The Ragtop Boys

Il y a quelque temps, nous vous avions décrit Ragtop Vintage comme étant notre stand favoris sur la brocante de Spitalfields, à Londres (le jeudi uniquement). Dave White, l’homme derrière Ragtop, a depuis fait son bout de chemin et a ouvert une boutique toute proche de Redchurch Street, et surtout nous propose aujourd’hui le trailer d’un court métrage réalisé par John Turner. Baptisé « The Ragtop Boys », ce court-métrage met en scène ce qui se fait de mieux en terme de vintage américain provenant de la boutique. Si nous n’avons pour l’instant pas plus de détails, le trailer est très prometteur et donne une nouvelle dimension aux collaborations entre boutiques et réalisateurs. Le court sera diffusé pour la première fois en mars.

Ragtop Vintage
1a Turville Street
Londres

Pitti Uomo – Nanamica AW 2012-2013

Le mac en Gore-Tex, ici en Black Watch, le fameux tartan du régiment écossais du même nom

Nanamica c’est un peu la rencontre inattendue entre Arcteryx et A.P.C. ou encore l’enfant troublé de Patagonia et de Our Legacy. La marque a été fondée par la société qui s’occupe du développement des collections japonaises de Filson (red label), The North Face (purple label) et Champion USA. Collections réservées au marché japonais qui, on ne cessera de le répéter, est suffisamment exigeant pour qu’on lui propose ce genre de perle. La marque propose des designs toujours très justes, oscillant entre inspirations workwear, militaires ou outerwear, mais utilise par endroit des tissus techniques qui nous font re-considérer ces pièces souvent classiques. La collection de l’hiver prochain ne déroge pas à la règle avec par exemple, un mac à l’allure intemporelle qui se pare de Gore-Tex, ce qui devrait permettre d’éviter les coups de chaud inhérents à ce type de vêtement.

Cette pièce est une sorte de parka The North Face aux détails élégants.

 

Petits détails agréables : doublure en velours cotelé et fournitures en cuir


La maroquinerie est aussi l’objet d’une attention toute particulière aux détails


La maroquinerie est aussi l’objet d’une attention toute particulière aux détails

 

Le mac en Gore-Tex, ici en Black Watch, le fameux tartan du régiment écossais du même nom


Le mac en Gore-Tex, ici en Black Watch, le fameux tartan du régiment écossais du même nom


Celle-ci est une sorte d’interpretation originale (col et poche poitrine) d’une parka outerwear


Ici on pense peut-être un peu plus à Engineered Garments, reste que c’est très réussi

Flight jackets en peau retournée (2/2) – B-3

Type B-3


L’aura des flight jackets dépasse largement celle de toutes les autres pièces militaires. Pour moi, ce succès est tout autant le résultat des spécificités des vestes (simplicité, matériaux, praticité) que celui du métier de ceux qui les ont portés. En effet être pilote fait, et fera toujours rêver, plus particulièrement depuis l’époque des Spitfires. Ajoutons à cela que ces pilotes faisaient peindre des pin-up sur la carlingue de leur engins ainsi que sur leurs vestes, et vous obtenez la définition du « cool » à l’américaine. D’ailleurs Les flight jacket feront partie intégrante, au même titre que les jeans, du bagage culturel américain prêt à envahir l’Europe dès la fin de la seconde guerre mondiale.

Après avoir décrit le fameux bomber Irvin de la Royal Air Force, jetons un œil aux productions en peau retournée de l’armée de l’air américaine (appelée USAAC puis USAAF et qui deviendra finalement l’USAF en 47).


Commençons par la plus ancienne et la plus connue : La Type B-3. Ce blouson est l’équivalent américain de la Irvin et est entrée en service peu de temps après celle-ci, en mai 1934. Encore une fois sa fonction fut de protéger des pilotes des conditions extrêmes endurées en vol.

La B-3, tout comme la Irvin, est constituée de peau de mouton retournée. Pour les premières versions, cette peau fut conservée tannée telle quelle, sans application d’une couche supplémentaire de protection. Cependant leur fragilité poussa à traiter la surface extérieure de ces vestes. Tout d’abord avec une couche de protection dans les tons bruns/rouges (ce qui donna à ces vestes le surnom de redskins), puis par un vernis coloré brun foncé standard (ou seal brown) à partir de 1942, peu après l’entrée en guerre des Etats-unis. Le col de la B-3 est plus large que celui de la Irvin, celui-ci est en effet refermable par non pas une, mais deux sangles, et des boutons pressions permettent de le maintenir abaissé si nécessaire. Deux autres sangles sur les côtés permettent d’ajuster la taille, comme sur la USN Deck Jacket A-2. Une poche est cousue sur la droite afin d’y glisser éventuellement une carte, des gants ou même un paquet de cigarettes et une couche de cuir est ajoutée sur les manches pour plus de résistance. Le cuir ajouté sur la veste (sur les manches, pour la poche, pour les sangles et pour les coutures) étant d’une autre provenance que la peau retournée constituant la veste, on observe une différence de texture et parfois de ton entre ces éléments. Autre particularité de la veste, celle-ci n’a pas d’épaulettes mais possède à la place et pour la même fonction de petits carrés de cuir cousus aux épaules.

Aujourd’hui ce blouson a atteint le statut de pièce culte, et les deux sangles retombant du col, sont une particularité assez forte de la veste qui a inspiré beaucoup de créateurs, on les retrouve partout. Il semble que cela ait notamment inspiré Christopher Bailey pour la collection Burberry de cet hiver : ici et , une belle interprétation à mon goût. Cependant, d’autres blousons en peau retournée furent produits pour l’armée de l’air américaine. Moins célèbres que le B-3 ils présentent tout de même tous des détails originaux intéressants.


Type B-6 by Eastman Leather


Tout d’abord, la B-6 est un peu la petite soeur de la B-3. Entrée en fonction à la fin des années 30 et moins chaude que la B-3, elle servit de compromis entre celle-ci et la fameuse A-2. La fourrure y est d’ailleurs coupée plus courte. Ayant été conçue quelques années après la B-3, des améliorations ont été apportées : Des poches plus pratiques sont présentes, les sangles à la taille ont été remplacées par des zips sur les cotés, les manches se resserent grâce à un bouton pression, et des épaulettes ainsi que des soufflets apparaîssent. Le col, quant à lui, est plus fin que celui de la B3, et une seule sangle permet de le refermer. On peut dailleurs retrouver des B-3 vintages sur lesquels ont été installés un col de B-6, permettant aux aviateurs une meilleure visibilité lorsque remonté.


Type D-1 by Eastman Leather


Tout comme la Irvin, une version de la B-3 existe pour le personnel au sol, plus particulièrement les mécaniciens qui eux-aussi ont affaire à des températures parfois difficiles. La D-1 est faîte de la même fourrure courte que la B-6 et, tout comme cette dernière ne possède qu’une sangle autour d’un col. Plus courte, ses poches se ferment par des zips.


ANJ-4 by Eastman Leather


Finalement, la ANJ-4 est la dernière veste de pilote de l’USAAF conçue en peau retournée. Celle-ci fut distribuée à partir de 1943 pour remplacer la B-3. Elle ne le sera cependant que pendant moins d’un an pour être remplacée par une veste doublée. Résultat de l’expérience sur le front des pilotes américains, on remarque que sa forme se rapproche des flight jackets en cuir plus classiques. L’ensemble des manches, ainsi que le bas de la veste sont recouvert de renforts en cuirs pour des raisons de solidité. Des tricotines font aussi leur apparition au poignet, empêchant le vent de s’engoufrer dans les manches. Des sangles sur le côté permettent toujours d’ajuster la taille de la veste.

Aujourd’hui, de nombreux fabriquants proposent des répliques plus ou moins fidèles de ces vestes. Près de chez nous, il y a notamment Eastman Leather (distribué chez American Classics à Londres) et Aero Leathers (distribué chez Rocker Speed Shop à Paris) qui proposent de belles pièces.

Voici enfin quelques photos de la seconde guerre mondiale où figurent certaines de ces vestes.


B-6

 

B-3, A-2 et B-6


B-3 et B-6


B-3

US Army field jackets : M-1943, M-1951 et M-1965

M65 - Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

M65 – Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

Continuons notre inventaire des pièces militaires cultes avec les vestes de combat ou field jackets de l’armée US : les M-1943, M-1951 et M-1965 (respectivement M43, M51 et M65). Les field jackets sont apparues au cours de la seconde guerre mondiale, où l’expérience sur le terrain des soldats américains démontra que l’équipement de l’époque (La courte M41 et le Service Coat) n’était pas approprié.

M43 Alpha Industries

Reproduction de M43 par Alpha Industries

La M43 fut distribuée à partir de 1944 par l’armée américaine, elle est le fruit d’un tout nouveau principe alors mis en avant par la division équipement de l’armée : celui d’un uniforme composé d’une superposition de différentes couches. En effet, l’armée américaine étant présente sur différents fronts, il était important de développer un équipement modulable et adaptable. L’équipement du soldat américain est depuis composé de multiples pièces à superposer en fonction des conditions climatiques et/ou de l’aisance nécessaire. Les field jackets furent les piliers centraux des uniformes US et ne sont donc pas forcément des vestes chaudes, elles peuvent accueillir une doublure (boutonnable ou non) et c’est avant tout ce que l’ont va mettre au dessus ou en dessous qui va permettre de se réchauffer, de se protéger de la pluie, de la neige … (je conseille au passage la lecture de l’article de Hell’s Kitchen sur la M44, sous-couche possible de la M43)

La M43 est une veste longue, arrivant aux hanches et qui possède quatre poches cargos sur l’avant, deux à la poitrine et deux au niveau des hanches. Un lien interne au niveau de la taille permet de serrer la veste à son gré, et un rabat au niveau du col permet de fermer ce dernier en vue de protéger son cou si nécessaire. Le col, qui conserve la forme en pointe des service coats, peut accueillir une capuche grâce à des boutons. Les autres boutons de cette veste, aussi bien aux poches qu’au niveau de fermeture centrale, sont cachés en vue d’éviter toute gêne avec le matériel.

Cette veste fut adoptée rapidement et fit preuve de son efficacité, à tel point que de nombreux pays développèrent depuis des vestes étrangement ressemblantes …

M51 - Supreme SS 2010

Reproduction de M51 par Supreme – Collection SS 2010

Quelques années plus tard, la guerre de Corée créa de nouveaux besoins d’équipement, et la M43 fut améliorée. C’est ainsi qu’est née la M50, veste qui n’eut qu’une courte durée de vie car rapidement remplacée par la M51. Les M50 sont des M43 un petit peu modifiées, en effet des boutons furent ajoutés en vue d’accueillir une doublure, boutonnable cette fois. S’en est suivit la M51, encore une modernisation mineure car un zip fut ajouté à la fermeture centrale de la veste, et les boutons furent remplacés par des boutons clipsables en métal, sur le rabat de la veste et aux poches. Les boutons classiques aux poignets ainsi qu’au col furent conservés.

M65 - Alpha Industries

Reproduction de M65 par Alpha Industries

Enfin, la M65 est la field jacket ayant été distribuée le plus longtemps, ce qui a fait d’elle une pièce véritablement culte. Développée par l’armée américaine en 1965, en plein milieu de la guerre du Vietnam, elle est l’évolution de la M43 et de la M51 et a progressivement remplacée cette dernière. Le col fut changé en col rond, et un zip y fut intégré afin d’y rouler une capuche dans la doublure. Les boutons aux poignets, ainsi que le rabat au col furent cette fois remplacés par des bandes velcro.

Après de longues années de service, elle finit sa carrière en 2009 mais restera surement encore longtemps la pièce phare de tous les surplus.

Woody Allen en M51 - Annie Hall

Woody Allen en M51 dans Annie Hall (1977) – On apercoit « USMC » (US Marine Corps) sur la poche gauche

 

Robert de Niro en M65 - Taxi Driver

Robert de Niro en M65 dans Taxi Driver (1976)

 

M51 - Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

M51 – Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

 

M65 - Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)

M65 – Photo par Scott Schuman (thesartorialist.blogspot.com)