Margaret Howell – PE 2013

Ca y est, c’est à nouveau la période des fashion weeks de mode masculine. Cette année c’est Londres qui débute, avec un événement tout nouveau dédié à promouvoir la mode masculine britannique : « London Collections : Men ». Margaret Howell y a donc présenté sa collection printemps été 2013 constituée comme d’habitude de coupes fonctionnelles, simples en apparence, et où le confort semble être une priorité. Les pièces plutôt amples et légères sont accessoirisées avec discretion: cravates ton sur ton rentrées dans la chemise et bandanas noués autour du cou par exemple. De quoi donner envie de retourner faire un tour dans la belle boutique parisienne de la marque, sorte de havre de paix cachée dans une cour discrète de la place de la Madeleine.

The OEN – E-shop

Les blogs qui lancent des boutiques en ligne commencent à être nombreux. Que ce soit Michael Williams qui fût surement l’un des premiers avec son ACL shop et ses portes clés façon motel américain, Whereisthecool avec son Magasin Général, French Cancan et ses Private Sales, sans compter Mr. Hare qui a réussi à faire un sacré buzz avant de lancer sa propre marque. Bien que nous ayons lancé notre propre projet aussi avec La Belle Echoppe, cela ne nous empêche pas de parler des autres, bien au contraire, et c’est donc avec plaisir que je me suis surtout attardé sur le nouveau site de vente en ligne du blog The 189.

Mark Robinson et Daniel Benning ont lancé leur boutique en février dernier après 5 ans d’existence en tant que blog et je trouve le résultat très réussi. Associant un mélange de marques pointues, rares comme c’est le cas avec Tender ou peu connues comme SIWA ou Tembea avec des publications d’architecture, d’art ou de botanique, le duo apporte une certaine fraîcheur comparé à ce que l’on peut voir sur internet et même en boutique. Une adresse à visiter dans le confort de son lit ou de son canapé que ce soit pour le contenu éditorial ou pour la boutique.

the189.com

The Madly

Le terrain de jeu de Jake et Melanie pour nourrir leur marque, The Madly

 

À travers leur marque The Madly et leurs collections de maroquinerie, Jake et Melanie aiment aussi faire partager les belles rencontres qu’ils font au grès de leurs voyages. L’année dernière partis explorer le centre de la Turquie, ils ont fait connaissance avec le fameux tissage « kilim » aux couleurs incroyables, réalisé à la main. Ni une ni deux ils ont décidé d’appliquer le motif ainsi obtenu sur l’un de leur modèle d’attaché case « Burroughs » pour le transformer en « Burroughs Nomad » qui devient d’un coup beaucoup moins business que le modèle de leur catalogue classique.

Briefcase + Kilim = belle briefcase !

 

Entièrement confectionnés à la main, on retrouve sur tous les sacs cette esthétique brute, quasiment devenue au fil des années une véritable signature chez les marques d’outre-atlantique: c’est costaud, invincible, ça résiste à tout, c’est américain. Sans fioritures, les designs sont évidement pensés grands et utiles (là encore c’est américain, on reste loin des cloches à viennoiseries Hermès), et les cuirs sont sélectionnés pour leur manière de générer une belle patine avec le temps. La ligne est façonnée aux Philippines et distribuée chez Barney’s un peu partout aux USA ainsi que dans de jolies boutiques japonaises. Pour l’instant rien n’indique que l’on peut trouver ces jolis sacs en Europe mais vous pouvez passer commande sur leur site, ils se feront un plaisir de vous faire parvenir votre paquet.


Le modèle d’origine, sans Kilim

 

 

Jean Sibelius – Étude pour piano, op. 76

Oncle Fester Jean Sibelius en 1939

Jean Sibelius est un compositeur finlandais né en 1865 à Hämeenlinna, et mort à Järvenpää, près d’Helsinki.

Par un raccourci un peu facile, Sibelius est souvent considéré comme un compositeur « national », une sorte d’Edvard Grieg finlandais. 
Mais, à l’inverse d’un Grieg ou d’un Dvořák, Sibelius n’utilise pas la musique populaire de son pays, son style mélodique n’est pas du tout issu du folklore finnois. Cette différence est certainement dû au fait que Sibelius a baigné durant toute son enfance dans une culture presque exclusivement suédoise et non finlandaise puisque son père était d’origine suédoise et sa mère était la fille d’un immigré suédois.

Sibelius, qui était un grand voyageur, possède en réalité un langage musical assez universel même si son oeuvre est très marqué par un style musical nordique, influencé par son pays natal. Incontestablement, il a beaucoup apporté au rayonnement culturel de sa nation et reste aujourd’hui le porte-drapeau de la musique finlandaise.

Pendant longtemps, Jean Sibelius fût totalement ignoré dans le monde de la musique hormis aux États-Unis, en Angleterre et bien entendu en Finlande. Certaines encyclopédies musicales assez récentes passaient carrément sous silence le nom du compositeur. Il est un des rares musiciens a avoir suscité autant de critiques contradictoires : ainsi, René Leibowitz écrivait en 1955 à propos de Sibelius « L’éternel vieillard, le plus mauvais compositeur du monde », alors que Cecil Gray parlait de lui en ces termes : « Le plus grand symphoniste depuis Beethoven ».

Aujourd’hui, son oeuvre a largement été réhabilitée et Sibelius est reconnu comme un grand compositeur de la fin XIXe début XXe.

Étude pour piano (tiré des 13 pièces pour piano opus 76) :

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April 77 – PE 2012

 

Les vidéos de présentation de la collection printemps-été 2012 d’April 77 sont étranges, et du coup on les aime. Le label français, qui a su conserver son ADN rock après avoir inondé le marché de jeans slims, propose toujours une direction artistique aussi intéressante. Ces vidéos, réalisées par le talentueux photographe Maciek Pozoga (tumblr), nous plonge dans un monde qui pourrait être celui de nos fins de soirées : on y a des tics nerveux, on rigole, on fume et les monologues allumés sont sous-titrés comme un documentaire d’antenne 3.


The Men's Dress Reform Party

Participants à un concours organisé par le MDRP, 1937 (source)

Tout observateur avisé de la mode masculine aura remarqué que les changements et évolutions s’y font de manière bien moins rapide et fréquente que pour la mode féminine, et que ceux-ci se résument souvent à des détails discrets. Selon John Carl Flügel, psychologue à University College of London au début du 20ème siècle, en parallèle de la révolution industrielle apparut ce qu’il nomma « le grand renoncement masculin » et qui suivit les hommes jusqu’à son époque (et la notre). Selon lui, les hommes « firent de leur tenues le plus austère et le plus ascétique des arts » : ils « abandonnèrent leur revendication à pouvoir être considérés beaux » et « du coup ne visèrent plus que l’utilité ». Si aujourd’hui nous jouissons d’une certaine liberté pour exprimer notre fantaisie vestimentaire, il en était tout autre à l’époque de Flügel : les hommes portaient encore et toujours leurs tenues sombres issues de la révolution industrielle.

Le début du 20ème siècle a vu le vêtement féminin évoluer radicalement : quasi-abandon du corset, premières robes lavables, les épaules et les mollets se montrent pour la première fois, les cheveux se portent courts et on pense enfin à son confort. Mais du côté des hommes l’apparition du sportswear n’atteignit que peu l’hégémonie du costume trois pièce en laine lourde. Une étude pesa les vêtements que portaient dans la rue les habitants de New York en juin 1929 : le poids moyen des tenues féminines était de 1,13 kg, tandis que celui des hommes approchait les 3,8 kg. Le vestiaire masculin eut tout de même à cette époque quelques changements positifs : abandon des sous-vêtement longs (non, je ne veux pas entendre parler des long-johns techniques de chez Uniqlo), remplacement des chemises et cols amidonnés par des versions souples, des chaussures hautes par des basses, et disparition progressive des chapeaux.

Ce n’était cependant pas suffisant pour le docteur Alfred Charles Jordan, un radiologiste anglais reconnu de l’époque, qui avait surtout la curieuse habitude de porter des shorts pour se rendre au travail, vêtement qui était à l’époque réservé aux scouts. Le radiologiste était membre d’une organisation prônant de nombreuses réformes de la société pour une meilleure santé générale : La New Health Society mettait en avant le rôle de l’exercice, de l’air frais, d’une bonne alimentation et de meilleures conditions de travail et d’habitation sur la santé. C’est donc dans cet environnement teinté d’eugénisme qu’il forma en 1929, accompagné de plusieurs intellectuels reformateurs britanniques (dont le pré-cité John Carl Flügel), le Men’s Dress Reform Party (le partie pour la réforme du costume masculin), qui s’évertua à changer radicalement la garde robe masculine de l’époque. Un véritable défi en somme.

L’organisation souhaitait avant tout faire bénéficier les hommes et leur santé du progrès : « le vêtement masculin a sombré dans une routine de laideur et d’insalubrité de laquelle il devrait être sauvé… Le vêtement masculin est laid, inconfortable, sale (parce que non lavable), insalubre (parce que lourd, serré et non ventilé). ». L’organisation recommandait une plus grande originalité dans le vêtement masculin, expliquant que celui-ci devrait relevé d’un style individuel plutôt que de l’uniformité contemporaine. Furent ainsi mis en avant les shorts et culottes, les chemises au col ouvert ou même les blouses, les matières plus légères et colorées telles que la soie artificielle ou la popeline. Les vestes étaient considérées comme superflues, on leur préférait des pulls en maille et surtout la cravate, qui empêchait le cou de profiter de l’air frais, était sévèrement combattue. Les chapeaux furent bannis, et les chaussures, ces « cercueils en cuir » devaient être remplacées autant que possible par des sandales. Un sacré effort d’imagination est aujourd’hui nécéssaire pour concevoir des gens parés de la sorte au milieu de la foule londonienne grisâtre de l’époque.

Le premier appel du partie fut fait à partir de Bedford Square en 1929 (le square même où ont aujourd’hui lieu les Chap Olympiads) et fut globalement relayé par l’ensemble de la presse nationale. L’organisation eu beaucoup de succès lors des premières années, si bien que fleurirent au total plus de 200 associations locales du Men’s Dress Reform Party partout au Royaume-Uni. L’organisation mis en place des soirées qui connurent un franc succès, afin « de donner à chaque homme la chance de paraître et de se sentir sous son meilleur jour, grâce aux vêtements qu’il fera évoluer pour cette occasion unique ». La soirée annuelle de 1930 reçut plus de 1000 participant, dont H.G. Wells, le fameux écrivain de La Guerre Des Mondes. Il fut ainsi possible de trouver, dans les commerces britanniques des années 30, des habits de réforme suivant les préconisations du MDRP. Ce fut par exemple le cas du fameux magasin de Regent Street Austin Reed. Le MDRP comptait aussi un magasin officiel et un service de vente par correspondance, qui connu un certain succès.

Souffrant d’une mauvaise image de la part de la presse professionnelle et des tailleurs en général, l’intérêt pour l’organisation s’essouffla et elle disparut finalement au début de la seconde guerre mondiale. Le MDRP nous laisse aujourd’hui une trace intéressante de l’époque, et des photos assez surprenantes de gentlemen aux tenues retro-futuristes, dont certaines que l’on pourrait très bien imaginer portées aujourd’hui (Thom Browne n’est pas loin).

L’histoire de l’organisation est détaillée par l’historienne de la mode Barbara Burman dans un chapitre de l’excellent ouvrage The Men’s Fashion Reader, consultable ici.

Uniformes des employés du service télégraphique conçues par le secrétaire du Men’s Dress Reform Party, le docteur Jordan, en 1937 (source)


Membres du MDRP en vêtement de réforme (source)

Bleu de Chauffe pour FrenchTrotters

Le visuel de l’affiche en jette ? vous le retrouverez sur les étiquettes des sacs à dos, comme sur les vieux Lafuma.

 

On le sait,  la rando est à l’honneur depuis quelques saisons et le vêtement technique n’a jamais eu autant le vent en poupe auprès des marques de prêt à porter non spécialisées dans le sport. FrenchTrotters et Bleu de Chauffe (la jeune marque de maroquinerie) ont donc décidé de rendre hommage cet été au fameux sac Lafuma que vous avez pu admirer sur le dos des amateurs de vintage ou dans l’un des nombreux musées passant en révue l’équipement militaire français d’époque. Parfaitement adapté à un usage plus urbain que son grand frère, voici enfin un sac à dos « Bivouac » fait de beaux matériaux dont vous allez avoir l’occasion d’observer le vieillissement progressif. Une belle balade n’étant rien sans photo souvenir vous pourrez garder votre appareil à portée de main sans avoir à prendre un sac encombrant qui viendrait sans doute gêner l’escapade dominicale à venir grâce à la superbe sangle issue de la collaboration. Si vous n’êtes pas du genre à partir en week end pour flâner,  vous pourrez néanmoins garder contact avec cette esthétique brute en habillant votre iPad d’une housse de cuir épais réalisée par de belles mains dans un petit atelier de l’Aveyron. Vous pouvez donc retrouver tout ça dans les boutiques FrenchTrotters des 30 rue de Charonne et 116 rue Vieille du Temple à Paris ainsi que sur le site internet, sans bouger de votre siège.


Hop, les trois coloris en vitrine, accompagnés des accessoires.

 

Une photo à reflet, mal cadrée et mal éclairée: le photo journalisme chez redingote (ou chez moi, si on doit taper sur quelqu’un en particulier).

Fallow Jeans – Made in Britain


Détails d’un jean Fallow

Le monde du Denim est bien petit, et du coup on entend trop souvent parler des mêmes marques: Levi’s, A.P.C, Lee, Wrangler, Edwin et Momotaro pour le plus haut de gamme, sans citer les choses un peu plus osées comme Evisu ou Marithé François Girbaud… bref, trouver une paire de jeans qui sort du lot, tout en respectant le carnet des charges: red stitch à l’ourlet et poche ticket de métro, rivets en cuivre, toile denim de qualité et coupe digne de ce nom, relève du défi.

Illustration des jeans Fallow par Rob Whoriskey pour Oki Ni

Fallow réussit tout de même le pari, en produisant surement une des plus belles paires de jeans que j’ai pu voir depuis longtemps. Les finitions sont superbes, avec même les poches arrières doublées d’une toile de coton épais et l »étiquette » est en peau de cerf ferrée à la main. La toile est japonaise (13,75 Oz pour la plupart des modèles) et le tout est assemblé en Angleterre. Les rivets sont en cuir et le selvage est bien là où il faut. En bref, une très belle paire de Denim pour un prix allant de £145 à £240 pour la version cirée, on peut dire que c’est raisonnable.

www.fallowdenim.com

Un jean Fallow après un an d’usage sans lavage

Untitled Clothes

Détail d’un imper en Tweed des années 40.

« vintage », « dandy », « hipster », « preppy », « concept store », « sneakers » … vous les connaissez très bien et vous savez que vous les avez déjà trop entendu sortir de toutes les bouches, un peu à toutes les sauces: on a du mal à garder le compte des mots et expressions galvaudés dans la mode et l’univers du vêtement. Ils ont d’ailleurs pour la plupart maintenant perdu toute substance et sont réutilisés à tour de bras par des agences de (mauvais) conseils en marketing pour vendre des opérations flashmob à des marques qui se cherchent un peu (bon ok, ça fait deux fois que l’on tape sur ce truc mais sérieusement, wtf ?).

Là en tombant sur Untitled Clothes, on se dit tout de suite que le nom est bien choisi. « Vêtements sans titres » pour vendre de belles pièces vintage sur internet (sans galvaudage cette fois), c’était assez bien joué. L’expression s’impose: nul besoin de marque ou d’étiquette ornée d’un logo tape à l’oeil, le vêtement parle de lui même. La pièce, âgée mais sans âge, a son caractère propre. L’équipe derrière le projet connaît son produit et celui qui le recherche: le portefeuille du collectionneur ne compte pas, on joue la corde sensible, le point de détail et la touche de patine qui font la différence.

Veste Renault d’époque.

Au delà du nom la passion est quasi palpable, ne serait ce qu’au travers des détails mis en valeurs et la qualité des photos, on sent vraiment que les pièces sont respectées à hauteur de l’intérêt qu’elles pourront représenter pour l’amateur de beaux vêtements. La sélection a d’ailleurs été mise à jour il y a peu, et même si ça n’est que pour regarder, allez vite faire un tour sur le site: certaines des pièces sont réellement incroyables. Ce ne sont pas de simples produits de consommation ou de pures solutions pour lutter contre la chaleur ou la pluie mais de véritables pièces anciennes qui ont une aura bien particulière, du genre de celles que les élégants japonais libres & faciles utilisent pour construire des looks incroyables qui fascinent souvent les hautes sphères des internets.

Un léger point noir peut être dans la punchline « Vêtements anciens pour jeunes contemporains »: je me demande ce que les vieux élégants qui ont perdu Old England cette année vont pouvoir en penser, cette clientèle bien particulière, parfois nostalgique, qui connaît très bien les belles choses. Bien sûr si vous êtes designer ou que vous avez votre marque, ces pièces de collections pourront vous apporter des informations inestimables en terme de connaissance du vêtement.

C’est ce que l’on appelle un joli bouton.

Revoici l’imper de tout à l’heure, zoom out.

Et en entier !