Empanaché d’un Panama

Panama 1

Rien à voir avec le chapeau Havana Club qu’on a donné à votre petite soeur hier soir rue de Lappe.

Il y a un moment magique dans Badlands (« La Ballade Sauvage ») – l’excellent film de Terrence Malick – où Martin Sheen (alias Kit) vole un panama et une veste en seersucker, qu’il enfile sur son ensemble en denim. Au-delà de ce cours de layering, qui, on est sûr, a inspiré de nombreux stylistes japonais maladivement obnubilés par les US, on retient surtout le rôle esthétique important que jouera cet accessoire jusqu’à la fin du road trip de Kit. En effet, Kit le sait, son chapeau lui donne une allure certaine, digne de faire la une de la rubrique faits divers.

Les panamas, comme le nom ne l’indique pas, viennent en fait d’Équateur, où ils sont tissés à la main dans le respect de la tradition locale. Un seul de ces chapeaux de paille peut prendre de quelques heures à plusieurs mois à être tissé en fonction de la finesse voulue. Il en va en effet du tissage du panama comme de l’humour, sa qualité dépend de sa finesse et certains fabricants vous proposent même des formes identiques avec des tissages plus ou moins fins et un prix évoluant systématiquement de manière incrémental : fino, extra-fino, super-fino, le graal étant souvent le Montecristi, du nom de la ville où ceux-ci sont fabriqués.

De tradition plutôt sage, un panama saura s’adapter : il peut être porté droit avec un polo comme votre oncle à Roland Garros, mais aussi en arrière sur un ensemble RRL comme Martin Sheen, ou écrasé pour imiter le sprezzaturesque Jean-Claude Brialy dans Le Genou de Claire.

Comme toute belle chose, un panama se patinera, la paille jaunira progressivement au contact du soleil, de la crème solaire et des embruns. Plus le panama sera tissé fin, plus sa matière s’apparentera à du tissu et plus celle-ci sera fascinante, flexible et malléable. Certains panamas (souvent de forme plus classique avec un petit bourrelet central) peuvent même se rouler et se ranger dans un tube.

C’est toutefois un produit fragile, il craint l’inattention d’une assise maladroite, la sècheresse ou, plus risqué, un coup de mistral perdant en bord de mer.

Bonnes vacances !

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Drake’s SS15

« – Comment vais-je pouvoir peler cette orange avec sprezzatura sans faire tomber ma veste ? »

Pour son lookbook SS15, Drake’s a fait appel à l’illustrateur japonais Akira Sorimachi, dont le trait vous sera peut-être familier pour être régulièrement apparu sur les couvertures du magazine Monocle. Sur ces illustrations, toutes les pièces présentées sont extraites de la nouvelle collection de Drake’s et de ses diverses collaborations, des cravates aux souliers, en passant par les vestes, chemises, panamas et pochettes. La marque s’aventure petit à petit dans un vestiaire complet, mais toujours avec l’extrême justesse qui caractérisait déjà ses collections d’accessoires.
Nous avons été récemment exposés à quelques illustrateurs japonais avec des styles aussi différents qu’intéressants, qui possèdent souvent une patte rétro très contemporaine. Leurs univers sont simples, colorés et positifs et ceux-ci s’attardent parfois sur la mode masculine, on pense notamment à Hiroshi Watatani, à Satoshi Hashimoto (qui a collaboré sur la dernière maquette de M, le magazine du Monde) ou à Kazuo Hozumi, dont les figurines que l’on peut apprécier dans Free & Easy sont de pures petites merveilles…
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