tout de suite cet aspect « baton+bout de ficelle »/ »vestiaire de copines » qui vient planer au dessus de la conversation. Du coup on arrête d’y penser et on file acheter du neuf fait avec du neuf.

Pourtant l’industrie de la mode pourrait jeter beaucoup moins et réutiliser ses tissus beaucoup plus qu’elle ne le fait, sans pour autant produire des choses dignes des pages fait maison du Elle Déco.

Hermes avait d’ailleurs choisi de montrer l’exemple en réintégrant ses quasi-déchets (produits défectueux et chutes de tissus, de cuir et autres beaux matériaux) dans son incroyable initiative Petit h, dont vous pouvez avoir un bel aperçu ici.


Sélection de produits mis au rebut tout à fait exploitables et modifiables: ici des vitrines de boutique

Plus à notre portée, La Réserve des Arts semble avoir bien compris qu’il y avait quelque chose à faire pour résoudre ce problème de gâchis et savoir comment rendre ces matériaux séduisants aux yeux des designers, étudiants ou bricoleurs éclairés. Le site internet est donc très bien construit, agréable tant à l’oeil qu’au niveau de la navigation, mais surtout les produits disponibles à l’achat par les professionnels ou les étudiants sont bien choisis: réutilisables, propres et abordables.

J’ai eu récemment l’occasion d’aller y fouiller un peu et même si je suis reparti les mains vides (la couleur de cuir que je cherchais n’était pas disponible) j’ai été très bien accueilli par un staff souriant, plein d’énergie et ne se faisant pas prier pour bavarder un peu. Puisqu’il s’agit de déchets industriels je n’ai pas été surpris de ne pas trouver précisément ce que je cherchais: il n’y a pas de production, donc pas nécessairement de suivi, mais une sélection qualitative de matériaux à réutiliser. Vous pourrez donc sûrement y trouver des solutions alternatives ou même de l’inspiration si vous êtes à court.


L’identité visuelle de l’association, prête à faire palir d’envie n’importe quelle jeune marque de streetwear.


« Il est beau mon bracelet, il est frais mon bracelet ! »

Pour être client il faut par contre être adhérent à l’association non lucrative de la Réserve des Arts dont le montant de cotisation annuelle ne devrait pas vous faire tourner de l’oeil. Si vous n’êtes ni étudiant du secteur culturel ni professionnel, essayez tout de même de leur envoyer un mail pour voir si vous pouvez intégrer la chose.

Dernière chose non pas des moindres, La Réserve des Arts a intégré des locaux à Pantin et cherche à y équiper un atelier qui serait accessible moyennant adhésion et réservation pour travailler les matières disponibles sur place. On imagine facilement que ce genre d’endroit sera également propices aux rencontres entre porteurs de projets, à la manière des FabLab et espaces de coworking.

Projet utile, porteur de valeurs intéressantes et de solutions pour les petites entreprises, on peut participer à son financement sur KissKissBankBank ou suivre les derniers arrivages sur Tumblr.

Si vous êtes du genre à vous retrousser les manches et que vous voulez trouver des matières et fournitures de bonne qualité, allez leur rendre visite:


La boutique
Rue Prévost Paradol (partie piétonne), Paris 14ème,
Ouverte du mercredi au samedi de 14h à 19h.
L’ entrepôt et les futurs ateliers
53 rue Cartier Bresson, à Pantin
Ouverte du mardi au vendredi de 10h à 18h

www.lareservedesarts.org

Tjikko


Ça n’est pas forcément l’idée que l’on se fait d’un atelier de maroquinerie en plein Paris.


Lorsque l’on se balade un peu dans le paysage de la maroquinerie on se fait vite happer par sa richesse infinie: pièces incroyables sorties des plus prestigieux ateliers du monde, guerres financières, belles endormies à peine réveillées par un LVMH en quête d’un nouveau terrain de jeu, maisons indépendantes rebelles à la course au profit, avides du retour de la qualité à tous les niveaux, one-woman operations en quête d’un monde plus lent, amateurs un peu fous (on va y venir, patience)… difficile de dresser une carte définitive. Le dernier ovni dans lequel je suis rentré c’est Tjikko, de Pierre Lapeyronnie et quelques uns de ses collègues et amis.


Voilà ce que l’on trouve au fond d’une cour du 12ème.

 

Ma première rencontre avec Tjikko s’est faite chez Centre Commercial, rue de Marseille, boutique dans laquelle je flânais, sûrement s parti chercher une incroyable miche de Pain des Amis. En constante observation des nouveautés et des noms inconnus sur la scène de la maroquinerie, un portefeuille marqué d’un « Fabriqué à Paris » en dessous du logo avait attiré mon oeil dans la vitrine. Rien de bien étonnant jusqu’ici, la capitale regorge de petits ateliers qui travaillent à façon. Seulement voilà, le prix n’avait rien à voir avec les travaux de selliers maroquiniers, les coutures n’étaient pas celles d’un sellier traditionnel, les bords noircis témoignaient d’une coupe à chaud, l’objet était réalisé d’une seule pièce de cuir, et le logo marqué au laser dans la peau. Une fois de retour chez moi après quelques rapides recherches sur internet, un email part à la rencontre de cette marque intrigante qui partage sur les réseaux sociaux des photos de jeunes gens pince à coudre entre les cuisses, en train de peaufiner le montage d’un portefeuille assez atypique. La réponse ne se fait pas attendre et rendez vous est pris.


Pierre et Paul au travail sur Tjikko entre deux projets de mobilier.

 

La semaine suivante je pousse une porte du 11ème arrondissement sur l’invitation de Pierre et marche dans une cour intérieure jusqu’à une petite maison entourée de fleurs en pot. Il s’agissait d’une calme journée de juillet et entrer dans l’atelier m’a un peu fait l’effet de soulever une pierre en forêt. Comme si un petit monde coupé de l’extérieur s’affairait à la tâche: l’un m’invite à m’asseoir, me tend un coca, l’autre sort d’une mezzanine sous le toit où il se tenait à accroupi, occupé à améliorer sa technique de couture, pendant qu’une de leur collègue en rendez vous téléphonique avec un distributeur me faisait un signe de la main. À peine les présentations terminées une nouvelle tête fait son apparition: un ébéniste d’une grosse vingtaine d’année venu prévenir que leur travail sur les meubles d’un hôtel ouvrant ses portes prochainement était bientôt achevé. »Voilà Tjikko » résumait Pierre une fois de retour.


Petit coin découpe pour les maquettes et autres ajustements.

 

Après avoir étudié le design et travaillé pour de belles agences, Pierre décide de prendre son indépendance et fonde le studio Pierre Lapeyronnie. Travaillant habituellement du mobilier, des chaises et des luminaires, le studio est véritablement multifacettes: pendant ses périodes d’apprentissage, pour mieux appréhender la matière, les objets et leurs techniques de fabrications Pierre est allé à la rencontre de nombreux artisans qui lui ont transmis les bases de la verrerie, la ferronerie, le travail de la céramique, la coutelerie ou encore de l’ébénisterie. Toujours touche à tout et curieux, le studio Lapeyronnie trouve donc par Tjikko un moyen de s’essayer à la maroquinerie.

Toutes les pièces seront cousues à la main après découpe et pliage.

 

Soucieux de réaliser un produit utile, durable dans le temps et simple à fabriquer, ils commencent avec le porte feuille « Modèle A »: composé d’une seule pièce de cuir découpée au laser, les trous pour la couture sont percés en amont de l’assemblage des poches qui sera réalisé par pliage et fixé au fil de lin, traditionnellement utilisé en maroquinerie. On a donc un peu l’impression que Tjikko se situe tout juste à la rencontre de deux monde, entre l’artisanat et le design industriel cherchant à allier esthétique et suppression des contraintes de fabrication.

Non contents d’avoir déjà quelques points de vente comme Centre Commercial, La Belle Société, Elka et Cieva et Figura Sfondo , Tjikko vient tout juste d’ouvrir la nouvelle mouture de son site internet. Notez que vous pouvez également aller à la rencontre de toute la troupe et vous procurer votre porte feuille directement à l’atelier au 75 rue Léon Frot dans le 11ème à Paris. Si vous êtes curieux et/ou bricoleur, vous apprécierez forcément le détour.


Dieter Rams par V&A

Dieter Rams à son bureau.

Néophite que je suis en la matière, me rendre compte de l’influence d’un designer dans la vie de tous les jours c’est toujours assez impressionnant pour moi. Le travail de Dieter Rams est l’exemple parfait d’une oeuvre qui a su intervenir au bon moment et d’une manière assez efficace pour se voir appliquer à une foule de produit et influencer les marques les plus prestigieuses pendant des décennies. Cette vidéo vue sur l’excellent the189.com m’a redonné l’occasion de m’intéresser à cet homme fort intéressant au travail remarquable, Dieter Rams y revient rapidement sur son travail pour Braun, son état d’esprit et ses influences.

Dieter Rams « Cold War Modern » from Tom Haines on Vimeo.

Si la question vous intéresse, ce très beau livre est paru il n’y a pas très longtemps, édité chez Phaidon.

RagTop – Spitalfields Finest



Dans la liste des marchés inévitables à Londres quand il s’agit de vintage, il y a Portobello market, dont on vous a déjà parlé, et il y a aussi Spitalfields market, mais le jeudi seulement.

Si il vous arrive de passer du côté de Liverpool Street station un jeudi midi, il y a des choses à ne pas rater. D’une, le sandwich chaud de chez A.Gold. Le magasin concentre tout ce qu’il y de plus anglais à manger : flapjacks, sandwichs froids au corned beef, scotch eggs, mais surtout des sandwichs chauds fait sous vos yeux avec en option une moutarde au chutney de mangue à tomber.

La deuxième chose, et sûrement la plus importante est le marché. Le jeudi, et le jeudi seulement, Spitalfields se transforme en marché vintage de haut niveau. Vintage américain de première qualité, workwear français, et des pulls marins anglais qui valent le détour. Il s’agit sans hésiter d’une des meilleures destinations de Londres si vous avez une idée bien particulière de ce que vous cherchez. Dave White a un des meilleurs stands. Ce monsieur expose justement sa collection chez Out of Town où avait lieu un débat des plus intéressants sur le vintage américain. La collection restera exposée jusqu’au 28 Mai. Vous pouvez avoir un aperçu de sa collection ici. Ou bien tout simplement y aller directement et casser votre tirelire.

A l’occasion du débat, Dave White nous a montré ses pièces préférées parmi celles qui étaient exposées. Vous pouvez les trouver ci-dessous. On vous laisse également avec quelques photos supplémentaires du marché. D’ailleurs, si vous y passer, faîtes un petit tour chez Albam et D.S.Dundee, qui ont leurs magasins juste à côté juste au cas où vous n’auriez pas trouvé ce que vous vouliez au marché.


Veste workwear PayDay


Sweat shirt customisé « Monza Maniaks »

 

Levi’s 501


Jeans à bretelles, Stronghold

 

Veste « de sport »


J. Panther Luggage Co.

Dessinés à New York, et fabriqués en Nouvelle Angleterre  par des artisans, J. Panther Luggage Co. témoigne bien de l’amour des japonais pour la culture américaine et sa garde robe. Inspiré par des pièces du début des années 60, les sacs de la marque sauront séduire les amateurs de vintage qui regrettent cette époque qui leur est particulièrement chère.

La petite marque met un point d’honneur à développer un produit utile pour ceux qui se déplacent beaucoup, soignant le détail pour leur plus grand confort. D’ailleurs si l’esthétique générale des produits nous vient du passé, tout a été réactualisé pour  prendre en compte les usages dont on pourrait faire maintenant avec ces superbes sacs.

Avec les images explicatives visibles plus bas, on se rend compte facilement que le design et les détails ne sont pas là par hasard mais bel et bien adaptés à l’utilisation de chacun: ça respire le travail bien fait, dans lequel rien a été laissé a la fatalité, par la même occasion on se rend compte que c’est tout compte fait assez rare.

Côté matériaux, le cuir est récolté et tanné aux USA et est également utilisé par la NBA et la NFL. Pour ce qui est de la toile canvas, J. Panther s’adresse à l’un des fournisseurs de l’armée du Royaume-Uni pour une solidité sans faille.

Le créateur est quant à lui diplomé de la célèbre St Martins School of Art&Design de Londres, a travaillé pour Burberry en tant que designer et chez Evisu Genes comme global creative director. Profitant d’un curriculum déjà impressionnant, Johnny Diamandis se lance donc dans l’accessoire de luxe d’inspiration américaine tout en continuant à donner des cours à la Parsons New York et au Royal College of Art de Londres.

Le tout devrait arriver en boutique en Janvier prochain, ce qui nous laissera le temps de vous donner plus d’informations quant à la distribution. Il semble d’ailleurs que le produit soit assez peu distribué en France, avis aux amateurs !