Bnhmm – Foulards d’Évasion

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En voilà un qui a fait la guerre, au sens propre

Ceux qui passent leurs dimanches dans de bonnes friperies ou sur d’obscurs site de collectionneurs de militaria seront sûrement familiers avec ces étranges foulards sur lesquels sont imprimés des cartes. Pour les autres, il s’agit en fait d’escape scarves (foulards d’évasion), des coupes de tissu sur lesquelles sont imprimées des cartes de diverses régions du globe. Ces foulards avaient en fait pour objectif de permettre aux soldats britanniques ayant été fait prisonniers de s’orienter en cas d’évasion en territoire occupé.
Ils furent développés pendant la seconde guerre mondiale par le MI9, les services secrets britanniques, sur l’initiative de Christopher Clayton Hutton, sorte de Géo Trouvetou du gadget d’évadé.
Imprimées d’abord sur de la soie, puis sur de la rayonne (la soie synthétique dont on confectionnait aussi les chemises hawaïennes), ces cartes étaient du coup faciles à dissimuler, consultables discrètement et surtout résistantes à l’eau et à l’usure.
Christopher Clayton Hutton, bien avant l’invention du fameux personnage Q de James Bond, avait aussi fait développer, entre autres, des couvertures avec des patrons de vêtements imprimés avec de l’encre invisible, permettant aux évadés de se fabriquer des habits
civils pour passer incognito, mais aussi des bottes avec des talons creux pour y dissimuler des cartes, des boites à cigarettes à double fond et des petites boussoles qui se cachaient dans des boutons de veste. Ces gadgets devaient pouvoir se dissimuler sur une tenue militaire, ou au sein de cadeaux aux prisonniers distribués par la Croix Rouge. Le tunnel de La Grande Évasion n’est pas loin, Hussein Chalayan, son fameux défilé d’Automne-Hiver 2000 et ses robes dissimulées dans les meubles non plus.
Les amis de Bnhmm, passionnés de vêtement vintage, ont mis la main sur un stock complet de ces foulards en parfaits états, datant des années 50. Ils les ont reconditionnés, leur ajoutant une petite couture afin qu’ils ne s’effilochent pas, et les distribuent maintenant sur leur site internet et au sein de quelques points de ventes. Une aubaine maintenant que ces foulards deviennent de plus en plus difficiles à trouver.
On se presse il ne leur en reste presque plus (et Marseille est hélas déjà soldout) !

bnhmm.fr

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Red Tails – Tuskegee airmen et Eastman Leather

Nous n’avions jamais encore parlé de George Lucas sur Redingote. Pourtant, nous aurions très bien pu car nous avions déjà traité d’Indiana Jones, où Harrison Ford ne quitte jamais une belle paire d’indy boots d’Alden. Aujourd’hui nous franchissons le pas car le producteur est derrière un nouveau film : Red Tails. Pour faire court, Red Tails est un film historique de combats aériens traitant des Tuskegee Airmen (du nom de leur base d’origine, en Alabama), un groupe de pilotes afro-américains qui eurent non seulement à lutter contre les forces de l’axe, mais aussi contre les ségrégations dont ils étaient victimes de la part du commandement américain.

Point important : les flight jackets du film proviennent toutes de chez Eastman Leather, l’entreprise anglaise à l’origine de reproductions bien pointues de vestes de pilote. Eastman Leather prend son travail de reproduction à coeur, n’hésitant pas à demander à ses fournisseurs de tanner le cuir à l’ancienne ou à utiliser des zips vintage pour garantir une similitude totale avec les modèles de l’époque. Ce film est une belle opportunité pour la marque anglaise, qui en a profité pour mettre à jour son site de vente en ligne et pour créer une partie consacrée aux pièces portées à l’écran : redtailsjackets.com.

Les photos illustrant cet album ne proviennent pas du film mais du site de la Library of Congress, ce sont des photos d’époque des véritables Tuskegee Airmen, ce qui nous rappelle qu’il n’y a probablement rien de plus beau au monde qu’une veste A-2 bien patinée. Pour parler du film, dont vous trouverez la bande annonce à la fin de cet article, il n’a pas l’air forcément très fin, mais il faut parfois savoir faire des sacrifices pour apprécier de beaux costumes à l’écran. Les fans de Steve McQueen le savent très bien.

US Navy deck jackets – N-1 et A-2

USN Deck Jacket N-1

Continuons notre inventaire des pièces militaires cultes avec les vestes de pont ou Deck Jackets de la marine américaine. Comme leur nom le laisse imaginer, ces vestes étaient utilisées par les équipages lorsqu’il fallait intervenir sur le pont, en contact direct avec les éléments. Ces vestes se veulent avant tout pratiques, chaudes, et laissent à leur porteur la liberté de mouvement nécessaire à leurs interventions. On remarque que comme presque toujours sur les vêtements utilitaires, la forme suit la fonction, et c’est d’autant plus flagrant lorsque l’on compare ces vestes de ponts avec d’autre vestes de la défense américaine, comme les field jackets par exemple.

Le N-1 fut créée par la US navy en 44. Sa première version, fidèle au reste de la garde robe de la marine de l’époque, était bleu marine. Cette couleur fut rapidement changée en kaki afin de permettre aux soldats un meilleur camouflage. L’expérience des rudes conditions subies par la marine durant le début de la seconde guerre mondiale a permit d’aboutir à la création de ce veste, qui est un peu l’ultime veste de la navy US pour se protéger du froid.

Ce manteau possède des caractéristiques originales : sa doublure est en alpaga, procurant un confort assez rare sur les vêtements militaires. Un zip central ainsi qu’un rabat boutonné permet sa fermeture, ce qui donne au manteau une petite asymétrie charmante. Le col rond fourré en alpaga se relève et peut se fermer par une languette.

Les authentiques Deck Jacket N-1, comme beaucoup de pièces militaires, possèdent divers détails permettant de retracer leurs histoires : des pochoirs sont souvent visibles sur la poitrine et sur le dos, indiquant l’affectation et le nom du propriétaire original. De même, l’étiquette sur la doublure affiche la référence du fabriquant et le numéro de contrat permet de retrouver la date de fabrication.

La N-1 est entrée en service en 44, juste à temps pour entrer dans l’histoire et être utilisé sur les plages normandes lors du débarquement. Elle fut ensuite utilisée pendant une vingtaine d’année, avant d’être remplacé par la A-2. Bien qu’assez commune aux US, il est plutôt difficile de s’en procurer une en Europe aujourd’hui. Il est toujours possible de se tourner vers des reproductions japonaises, qui poussent le détail jusqu’à utiliser des zips deadstock pour être le plus fidèle à l’original possible (The Real McCoy’s ou Buzz Rickson).

La A-2 fut elle introduite à la fin des 50’s et fut distribuée jusqu’à la fin des années 90. La forme reste similaire à la N-1, une poche à rabat est ajoutée à la poitrine et des sangles sur les côtés permettent de la serrer aux hanches. L’alpaga a été remplacé par du synthétique et le col n’est plus fourré. Elle conserve néanmoins ses poignets élastiques, permettant d’éviter que le vent ne s’engouffre dans les manches comme cela se ferait avec un caban.

Ci-dessous une photo de la A-2 ainsi que des photos de la N-1 portée, par Paul Newman et par des marins américains.

USN Deck Jacket A-2



Paul Newman sur le tournage de « Somebody Up There Likes Me » en 1956