Musique au Festival de Cannes

Nanni Moretti sera le Président du Jury du 65e Festival de Cannes

En ce tout début de mois de Mai, ce sont les beaux jours qui se font attendre !

On attend les beaux jours certes, mais le mois de Mai est aussi synonyme, pour les cinéphiles et autres amateurs de starlettes, du Festival de Cannes et de sa montée des marches – sous la pluie ? – qui aura lieu dans quelques petites semaines.

L’occasion pour moi de faire un petit clin d’oeil aux musiques utilisées par le Festival et aujourd’hui devenues cultes pour tous les fans de l’évènement de la Croisette.

La musique qui peut être considérée comme « officielle » est tirée du très fameux Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns. C’est le mouvement Aquarium qu’on entend de façon récurrente qui évoque un monde féérique et fantastique grace aux notes du Glassharmonica ― souvent jouées au glockenspiel ou au célesta ― et aux arpèges joués par le piano.

On retourne en enfance avec une autre musique incontournable du Festival de Cannes, qui est cette fois-ci tirée du dessin animé Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles ou Petit-pied de Don Bluth, produit par Steven Spielberg et George Lucas, sorti en 1988. On entend régulièrement un court extrait de la bande originale à l’ouverture et la clôture de la cérémonie.

Version intégrale ici.


Ah ! vous dirai-je, maman – Mozart

Wolfgang Amadeus Mozart

Les douze variations sur le thème « Ah ! Vous dirai-je, maman » est une œuvre pour piano composée par Mozart à l’âge d’environ 25 ans. La composition du thème est – à tort – souvent attribuée à Mozart, mais c’est en réalité une mélodie française issue de la pièce « Les Amusements d’une heure et demy » d’un certain M. Bouin.

On peut en revanche se poser sérieusement la question de savoir si nous aurions un jour entendu la mélodie de cette petite comptine aujourd’hui internationalement connue, si Wolfgang Amadeus Mozart ne l’avait pas popularisée en composant douze variations sur ce thème.

Certes un peu « légère », cette oeuvre ne contribue pas pleinement au génie de Mozart dont l’oeuvre complète est tout simplement miraculeuse. Mozart a d’ailleurs composé ces variations dans un but purement pédagogique, mais on y retrouve bel et bien sa patte et comme toujours, c’est un régal à écouter et à ré-écouter !


D’autres grands compositeurs ont, comme Mozart, utilisé cette mélodie dans leur composition. On retrouve ainsi parmi eux : Camille Saint-Saëns dans le douzième mouvement du Carnaval des animaux (fossiles) qui y fait référence sous forme de clin d’oeil.

Sacha Guitry – Ceux de chez nous (Saint-Saëns)

Sacha Guitry

Ceux de chez nous est un film réalisé par Sacha Guitry en 1915. Derrière ce court-métrage (22 minutes), l’idée de Sacha Guitry est de créer une sorte de « nouvelle encyclopédie ». Pour cela, il décide de rencontrer des artistes et autres grandes personnalités du moment afin de les immortaliser. Le film est présenté le 22 novembre 1915 à Paris. Le court métrage est projeté sans son : on est encore à l’ère du cinéma muet. Parmi les artistes présentés, on y aperçoit entre autres Claude Monet, Auguste Rodin, Camille Saint-Saëns ou encore Sarah Bernhardt… Le but est de filmer les faits et gestes de la vie quotidienne de ces personnalités, le plus souvent au travail, dès que cela était possible.

Conscient que la seule image pouvait ne pas être suffisante, Guitry décide quelques années plus tard d’en faire une version sonorisée de 44 minutes, qui sortira en 1952. Les scènes sont entrecoupées par Sacha Guitry que l’on voit dans son bureau. Il narre des anecdotes liés aux tournages des différentes scènes et les commente avec son humour et son style si particulier… Il ne s’agit plus dans cette version d’un simple document d’archive, mais d’un véritable film. Il est un témoignage extraordinaire d’une autre époque !

Extrait de Ceux de chez nous avec Camille Saint-Saëns (1952) :


Camille Saint-Saëns, "un artisan de génie"

On lui reproche souvent son manque d’originalité ou son manque de génie musical (reproches évidemment liées à son obsession pour la forme). Certains de ses détracteurs allaient même jusqu’à l’ignorer complètement. Dans ce sens, on apprend dans l’ouvrage de Jacques Bonnaure «Saint-Saëns» que Romain Rolland notait en 1907 que l’on pouvait parler des heures de musique française avec des musiciens français sans que fût cité une seule fois le nom de Saint-Saëns. Il faut dire qu’à cette époque, Camille Saint-Saëns avait en face de lui Debussy qui était en train de révolutionner la musique.

Mais si l’oeuvre de Saint-Saëns n’a pas fait avancer le langage musical, son génie se trouve dans la forme, son savoir-faire et son écriture irréprochable.
Il disait lui-même :
«Pour moi l’art c’est la forme. L’expression, la passion, voilà qui séduit avant tout l’amateur. Pour l’artiste, il en va autrement. L’artiste qui ne se sent pas pleinement satisfait par des lignes élégantes, des couleurs harmonieuses, une belle série d’accords, ne comprend pas l’art. Pendant tout le XVIe siècle on a écrit des oeuvres admirables dont toute émotion est exclue.»1

Sa vision de l’art qu’il expose ici par écrit sera son mot d’ordre et il s’y conformera toute sa vie. Pour lui, une oeuvre ne pouvait pas être écrite sans s’attacher à la forme et à la tradition. Il avait une méfiance extrême pour l’expression. Or Camille Saint-Saëns nait à l’époque romantique et va connaître la rupture qui donne lieu à l’époque moderne. Il sera toute sa vie en décalage avec sont temps, comme le dit Jacques Bonnaure, « jeune il ne fut jamais romantique, vieux il ne fut jamais moderne ».

Mais il ne faut pas oublier que le travail de Saint-Saëns a permis l’intégration de formes en France qui étaient réservées jusqu’alors aux compositeurs d’outre-Rhin. En effet, l’oeuvre de Saint-Saëns a par exemple réussi à redonner un élan à la musique symphonique qui avait tendance à s’essouffler au milieu du XIXe siècle.

Finalement, la musique de Saint-Saëns est artisanale avec une maitrise absolue et un savoir-faire traditionnel. Il fut l’un des derniers représentant de cet aspect artisanal de la composition qui était la norme jusqu’au début du XIXe.

Pour illustrer cet article : la symphonie n°3 « avec orgue ». L’orchestration y est assez chargée avec notamment un piano (joué à 4 mains) et un grand-orgue, mais ces deux instruments ne jouent cependant pas du tout comme solistes. Pierre Cochereau, le fameux organiste de Notre-Dame de Paris avouait d’ailleurs lors de l’enregistrement de la symphonie n°3 sous la direction de Karajan, que l’orgue ne servait dans cette oeuvre qu’à « planter quelques clous » !

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Je recommande chaudement le très bel ouvrage de Jacques Bonnaure « Saint-Saëns » sorti en septembre dernier qui est remarquable. Il rend un hommage admirable au compositeur qui à bercé mes toutes jeunes oreilles avec son « Carnaval des animaux »…

1- citation extraite du livre « Saint-Saëns » de Jacques Bonnaure.

Camille Saint-Saëns – Concerto n°2 pour piano

Je suis tombé par hasard sur l’émission de J.F. Zygel le soir de Noël avant d’aller réveillonner. J’ai juste eu le temps de regarder un court instant et d’écouter la danse macabre de Camille Saint-Saëns qui y était décortiquée. Ça m’a donné envie de réécouter du Saint-Saëns que j’avais un peu laissé de côté ces derniers temps… et à tort étant donné l’incroyable richesse de son oeuvre !

J’ai donc ressorti tous ses CDs et je suis resté pantois devant la beauté de son deuxième concerto pour piano et orchestre.
Je vous laisse donc découvrir ou redécouvrir le 2ème mouvement « Allegro scherzando » .

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Les deux autres mouvements (andante et presto) sont disponible en vidéos sur youtube (ici et ) avec au piano : Arthur Rubinstein.

Camille Saint-Saëns était pianiste et Organiste (à l’Église de la Madeleine à Paris). Il compose une oeuvre très importante dont 12 opéras, 5 symphonies, 5 concertos pour piano, 3 pour violon et 2 pour violoncelle… Il connaît vite un grand succès en France puis plus tard surtout à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis. En effet le style musical classique de Saint-Saëns apparaît un peu dépassé en France avec l’apparition de compositeurs comme Ravel ou Debussy.