Beaubien, Paris

Beaubien 5

La sélection ne fait pas mentir l’enseigne

Beaubien est une petite boutique qui a ouvert ses portes Rue Notre-Dame de Nazareth il y a déjà deux ans. Située au coeur d’un quartier en renouvellement, jeune rue ou pas, non loin du magasin Wait, il suffira de quelques enjambées supplémentaires aux badauds pour s’y rendre depuis le haut-marais. L’occasion aussi de s’arrêter découvrir les derniers ouvrages reçus chez Library of Arts, ou d’apprécier une dernière fois l’offre de quelques grossistes en souliers pointus, avant qu’ils ne soient, eux aussi, victimes des effets conjugués de la gentrification et de la casualisation du monde.
Si Beaubien attire notre attention, c’est tout d’abord par sa sélection, qui contient quelques marques en exclusivité sur le marché français (Battenwear, Dana Lee, Jungmawen…), de très belles choses (Orslow, Arpenteur…), et des têtes plus connues (Norse Project, Kitsune, Gitman, Ebbets, Levi’s Made and Crafted, Il Bussetto…). C’est ensuite par la sympathie de Julien, le fondateur, qui saura vous accueillir et vous conseiller en toute humilité.
A caser sur votre parcours entre The Broken Arm et Thanx God.
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éclectic – 8 rue Charlot


Un classique bien coupé qui recèle bien des secrets…


Par les temps qui courent, il pourrait paraître un peu étrange d’imaginer une marque de vêtement sans logo. Une marque qui ne se soucierait pas du calendrier des saisons de mode ou encore qui ne tournerait qu’autour d’une pièce et non pas d’une ligne complète, le tout sans chercher à communiquer plus que ça. Finalement ce serait vouloir se placer comme un spécialiste soigné et soucieux de l’allure et des besoins de ses clients plus que comme une marque commerçante cherchant à combler leurs envies fugaces.

Frank Malègue fait un peu ce pari en lançant éclectic l’année dernière, une marque avec laquelle il ne propose que des vestes et de belles pièces à manches. Dès le départ éclectic se positionne comme un spécialiste de la veste en prêt à porter : on fait très attention aux coupes, qui donnent de l’allure en restant près du corps, et également aux matières qui sont  belles, recherchées et agréables au toucher. Alors que la plupart des acteurs versaient l’année dernière dans l’héritage, le retour aux sources et la mode des pièces vintage, Frank Malègue décide avec éclectic de commencer à travailler sur des tissus techniques. Ainsi vous pourrez retrouver des pièces en laines imperméables, d’autres dotées de doublures chauffantes et respirantes ou encore un caban en Cordura indéchirable, spécialement étudié pour sa resistance à l’abrasion.

Veste en laine, doublée en polaire: on est bien.


Soucieux de faire fabriquer des vêtements véritablement beaux, éclectic ne coupe pas les ponts avec l’amour du savoir faire malgré son penchant pour l’innovation. L’ensemble de la collection est donc fabriqué dans un atelier italien du Veneto, à Trévise, qui travaille habituellement avec les grandes maisons de tailleurs: on peut donc compter sur une réalisation de haute qualité. Vous pouvez également le constater avec les quelques clichés qui illustrent mon propos: les finitions sont impeccables (même vraiment très belles, regardez les boutons) et le labeling est des plus discrets.

Boutons en métal lisse, joli contraste chaud/froid d’une direction artistique soignée.

 

Un labeling très discret, témoignage de bon goût.

En terme d’image, Frank Malègue semble vouloir souhaiter que sa marque reste accessible à une population plus large que celle de quelques initiés méticuleux: pour lui, chaque veste peut être portée par des gens différents d’un nombre de manières tout autant différentes. Pour mettre en lumière cet aspect il a lancé le projet photographique « éclectic portraits » qui met en scène des clichés de ses clients, ses proches et ses amis ayant étés photographiés dans la cave de la boutique. Chacun porte une veste éclectic à sa façon et participe à l’image de la marque, le résultat est bien sûr moins diffusé qu’une campagne classique, moins onéreux également mais beaucoup plus authentique, et sur le long terme ça peut donner quelque chose d’assez intéressant.

Rien à craindre avec ça sur le dos, en hiver comme par temps de pluie.


La veste devient alors un élément vraiment remarquable de votre garde-robe, assez décomplexée, un peu à la manière d’un jean que chacun usera et portera selon son look. On s’approprie une pièce multiforme qui devient quasiment une armure, qui protège volontiers du monde extérieur et que l’on pourra adapter à sa silhouette selon ses envies et ses humeurs. On l’envisage également comme une pièce hors du temps, dont on ne se lassera pas au bout d’une saison et qui relèvera avec succès l’épreuve du temps: l’idée du haut de gamme revient à grand pas, mieux vaut avoir une veste incroyable que 10 blazers mal coupés aux finitions juste moyennes que l’on est sûr de croiser à tous les coins de rues. Au pire on pourra la remiser dans un vieux coffre, le temps que vos enfants la trouvent assez cool pour l’enfiler à leurs tours.

Pas de photo maison pour celle ci, mais ça vous donne un aperçu de l’endroit.


Le positionnement luxe de la marque ne serait rien sans un un bel endroit pour lui servir d’écrin. La boutique éclectic est située dans le haut-marais à Paris, au 8 rue Charlot et l’espace joue également la carte du travail bien fait au niveau des matières et des textures (métal brut, pierres apparentes, peintures et plâtres burinés…). Les quelques vestes suspendues ou sur mannequins qui occupent l’endroit y apportent une ambiance chaude assez particulière et en sont les pièces maîtresses: rien ne vient perturber la lecture de la collection, on a tout de suite les yeux rivés sur les vêtement. L’accueil sympathique, ouvert et prompt à la conversation de Frank et de son équipe termine d’en faire un endroit où l’on a une réelle envie d’aller s’habiller. Je vous invite donc vraiment à aller y faire un tour, et surtout à aller essayer les pièces que propose la marque, ne serait ce que pour vous faire une idée du toucher des lainages et autres matières utilisées.