Melinda Gloss

En novembre dernier, lorsque l’on a poussé la porte de la boutique Melinda Gloss, au 42 rue de Saintonge dans le troisième arrondissement de Paris, j’avais pas mal d’a priori sur la marque. Je trouvais son image peut être un peu prétentieuse, les fitting un peu étranges et le nom ne m’évoquait rien de particulier. En répondant à l’invitation de Mathieu, l’un des deux créateurs de la marque, je pensais vraiment ne pas aimer les vêtements de la collection.

Pourtant il y a quelque chose à ne pas perdre de vue lorsqu’on s’intéresse au vêtement: on ne peut pas juger de la qualité d’une pièce d’après une photo. Il faut donc admettre une chose : chez Melinda Gloss, les matières sont belles et agréables au toucher ce qui est une très bonne surprise. Les coupes sont pensées assez près du corps et ça n’est pas ma tasse de thé  mais force est de reconnaître que nous sommes en présence de jolies pièces assez abordables en terme de prix.

Niveau fabrication, là encore j’avais été assez surpris. Melinda Gloss ne va pas chercher ses ateliers hors d’Europe quand beaucoup de jeunes marques (et de vieilles marques) s’adressent à des pays assez lointains profitant d’une main d’oeuvre moins chère, sans pour autant le répercuter sur leurs marges. Les pièces sont donc assemblées au Portugal, en Italie et même en France: à mon avis c’est un des indices de la bonne qualité des vêtements, même si l’on peut fabriquer des choses médiocres en Europe. Les finitions finissent (ahah) donc de convaincre, elles sont plutôt soignées et quelques détails sont là pour les amateurs: jolies coutures, beaux boutons, doublures agréables…

Les idées derrières les collections sont  bonnes, et parfois même assez inatendues: pour le printemps prochain le thème sera celui de la chute libre, ce qui permet à la marque d’utiliser des matériaux plus techniques que ceux dont elle a l’habitude. Ça me rappelle d’ailleurs un peu la spontanéïté de CAMO qui avait servi il y a quelques saisons une collection sur le cirque au moment où tout le monde se lançait dans l’inspiration workwear.

Celle de cet hiver est intitulée « Scholars » (étudiants boursiers), là encore un thème qui rappelle le thème de la collection de CAMO pour la saison dernière, entièrement tournée vers les intellectuels. Comme vous pouvez le voir, les photos sont réussies et les grosses pièces comme les vestes et les manteaux ont vraiment l’air des plus intéressantes.

Pour ce qui est de la question de l’origine du nom, lorsque j’ai posé la question à Mathieu, l’un des créateurs de la marque, il a été souriant, très direct et sans sourciller m’a lancé: « C’est une vieille pute qui nous inspire ». On retrouve bien dans cette réponse le côté présomptueux, peut être un peu insolent que les fondateurs ont voulu retranscrire au travers de leurs pièces et qui m’a déplu lorsque j’ai découvert la marque: je trouve ça dommage car c’est assez loin de l’idée que je me fais de l’esprit d’une collection mais si l’on s’en tient au vêtement ça reste réussi.

La boutique a rouvert ses portes pour affronter la rentrée et les premières pièces de la nouvelle collection sont déjà sur les portants donc n’hésitez pas à aller y faire un tour si vous êtes curieux. Elles sont aussi disponibles sur leur boutique en ligne et cela ne devrait tarder chez leurs revendeurs si vous êtes en Province.

Capsule – Mieux vaut tard que jamais


Koji Norihide, designer de Haversack

Du 25 au 27 Juin dernier, toute l’équipe redingote a fait le déplacement de Londres et d’Orléans pour aller au Capsule show et découvrir les collections Printemps/Été 2012. Nous y étions surtout pour la première apparition physique de La Belle Echoppe. À notre grande surprise et à notre plus grande joie,  l’organisation du salon nous avait invité à tenir un pop-up shop au sein du salon.

Cela dit, Capsule est aussi le salon de la fashion week homme que nous préférons avec beaucoup de marques qui incarnent ce que nous recherchons et qui ont d’ailleurs déjà été présentées sur ce blog. Que ce soit Yuketen, Levi’s Vintage, John Boultbee, Gitman Vintage, D.S.Dundee ou Camo pour n’en citer que quelqu’unes, toutes étaient présentes. Il y a bien sur aussi des marques à découvir telles que Used Future ou New England Shirt Company ou encore Howlin’. De jeunes marques qui s’inspirent du vieux pour faire du neuf ou des vieilles histoires remises au goût du jour, l’histoire de la mode dira-t-on. Toujours plus d’idées et d’inspirations lors de ce salon que nous ne manquerons pas de visiter en Octobre prochain.



Silhouette #1 Haversack à Capsule


Silhouette #2 Haversack à Capsule


Chemise Gitman Vintage


Chemise Gitman Vintage


Howlin: une belle marque de maille à découvrir


Silhouette #1 Monitaly à Capsule


Chemise Used Future: rayure et pois, plus besoin de choisir


Robert Kidder, New England Shirt Co.


Yuki Matsuda, designer de Yuketen


Sur le stand Mighty Mac


Sur le stand Yuketen et Monitaly


… et une belle moustache avant de partir

Salons de janvier 2011

Les défilés sont de véritables spectacles, les salons permettent de connaître véritablement les personnes derrières les marques.

Pour nous la « Fashion Week » comme aiment à l’appeler la plupart des médias français, ça a toujours lieu assez loin des podiums et des mannequins. Cette année Dior Homme avait tout de même eu la gentillesse de nous convier à son défilé, Robin N. s’est dévoué pour y aller tandis que Vincent, Laurent et moi sommes restés à deux pas de (capsule), le temps d’une fin de déjeuner et d’un café avec Michael Williams, d’ A Continuous Lean.


L’agent commercial d’Haversack, toujours l’un des mieux habillés du salon.

L’avantage d’un salon de prêt à porter, c’est qu’entre deux rendez vous il est très facile de discuter un peu avec les fondateurs ou les responsables des marques qui y sont présentes: à la fin d’un défilé c’est tout de suite plus compliqué d’attraper le designer. Le problème des salons pour les puristes, c’est que souvent, des marques qui n’ont pas grand chose en commun se retrouvent côte à côte. Mais bon, c’est très pratique et pour les marques et pour les acheteurs. Les labels plus sûr d’eux mettent parfois en place un showroom à proximité des salons de prêt à porter pour pouvoir accueillir acheteurs et presse dans un espace plus confortable.

Cette saison nous avons donc eu la chance d’assister à des salons très réussis, surtout (capsule) et Tranoï, et de revoir quelques visages amicaux au Rendez Vous, cependant moins effervescent que les deux autres.


 

Du côté des coups de coeur au (capsule) nous avons pû approcher de plus près la magnifique veste John Boultbee, la marque textile développée par Brooks England (la marque de selles). Parfaitement conçue pour la pratique du vélo, elle allie matières techniques (ventile anglais) et le tailoring de haut vol de Timothy Everest. Les tabourets Brooks ne passaient pas inaperçus non plus sur le stand et les aficionados de la bicyclette s’imaginent sûrement déjà avec du mobilier décliné ce sur ce thème. Avouez qu’un peu plus travaillé ça serait super cool d’avoir ça chez soi non ?



Pendleton va sûrement réussir à s’imposer comme un classique même en Europe, leurs sacs et couvertures étant particulièrement efficaces: on s’imagine très bien avec l’accessoire à la main ou enveloppé dans un plaid pour braver l’hiver.


Camo comme chaque saison se réinvente autour d’un thème et abandonne le l’Italie agricole pour s’intéresser à l’esthétique des intellectuels, des gens de l’esprit et pourquoi pas des soutanes.



Naked & Famous, c’est toujours très amusant de les voir, cette année ils ont encore réalisé le jean le plus lourd du monde. « We are crazy nerds about denim » disait Bahzad, l’un des fondateurs. Il tient donc debout tout seul, ne comptez pas le porter…


Naked & Famous made the heaviest denim in the world.

Monitaly, Hiver 2011

Monitaly, Hiver 2011

Rocky Mountain, Hiver 2011

Yuketen élargi encore sa gamme et travaille à démocratiser sa Maine Guide boot en réalisant des modèles moins hauts. Monitaly, la marque de vêtement de Yuki Matsuda s’étend également. Les rayures à la Hudson Bay se retrouvent sur pas mal de modèles, on les remarque aussi chez Rocky Mountain et Pendleton. Par contre à chaque fois qu’on a mentionné Hudson Bay, cela paraissait être un sujet assez sensible… bref, aucun lien avec Hudson Bay apparemment…



Si on doit résumer la tendance générale de ce côté ci en quelques mots: ces marques ont de l’héritage ou utilisent des méthodes de fabrication tiré d’un certain contexte, mais veulent s’en servir pour aller de l’avant et ne souhaitent pas s’enfermer dans la nostalgie et la démonstration de savoir faire. En somme elles veulent sortir du carcan « Héritage » que s’échinent à vouloir exploiter certaines jeunes marques pour coller à la tendance, sans pour autant renier leurs racines. On ne peut qu’espérer qu’elles trouveront toutes des issues assez variées, pour ne pas retomber dans le piège de la mode.



Nous avons passé la porte de Rendez Vous pour revoir Pak Man Lee, de The Perfect Tangent, qui nous prépare des vestes particulièrement travaillées et efficaces pour l’hiver prochain: sur la parka ci dessous, les boucles des cordons de serrage et les boutons sont en corne véritable par exemple, jamais en plastique; la doublure est en velours côtelé, le col se transforme en capuche… Le reste de sa collection apporte également un soin tout particulier aux détails, au sizing et aux proportions, calculées en fonction du nombre d’or, qui reste le principe directeur de la ligne.



Le Tranoï reste quant à lui le plus impressionnant des trois salons et se déroule chaque saison dans plusieurs endroits de Paris. Organisé par Armand Hadida, le fondateur de L’Éclaireur, l’espace réuni de très belles marques qui constituent l’avant garde de la scène internationale en matière de prêt à porter. En nous promenant un peu le travail de quelques marques et créateurs nous a particulièrement intéressé: les nordiques de Norwegian Rain allient tailoring et vêtement technique pour se préserver de la pluie en gardant une silhouette parfaite et atypique.


 

Le modèle d’Emiliano Rinaldi nous a également interpellé par sa nonchalance et son auto dérision, très détaché de ce qu’il porte alors que ses vêtements sont beaux et faits en Italie.

Il reste encore pas mal de marques que nous avons découvertes lors de ces salons, mais l’article est déjà très long, nous nous attarderons sur chacune d’entre elles tranquillement dans les mois qui arrivent. Après tout les collections ne seront disponibles en boutique que dans quelques mois, inutile de se presser.

On en a en tout cas profité pour faire le point autour de notre projet dont on vous avait parlé très brièvement ici et qui avance petit à petit mais qui fait son chemin. Vous serez évidement les premiers au courant dans les semaines à venir, aucun doute là dessus !


Camo – SS 2011

Parmi les nombreuses marques présentes au salon capsule se trouvait Camo.

Camo est une marque italienne créée par Stefano Ughetti en 2007. La marque s’inspire du vestiaire masculin européen, notamment italien, pour réaliser des pièces à l’aspect plutôt simple, classique, avec de petites touches d’originalité bien senties.

En ce moment, beaucoup de marques ne prennent que peu de risque en réintroduisant des pièces classiques américaines sans vraiment de valeur ajoutée. Il est donc toujours agréable de voir des créations sortir du lot par une subtile touche de nouveauté.

Je me souvenais de Camo pour avoir été séduit par l’image se dégageant de la présentation de la collection de cet été, mettant en scène des cavaliers portant des chèches, ce qui, il faut l’admettre, n’a rien de commun.

Mais ce n’est pas tout de se construire une image de marque grâce à de belles images, il faut des produits qui puissent suivre. A ce niveau là nous avons été convaincus par ceux présentés à Capsule, qui respirent la qualité et l’attention portée au choix des matières.

La collection de l’été prochain explore les liens entre « ce que nous sommes et d’où nous venons » et se concentre sur la vie agricole italienne. J’aime particulièrement les photos de présentation de la collection. Les couleurs et les ombres donnent envie de s’assoir devant sa maison avec un verre pour regarder les filles passer. Je vous laisse les apprécier.


www.camofactory.com