La Réserve des Arts

Castorama n’a qu’à bien se tenir.

En matière de vêtement ou d’accessoire, quand on commence à parler écologie, recyclage et matériaux de récupération, on a toujours l’impression que l’on va se retrouver kidnappé et habillé en sarouel de chanvre qui gratte. Il y a tout de suite cet aspect « baton+bout de ficelle »/ »vestiaire de copines » qui vient planer au dessus de la conversation. Du coup on arrête d’y penser et on file acheter du neuf fait avec du neuf.

Pourtant l’industrie de la mode pourrait jeter beaucoup moins et réutiliser ses tissus beaucoup plus qu’elle ne le fait, sans pour autant produire des choses dignes des pages fait maison du Elle Déco.

Hermes avait d’ailleurs choisi de montrer l’exemple en réintégrant ses quasi-déchets (produits défectueux et chutes de tissus, de cuir et autres beaux matériaux) dans son incroyable initiative Petit h, dont vous pouvez avoir un bel aperçu ici.


Sélection de produits mis au rebut tout à fait exploitables et modifiables: ici des vitrines de boutique

Plus à notre portée, La Réserve des Arts semble avoir bien compris qu’il y avait quelque chose à faire pour résoudre ce problème de gâchis et savoir comment rendre ces matériaux séduisants aux yeux des designers, étudiants ou bricoleurs éclairés. Le site internet est donc très bien construit, agréable tant à l’oeil qu’au niveau de la navigation, mais surtout les produits disponibles à l’achat par les professionnels ou les étudiants sont bien choisis: réutilisables, propres et abordables.

J’ai eu récemment l’occasion d’aller y fouiller un peu et même si je suis reparti les mains vides (la couleur de cuir que je cherchais n’était pas disponible) j’ai été très bien accueilli par un staff souriant, plein d’énergie et ne se faisant pas prier pour bavarder un peu. Puisqu’il s’agit de déchets industriels je n’ai pas été surpris de ne pas trouver précisément ce que je cherchais: il n’y a pas de production, donc pas nécessairement de suivi, mais une sélection qualitative de matériaux à réutiliser. Vous pourrez donc sûrement y trouver des solutions alternatives ou même de l’inspiration si vous êtes à court.


L’identité visuelle de l’association, prête à faire palir d’envie n’importe quelle jeune marque de streetwear.


« Il est beau mon bracelet, il est frais mon bracelet ! »

Pour être client il faut par contre être adhérent à l’association non lucrative de la Réserve des Arts dont le montant de cotisation annuelle ne devrait pas vous faire tourner de l’oeil. Si vous n’êtes ni étudiant du secteur culturel ni professionnel, essayez tout de même de leur envoyer un mail pour voir si vous pouvez intégrer la chose.

Dernière chose non pas des moindres, La Réserve des Arts a intégré des locaux à Pantin et cherche à y équiper un atelier qui serait accessible moyennant adhésion et réservation pour travailler les matières disponibles sur place. On imagine facilement que ce genre d’endroit sera également propices aux rencontres entre porteurs de projets, à la manière des FabLab et espaces de coworking.

Projet utile, porteur de valeurs intéressantes et de solutions pour les petites entreprises, on peut participer à son financement sur KissKissBankBank ou suivre les derniers arrivages sur Tumblr.

Si vous êtes du genre à vous retrousser les manches et que vous voulez trouver des matières et fournitures de bonne qualité, allez leur rendre visite:


La boutique
Rue Prévost Paradol (partie piétonne), Paris 14ème,
Ouverte du mercredi au samedi de 14h à 19h.
L’ entrepôt et les futurs ateliers
53 rue Cartier Bresson, à Pantin
Ouverte du mardi au vendredi de 10h à 18h

www.lareservedesarts.org

Atelier Particulier

Jusqu’à il y a peu, les acteurs de la mode et du vêtement se sont contenté d’utiliser internet afin d’améliorer leur manière de travailler. Le web permis ainsi de toucher une clientèle toujours plus large, de montrer le produit sous de nouveaux angles et de raconter de nouvelles histoires autour de celui-ci. Ce sont certes des améliorations notables, mais qui ne font qu’effleurer les possibilités qu’apportent ces nouvelles technologies. L’étape suivante consiste à repenser les modèles de fonctionnement en partant d’internet. Repartir de zéro avec de nouveaux outils.

Et même si les possibilités sont très vastes, certains modèles nous semblent prometteurs et ont la qualité d’utiliser internet pour proposer des nouvelles voies pour la production et la commercialisation de vêtement. Atelier Particulier fait partie de ces acteurs innovants se basant sur les capacités d’internet.

L’idée consiste à se greffer sur un site de crowd-funding, type Kickstarter, et de permettre à tout backer un produit au prix juste si celui-ci a la patience d’attendre sa production. Pour rappel, les sites de crowd-funding, ou financement participatif, permettent de mettre en relation des porteurs de projets de tous types avec des particuliers. Ces derniers sont invités à payer pour aider à la réalisation d’un projet, en échange d’un service, d’un produit ou d’un avantage de toute sorte. Le modèle d’Atelier Particulier n’est pas nouveau et a déjà fait ses preuves aux États-Unis, avec The Ten Year Hoodie et Gustin, dont le succès est assez impressionnant. On arrive ainsi avec un denim en toile japonaise fabriqué en Californie pour 100$, ou dans le cas qui nous intéresse, à de belles cravates en merinos fabriquées en Italie pour 50€ frais de port compris. Les entrepreneurs y trouvent leur compte en ayant très peu besoin de trésorerie et en évitant les intermédiaires.

Un bref tour sur la partie mode de Ulule ou de Kiss Kiss Bank Bank permet rapidement de se rendre compte qu’en France c’est un peu le désert. En effet, jusqu’ici rares sont ceux qui ont travaillé leur image et produits comme un vrai projet de marque, et Atelier Particulier peut s’enorgueillir d’être le premier projet français avec une telle ambition.

Leurs clients ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, et à l’heure où j’écris ces lignes il y a déjà eu plus de deux fois les commandes espérées des cravates, seulement quelques jours après le lancement du projet. De quoi attendre avec impatience le suivant : des écharpes qui arriveront juste à temps courant novembre. Mais les commandes de cravates sont toujours ouvertes, et celles-ci sont d’une très belle qualité, pleines de ces petits détails qui raviront les connaisseurs. Et surtout, elles seraient vendues 90€ dans toute autre boutique moins web 2.0…