Chuck 70's

Si certains produits traversent si bien les époques, c’est souvent parce qu’ils connaissent de constantes et subtiles mises à jour. On connaît bien l’exemple du 501, qui est régulièrement re-dessiné pour s’adapter aux silhouettes contemporaines, mais c’est aussi le cas des parfums, dont les noms et étiquettes restent les mêmes, mais dont les jus sont adaptés aux goûts et aux réglementations. Il en est de même pour la Converse Chuck Taylor, qui depuis sa création au début du XXe siècle, a doucement évolué pour devenir celle que l’on connait aujourd’hui.

On ne va pas s’étendre sur la riche histoire de la Chuck, le modèle mythique fut créé en 1917 pour la pratique du basketball, et plus qu’aucun autre modèle, celle-ci fut continuellement portée depuis cette époque aussi bien sur les terrains qu’en dehors.

Après la récente ré-apparition bienvenue de la Jack Purcell sur le marché européen, Converse nous présente aujourd’hui un nouveau modèle, qui se trouve être une ré-édition de la Chuck Taylor des années 70 : la Chuck 70’s. Et même si la fabrication n’a pas été relocalisée au sein de l’usine historique de Converse, c’est tout de même une belle réussite : tous les détails historiques sont présents.

Vu de loin comme ça, vite fait, on voit pas trop la différence, mais comme souvent dans la mode masculine, le diable est dans les détails. Cette nouvelle ancienne Converse présente donc :

– Une semelle plus épaisse et un bout plus rond, qui lui donne ce sympathique look vintage, et la sensation étrange de porter une vraie paire de sneakers bien épaisse plutôt que la paire de Converse toute légère dont on a l’habitude.

– Des renforts intérieurs, visibles grâce aux coutures latérales, qui avaient disparues sur les dernières Converse. Ce renfort est situé tout juste à l’endroit subissant le plus de tension, ce qui devrait assurer une meilleure durée de vie…

– Une toile de coton bien plus épaisse et des lacets de meilleure facture.

– La « plaque d’immatriculation » à l’arrière de la semelle, bleu foncée, et une sorte de patch pour mettre votre pseudo de basketteur pro sous la languette du pied droit.

Pour avoir eu quelques paires d’époques dans les mains, on peut dire que l’effet est réussi, les rares différences restantes avec le modèle originales étant le Made in USA présent sur la semelle intérieure et sur la « plaque d’immatriculation », que l’on ne retrouve pas sur la réédition.

J’ai retrouvé un Free & Easy datant de 2009 où il était question des Converse vintage. Vous trouverez ci-dessous quelques scans de ce fabuleux magazine japonais vous permettant d’apprécier de beaux modèles d’époques.

Cette couture, qui avait depuis disparu de la plupart des modèles de Chuck Taylor, sert en fait à maintenir un renfort intérieur.

 

Le patch avec le logo est toujours du côté intérieur, en effet son origine est fonctionnelle, il permettait d’assurer une bonne protection des malléoles.

 

Pour les maniaques du monogramme, c’est ici que cela se passe. Détail historique amusant, cette impression n’est visible que sur la languette du pied droit.

 

Sur la gauche une Chuck 70’s et sur la droite une Chuck tout court. On voit bien les différences d’épaisseur, la couture latérale supplémentaire et la différence de tenue des baskets.

 

Ebbets Field Flannels

Ty Cobb, Detroit, et « Shoeless » Joe Jackson, Cleveland, 1913

J’ai entendu parler de Ebbets Field Flannels pour la première fois au travers de l’interview du fondateur de la marque, Jerry Cohen par Laurent Laporte. Au premier abord, une marque de sportswear américain, fait au USA, respect de la tradition, et tout le tralalala qu’on nous sert à foison dès qu’on parle d’une marque de ce type. Cela ne m’empêche pas pour autant d’aimer ce genre de marque, bien au contraire, mais au bout d’un moment, ça devient un peu banal.


Sacramento Solons 1942 Maillot à Domicile, au salon Jacket Required

Ce qui m’a tout d’abord intéressé dans cet interview concerne la reproduction que la marque a faite de la casquette de baseball des Moultrie Colt 22s, en gardant le défaut initial des « 2 » de formes différentes, et surtout qu’ils se soient donné la peine de noter le détail. Pour être honnête, je n’y connais personnellement pas grand chose aux sports américains. À la rigueur les New York Yankees et les Boston Red Sox quand il s’agit de baseball, quelques équipes de football américain pour avoir vu le Superbowl pour la première fois cette année, mais les équipes qui figurent sur le catalogue de Ebbets Field Flannels, je n’en ai jamais entendu parler. Je vous mets d’ailleurs au défi de me dire que vous en connaissez la moitié. C’est bien pour ça que la marque se distingue des autres. Ne se souciant que très peu des équipes actuelles, la marque va au contraire chercher les inconnues, les petites équipes des Etats Unis qui ont surement aujourd’hui disparu en grande partie, celles du Japon, d’Irlande ou même d’Union Soviétique et refait le tout à l’ancienne. On ne peut pas dire qu’ils soient rancuniers.


Tour of Japan 1934 Authentic Jacket, au salon Jacket Required

J’ai pu rencontrer Jerry Cohen en personne lors de mon passage au salon Jacket-Required à Londres et voir la collection de plus près. La qualité est superbe, on sent vraiment dans les détails et les finitions qu’il ne s’agit pas de production à grande échelle et qu’un soin particulier a été porté à chaque pièce, et le plus surprenant est que le prix est finalement plutôt abordable (outre-Antlantique cela dit). Il reste à voir ce que cela donne une fois en magasin de ce côté ci.


San Francisco Seals 1940 Jacket, au salon Jacket Required. Notez le détail: tricot de laine entre la manche et le dos.

Ce que j’apprécie tout particulièrement dans la démarche de Ebbets Field Flannels est que cela rajoute une nouvelle dimension aux sports dont les maillots sont reproduits. On ne se soucie plus de savoir quelle place du classement occupe l’équipe, puisque il y a de grandes chances qu’elle n’existe plus, mais on se pose plutôt des questions qui concernent l’origine du nom ou du logo, qui étaient les joueurs, pourquoi elles ont disparus… Et puis à part si vous étiez dans le coin lorsque ces équipes jouaient encore, ou si vous sentez fortement lié à une ville en particulier, l’intérêt du maillot devient plus esthétique qu’un signe d’appartenance à une équipe. Il n’est pas non plus improbable d’apprendre une ou deux choses en regardant le catalogue de Ebbets Field Flannels, ce qui n’est pas le cas pour la plupart des marques. Vous saviez par exemple que le Real Madrid avait une équipe de baseball?

Ebbets Field Flannels produit avant tout des maillots de baseball en flannel (ils ont pas choisi ce nom là pour rien), mais aussi des maillots d’autres sports, des casquettes, t-shirts et blousons. Les sports déjà disponibles sont le baseball surtout, puis le football américain, le Hockey sur glace et quelques maillots de foot. Jerry m’a aussi parlé de se mettre à faire des polos de rugby, et ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

www.ebbets.com

Un aperçu de l’énorme choix de casquettes de baseball proposé par Ebbets Field Flannels au salon Jacket Required

Real Madrid ca. 1939 Maillot à Domicile

Prison Sing Sing  1935 à « Domicile »

Maillot de hockey sur glace de l’équipe Olympique de l’Union Soviétique – 1972

Hiroshima Carp 1953, Maillot à l’Exterieur

Veste « Clubhouse » des Indianapolis Clowns

T-Shirt des Hawaii Islanders – 1961

Maillot de Football des Staten Island Stapletons – 1929