Sapeur – Pocket Square

On comprend vite d’où vient le flou artistique.

 

Le problème du passionné, c’est qu’il a soif. Une soif intarissable. Il a soif de connaissances, soif d’expériences et souvent soif de mettre les mains dans le cambouis pour façonner à son tour l’univers dans lequel il évolue. Après avoir lancé Autour du cou, Le Magasin Général, Whereisthecool? et participé à l’aventure Diastème, Laurent Laporte commençait à avoir trop de temps libre pour se tourner les pouces (quand ce n’est pas les jambes) en cherchant une autre occasion de nous faire sourire. Il n’allait vraisemblablement pas rester comme ça et nous présente donc sa dernière danseuse: « Sapeur Pocket Square« , des pochettes carrées dans des tissus qu’il a ramené du Sénégal il y a quelques années. À porter comme vous voulez, comme vous le sentez, même (surtout ?) avant 18h.

Fabriquées dans le 11ème arrondissement de Paris pour égayer un blazer, une poche arrière de jean ou une Levis Type II, ces pochettes pleines de couleurs feront tourner de l’oeil  votre cousin germain pompeusement venu exhiber son carré Hermes au cours d’ un mariage estival. Nous on en a pris de mauvaises photos en terrain basque pendant qu’il était occupé à faire des gifs bigarés.


Déposée nonchalamment au hasard d’une poche poitrine…

 

… ou mise à l’épreuve de pliages scientifiques…

 

…ces pochettes raviveront la flamme du coquet qui sommeille.

 

Chuck 70's

Si certains produits traversent si bien les époques, c’est souvent parce qu’ils connaissent de constantes et subtiles mises à jour. On connaît bien l’exemple du 501, qui est régulièrement re-dessiné pour s’adapter aux silhouettes contemporaines, mais c’est aussi le cas des parfums, dont les noms et étiquettes restent les mêmes, mais dont les jus sont adaptés aux goûts et aux réglementations. Il en est de même pour la Converse Chuck Taylor, qui depuis sa création au début du XXe siècle, a doucement évolué pour devenir celle que l’on connait aujourd’hui.

On ne va pas s’étendre sur la riche histoire de la Chuck, le modèle mythique fut créé en 1917 pour la pratique du basketball, et plus qu’aucun autre modèle, celle-ci fut continuellement portée depuis cette époque aussi bien sur les terrains qu’en dehors.

Après la récente ré-apparition bienvenue de la Jack Purcell sur le marché européen, Converse nous présente aujourd’hui un nouveau modèle, qui se trouve être une ré-édition de la Chuck Taylor des années 70 : la Chuck 70’s. Et même si la fabrication n’a pas été relocalisée au sein de l’usine historique de Converse, c’est tout de même une belle réussite : tous les détails historiques sont présents.

Vu de loin comme ça, vite fait, on voit pas trop la différence, mais comme souvent dans la mode masculine, le diable est dans les détails. Cette nouvelle ancienne Converse présente donc :

– Une semelle plus épaisse et un bout plus rond, qui lui donne ce sympathique look vintage, et la sensation étrange de porter une vraie paire de sneakers bien épaisse plutôt que la paire de Converse toute légère dont on a l’habitude.

– Des renforts intérieurs, visibles grâce aux coutures latérales, qui avaient disparues sur les dernières Converse. Ce renfort est situé tout juste à l’endroit subissant le plus de tension, ce qui devrait assurer une meilleure durée de vie…

– Une toile de coton bien plus épaisse et des lacets de meilleure facture.

– La « plaque d’immatriculation » à l’arrière de la semelle, bleu foncée, et une sorte de patch pour mettre votre pseudo de basketteur pro sous la languette du pied droit.

Pour avoir eu quelques paires d’époques dans les mains, on peut dire que l’effet est réussi, les rares différences restantes avec le modèle originales étant le Made in USA présent sur la semelle intérieure et sur la « plaque d’immatriculation », que l’on ne retrouve pas sur la réédition.

J’ai retrouvé un Free & Easy datant de 2009 où il était question des Converse vintage. Vous trouverez ci-dessous quelques scans de ce fabuleux magazine japonais vous permettant d’apprécier de beaux modèles d’époques.

Cette couture, qui avait depuis disparu de la plupart des modèles de Chuck Taylor, sert en fait à maintenir un renfort intérieur.

 

Le patch avec le logo est toujours du côté intérieur, en effet son origine est fonctionnelle, il permettait d’assurer une bonne protection des malléoles.

 

Pour les maniaques du monogramme, c’est ici que cela se passe. Détail historique amusant, cette impression n’est visible que sur la languette du pied droit.

 

Sur la gauche une Chuck 70’s et sur la droite une Chuck tout court. On voit bien les différences d’épaisseur, la couture latérale supplémentaire et la différence de tenue des baskets.

 

Redingote-Express

Pas de photos de groupe, hormis celles des avaries techniques. Oui ça commençait donc dès le 92 sur Paris-Rouen.

Vous l’avez forcement remarqué, le rythme de nos posts s’est vraiment ralenti au cours de ces derniers mois. Le lecteur de la première heure n’aura sans doute pas été surpris, habitué à nos moments de dilettante chroniques. Dès qu’un autre projet commence à pointer le bout de son nez, la redingote décélère, l’énergie de l’équipe ne pouvant subvenir à trop d’aventures à la fois. Nous avons donc une bonne raison à cette paresse numérique, quintessence du slow-blogging à la limite du no-blogging: nous avons décidé de devenir les rois de la pédale. Ce cher Foucauld « L’Ardéchoise » Duchange de La Conjuration et autre Passion magazine nous a convaincu de l’accompagner dans une idée folle: courir l’Eroica Britannia, course cycliste de 160 km qui aura lieu fin juin de l’autre côté de la manche. Forts d’une équipée incroyable comprenant entre autres Laurent « Obélix » Laporte qui a déjà écrit à plusieurs reprises dans nos colonnes, en constante recherche du cool; Laurent de Meyrignac, notre antenne londonienne à ses heures perdues; Robin Nozay qui détient une réserve secrète d’énergie et un enthousiasme intarissable; Vincent Lavoux, charpentier émérite de notre enseigne; Nicolas Golvan, la nourrice, Nicolas « le Duc » Herenstein, John « Rapha » Whelan et moi même « La Laitière » touchant enfin du doigt les enjeux de la nutrition par la manière forte, nous partons à l’assaut du Peak District National Park à 6heures du matin le 22 juin pour une visite du point culminant à 1762m et les montées/descentes qui y mènent et qui s’en suivent. Si notre épopée vous intéresse vous pourrez suivre les entraînements sur le blog dédié (hé oui, on ne se refait pas) qui a couvert notre récent Paris-Rouen. Autant vous dire qu’il nous reste du bitume à arpenter pour affronter l’enfer anglais en plein cagnard.

http://redingote-express.tumblr.com/

Et on n’a pas dû aller bien loin pour la deuxième. Qui n’était évidement pas la dernière…

The Italian

Vous avez sûrement déjà croisé des photos de Philippe Halsman. Ce photographe américain du siècle dernier est passé à la postérité pour ses portraits de stars, souvent immortalisées en plein saut. En 1949 il sort son premier ouvrage, The Frenchman, une interview photographiée de Fernandel, alors le plus expressif de nos représentants à l’étranger. A l’instar du photographié, cet ouvrage est plein d’humour et fini par atterrir, 65 ans plus tard, dans la bibliothèque de Glenn O’Brien. Le journaliste du GQ américain, auteur du best-seller récemment traduit en français « How to be a Man », se mit en tête de travailler sur une version italienne de ce livre. Et qui de mieux pour représenter un personnage typiquement italien, son style, ses expressions, son esprit, que Lapo Elkann, petit fils de Gianni Agnelli et entrepreneur-star dans son pays ? Col capri, panama, pochette et grosses rayures, l’héritier de Fiat enchaîne sous l’objectif de Wayne Maser des expressions qu’on croirait tirées d’un film muet.

Au final, c’est peut-être Lapo Elkann qui décrit le mieux The Italian : « L’Italie est une nation pleine de beauté et d’ironie, et l’ironie est très importante. Ce livre est une blague, une blague réalisée avec brio ».

Portefeuille Livre Delvaux

On est loin du Saffiano plastifié là !

Assez peu connue en France, Delvaux est une marque de maroquinerie fondée en 1829. La marque n’est encore que peu distribuée chez nous mais fait pourtant partie intégrante du patrimoine national de nos voisins belges. Elle a d’ailleurs le brevet de fournisseur de la cour de Belgique, l’équivalent des royal warrants anglais, et se veut être la plus ancienne marque de maroquinerie au monde. Proposant des produits à la qualité irréprochable et au style discret, Delvaux a largement sa place parmi les grands du monde de la maroquinerie. Le magazine Monocle ne s’y est d’ailleurs pas trompé et a réalisé une collaboration avec la marque, basée sur le modèle du sac Newspaper, dessiné par Bruno Pieters (qui est maintenant derrière Honest By), et réalisée dans un cuir tressé qui fait rapidement oublier tout produit de chez Bottega Veneta.

Si la marque a une offre bien remplie de sac à main et autres accessoires pour femme, elle réalise aussi quelques petites choses bien senties pour homme. C’est notamment le cas de ce portefeuille. Aucun branding sur l’extérieur, sobre, cuir d’une qualité irréprochable, les bords francs sont soigneusement cirés et il faut passer beaucoup de temps pour trouver les rares doublures qui ne sont pas en cuir. La bonne nouvelle c’est que cette exigence n’implique pas forcément des prix complètement décorrélés de la qualité intrinsèque du produit, contrairement à une pratique courante chez les concurrents de la marque. A voir lors de votre prochaine escapade en Thalys, entre une Chouffe et une Duvel.

Looks by Inventory

Un jeu de couleurs et de matières d’une très belle subtilité

Si vous nous lisez depuis un petit moment, vous êtes sûrement familiers avec Inventory. Plateforme multi-facette qui fit ses début comme un simple webzine, Inventory est devenu en quelques années un magazine mondialement distribué ainsi qu’un réseau de points de vente pointus (2 physiques à New-York et Vancouver, 1 en ligne, et 2 mini-corners chez Dover Street Market à Londres et Tokyo). Et même si le magazine à tendance à s’égarer dans des articles parfois répétitifs, on ne peut nier le talent de ses auteurs, qui ont su créer un véritable univers de style et de valeurs. Si je n’ai pas eu la chance de pouvoir visiter leurs points de vente physiques, leur boutique en ligne est une de mes favorites. La sélection de marques y est unique, mélangeant d’obscures marques japonaises à d’historiques fabricants américains, des produits fabriqués de manières traditionnelles et d’autres très techniques. Tout y est plutôt simple et l’accent est mis sur les coupes, les matières, ou les processus de fabrication, plutôt que sur des détails visuels superflus. En ressort un véritable style, une silhouette particulière un brin japonisante, que l’équipe d’Inventory met en avant avec brio chaque saison au sein de la section « Looks » du site. Les photos sont très belles et le stylisme réussi, ce qui donne un résultat vraiment inspirant. Ci-dessous quelques extraits des looks automne-hiver 2013, le reste ici.



De bien jolis poids

Leather makes it better.

Bon évidement on est en retard pour les idées cadeaux de Noël mais si vous n’êtes pas trop à cheval sur le calendrier ce qui suit me semble parfait si vous voulez faire sensation tout en restant dans le domaine du goût et des beaux objets. Le bel atelier de laContrie a sorti il y a quelques semaines des poids entièrement gainés à la main dans des cuirs exceptionnels. Ces poids en fonte normalement utilisés par les maroquiniers pour maintenir le cuir en place lors d’une découpe minutieuse trouveront facilement une place de presse papiers et orneront à merveille la pile de courrier qui déborde de votre bureau, intriguant sûrement la plupart de vos collègues par la même occasion. Encore une occasion de se faire remarquer pour laContrie qui continue à merveille de dépoussiérer le monde de l’artisanat en apportant des couleurs et des traitements plutôt inattendus tout en respectant la tradition française de la sellerie maroquinerie: l’anneau est évidement cousu à la main au fil de lin…


De Bonne Facture au Printemps

C’est toujours un plaisir de suivre l’évolution de marques que nous connaissons depuis leurs plus humbles débuts. C’est par exemple le cas pour De Bonne Facture. Dès notre rencontre avec Déborah, la fondatrice, nous avions été séduits par sa démarche pas commune. Pour rappel, via des produits à la réalisation impeccable, la marque met en avant des ateliers et leurs savoir-faire, comme par exemple La Fileuse D’Arvor, une bonneterie bretonne qui tricote ses pulls en laine mérinos. De Bonne Facture est aujourd’hui pour la première fois disponible au sein d’un point de vente à Paris, dans le cadre d’un pop-up shop exclusif au Printemps de l’homme jusqu’au 26 décembre. Vous pourrez donc apprécier, toucher, humer et essayer les premiers produits de la marque, et pourquoi pas trouver de bonnes idées cadeaux pour Noël.

Les photos de cet article ont été prises au sein du showroom de De Bonne Facture cet été, de quoi vous donner un avant-goût de la prochaine collection (prometteuse) de la marque.

Tjikko


Ça n’est pas forcément l’idée que l’on se fait d’un atelier de maroquinerie en plein Paris.


Lorsque l’on se balade un peu dans le paysage de la maroquinerie on se fait vite happer par sa richesse infinie: pièces incroyables sorties des plus prestigieux ateliers du monde, guerres financières, belles endormies à peine réveillées par un LVMH en quête d’un nouveau terrain de jeu, maisons indépendantes rebelles à la course au profit, avides du retour de la qualité à tous les niveaux, one-woman operations en quête d’un monde plus lent, amateurs un peu fous (on va y venir, patience)… difficile de dresser une carte définitive. Le dernier ovni dans lequel je suis rentré c’est Tjikko, de Pierre Lapeyronnie et quelques uns de ses collègues et amis.


Voilà ce que l’on trouve au fond d’une cour du 12ème.

 

Ma première rencontre avec Tjikko s’est faite chez Centre Commercial, rue de Marseille, boutique dans laquelle je flânais, sûrement s parti chercher une incroyable miche de Pain des Amis. En constante observation des nouveautés et des noms inconnus sur la scène de la maroquinerie, un portefeuille marqué d’un « Fabriqué à Paris » en dessous du logo avait attiré mon oeil dans la vitrine. Rien de bien étonnant jusqu’ici, la capitale regorge de petits ateliers qui travaillent à façon. Seulement voilà, le prix n’avait rien à voir avec les travaux de selliers maroquiniers, les coutures n’étaient pas celles d’un sellier traditionnel, les bords noircis témoignaient d’une coupe à chaud, l’objet était réalisé d’une seule pièce de cuir, et le logo marqué au laser dans la peau. Une fois de retour chez moi après quelques rapides recherches sur internet, un email part à la rencontre de cette marque intrigante qui partage sur les réseaux sociaux des photos de jeunes gens pince à coudre entre les cuisses, en train de peaufiner le montage d’un portefeuille assez atypique. La réponse ne se fait pas attendre et rendez vous est pris.


Pierre et Paul au travail sur Tjikko entre deux projets de mobilier.

 

La semaine suivante je pousse une porte du 11ème arrondissement sur l’invitation de Pierre et marche dans une cour intérieure jusqu’à une petite maison entourée de fleurs en pot. Il s’agissait d’une calme journée de juillet et entrer dans l’atelier m’a un peu fait l’effet de soulever une pierre en forêt. Comme si un petit monde coupé de l’extérieur s’affairait à la tâche: l’un m’invite à m’asseoir, me tend un coca, l’autre sort d’une mezzanine sous le toit où il se tenait à accroupi, occupé à améliorer sa technique de couture, pendant qu’une de leur collègue en rendez vous téléphonique avec un distributeur me faisait un signe de la main. À peine les présentations terminées une nouvelle tête fait son apparition: un ébéniste d’une grosse vingtaine d’année venu prévenir que leur travail sur les meubles d’un hôtel ouvrant ses portes prochainement était bientôt achevé. »Voilà Tjikko » résumait Pierre une fois de retour.


Petit coin découpe pour les maquettes et autres ajustements.

 

Après avoir étudié le design et travaillé pour de belles agences, Pierre décide de prendre son indépendance et fonde le studio Pierre Lapeyronnie. Travaillant habituellement du mobilier, des chaises et des luminaires, le studio est véritablement multifacettes: pendant ses périodes d’apprentissage, pour mieux appréhender la matière, les objets et leurs techniques de fabrications Pierre est allé à la rencontre de nombreux artisans qui lui ont transmis les bases de la verrerie, la ferronerie, le travail de la céramique, la coutelerie ou encore de l’ébénisterie. Toujours touche à tout et curieux, le studio Lapeyronnie trouve donc par Tjikko un moyen de s’essayer à la maroquinerie.

Toutes les pièces seront cousues à la main après découpe et pliage.

 

Soucieux de réaliser un produit utile, durable dans le temps et simple à fabriquer, ils commencent avec le porte feuille « Modèle A »: composé d’une seule pièce de cuir découpée au laser, les trous pour la couture sont percés en amont de l’assemblage des poches qui sera réalisé par pliage et fixé au fil de lin, traditionnellement utilisé en maroquinerie. On a donc un peu l’impression que Tjikko se situe tout juste à la rencontre de deux monde, entre l’artisanat et le design industriel cherchant à allier esthétique et suppression des contraintes de fabrication.

Non contents d’avoir déjà quelques points de vente comme Centre Commercial, La Belle Société, Elka et Cieva et Figura Sfondo , Tjikko vient tout juste d’ouvrir la nouvelle mouture de son site internet. Notez que vous pouvez également aller à la rencontre de toute la troupe et vous procurer votre porte feuille directement à l’atelier au 75 rue Léon Frot dans le 11ème à Paris. Si vous êtes curieux et/ou bricoleur, vous apprécierez forcément le détour.