Les femmes en jean



Parfois un jean de fille ça peut donner ça.

Je m’intéresse de prés au jean depuis quelques temps maintenant. Je suis loin de faire partie de la communauté des denimheads, ces types qui passent leur vie sur des forums à débattre de la provenance d’un coton, mais j’éprouve toujours un sentiment particulier quand je tombe sur une pièce qui a bien vieilli ou lorsque j’enfile un de mes jeans favoris. Un mélange de fétichisme et d’admiration face à la beauté, l’histoire et le mystère qui s’en dégagent. A cet instant précis, vous vous dîtes que je suis bon pour un aller simple à l’hôpital psy chez Marchant mais je n’argumenterai pas pour défendre mon cas, des gens bien plus qualifiés que moi et d’excellents documentaires ont déjà plaidé ma cause avec talent.

Une cause qui concerne d’ailleurs de plus en plus d’hommes aujourd’hui car même si je déteste profondément la marque APC, je dois reconnaître que leur collection de jeans particulièrement réussie est en partie responsable de l’intérêt grandissant que porte la gente masculine depuis quelque temps auprès du denim. Il est de moins en moins rare de croiser aujourd’hui des types qui portent de superbes reproductions de 501 de l’époque signées Levi’s Vintage Clothing, qui ont entendu parler de la marque jap Momotaro ou qui rêvent de se payer un jean sorti tout droit de la boutique Self Edge.

Si j’aime parler chiffons avec des filles autant qu’avec des garçons, je n’ai jamais compris pourquoi celles-ci négligeaient autant cette pièce culte et incontournable. Pourquoi continuent-elles pour la plupart à porter ces épais collants bleus délavés à la pierre ponce que des marques peu scrupuleuses nommées Z&V ou Acne (pour ne citer qu’elles pour l’instant) leur font payer une fortune ?

Moi – Mais c’est pas un jean ça ! (Déballage d’arguments techniques).

Elles – Ah bon ? Et qu’est-ce que tu proposes alors toi ?

Moi – …

Ou aussi ça.

Effectivement, la discussion a vite tourné court ce jour-là. Car si j’ai la critique facile contre la shoppeuse, je ne peux pas tellement lui en vouloir d’avoir tourné le dos au jean vu l’offre si faible qui se présente à elle dans ce secteur. Je quitte la terrasse de ce bar le teint un peu rougi en me promettant de trouver une solution.

Historiquement, le jean est un truc de mecs. Il suffit d’aller fouiller dans les archives de Levi’s pour s’apercevoir qu’ils n’ont jamais sorti un modèle féminin avant la fin des années 30, loi de l’offre et la demande oblige, les femmes n’avaient pas le droit d’en porter auparavant. C’est seulement en 1937 que Levi’s sort son premier modèle féminin, le 701 « Lady Levi’s ». Il est conçu pour devenir le 501 de la femme mais il ne remporte pas un grand succès à une époque où il était mieux vu de continuer de porter sa jupe qui tombait juste sous le genou.

Poupoupidou.

Quinze ans plus tard, une jolie blonde nommée Marylin Monroe et qui portera plus tard une veste Lee Storm Rider dans The Misfits, s’offre un 701 et décide de le customiser. Levi’s profite à l’époque du succès de l’actrice en sortant le modèle version « Marilyn ». Dans le mille, les filles en raffolent. Comme quoi, le phénomène de mode n’est pas un truc qui date de l’apparition des pages fashion des magazines mais bel et bien un comportement profondément ancré dans la conscience féminine. Car lorsqu’il est question de style, la plupart des femmes ont parfois du mal à prendre des initiatives sans l’aval des prêtresses de la mode et la prise de risques reste souvent très calculée. Pour Beatriz, responsable des ventes de Levi’s Vintage Clothing en Angleterre très calée sur la question, l’achat d’un jean en est une énorme :

« La pire chose aujourd’hui pour une fille, c’est d’essayer un jean. Elles détestent ça et essayent très peu car elles partent du principe que cela n’ira pas… Pourquoi le placard de toutes les filles est infesté de paires de chaussures ? Pour la simple et bonne raison que c’est toujours la même taille et que ça les rassure ». Plutôt facile de trouver chaussure à son pied finalement.

Tadam ! 606 heavy rain !

Après une large inspection du marché, un modèle retient particulièrement mon attention. Il existe effectivement un modèle d’une qualité irréprochable qui correspondrait aux attentes des femmes aujourd’hui et a différentes morphologies : Le 606 Heavy Rain, un modèle « high waisted » et « slim » produit par Levi’s Orange Tab dans les années 60 et ramené récemment à la vie par LVC. Il peut se porter old school pour les puristes ou un peu plus décontracté pour les autres, tout dépend aussi de la morphologie de sa propriétaire. En tout cas, il s’adapte.

J’aurais pris un plaisir tout particulier à me documenter sur l’histoire de ce jean pour me la raconter et vous la raconter mais il semblerait que les fashionistas se moquent de ce paramètre autant que des types qui leur payent des verres au bar. Un fait confirmé par Dylan, l’homologue français de Beatriz :

« Contrairement aux mecs, les femmes s’en tapent de l’histoire d’un jean, elles veulent juste que ça fit ! T’as déjà essayé de parler à ta copine de ton 501 de 1933 qui a un cinch back etc…? Elle va s’endormir… mais c’est aussi pour ça qu’on les aime ».

Effectivement, à part la clientèle de petites anglaises rockabilly, « peu de filles nous demandent de parler de l’histoire d’un jean » rajoute Beatriz.

Levi’s 606 heavy rain, côté fesse. Graou.

Je sors de mon rendez-vous avec une chose claire en tête : Une fille veut simplement que son jean la mette à son avantage, tout en restant confortable. C’est la raison pour laquelle, les marques qui fonctionnent auprès de cette exigeante clientèle n’hésitent pas à fourrer le maximum d’élasthanne dans leurs produits, cette fameuse matière qui donne du « stretch » au denim pour le rendre plus facile à porter, mais qui lorsqu’on en abuse, transforme le jean en un pathétique legging bleu. La méthode de tissage joue elle aussi un rôle capital : Quand les vieilles machines utilisées par LVC sortent un seul jean, celle chez Sandro en produisent trois ou quatre avec la même quantité de matière, la tenue de ce dernier n’a par conséquent rien à voir. Il existe un moyen simple de s’en apercevoir: Prenez un 606 d’une main et un jean banal de l’autre, la différence de poids est flagrante et pour un prix qui varie parfois du simple au double. Il faudra tout de même dépenser 180euros pour s’offrir un LVC 606, mais si le choix est une épreuve douloureuse pour l’accro au shopping, sortir son portefeuille l’est beaucoup moins quand elle a un coup de foudre, il suffit d’aller faire un tour chez Citizens of Humanity pour s’en rendre compte…

Levi’s 606 Heavy Rain, côté silhouette.

Alors tout d’un coup, j’ai envie d’y croire. Ne plus jamais voir ces torchons de basses castes collés aux cuisses des filles mais enfin du sergé de coton bien tissés, imbibé d’un bleu profond qui se délavera grâce à elles et au temps.

Décideront-elles ensuite comme moi de le protéger en le lavant seulement deux fois par an à la main en se plongeant tout habillées dans leur baignoire ? Regarderont-elles de manière obsessionnelle tous les patchs fixés au dessus des poches arrières ? Parleront-elles des différences de grammage maintenant qu’elles ont un 11oz sur les pattes ? Passeront-elles la porte d’Italie pour allez chez Repair Jeans se faire faire un ourlet au point chainette ? Commanderont-elles désormais sur Sivletto et moins chez Isabel Marrant ?


Rien n’est moins sûr, mais ces derniers détails sont loin d’être importants, juste des lubies pour les internés qui se promènent dans un grand parc chez Marchant en écoutant leur gourou inlassablement.

Son nom ? Lynn Downey, l’historienne de Levi’s Strauss. Une femme ?! Allez, je l’écoute et me tais à tout jamais.


Laurent écrit chez nous et s’occupe également de « Where is the Cool ?« 



Fallow Jeans – Made in Britain


Détails d’un jean Fallow

Le monde du Denim est bien petit, et du coup on entend trop souvent parler des mêmes marques: Levi’s, A.P.C, Lee, Wrangler, Edwin et Momotaro pour le plus haut de gamme, sans citer les choses un peu plus osées comme Evisu ou Marithé François Girbaud… bref, trouver une paire de jeans qui sort du lot, tout en respectant le carnet des charges: red stitch à l’ourlet et poche ticket de métro, rivets en cuivre, toile denim de qualité et coupe digne de ce nom, relève du défi.

Illustration des jeans Fallow par Rob Whoriskey pour Oki Ni

Fallow réussit tout de même le pari, en produisant surement une des plus belles paires de jeans que j’ai pu voir depuis longtemps. Les finitions sont superbes, avec même les poches arrières doublées d’une toile de coton épais et l »étiquette » est en peau de cerf ferrée à la main. La toile est japonaise (13,75 Oz pour la plupart des modèles) et le tout est assemblé en Angleterre. Les rivets sont en cuir et le selvage est bien là où il faut. En bref, une très belle paire de Denim pour un prix allant de £145 à £240 pour la version cirée, on peut dire que c’est raisonnable.

www.fallowdenim.com

Un jean Fallow après un an d’usage sans lavage

Olivia et sa veste Replay

Notre catégorie Garde Robe était morte d’elle même il y a déjà quelques temps: elle manquait cruellement d’intérêt et se bornait à une sélection shopping inabordable. Je me permets de garder le nom et de la transformer de fond en comble en invitant des lecteurs de redingote à nous parler d’une pièce intéressante qu’ils affectionnent tout particulièrement. L’idée est de faire ressortir les points de vues divergents ou différents qui cohabitent au sein d’une même matière, sans pourtant jamais manquer de justesse ou d’intérêt. On peut aussi y voir une certaine manière de s’affranchir des courants stylistiques relayés par les blogs, qui ont malheureusement tendance à beaucoup se ressembler de temps à autre. Contrairement à ce que certains gurus numériques de la mode réussissent parfois à faire entendre: il n’y a pas de recette miracle et pour beaucoup il suffit d’être spontané et d’assumer ce que l’on a sur le dos pour le maitriser.

L’idée est aussi que vous ne soyez pas timides: envoyez nous des emails pour donner de votre personne et participer, ce sera forcément sympa de se rencontrer autour d’un café ou d’un verre de vin pour parler (de votre) chiffon.

Olivia, qui aime le vélo.


Allez assez palabré, on commence avec une fille pour marquer le coup: Olivia et son inséparable veste Replay.

Salut Olivia, qu’est ce que c’est que cette veste ?

C’est ma veste fétiche! Une Replay un peu style Teddy, en jean un peu clair et skai noir avec deux micro poches devant et un fabuleux « HARLEM SUPERSTAR » floqué dans le dos accompagné d’étoiles rouges. Avant il y avait du blanc aussi mais il a disparu. Le skai est complètement défoncé voir déchiré à certains endroits et il y a des rappels de rouges sur les manches et le col.

D’où est ce qu’elle vient ? elle a une histoire particulière ?

Je l’ai trouvé à une vente de presse où me trainait souvent ma mère avant. Ca devait être il y a 9 ans, j’étais un peu rebelle et j’avais décidé de toujours acheter des fringues qu’elle n’aimait pas. Là, le sky, les étoiles derrière, j’ai complètement craqué. J’ai pas mal bataillé pour la ramener à la maison mais depuis elle ne me quitte plus.

Un bord côte usé jusqu’à la corde.

 

Et toi, tu as une histoire vécue avec cette pièce ?

DES TAS! Je pense qu’au lycée j’ai fait les pires conneries dedans! Elle me paraissait indispensable pour ma « street crédibilité »! Je la mettais à chaque soirée un peu coule, ça m’étonnerais pas que je l’ai mise pour la première soirée Mort Aux Jeunes où on été allé avec Robin (l’autre). Maintenant je la mets un peu moins parce que j’ai d’autres vestes puis elle est pas mal usée.

Qu’est ce qui fait que tu l’aimes particulièrement ?

Déjà ce qui est super important, c’est que je n’ai jamais vu personne avec cette veste. C’est débile mais du coup j’ai l’impression d’être propriétaire d’un élément complètement unique. Parce que en soit, c’est surement pas ma plus belle veste mais elle est originale et c’est généralement ce qui me plait.

L’usure d’un vêtement ça joue beaucoup sur ta manière de l’appréhender ? est ce que ça apporte quelque chose ?

Je m’habille pas mal en fripe. Il y a des vêtements dont l’usure ne me dérange pas, les vestes par exemple, le reste moyen. Celle là, elle est trouée de partout mais c’est moi qui l’ai usée, qui ait mis les badges (à la base pour cacher le R de Replay) et qui l’ai déchiré. D’un côté ça l’a rend encore plus personnelle toute ces marques du temps.

Un denim Replay, 9 ans d’âge.

Qu’est ce que tu aimes ou recherches quand on touche au vêtement ?

Je fonctionne pas mal au visuel. Il y en a qui vont plutôt s’intéresser à la matière mais personnellement je pense que c’est surtout la couleur et la forme qui m’intéresse. La plupart du temps, plus c’est bizarre plus ça me plait, mais du coup ça fait des combinaisons étranges parfois…

Qu’est ce que tu penses de la mode en général ?

Ca m’intéresse mais pas tant que ça. Je marche plus au coup de coeur, mais je pense que malgré moi je suis surement influencée dans mes choix par ce que les gens portent autour de moi ou sur les pubs.

Des badges, pour camoufler.


Quelle marque a particulièrement retenu ton attention ces derniers temps ?

hum…là tu me poses une bonne colle. Le dernier truc neuf que j’ai acheté il venait de chez COS je crois mais je n’aime pas du tout l’intégralité des collections. Sinon j’aime pas mal Isabelle Marrant et Castelbajac mais j’ai jamais rien acheté chez eux, c’est beaucoup trop cher.

Pour toi la notion de marque est importante ? qu’est ce que tu recherches chez une marque ?

Non, la seule raison pour laquelle je mets un peu plus d’argent dans des vêtements c’est quand je sais que je vais avoir envie de le garder longtemps et que c’est de la bonne qualité.

Merci Olivia !

Si vous avez du temps de surf de libre, notez qu’Olivia aime le vélo.


Street cred.

Le meilleur pour la fin: « Original Harlem Replay Superstar »

Repair Jeans – Point De Chaînette

Selvage et point-chaînette. Jeans Lee et Indy Boots d’Alden.

Lorsqu’on commence à s’intéresser un peu trop aux jeans, on passe beaucoup de temps à examiner les moindres détails identifiant un modèle d’un autre. On en vient à faire attention à de multiples petites choses dont le selvage n’est que l’exemple le plus visible : qualité des rivets, selvage dans la poche ticket, point d’arrêt sur les poches arrières ou non, rivets cachés… Il est question ici d’un de ces détails : la couture du bas de la jambe d’un jean. Celle-ci est parfois réalisée à partir d’un point de chaînette,  et non pas par un point noué tout simple. Un point de chaînette est sorte de couture plus épaisse et solide et est notamment utilisée pour coudre les deux jambes d’un jean ensemble. Les grandes marques telles que Levi’s ou Lee ont la plupart du temps utilisé cette couture pour coudre le bas des jambes de son jean, et celle-ci devient donc visible si vous faîtes un revers. Du coup lorsque vous entrez en possession d’un jean trop long et que vous vous adressez à un retoucheur habituel pour le faire raccourcir, il y a très peu de chance que celui-ci puisse reproduire ce détail (de la plus haute importance on a bien compris). Certaines adresses bien connues des denim heads proposaient donc un service de retouche utilisant des anciennes machines conçues pour cette office : Le Bouclard, rue Charlot à Paris ainsi que 45RPM tout près de la place du Marché St. Honoré. Mais depuis quelques mois il est devenu difficile de faire retoucher ses jeans convenablement. En effet Le Bouclard semble avoir fermé ses portes, tandis que 45RPM ne retouche plus que les produits achetés dans leur magasin.

Georges, l’homme derrière le magasin Repair Jeans, dont on vous avait parlé ici, a donc récemment fait l’investissement d’une de ces machines permettant de réaliser la fameuse couture. Apparemment celle-ci a passé le test ultime et est parvenue à retoucher un jean Iron Heart de 21oz (là où Levi’s Vintage Clothing propose des jeans à 12-14oz) : une sorte d’armure en denim. C’est donc l’adresse incontournable pour faire retoucher vos jeans d’afficionados. Cependant attention, même si de notre côté nous n’avons jamais eu de problèmes, certains de nos lecteurs ont été un peu déçu du travail de Georges dans le passé. N’hésitez donc pas à bien discuter de vos besoins et envies concernant vos jeans avant de les lui confier. Dans le cas d’un point de chaînette vous ne prenez cependant pas trop de risques.

Repair Jeans
Porte d’Italie 
8B Avenue de Fontainebleau
94270 Le Kremlin-Bicêtre 
www.repairjeans.com






Made & Crafted pour FrenchTrotters


Une des grandes force de FrenchTrotters aujourd’hui, c’est d’arriver à collaborer avec une multitude de marques, petites ou plus grandes, pour réaliser des produits forts au bon moment. Le plus dur pour Made & Crafted, c’était de se détacher de son grand frère , Levi’s Vintage Clothing: elles deux sont les deux marques premium de Levi’s, LVC pour la reproduction de pièces anciennes, l’authenticité, et Made & Crafted pour une collection de haute qualité qui cherche à construire autre chose sur les fondations Levi’s: une silhouette plus moderne qui sait garder un lien avec ses racines.

Pour cette collaboration ils ont donc choisi de travailler un modèle de 5 poche baptisé Shuttle Straight, à la coupe droite et décliné en deux coloris. La toile, verte ou sable, est japonaise et se révèle avoir un toucher assez inhabituel (assez rugueuse) mais très agréable. Selon la coutume chez Made & Crafted les finitions n’ont pas été laissées au hasard et la pièce a été pensée pour durer dans le temps. Évidement tout ça ne serait pas drôle si la pièce n’était pas en série limitée: il reste toutefois quelques pièces dans les boutiques FrenchTrotters. Notez que le délavage sur la version verte doit rendre particulièrement bien avec le temps et que l’on ne croise pas souvent des toiles pareilles.

Pitti Uomo – Adam Kimmel pour Carhartt


Cela fait maintenant un an qu’Adam Kimmel et Carhartt nous avaient annoncé leur première collaboration, et pour l’hiver prochain, le créateur américain et notre marque de streetwear préférée continuent l’expérience. Après une collection toute en finesse l’hiver dernier, la même recette est appliquée pour la collection automne-hiver 2012-2013. Des coupes workwear classiques et sans fioritures, dans des tissus utilisant une palette de couleurs sobres (noir, bleu marine, khaki, bleu clair, gris…). Les pièces se font moins dures et plus chics, mais la fonctionnalité des pièces workwear est bien là. Une réussite en somme.

 

LVC sur la toile

Des images d’archives authentiques, peu de marques peuvent se permettre un tel luxe.

La capacité de Levi’s Vintage Clothing à exploiter l’héritage de Levi’s en matière de denim pour faire des reproductions ou des remises au goût du jour d’anciennes pièces n’est pas à prouver: leurs collections sont très riches depuis quelques saisons et qualitativement irréprochables.

Par contre en tant que consommateur, ça n’est pas forcément facile de s’y retrouver, rien que pour le 501 brut on approche des huit coupes différentes suivant chaque décénies de 1890 à 1966.

L’amateur averti y verra une belle occasion de porter une pièce marquée des détails d’époque mais pour être réellement initié et rompu à l’art du jean selon Levi’s Vintage Clothing, il faut avoir déjà parcouru plusieurs ouvrages et s’être vraiment documenté.

Ce soucis est maintenant résolu puisque l’on peut observer et comprendre chacune de ces coupes et détails sur la page 501 du site de la marque qui vient d’ouvrir ses portes. Vous pourrez également y trouver quelques photos d’archives et la collection sous forme d’illustration. D’ailleurs dans le choix de montrer la collection en dessin on retrouve une touche d’originalité propre aux puristes: pour comprendre un produit LVC, il faut le toucher, le voir en vrai, une photo circulant sur internet ne suffit pas pour s’en faire une réelle idée. L’illustration attise la curiosité, pousse les membres des forums (et des blogs) à aller tater la marchandise.

 

Levi's Vintage Clothing – La toile


Gamme brute Levi’s Vintage Clothing

Avec notre rapide aperçu du marché du denim premium, on avait souligné la pertinence de la démarche adoptée par Levi’s XX, la nouvelle entité premium de la marque américaine, distincte du géant Levi’s « red tab ». On en avait d’ailleurs parlé plus précisément par la suite, mais sans vraiment s’attacher à inspecter minutieusement quelques modèles.

Il ne suffit en effet pas vraiment de dire qu’un produit est différent pour qu’il le soit réellement et dans un secteur aussi concurrentiel que celui du denim, il fait bon disséquer quelques pièces pour comprendre leurs particularités.

On peut tout d’abord commencer par la matière. La matière d’un jean, c’est de la toile. Or, la toile de jean, c’est américain. Ce que l’on appelle « toile japonaise » est en fait un témoignage de l’amour que les japonais portent à la culture vestimentaire américaine : dans les années 80, quand il a fallu aux États-Unis produire plus et plus rapidement pour satisfaire une demande mondiale croissante, les géants américains du jean ont commencé à produire ailleurs, donc différemment de ce qu’ils avaient l’habitude de faire et le produit a perdu en qualité. Les japonais ont récupéré les machines américaines inutilisées et ont commencé à produire une toile de meilleure qualité que celle utilisée par les grandes marques. La toile japonaise c’est donc une des premières manifestation de la reproduction d’éléments textiles américains par les perfectionnistes japonais amoureux du vêtement.

Cone Denim – North Carolina

Seulement voilà, l’appellation « toile japonaise »  ne veut plus dire grand chose de nos jours: certaines ne sont même plus produites au Japon mais en dehors, à moindre coût, et gardent l’appellation car il s’agit d’une pâle imitation dont la volonté est d’être une toile de jean « façon toile japonaise ». Le tout dans un soucis marketing évidemment.

De ce constat, on peut pointer du doigt l’étiquette présente sur les jeans de la collection de Levi’s Vintage Clothing. Cone Mills est en effet le producteur de toile historique de Levi’s, qui a conservé les machines d’origine et qui tissent comme à l’époque des pièces du début du XXème. Levi’s Vintage Clothing a donc bien sa place sur la American List de Michael Williams : la matière vient des États Unis, elle est produite comme à l’époque et il s’agit d’une des plus belles toiles du monde (appelée « White Oak » du nom de l’usine).

Usine de tissage Cone Mills

Si certaines de ses autres pièces sont assemblées en Turquie, les jeans bruts en toile Cone Mills que propose la marque sont montés outre-atlantique, afin de satisfaire sa clientèle puriste, désireuse de retrouver le produit des années 50 et de coller à son ADN d’archiviste du vêtement américain.

Dans les articles qui vont suivre on va pouvoir s’amuser à continuer de remarquer le travail effectué par Levis Vintage Clothing pour reproduire les modèles d’époque jusque dans les moindres détails. Une fois que ce sera fait, les modèles phares de la marque n’auront plus de secrets pour vous !

The Vintage Showroom


La devanture du magasin au 14 Earlham Street à Londres

On compte surtout les marchés quand on parle de vintage à Londres : Spitalfields le jeudi, Portobello le vendredi, Camden le samedi et Bricklane le dimanche. Si on me demande c’est le programme que je suivrais. Quand il s’agit de boutiques, on tombe souvent sur un os : le prix. Les loyers à Londres sont chers et ça se ressent sur l’étiquette . Alors comment se démarquer de moult boutiques de vintage londoniennes qui proposent souvent tout et n’importe quoi pour des prix loin de raisonnables? The Vintage Showroom fait partie des exemples qui font bande à part de cette faune et propose réellement des produits de qualités, rares et même s’ils sont loin d’être gratuits, valent souvent le prix affiché.



Un aperçu de l’étage principal du magasin

Vintage de l’armée américaine, française ou anglaise en passant par de beaux exemples de chemises hawaïennes, des vestiges des heures de gloire de l’air preppy avec vestes en madras ou chinos d’époque sans oublier workwear français et grands noms du denim d’outre manche, le tout est réuni dans cette espace ouvert toute la semaine. Simon le manager et James, son assistant, sauront vous aider à trouver votre bonheur.

Pour ceux qui cherchent quelque chose de bien particulier, le sous-sol peut être rendu accessible sur demande. Le but de l’endroit est de montrer une sélection des belles pièces que Doug Gunn et son acolyte Roy Luckett gardent à l’écart des yeux du public pour le plaisir des professionnels du cinéma et de la mode.


Le sous-sol: ouvert uniquement sur demande

Lors de notre rencontre avec Doug, nous avons eu la chance d’apprendre en exclusivité qu’ils lanceront prochainement leur marque : F.W Collins, nommée d’après le magasin que la boutique a remplacé. L’avantage de ce nom est son histoire. Avec plus de 160 ans d’existence, le magasin a de quoi raconter une où deux anecdotes pour inspirer les futures collections de la marque. De leurs côté, avec 35 ans d’expérience cumulées dans le monde de la fripe, on fait confiance aux deux associés pour faire les choses bien. Les produits devraient être disponibles à la boutique pour le printemps prochain. Un peu de patience, on ne manquera pas de vous donner plus d’information dès que possible.



La plaque de F.W.Collins

Le clou du spectacle s’est déroulé le jour précédent, lorsque nous avons eu la chance de visiter le studio du Vintage Showroom. L’accès y est exclusivement réservé aux professionnels malheureusement, donc si vous voulez juste jeter un œil, ça risque d’être compliqué.

L’endroit recèle de trésors incroyables : Une Ursula suit réalisé par Barbour sur demande du Capitaine George Phillips, commandant du sous-marin HMS Ursula en 1937, est surement un des plus impressionnant. Vous n’aurez sûrement pas l’occasion d’en voir une autre de si tôt. Quand on sait que c’est de là que provient l’idée de la Barbour International portée notamment par Steve McQueen, ça laisse rêveur.



Doug Gunn


Plus on avance dans le showroom, plus nos yeux d’amateurs s’écarquillent, les pièces sont plus rares les unes que les autres et les prix le montrent bien. C’est beau, c’est rare, c’est inaccessible au commun des mortels que nous sommes, bref, c’est incroyable. Bienvenue au paradis du vintage.


Veste en camo reversible et Belstaff Trialmaster à la patine incroyable


Merci à Doug pour cette chance, on suivra le lancement prochain de F.W. Collins de très près, vous pouvez en être sûr.


The Vintage Showroom
14 Earlham Street
London, WC2H 9LN
t: +44 (0)207 836 3964
e: sm@thevintageshowroom.com

www.thevintageshowroom.com

Son of a Stag – Londres



Après avoir dégotté un bon réparateur de jeans à Paris en la personne de Georges, je me suis vu confronté à un dilemme à Londres. Si j’avais continué à porter mon jean préféré il aurait atteint un niveau d’usure tel que j’aurais pu être qualifié d’exhibitionniste.

La bonne vieille technique du bouche à oreille m’a orienté vers Son of a Stag qui paraitrait-il, ferait de bonnes réparations. En effet le magasin situé dans le quartier de Brick Lane, dans l’est de Londres, offre de réparer les jeans en plus d’avoir une très belle sélection de marques et modèles dans un esprit biker clairement affiché dès l’entrée du magasin.


 

Le magasin va plus loin que la simple réparation: il propose aussi un service de lavage spécialisé et la possibilité de personnaliser son jean. Soucieux du détail, ils utilisent une machine à coudre à point chaînette « Union Special » d’époque et les fils d’origine correspondant à la marque de votre jean.



J’ai donc décidé de leur confier mon jean pour la réparation des plus gros dégâts, un peu soucieux du coût et du rendu final. La première étape a consisté à faire une revue complète des accrocs avec un des vendeurs : lesquels réparer, lesquels laisser, quoi utiliser pour combler les trous (Denim ou toile blanche au choix). Le tout accompagné d’une explication de comment les réparations allaient être faites et du pourquoi certaines s’avéreraient compliquées. En bref, un service complet, clair et à l’écoute du client. Me voilà confiant pour la suite.


 

Après une semaine, je retourne à la boutique récupérer mon bien. On m’apprend alors qu’il n’a toujours pas été fait : ils n’avaient pas réussi à trouver la même toile avec un délavage similaire parmi leur stock de jeans dédiés à la réparation. Le stock est pourtant incroyable et affiche des marques tels que Ernest Sewn, Edwin et Levi’s entre autres. Ils me demandent donc d’attendre un peu plus afin de trouver une correspondance plus proche parmis les autres jeans qu’ils comptent recevoir.
Plutôt soucieux de l’aspect final que pressé, j’attends donc. Le magasin n’étant pas satisfait des trouvailles, on m’oriente alors plutôt vers de la toile blanche pour un meilleur rendu. Le résultat final est à la hauteur de mes attentes et le prix est plus que raisonable. Client satisfait!


Un très bon magasin qui connait ses produits et dont l’équipe est réellement passionnée par ce qu’elle vend : ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. Une adresse où je ne manquerais pas de me rendre à l’avenir pour toute réparation délicate!


Son of a Stag
The Old Truman Brewery
91 Brick Lane, London
E1 6QL. England, U.K.
http://www.sonofastag.com/
+44 (0)20 7247 33 33

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