John Boultbee – Le vêtement par Brooks England

C’est l’air du temps, de nombreuses entreprises se lancent dans ce secteur en pleine expansion qu’est celui des vêtements casual pour cyclistes. La grande problématique de ce type de vêtement consiste à conserver un look portable et attirant, tout en offrant des caractéristiques techniques adaptées à la circulation urbaine à vélo. Ces caractéristiques peuvent prendre de nombreuses formes : bandes réfléchissantes, aérations, protection du vent, de la pluie, ainsi qu’une bonne adaptation au vélo en lui même afin d’éviter de se retrouver le pantalon coincé dans le pédalier, d’éviter les taches d’huiles, et d’obtenir une aisance nécessaire au pédalage.

Et voilà qu’une marque que l’on attendait pas forcément annonce le lancement d’une gamme de vêtement : Brooks Englands. Les cyclistes connaissaient déjà Brooks pour fabriquer des selles de vélo de qualité, principalement en cuir, dans la campagne anglaise depuis 1866. Les selles Brooks sont d’une durabilité exceptionnelle et se patinent comme il faut avec le temps, certains modèles que Brooks produit aujourd’hui le sont d’ailleurs depuis plus de 70 ans. Avec une image de marque telle que celle de Brooks, nous sommes plus qu’impatient de voir le résultat de cette extension de marque, qui, on l’imagine, souhaite toucher tout d’abord la base de client existante de Brooks. Cette gamme, nommée John Boultbee, du nom d’un grand voyageur anglais du 19eme siècle,  se devra donc de respecter ce qui fait l’image de marque et l’héritage de l’entreprise, mais pour des vêtements, c’est donc prometteur.

Pour réaliser cette collection, la marque s’est associée avec Timothy Everest, tailleur anglais ayant été formé sur Saville Row.  Il a depuis pris ses distances du classicisme du Row, aussi bien au sens figuré que littéralement car son atelier se trouve à Spitalfields. Ce touche-à-tout, acteur aux côtés de Ozwald Boateng ou Richard James dans ce que certains ont appelé le New bespoke movement dans les 90’s, a donc participé à cette ajout de « modernité » dans l’offre proposée par les tailleurs anglais de l’époque. Il est maintenant aussi Creative Contributor et Sartorial Advisor pour le magazine singapourien The Rake, qui est dédié au luxe pour homme et fait la part belle au sur-mesure. Concernant le vêtement utilitaire, notamment pour cycliste, il n’en est pas à son premier essai car il avait déjà collaborer avec Rapha (marque qui avait aussi travaillé avec Paul Smith, on en avait parlé ici) pour la réalisation d’un costume trois pièces.

Concernant John Boultbee, Brooks n’a pour l’instant diffusé que des visuels d’un seul modèle, mais le résultat semble réussi. Cette veste en Ventile (tissu technique anglais en coton jouissant d’un regain de notoriété, aussi présent chez Albam ou Nigel Cabourn) rappelle une Barbour Internationnal ou une Belstaff Trialmaster avec un col plus structuré, et on nous promet plein de petits détails techniques à destination des cyclistes. Des bandes réfléchissantes, de quoi accrocher ses clés, une sangle pour porter la veste sur son dos, des renforts là où il faut ainsi qu’un système de fermeture efficace pour se protéger du temps, tout ceci se cachant discrètement dans la veste lorsque l’on est pas sur son vélo. A suivre donc …


Savile Row par James Sherwood

On prolonge légèrement notre passage dans Savile Row et le monde des tailleurs avec la sortie du livre de James Sherwood « Savile Row, les maîtres tailleurs du sur-mesure Britannique » programmée courant novembre. Le journaliste londonien qui écrit notamment pour le Financial Times ou le Herald Tribune évolue depuis quelques années dans le milieu du vêtement et semble d’ailleurs en être devenu une petite personnalité: son site relate ses différentes expositions autour de la « London Cut » et la préface de l’ouvrage à paraître est signée Tom Ford, sûrement l’un des créateurs vedette les plus intéressants de la dernière décennie.

Le livre disponible en pré-commande sur Amazon se veut donc rendre hommage au savoir faire concentré dans le quartier de Mayfair, en retraçant l’histoire des tailleurs les plus illustres et de leur clientèle fortunée, des hommes d’État aux milliardaires en passant par les acteurs hollywoodiens les plus élégants.

Le texte des premières pages d’introduction sont disponibles sur le blog d’Hugo – Parisian Gentleman – un passionné de costume. Pour rester dans le monde de la « culture tailleur » n’hésitez d’ailleurs surtout pas à vous pencher sur l’excellent Stiff Collar qui détaille ses articles avec ses propres illustrations.


Harris Tweed – maintenant

Usine de Tissage Harris TweedMachines à tisser la laine à Harris Tweed Hebrides

Après avoir abordé les origines de « Harris Tweed » et du Tweed en général, on peut également s’interroger sur la façon dont une tradition aussi ancienne a pu évoluer jusqu’à nos jours.

Le fait est que les techniques de production ont changées mais le tissu est toujours produit suivant les règles imposées par la tradition. Chaque mètre de tissu produit est certifié et tamponné par le logo de l’Orb, assurant le consommateur avisé qu’il achète le véritable Harris Tweed.

Les vestes faites de ce tweed symbolisent l’élégance du English Country Gentleman et sont des pièces intemporelles du vestiaire masculin. Pas trop de risque de ne la porter qu’une saison donc.

Le XIXème siècle étant bien derrière nous et la concurrence s’est sévèrement adaptée, tout comme les techniques de tissage. Pourtant Harris Tweed et ses tisseurs restent une référence.

Pourquoi? Sûrement parce que des gens comme comme Patrick Grant, maître des lieux du très respecté tailleur Norton & Sons sur Savile Row continue d’en faire l’apologie, à voix haute et à qui veut bien l’entendre. D’après lui, ce qui fait la particularité et la richesse de ce tweed est que contrairement à beaucoup de tissage, les fils qui le composent ne sont jamais d’une seule couleur.

Lorsque vous voyez une veste en Harris Tweed bleue, en s’approchant de près on remarque la multitude des couleurs des fils qui composent la laine. Ce détail lui donne une grande richesse de couleurs et la distingue des autres laines.

La richesse des couleurs du Harris Tweed</a> » width= »600″ height= »732″ /></a><em><span style=La richesse des couleurs de la laine. Photo provenant de l’excellent blog Gentleman’s Corner

Depuis l’évènement improbable que représente la collaboration d’un petit tisseur de tweed du sud de Harris et le géant américain Nike, Harris Tweed a la cote auprès des fashionistas et des stars. En effet, pour la réédition de sa « Terminator », Nike a commandé plus de 9000 m (10 000 Yards) de Harris Tweed à Donald John MacKay. D’autres versions de la collaboration entre Nike et Harris Tweed peuvent être vues ici ou .

Le succès de ce producteur ne s’arrête pas là. En plus d’être le tisseur préféré de Patrick Grant cité plus haut, il a également signé un contrat l’année dernière avec Clarks, pour fournir le tweed qui servira à la réédition de deux modèles de la fameuse marque anglaise de chaussures.

Le label semble surfer sur la tendance plus ou moins actuelle du look retro et risque de se retrouver sur un nombre croissant d’articles. Même Dr Who l’a adopté.






www.harristweed.com