Madras – La faute des Écossais



L’été arrivant et me trouvant actuellement à Dehli, la question du madras est venue tout naturellement. La plupart des tissus de madras que nous connaissons sont souvent à carreaux, alors qu’aux dernières nouvelles, le carreau n’a pas toujours été un des signes distinctifs de l’Inde, mais plutôt de… l’Écosse.

Le madras est originaire d’Inde, de la ville du même nom qui s’appelle aujourd’hui Chennai. La ville est située au sud-est du pays, sur les bords de la baie du Bengale.

La ville est connue pour son coton depuis 3000 av. J.-C. Autant dire qu’ils ont de l’expérience. Au 12ème siècle, la qualité reconnue de ce coton lui a valu d’être exporté vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Le tissu fait de ce coton était alors appelé gada et était principalement utilisé pour faire des coiffes. Il n’était alors pas du tout recouvert de rayures ni de carreaux. Le tissu a commencé à être imprimé de motifs floraux et religieux à partir du 17ème siècle par le moyen de tampons et est devenu le tissu servant à la confection des tenues traditionnelles de la région jusqu’au 19eme siècle.



La région a été occupée pendant le 19ème siècle par les Écossais. Il paraîtrait que les tisseurs se soient tout simplement inspiré des nombreux tartans qu’arboraient les fiers Écossais pour en faire des créations à leurs goût aux couleurs vives de l’Inde. Tout comme le tricotage pour les pulls marins écossais, chaque village, voir parfois chaque tisseur, a développé son propre tartan, ce qui permet de remonter à l’origine de la fabrication mais aussi de garder une belle diversité de motifs.

Avec l’évolution des technologies, les couteuses teintures naturelles ont été remplacées par leurs homologues chimiques, plus fixatrices, concentrées et facile à produire appelées color-fast.
C’était pourtant là toute la beauté de ce qu’on appelle le bleeding madras. Ce madras est appelé ainsi car les couleurs tendent à dégorger aux premiers lavages et s’atténuer avec le temps. Chacun des lots de coton est trempé dans une mixture de colorant naturels, sels, levures et agents fixateurs avant d’être tissés à la main. Une simple façon de vérifié que votre tissu a été bien teint fil à fil et pas imprimé est de vérifié l’envers du tissu, qui n’est logiquement pas teint dans le cas d’un tissu imprimé. Également, le tissage à la main n’est pas une science exacte et peut parfois faire apparaître des petites erreurs dans le tissu, preuve de la confection manuel. Des petits grumeaux ou slubs en anglais paraissent sur la toile dut à un manque de peignage du tissu. Cet effet, appelé « slubbé » est une des preuves que la toile a bien été tissée manuellement.



Le bleeding madras a eu ses heures de gloire dans les années 50-60 avec la tendance preppy qui a donné naissance à plus de 150 000 nouvelles combinaisons de carreaux. Le premier à importer du madras aux USA n’est autre que le fameux Brooks Brothers (BB pour les intimes) à la fin du 19 siècle. La matière n’est devenue à la mode que quelques années après, dans les années 30 et est encore disponible aujourd’hui dans tous les magasin hors et sur les campus de l’Ivy league tel que J.Press, Brooks, Paul Stuart ou the Andover Shop pour n’en citer que quelques uns. A noter également que l’imprimé qui recouvre le Preppy Handbook n’est autre que du Madras.



Le madras est donc un tissu léger, tissé de manière assez lâche et arborant des couleurs vives. Il est entièrement teint et tissé à la main et peut être uni, à tartan, avec des rayures aléatoires ou avec des dessins. La Commission Fédérale Américaine du Commerce a décrété que le terme de madras ne peut être utilisé sur une étiquette ou de manière commerciale que si il est d’origine indienne et correspond à cette description. Le madras est généralement fait de coton.

Les tissus faits à la main représentent une très grande partie de la production indienne et sont une fierté nationale, le madras en tête. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une roue à tisser sur le drapeau indien.


Private White V.C. – Britain's Bravest Manufacturer


 

Private White V.C. fait partie de ces marques qui vont à contre courant des tendances de production dont nous avions l’habitude. Tout comme Albam, S.E.H Kelly ou D.S Dundee, Private White fait partie de ce groupe qui a décidé de dire non au « made in China » et de se concentrer sur ce que leur pays avait à offrir.

L’histoire de la marque est basée sur celle de Jack White. Modéliste de formation,  il a travaillé dans l’usine où est aujourd’hui fabriqué Private White V.C., dans le centre de Manchester en Angleterre où il s’est employé pendant les dernières années de sa vie à promouvoir la réputation de sa fabrique comme une des meilleures du Royaume-Uni. C’est pendant la première guerre mondiale que Private White s’est distingué en résistant au feu ennemi lors d’une mission en Mésopotamie le 8 mars 1917 sur la rivière Dialah. Cette action héroïque accomplie à seulement 20 ans, lui a valu de recevoir la Victoria Cross (V.C.)  des mains du Roi George V, d’où le nom de la marque: Private White V.C.


 

Plus de 60 ans après, son petit fils, James Eden, a décidé de quitter son travail de la City pour reprendre l’usine où travaillait son grand-père. De là est née la marque avec la volonté de produire des vêtements faits en Angleterre, avec des matières anglaises et finies à la main. Les vêtements sont inspirés de ce que portait Jack White lui-même: classiques, intemporels et empreints de tradition anglaise qui peuvent être portés en toutes occasions.


 

L’usine est l’une des dernières à pouvoir fabriquer des vêtements de A à Z en Angleterre à ce niveau de qualité. Channel 4 a récemment réalisé un documentaire intitulé « Made in England », qui fait fortement pensé à ceux de Loïc Prigent dans le ton et la réalisation. Le documentaire nous plonge dans la vie quotidienne de ces hommes et femmes qui travaillent dans l’usine depuis des décennies et perpétuent un savoir-faire qui ne s’apprend pas à l’école. La vidéo vaut le détour malgré quelques passages publicitaires obligatoires et un manque de sous-titre pour comprendre l’accent très prononcé des habitants de Manchester.


James Eden

Jean Seddon, 74 ans, travaille à l’usine depuis 55 ans


La marque se distingue par son soucis du détail tel que l’utilisation de cuir pour couvrir les passants des boutons sur le caban ou le « great coat », ainsi que par des collaborations avec des grands noms du vêtement anglais comme ça a été le cas pour sa A-1 en collaboration avec Eastman Leathers.



Les initiatives comme celle-ci fleurissent en Angleterre avec de plus en plus de marques et grands magasins voulant revenir à une production Anglaise. La France est en retard par rapport à son voisin d’outre manche et on aimerai voir le label « Made in France » un peu plus présent sur les étiquettes de nos marques chéries. Après tout, nous aussi nous avons un patrimoine à mettre en avant.


www.privatewhitevc.com

Tricker's – Bottes full brogues Stow

Nous vous avons récemment présenté la maison Tricker’s. Voici un de leurs classiques qui a particulièrement retenu notre attention : les bottes full brogues Stow en chestnut brown.

Ce modèle est parfaitement adapté à la vie en plein air grâce à son cuir traité pour résister à l’eau et à sa semelle à double couche de cuir, ce qui n’empêche en rien de le porter en ville. Ces bottes incarnent parfaitement ce qui a fait la réputation de Tricker’s et qui lui permet de se distinguer des autres grands noms de la chaussure anglaise. Produit du meilleur savoir-faire britannique allié aux matières les plus nobles et solides, ces bottes accompagneront sans aucun doute leur propriétaire pendant de nombreuses saisons et en toutes occasions, à conditions qu’il en prenne soin bien évidemment.

Elles sont disponibles à l’international sur My Wardrobe.

Crédit photo : Amaury Guillais

Trickers – Des brogues anglaises

Tricker’s est sans doute une des plus belles marques de chaussures made in England et sûrement la plus ancienne encore présente aujourd’hui.

La marque a été fondée en 1829, il y a donc un peu plus de 180 ans, par Joseph Tricker qui a été un des premiers artisans chausseurs à s’installer à Northampton, au centre du Royaume-Uni. Tout en cultivant son savoir-faire depuis 5 générations, la marque a su s’adapter à la demande de ses clients et faire évoluer ses modèles pour en arriver à ce qu’ils sont aujourd’hui.

Les produits caractéristiques de la marque se trouvent dans la collection Country : des chaussures larges, solides, avec une semelle très épaisse et fait dans un cuir traité pour résister à l’eau. Ce type de chaussure qui ont fait la renommée de Tricker’s tire ses origines des chaussures que l’on appelle brogues. Ces chaussures d’origine écossaise et irlandaise étaient à l’origine faites en cuir non tanné, et les trous qui ornaient le cuir étaient conçus pour laisser s’échapper l’eau qui s’y infiltrait. En somme des chaussures de paysans utilisées pour traverser les champs et indigne à être portée en soirée ou au travail. Les choses ayant bien changé aujourd’hui, ces chaussures sont devenues de réelles pièces d’artisanat et de précision, entièrement faites à la main dans la plus pure tradition anglaise. Autrement dit, vous êtes plus qu’encouragés à les porter dans des situations plus formelles.

La marque présente 3 collections: Jermyn Street, 1829 et Country.

Les collections Jermyn Street (rue à Londres où est situé le magasin flagship de la marque) et 1829 présentent des modèles classiques d’aujourd’hui adaptés au porté actuel: plus fin et habillé.

La collection Country (chaussures et bottes) est directement inspiré des brogues d’autrefois, ce qui explique un pied très large et une semelle épaisse. On retrouve d’ailleurs deux types de semelles pour ce type de chaussures : les doubles semelles en cuir et les semelles commando. De quoi affronter les éléments de la campagne anglaise.

Tricker’s possède toujours son usine en propre à Northampton où sont également situées toutes les fonctions administratives. Si vous passez à Londres, vous pourrez également visiter leur boutique sur Jermyn Street. Cette rue est connue pour offrir tout l’attirail du parfait gentleman: Chemises, chaussures, cigares. De la grande mesure au prêt à porter, cette rue, se situant à proximité de la fameuse Savile Row, est l’endroit parfait pour se débarrasser de quelques livres de plus après la commande de votre costume. La boutique se situe à proximité d’autres grands noms de la chaussures tels que Church’s, Crockett & Jones, John Lobb ou Edward Green et propose toutes les gammes de la marques ainsi que des modèles bespoke.

Cet article est aussi l’occasion de vous rappeler l’existence du magasin The Shoe Healer dont nous vous avions parlé précédemment et qui est connu pour modifier les modèles de vos choix selon vos goûts. Cela dit, si l’inspiration vous manque Tricker’s est aussi connu pour ses nombreuses collaborations avec certains des meilleurs points de ventes d’Europe ainsi qu’avec des stylistes de renom tel que Junya Watanabe. Quelques exemples ci-dessous.


Brogues par Tricker’s- collection Country

Tricker’s x Junya Watanabe

Tricker’s x Present

Tricker’s x 14 Oz