Fallow Jeans – Made in Britain


Détails d’un jean Fallow

Le monde du Denim est bien petit, et du coup on entend trop souvent parler des mêmes marques: Levi’s, A.P.C, Lee, Wrangler, Edwin et Momotaro pour le plus haut de gamme, sans citer les choses un peu plus osées comme Evisu ou Marithé François Girbaud… bref, trouver une paire de jeans qui sort du lot, tout en respectant le carnet des charges: red stitch à l’ourlet et poche ticket de métro, rivets en cuivre, toile denim de qualité et coupe digne de ce nom, relève du défi.

Illustration des jeans Fallow par Rob Whoriskey pour Oki Ni

Fallow réussit tout de même le pari, en produisant surement une des plus belles paires de jeans que j’ai pu voir depuis longtemps. Les finitions sont superbes, avec même les poches arrières doublées d’une toile de coton épais et l »étiquette » est en peau de cerf ferrée à la main. La toile est japonaise (13,75 Oz pour la plupart des modèles) et le tout est assemblé en Angleterre. Les rivets sont en cuir et le selvage est bien là où il faut. En bref, une très belle paire de Denim pour un prix allant de £145 à £240 pour la version cirée, on peut dire que c’est raisonnable.

www.fallowdenim.com

Un jean Fallow après un an d’usage sans lavage

Uniqlo – Produits d'appel

Il faut l’avouer, les vêtements dont nous traitons sur redingote sont généralement plutôt cher. Ces prix sont souvent justifiés par l’apport de valeurs difficilement trouvables dans des produits de grande consommation : une démarche travaillée, une qualité irréprochable ou une histoire ancienne…


Cependant, Uniqlo, une de ces grandes enseignes à bas prix, sort des produits semblant nous cibler directement. Que ce soit pour des chemises button-down en oxford, des sweaters à bouclettes ou bien des jeans bruts en toile japonaise, Uniqlo a de quoi attirer le connaisseur. Bien entendu, aucune des valeurs ajoutées citées précédemment ne sont présentes, leurs produits sont le plus souvent fabriqués en Chine et parfois les finitions laissent un peu à désirer. La qualité perceptible reste tout de même importante, on est loin du produit qui se désintègre après deux lavages en machine.

Ouvrons une petite parenthèse pour traiter de leurs jeans made in japan. Uniqlo propose en effet plusieurs coupes d’un jean totalement confectionné au Japon, en toile japonaise. Ce produit d’appel est assez impressionnant car tous les détails que l’on trouve habituellement sur des produits plus haut de gamme y sont présents, c’est donc un bon compromis pour les amateurs de denim que l’histoire du produit importe peu.

Comment expliquer qu’Uniqlo, concurrent d’H&M, de Zara et de Gap, propose aujourd’hui des produits pointus de la sorte ?

Une partie de la réponse vient probablement de la nationalité de la marque japonaise. En effet, aujourd’hui il y a 835 boutiques Uniqlo dans le monde, dont 703 rien qu’au Japon. On imagine donc que ces quelques produits ont trouvé une clientèle au Japon où l’on sait que les pièces d’héritage américain ont actuellement un grand succès.

Peut-être aussi s’agit il de faire cross-shopper ces connaisseurs. Prenons le cas des grandes enseignes de fast-fashion (Zara et Topshop en tête) : Celles-ci attirent leurs clients en proposant des modèles fortement inspirés des créations de grands noms du prêt à porter de luxe.  Non seulement des personnes non-clientes des grandes marques viennent acheter ces produits, mais aussi les clients de ces grandes marques de luxes, qui y voient une solution complémentaire de remplir leur garde robe. Proposer de tels produits est donc un bon moyen pour Uniqlo d’attirer les amateurs de denim bruts et autres chemises en chambray.

Ci-dessous quelques exemples des produits simples et efficaces proposés chez Uniqlo. Sont présents notamment la chemise button-down en oxford, le sweater ainsi que le denim japonnais mentionnés plus haut.


Denim Debate

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Initié il y a maintenant quelques années avec Superfuture et leur thread Superdenim, le développement de la communauté des fans du denim sur le web s’est vraiment intensifié depuis quelques mois. Aficionados du vintage, fans du détail, ou obsédés de custom ce sont tous de vrais amoureux de la toile de denim et ils ont élevé le jean en véritable pièce maîtresse de leur garde robe. La boutique Self Edge de San Francisco s’est d’ailleurs consacrée très tôt à satisfaire les exigences des maniaques du selvedge, en leur apportant un panel de choix dans les épaisseurs de toiles, les couleurs de coutures et types de boutons parmi tant d’autres détails. Tenue de Nîmes à Amsterdam étant la dernière en date à s’être spécialisée dans ce créneau là.

La réponse du marché pour cet engouement ne s’est pas faite attendre très longtemps. On a donc vu plusieurs marques spécialisées voir le jour en très peu de temps (Lecur, Bleu de Paname, Naked & Famous), et même si certaines ont une démarche intéressante peut être que le sujet a déjà été tari par des gens l’ayant mieux fait avant elles. Renouveler la matière ou sortir de cette image un peu opportuniste va sûrement être compliqué pour elles, la barre ayant déjà été placée assez haut par leurs prédécesseurs.

Le témoignage le plus flagrant de l’ampleur du phénomène reste peut être la naissance de toujours plus de blogs et sites consacrés au sujet: Denimmaniac, Denimnews, Denimology&les autres: du très bon comme du mauvais. Le plus intéressant d’entre eux restera sûrement  Denim Debate, ayant vu le jour au début de l’hiver dernier. Le site permet en effet  à quelques passionnés, de publier tous les 6 mois des photos de leurs jeans pour étudier le comportement de la coupe, de la toile et de son traitement à travers le temps: comparatifs de marques, de modèles, astuces d’usures et de lavage… animé par d’excellents acteurs du web ou même du marché, le site est un codex assez utile si l’on cherche à différencier quelques pièces ou à se retrouver parmi la multitude qui est offerte.

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Chacun a son idée, correcte ou non, de ce qu’est un bon jean. Or, dans cette masse de marques qui font des produits qui pourraient sembler identiques au néophyte, le « style game » reprend parfois le dessus, et ceux qui y jouent cherchent souvent à se différencier . Si les addicts du jean affectionnent des marques plus ou moins pointues (Real Mc CoySugar Cane, Mister Freedom45rpmrrl, Evisu…), il faut savoir qu’ elles ne sont pas nombreuses à pouvoir réellement travailler sur le thème de l’héritage même si elles font souvent de très bonnes pièces.

Levi’s et Lee ayant commencées l’épopée du jean dès le XIXème siècle, suivies de peu par Wrangler, personne ne peut vraiment lutter en arrivant un ou deux siècles après, au niveau de l’histoire comme de l’innovation, de l’amélioration. Il y a donc un décalage entre les marques qui doivent s’inventer une histoire, un héritage et celles qui en ont un car elles sont issues de la tradition américaine.

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Avec le retour de l’americana les « jeunes » marques vont d’ailleurs peut être avoir un peu de mal à faire valoir leur savoir faire face à des géants comme Levi’s, Lee et Wrangler, qui peuvent facilement ressortir de leurs archives des photos de Steve Mac Queen ou de Marlon Brando portant leurs produits, pour ne citer qu’eux bien sûr. Si Wrangler a connu un bon buzz l’année dernière grâce à son site internet très bien réalisé, que Lee puise dans son passé avec Lee Archives et que Levi’s adopte une démarche très intéressante dont on vous parlera en détail très bientôt,  il me tarde de savoir comment les autres vont réussir à se positionner sur le marché.