Red Tails – Tuskegee airmen et Eastman Leather

Nous n’avions jamais encore parlé de George Lucas sur Redingote. Pourtant, nous aurions très bien pu car nous avions déjà traité d’Indiana Jones, où Harrison Ford ne quitte jamais une belle paire d’indy boots d’Alden. Aujourd’hui nous franchissons le pas car le producteur est derrière un nouveau film : Red Tails. Pour faire court, Red Tails est un film historique de combats aériens traitant des Tuskegee Airmen (du nom de leur base d’origine, en Alabama), un groupe de pilotes afro-américains qui eurent non seulement à lutter contre les forces de l’axe, mais aussi contre les ségrégations dont ils étaient victimes de la part du commandement américain.

Point important : les flight jackets du film proviennent toutes de chez Eastman Leather, l’entreprise anglaise à l’origine de reproductions bien pointues de vestes de pilote. Eastman Leather prend son travail de reproduction à coeur, n’hésitant pas à demander à ses fournisseurs de tanner le cuir à l’ancienne ou à utiliser des zips vintage pour garantir une similitude totale avec les modèles de l’époque. Ce film est une belle opportunité pour la marque anglaise, qui en a profité pour mettre à jour son site de vente en ligne et pour créer une partie consacrée aux pièces portées à l’écran : redtailsjackets.com.

Les photos illustrant cet album ne proviennent pas du film mais du site de la Library of Congress, ce sont des photos d’époque des véritables Tuskegee Airmen, ce qui nous rappelle qu’il n’y a probablement rien de plus beau au monde qu’une veste A-2 bien patinée. Pour parler du film, dont vous trouverez la bande annonce à la fin de cet article, il n’a pas l’air forcément très fin, mais il faut parfois savoir faire des sacrifices pour apprécier de beaux costumes à l’écran. Les fans de Steve McQueen le savent très bien.

Flight jackets en peau retournée (2/2) – B-3

Type B-3


L’aura des flight jackets dépasse largement celle de toutes les autres pièces militaires. Pour moi, ce succès est tout autant le résultat des spécificités des vestes (simplicité, matériaux, praticité) que celui du métier de ceux qui les ont portés. En effet être pilote fait, et fera toujours rêver, plus particulièrement depuis l’époque des Spitfires. Ajoutons à cela que ces pilotes faisaient peindre des pin-up sur la carlingue de leur engins ainsi que sur leurs vestes, et vous obtenez la définition du « cool » à l’américaine. D’ailleurs Les flight jacket feront partie intégrante, au même titre que les jeans, du bagage culturel américain prêt à envahir l’Europe dès la fin de la seconde guerre mondiale.

Après avoir décrit le fameux bomber Irvin de la Royal Air Force, jetons un œil aux productions en peau retournée de l’armée de l’air américaine (appelée USAAC puis USAAF et qui deviendra finalement l’USAF en 47).


Commençons par la plus ancienne et la plus connue : La Type B-3. Ce blouson est l’équivalent américain de la Irvin et est entrée en service peu de temps après celle-ci, en mai 1934. Encore une fois sa fonction fut de protéger des pilotes des conditions extrêmes endurées en vol.

La B-3, tout comme la Irvin, est constituée de peau de mouton retournée. Pour les premières versions, cette peau fut conservée tannée telle quelle, sans application d’une couche supplémentaire de protection. Cependant leur fragilité poussa à traiter la surface extérieure de ces vestes. Tout d’abord avec une couche de protection dans les tons bruns/rouges (ce qui donna à ces vestes le surnom de redskins), puis par un vernis coloré brun foncé standard (ou seal brown) à partir de 1942, peu après l’entrée en guerre des Etats-unis. Le col de la B-3 est plus large que celui de la Irvin, celui-ci est en effet refermable par non pas une, mais deux sangles, et des boutons pressions permettent de le maintenir abaissé si nécessaire. Deux autres sangles sur les côtés permettent d’ajuster la taille, comme sur la USN Deck Jacket A-2. Une poche est cousue sur la droite afin d’y glisser éventuellement une carte, des gants ou même un paquet de cigarettes et une couche de cuir est ajoutée sur les manches pour plus de résistance. Le cuir ajouté sur la veste (sur les manches, pour la poche, pour les sangles et pour les coutures) étant d’une autre provenance que la peau retournée constituant la veste, on observe une différence de texture et parfois de ton entre ces éléments. Autre particularité de la veste, celle-ci n’a pas d’épaulettes mais possède à la place et pour la même fonction de petits carrés de cuir cousus aux épaules.

Aujourd’hui ce blouson a atteint le statut de pièce culte, et les deux sangles retombant du col, sont une particularité assez forte de la veste qui a inspiré beaucoup de créateurs, on les retrouve partout. Il semble que cela ait notamment inspiré Christopher Bailey pour la collection Burberry de cet hiver : ici et , une belle interprétation à mon goût. Cependant, d’autres blousons en peau retournée furent produits pour l’armée de l’air américaine. Moins célèbres que le B-3 ils présentent tout de même tous des détails originaux intéressants.


Type B-6 by Eastman Leather


Tout d’abord, la B-6 est un peu la petite soeur de la B-3. Entrée en fonction à la fin des années 30 et moins chaude que la B-3, elle servit de compromis entre celle-ci et la fameuse A-2. La fourrure y est d’ailleurs coupée plus courte. Ayant été conçue quelques années après la B-3, des améliorations ont été apportées : Des poches plus pratiques sont présentes, les sangles à la taille ont été remplacées par des zips sur les cotés, les manches se resserent grâce à un bouton pression, et des épaulettes ainsi que des soufflets apparaîssent. Le col, quant à lui, est plus fin que celui de la B3, et une seule sangle permet de le refermer. On peut dailleurs retrouver des B-3 vintages sur lesquels ont été installés un col de B-6, permettant aux aviateurs une meilleure visibilité lorsque remonté.


Type D-1 by Eastman Leather


Tout comme la Irvin, une version de la B-3 existe pour le personnel au sol, plus particulièrement les mécaniciens qui eux-aussi ont affaire à des températures parfois difficiles. La D-1 est faîte de la même fourrure courte que la B-6 et, tout comme cette dernière ne possède qu’une sangle autour d’un col. Plus courte, ses poches se ferment par des zips.


ANJ-4 by Eastman Leather


Finalement, la ANJ-4 est la dernière veste de pilote de l’USAAF conçue en peau retournée. Celle-ci fut distribuée à partir de 1943 pour remplacer la B-3. Elle ne le sera cependant que pendant moins d’un an pour être remplacée par une veste doublée. Résultat de l’expérience sur le front des pilotes américains, on remarque que sa forme se rapproche des flight jackets en cuir plus classiques. L’ensemble des manches, ainsi que le bas de la veste sont recouvert de renforts en cuirs pour des raisons de solidité. Des tricotines font aussi leur apparition au poignet, empêchant le vent de s’engoufrer dans les manches. Des sangles sur le côté permettent toujours d’ajuster la taille de la veste.

Aujourd’hui, de nombreux fabriquants proposent des répliques plus ou moins fidèles de ces vestes. Près de chez nous, il y a notamment Eastman Leather (distribué chez American Classics à Londres) et Aero Leathers (distribué chez Rocker Speed Shop à Paris) qui proposent de belles pièces.

Voici enfin quelques photos de la seconde guerre mondiale où figurent certaines de ces vestes.


B-6

 

B-3, A-2 et B-6


B-3 et B-6


B-3

The Duke


Dès l’hiver dernier, le militaria, ou tendance du vêtement militaire, faisait son retour dans les sphères internet traitant de l’habillement. Si certains en parlent très bien sur la toile, et détaillent les éléments des tenues de soldat comme il se doit, il faut également savoir que ce type de vêtement a ses temples et ses boutiques dédiées. On ne vous fera pas l’affront de vous présenter Doursoux, référence pour nombre d’afficionados avec ses deux adresses parisiennes.

The Duke, c’est une autre histoire, et sa carte de visite le dit très bien « Authentic equipment for personal use only ». Ici donc, pas de reproduction, The Duke travaille uniquement de l’original. Vestes militaires, pantalons cargo, chemises, médailles, montres tout y est. Par extension, The Duke est aussi un feru de tout ce qui touche à l’amérique: vous y trouverez des perles du jean, des chemises de bowling et de mécano entre deux statues grandeur nature de Steve Mc Queen, d’ailleurs si vous cherchez une pièce précise, il se propose de vous la trouver, il couvrira le terrain pour vous. The Duke ne fait donc pas les choses à moitié, et si vous n’êtes pas particulièrement séduit par l’univers de cette tendance, n’hésitez tout de même pas à y faire un tour: la boutique est atypique, le propriétaire un véritable personnage, une réelle mine d’informations en tout genre concernant ce domaine.

Comme tout se mérite il faudra aller chercher The Duke à Clignancourt:

Marché Vermaison

Stand n°37

Allée A

93400 Saint-Ouen


 

 

Merci à Laurent Laporte pour les photos