Sergueï Rachmaninov — Concerto pour piano n°3

Sergueï Rachmaninov au piano

Le concerto n°3 pour piano de Rachmaninov est mondialement connu pour sa difficulté d’interprétation. Beaucoup de pianistes n’ont d’ailleurs pas osé s’y pencher par crainte.

Cette oeuvre a été composée en 1909 et a été donnée pour la première fois le 28 novembre de la même année. Lors de sa création, c’est Rachmaninov qui était lui même au piano, sous la baguette de Walter Damrosch. Techniquement très complexe pour le pianiste, Rachmaninov avait en partie composé cette oeuvre dans le but de montrer au public qu’en plus d’être un grand compositeur, il était également un pianiste virtuose.

Connaissant un franc succès, ce concerto sera vite dirigé par de grands noms et notamment Gustav Malher qui le dirigea quelques semaines plus tard.
Il est interprété ci-dessous par le virtuose et immense musicien Vladimir Horowitz. Ce concerto fait partie de son répertoire de prédilection, il s’agit d’un des plus beaux enregistrements de ce concerto.

Le Roi et l'Oiseau


« Le Roi et l’Oiseau » est un dessin animé français créé par Paul Grimault en collaboration avec Jacques Prévert qui a signé les dialogues et participé au scénario directement inspiré de La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen.

Vu pour la première fois à l’époque du magnétoscope, je l’ai redécouvert très récemment et tout comme la première fois, je suis resté enthousiasmé par l’univers de ce dessin animé du début à la fin…
Sorti en 1980 sur les écrans, le film n’a pas du tout vieilli. L’Oiseau nous compte l’histoire d’une Bergère et d’un Ramoneur sous le règne du tyrannique roi Charles (V + III = VIII) + VIII = XVI (Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize) du Royaume de Takicardie.

Tout au long du film, la musique prend une place très importante. Elle est composée par Wojciech Kilar qui est un compositeur de musique classique et musique de film polonais. Le thème principal du dessin animé apparait à plusieurs reprises notamment lorsque la Bergère et le Ramoneur s’échappent du château.

Thème du Roi et l’Oiseau :

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La scène du portrait du roi fait, elle, l’objet d’un accompagnement musical très royal collant parfaitement à l’esthétique du dessin animé.


De la musique encore avec le personnage de l’Aveugle qui joue de l’orgue de barbarie. Dès que ce dernier se fait entendre, les lions de l’arène arrêtent d’être menaçants et s’allongent pour écouter la musique de l’aveugle. Lorsque les lions s’échappent avec l’Oiseau, la Bergère et le Ramoneur, c’est une Polka qui se fait entendre dans la ville basse sous les applaudissements des habitants…

La Polka des lions :

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Enfin, et pour souligner la poésie présente tout au long de ce magnifique dessin animé, l’extrait de la scène du petit clown devant « Sa Majesté » toujours accompagné d’une musique de Kilar. Un petit bijou.


Diderot – Regrets sur ma vieille robe de chambre

« Pourquoi ne l’avoir pas gardée ? Elle était faite à moi ; j’étais fait à elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j’étais pittoresque et beau. L’autre, raide, empesée, me mannequine. Il n’y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prêtât ; car l’indigence est presque toujours officieuse. Un livre était-il couvert de poussière, un de ses pans s’offrait à l’essuyer. L’encre épaissie refusait-elle de couler de ma plume, elle présentait le flanc. On y voyait tracés en longues raies noires les fréquents services qu’elle m’avait rendus. Ces longues raies annonçaient le littérateur, l’écrivain, l’homme qui travaille. A présent, j’ai l’air d’un riche fainéant ; on ne sait qui je suis.

Sous son abri, je ne redoutais ni la maladresse d’un valet, ni la mienne, ni les éclats du feu, ni la chute de l’eau. J’étais le maître absolu de ma vieille robe de chambre ; je suis devenu l’esclave de la nouvelle.

Le dragon qui surveillait la toison d’or ne fut pas plus inquiet que moi. Le souci m’enveloppe.

Le vieillard passionné qui s’est livré, pieds et poings liés, aux caprices, à la merci d’une jeune folle, dit depuis le matin jusqu’au soir : Où est ma bonne, ma vieille gouvernante ? Quel démon m’obsédait le jour que je la chassai pour celle-ci ! Puis il pleure, il soupire.

Je ne pleure pas, je ne soupire pas ; mais à chaque instant je dis : Maudit soit celui qui inventa l’art de donner du prix à l’étoffe commune en la teignant en écarlate! Maudit soit le précieux vêtement que je révère ! Où est mon ancien, mon humble, mon commode lambeau de calemande ?

Mes amis, gardez vos vieux amis. Mes amis, craignez l’atteinte de la richesse. Que mon exemple vous instruise. La pauvreté a ses franchises ; l’opulence à sa gêne.

O Diogène ! si tu voyais ton disciple sous le fastueux manteau d’Aristippe, comme tu rirais ! O Aristippe, ce manteau fastueux fut payé par bien des bassesses. Quelle comparaison de ta vie molle, rampante, efféminée, et de la vie libre et ferme du cynique déguenillé ! J’ai quitté le tonneau où je régnais, pour servir sous un tyran.

Ce n’est pas tout, mon ami. Ecoutez les ravages du luxe, les suites d’un luxe conséquent.

Ma vieille robe de chambre était une avec les autres guenilles qui m’environnaient. Une chaise de paille, une table de bois, une tapisserie de Bergame, une planche de sapin qui soutenait quelques livres, quelques estampes enfumées, sans bordure, clouées par les angles sur cette tapisserie ; entre ces estampes trois ou quatre plâtres suspendus formaient avec ma vieille robe de chambre l’indigence la plus harmonieuse.

Tout est désaccordé. Plus d’ensemble, plus d’unité, plus de beauté.

Une nouvelle gouvernante stérile qui succède dans un presbytère, la femme qui entre dans la maison d’un veuf, le ministre qui remplace un ministre disgracié, le prélat moliniste qui s’empare du diocèse d’un prélat janséniste, ne causent pas plus de trouble que l’écarlate intruse en a causé chez moi.

Je puis supporter sans dégoût la vue d’une paysanne. Ce morceau de toile grossière qui couvre sa tête ; cette chevelure qui tombe éparse sur ses joues ; ces haillons troués qui la vêtissent [sic] à demi ; ce mauvais cotillon court qui ne va qu’à la moitié de ses jambes ; ces pieds nus et couverts de fange ne peuvent me blesser : c’est l’image d’un état que je respecte ; c’est l’ensemble des disgrâces d’une condition nécessaire et malheureuse que je plains. Mais mon coeur se soulève; et, malgré l’atmosphère parfumée qui la suit, j’éloigne mes pas, je détourne mes regards de cette courtisane dont la coiffure à points d’Angleterre, et les manchettes déchirées, les bas de soie sales et la chaussure usée, me montrent la misère du jour associée à l’opulence de la veille.

Tel eût été mon domicile, si l’impérieuse écarlate n’eût tout mis à son unisson. »


Denis Diderot – Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune, 1768

Beethoven – Sonate pour piano n°17

Wilhelm Kempff au piano

Il n’est plus vraiment nécessaire de présenter Ludwig van Beethoven, tout le monde en a déjà entendu parler, tout le monde connaît sa neuvième symphonie (au moins la version « vocoders » d’Orange mécanique), tout le monde connait sa symphonie n°5, tout le monde connaît le premier mouvement de sa sonate « Clair de lune », et qui n’a jamais entendu la Lettre à Elise ?!

Re-situons tout de même son oeuvre dans le temps :
Beethoven a connu Mozart en fin de vie, son art se situe donc à l’extrémité du classicisme. Il n’y a pas réellement de trace chez lui de l’esprit romantique allemand dont il a pourtant vu les prémices avec Weber et Schubert, et qui s’épanouira avec Schumann et Mendelssohn. Beaucoup de romantiques se réclameront de Beethoven lorsqu’ils iront plus loin dans l’emploi expressif des timbres instrumentaux ou encore quand ils transformeront les formes héritées du XVIIIe siècle. Mais la tendance des romantiques à invoquer des tableaux ou encore leur interprétation fantastique de la nature sont des innovations étrangères à l’art de Beethoven.

Le piano a une importance considérable dans les premières oeuvres de Beethoven, il compose de nombreuses sonates dont la 17ème est sans doute l’une des plus connues, on la nomme communément la sonate « La Tempête ».
Beethoven compose la sonate n°17 en 1802, il est alors très inquiet par sa surdité croissante, c’est d’ailleurs en 1802 qu’il écrit la lettre de détresse, Testament de Heiligenstadt. L’inquiétude de Beethoven se retrouve clairement dans la sonate, on y découvre une atmosphère très sombre, déchirante.

Interprété ici par le génial Wilhelm Kempff, l’allegretto de la sonate « La Tempête » :

Nat King Cole

Nat King Cole est l’un des plus grands crooners des années 50′ avec bien entendu Frank Sinatra, Perry Como ou encore Dean Martin. Mort il y a maintenant 45 ans, sa voix chaude de baryton et son accent si articulé émerveille encore tous les amateurs et même néophytes du monde entier.

Ses premiers rapports avec la musique sont avec sa mère qui dirigeait le choeur de l’église, il travaille avec elle le piano et l’orgue et acquiert une expérience importante en accompagnant la messe à l’orgue tous les dimanche matin. Il créé son premier groupe de jazz en rentrant à l’école secondaire, la musique qu’il fait est inspirée par Louis Amstrong qu’il écoute beaucoup.

Son premier succès arrive quelques années plus tard. Il est produit par le label Capitol Records avec la chanson Straighten Up and Fly Right enregistrée par Nat King Cole et son Trio. Cet enregistrement marque le début d’une longue collaboration entre le label et Cole.

Straighten Up and Fly Right :


Arrive ensuite la fameuse époque des enregistrements « King Cole Trio » (fin des années 40′) avec lesquels il se fait vraiment connaître, il devient même un des premiers artistes noirs a devenir très apprécié du public blanc. Plusieurs volumes verront le jour, c’est la grande période crooner de Nat King Cole.

Une poignée d’années plus tard, en 1951, il sort son premier gros tube : la chanson Unforgettable de Irving Gordon.

Pendant les années 50′ Nat King Cole signe des titres très mielleux, plus modernes… C’est Gordon Jenkins, un de ses meilleurs arrangeurs, qui réalise les instrumentations et arrive à envelopper sa voix par des milliers de violons à l’image de sa chanson Where Did Everyone Go.

Where Did Everyone Go :

 

Il fait de nombreuses apparitions télévisuelles et présente même pendant plusieurs années le Nat King Cole Show devenant ainsi l’un des premiers noirs américains à être responsable d’une émission de télévision aux État-Unis créant à l’époque une importante controverse.

Le Nat King Cole Show, ici avec Billy Preston à l’âge de 10 ans : un trésor de la télévision.

Nat King Cole est reconnu aujourd’hui comme l’une des personnalités les plus importantes de la musique des États-Unis, il est mort prématurément d’un cancer du poumon en 1965, il n’avait que 45 ans…

Richard Wagner – La Chevauchée des Walkyries

Quand on évoque Richard Wagner, tout le monde ou presque pense au thème de la Walkyrie. Nous avons à peu près tous ce thème en tête grâce au prélude de l’acte III du fameux opéra de Wagner « La Walkyrie » (Die Walküre), appelé communément la Chevauchée des Walkyries et qui reprend ce leitmotiv devenu très connu… Devenu très connu notamment avec les nombreuses apparitions télévisuelles (publicités, documentaires…) et cinématographiques.

L’apparition au cinéma la plus célèbre reste sans aucun doute la scène culte de l’attaque des hélicoptères américains dans le film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Depuis, on associe presque toujours le thème de la Walkyrie à un vol d’hélicoptères.


Outre les simples apparitions télévisuelles et cinématographiques, le thème de la Chevauchée des Walkyries a également fait l’objet de reprises, la plus connue étant surement celle d’Ennio Morricone pour le film Mon nom est personne de Tonino Valerii et Sergio Leone. On entend résonner le célèbre leitmotiv de la Walkyrie à chaque fois que la horde sauvage apparaît. Le thème est joué de façon assez humoristique, à l’image du film, afin de rendre la horde un peu moins sauvage…

Enfin, voici la version tirée de l’opéra complet, ainsi que la version sans voix :

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Franz Liszt – Grand galop chromatique

Il n’existe malheureusement aucun enregistrement de Franz Liszt, mais toutes les sources existantes s’accordent à dire qu’il est le plus grand pianiste virtuose de son temps.

Franz Liszt est né en 1811, très vite son père est étonné par ses dons d’improvisation. Quelques temps plus tard, il prend ses premières « vraies » leçons de piano avec Czerny qui était sans doute le plus grand maître de l’époque s’agissant de la virtuosité. Ce dernier refusa dès la 12ème leçon d’être payé considérant que les progrès fulgurants du jeune prodige suffisaient à le dédommager de son travail. Dès lors, Liszt se consacrera longtemps à la recherche de la perfection technique absolue.

Sa technique pianistique extraordinaire et ses interprétations impressionnent beaucoup le public qui est immédiatement très enthousiaste à son égard. Cependant, la grande majorité de ses auditeurs ne voient en lui que le virtuose, sa vélocité et son agilité pianistique faisant de l’ombre au grand musicien qu’il était.

Le Grand galop chromatique est une pièce pour piano qui montre à quel point les oeuvres de Liszt pouvaient être complexes. L’effet de cette oeuvre sur le public fut considérable, l’auditoire était captivé par les prouesses techniques exigées !
Le grand galop chromatique est ici interprété par un autre immense virtuose : Georges Cziffra.

Franz Liszt a su ouvrir une nouvelle ère, celle de la virtuosité alliée à la sensibilité et l’intelligence. Il ouvre ainsi la voie à de grands musiciens comme Rubinstein, Camille Saint-Saëns ou Risler.

Maurice Duruflé – Divertissement (Trois danses)

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Maurice Duruflé est un compositeur français du XXe siècle. Il était organiste du Grand-Orgue de Saint-Etienne-du-Mont à Paris (de 1930 à 1975). Très exigeant avec sa musique, il laisse une oeuvre écrite assez mince mais d’une qualité exceptionnelle.

Jusqu’à sa mort, Maurice Duruflé n’est connu que chez les initiés. Ce n’est que 10 ans après sa mort, en 1996, que le grand public fait plus largement sa connaissance. En effet, son requiem est joué à Notre-Dame de Paris lors des obsèques de François Mitterrand, parmi les millions de téléspectateurs, beaucoup découvrent ce magnifique requiem.

Son oeuvre pour orgue est la plus importante (composée d’une dizaine de pièces). À côté de ses pièces pour orgue seul, on ne trouve que ses Trois danses symphoniques, un andante et scherzo pour orchestre, un récitatif et variations pour flûte, alto et piano, un Triptyque pour piano ainsi que son fameux requiem inspiré du chant grégorien. En plus de son requiem il compose également d’autres musiques liturgiques et effectue des transcriptions de Bach, Vierne, Tournemire, Fauré ou encore Schumann.

Je vous laisse découvrir la première danse tirée de ses trois danses symphoniques. Cette pièce est d’abord composée pour orchestre mais Duruflé la transcrit lui même pour piano seul, piano à 4 mains et pour deux pianos. La version ci-dessous est la transcription pour 2 pianos.

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Samson François

Samson François est un des plus grands pianistes français. Ses interprétations de Chopin, Schumann, Ravel ou encore Debussy connaissent un très grand succès et sont aujourd’hui encore considérées comme une référence.

Mort très jeune, il nous laisse quand même de magnifiques archives vidéos que l’on doit en partie à Claude Santelli qui offrait à l’époque des moments de télévision comme on ne connaît plus !

Ci-dessous un entretien passionnant avec Samson François. Il donne sa vision de l’interprétation et explique qu’il préfère se concentrer sur les courbes mélodiques plutôt que de s’enfermer dans le carcan de la mesure.

« Toute ma conception de la musique a toujours été plus ou moins sentimentale. Je ne pense pas être porteur de messages, j’aime la musique par amour, tout bêtement et sans me poser de questions. » – Samson François


Toccata de Debussy, composée en 1901-02, tirée de sa Suite « Pour le piano » (3eme mouvement) :


Ballade n°4 de Frédéric Chopin, extrait d’un documentaire de Claude Santelli (1967) :


3eme mouvement du deuxième concerto pour piano de Frédéric Chopin :