Vendor – Tokyo


L’entrée du magasin

Un des premiers constats que l’on peut faire lorsqu’on commence à faire les boutiques au Japon est le travail qui rentre dans la conception de chaque boutique. Que ce soit votre boucher du coin, une librairie plus petite qu’un studio parisien ou le Galerie Lafayette local : tout est soigné dans les plus petits détails. Autant dire que les boutiques de vêtements ne font pas exception, bien au contraire. Vendor en est un très bel exemple, tout comme Biotop dont nous parlions la semaine dernière.

Le magasin est très haut de plafond, permettant ainsi plus d’espace d’étalage

Situé dans le quartier très branché de Nakameguro, à quelques pas du magasin Army Gym de Nigel Cabourn, Vendor frappe tout d’abord par l’énorme espace qu’il occupe, surtout quand on a une idée du loyer du coin. Sorte de loft rêvé de tout mordu de fringue, le magasin propose une belle sélection de musique, d’accessoires et de pièces venant essentiellement de marques nippones ainsi qu’une poignée d’Europe et des Etats-Unis.

Du côté japonais on retrouvera donc Nonnative, Hobo et Comme des Garçons par Junya Watanabe sans oublier la marque en propre du magasin « Vendor Things » qui n’a rien a envier de ses compatriotes. Pour l’Europe, les anglais de Folk et les suédois Klättermusen sont là, tandis que les Etats-Unis sont bien représentés par Generic Surplus, la toute nouvelle marque Batten Sportswear et Todd Snyder. Les collaborations exclusives vont également bon train, et dans l’ensemble tout vaut vraiment un coup d’oeil.

La selection de musique s’intègre parfaitement dans l’organisation du magasin

Le merchandising fait parti de l’attraction au magasin: tableaux regroupant des collections d’insectes, crânes de singes sculptés et surtout, le caméléon. Le tout dans un environnement boisé et parsemé de plantes. On se balade donc volontiers aux quatre coins du magasin à la recherche de nouvelles bizarreries et découvertes et en trouvant par la même occasion un bon lot de produits que l’on ramènerai volontier dans ses valises.

Une des curiosités du lieu: le crâne de singe sculpté

Vendor est donc une adresse à faire si vous êtes de passage dans le quartier tant pour la selection que pour la boutique en elle même. Cependant vous pouvez aussi aller jeter un coup d’oeil sur leur boutique hébergée chez Zozotown. Loin d’être une ville de fous, Zozotown est une sorte de Farfetch Japonais, qui existait bien avant ce dernier cela dit, et qui mérite d’y faire un tour. Avec l’aide de Google Translate et une bonne dose d’interprétation ça devrait bien se passer.

Vendor Nakameguro
1F, 1-23-14 Aobadai Meguro-ku
Tokyo 153-0042 
Vendor.co.jp
zozo.jp/shop/vendor

Un peu plus de photo pour les curieux. Un indice : un animal s’y cache.

Nigel Cabourn – Interview




La rédaction du précédent article sur Nigel Cabourn nous a donné envie d’en savoir plus. Heureusement, Nigel Cabourn a bien voulu répondre directement à nos questions sur ses précédentes expériences, ses sources d’inspiration ainsi que sur la démarche d’approvisionnement de la marque. Nous avons recueilli ces informations en anglais, donc afin de ne pas dénaturer les propos recueillis tout en les rendant accessibles au plus grand nombre de nos lecteurs nous avons opter pour une traduction tout en laissant la version originale de l’interview dans la version anglaise.


Redingote: Quelle a été l’idée qui a donné naissance à Cricket Clothing Limited ?

Nigel Cabourn: J’ai commencé Cricket Clothing Ltd alors que j’étais encore étudiant en école de mode en 1971. A cette époque, c’était plus cool d’avoir un nom d’entreprise plutôt qu’un nom de styliste. J’ai commencé avec Cricket car ce sport m’intéressait particulièrement et j’ai pensé que ça irai parfaitement comme nom de marque. D’ailleurs, les premières créations que j’ai faites en 1971 ressemblaient à une veste de cricket !


R: Est-ce que vous suiviez la même politique de sourcing que celle de la marque Nigel Cabourn, c’est à dire de fabriquer autant que possible en Angleterre ?

N C: En 1971, en tant qu’étudiant en mode sortant de l’école, je n’avais pas d’autres choix que de créer ma ligne de vêtements en Angleterre. C’était la seule possibilité à l’époque. Aujourd’hui, la marque Nigel Cabourn reste attachée à la production en Angleterre, et ceci en utilisant des matières originaires de Grande-Bretagne. Je pense qu’on pourrait dire que cette marque suit la même politique de sourcing que la précédente, mais les choses ont beaucoup changé.


R: Quand et comment vous est venu l’idée de créer la marque Nigel Cabourn telle que nous la connaissons aujourd’hui ?

N C: Comme vous le savez, la marque Nigel Cabourn d’aujourd’hui est issue de ma volonté de recentrer l’activité de l’entreprise en 2002. Cette année là, j’ai décidé que j’en avais marre de faire des produits commerciaux et de me concentrer sur des collections spéciales en édition limitée. Cela a commencé avec la collection Everest. J’ai eu un tel succès avec cette collection, notamment au Japon, que j’ai décidé de continuer et de créer des collections faites en Angleterre avec des matières provenant de Grande-Bretagne, de grande qualité et possédant une réelle intégrité.


R: Vos produits sont assez techniques et peuvent demander une certaine culture du vêtement pour être appréciés. Avez-vous trouvé cela difficile de trouver une clientèle au début ?

N C: Je n’ai eu aucun problème à trouver de nouveaux clients pour la nouvelle marque Nigel Cabourn. Ceci est dut au fait que nous avons fait coïncider le lancement de la marque en 2003 avec le 50ème anniversaire de la conquête de l’Everest par Sir Edmund Hillary. Nous avons fait une exposition au Japon et tout est parti de là. J’ai une importante clientèle pour ce type de produit. Au cours des quatre dernières années, je l’ai vraiment développé en ce qui concerne les vêtements uniques.


R: Trouvez vous que le workwear et les prix élevés font bon ménage ? Ne pensez vous pas que vendre des produits inspirés par le workwear ou les vêtements militaires à des prix élevés revient à s’éloigner de leur usage principal ?

N C: Il n’y a aucun problème à ce que du workwear ou du vêtement militaire soit vendu à des prix élevés. Personne ne s‘en soucie vraiment tant que le vêtement est beau, bien fait et de la plus haute qualité. Après tout, nous ne faisons que 100 à 300 pièces par modèle, ce qui nous permet d’avoir une offre très unique sur le marché.


R: Pouvez-vous nous expliquer où vous trouvez votre inspiration pour créer un vêtement ?

N C: L’inspiration pour créer un vêtement vient principalement de ma collection de 3000 à 4000 vêtements vintage ainsi que d’ouvrages d’occasion. La totalité de mon inspiration vient de là, et ce à chaque saison.


R: Pouvez-vous nous parler brièvement de votre passion et de la manière dont vous vous procurez des objets aussi rares ?

N C: J’ai une énorme passion pour les vieux vêtements. Je porte une attention toute particulière aux détails et à la matière et c’est ce qui m’intéresse dans les vêtements rares que je réunis au travers de mes voyages autour du monde.


R: Nous apprécions beaucoup votre volonté de produire autant que possible en Angleterre pour la ligne « Authentic » et au Japon pour la collection « Mainline ». Ne trouvez vous pas cela difficile de trouver tous les éléments nécessaires à la production d’un vêtement au même endroit ?

N C: Non, je n’ai aucun problème à produire Authentic et à faire produire Mainline au Japon. La clé est de travailler avec ce qu’il y a de disponible dans chacun des deux pays et de ne pas tenter de créer des choses qui n’y existent pas.


R: Pourquoi avoir décider d’ouvrir le seul magasin Nigel Cabourn, The Army Gym, au Japon et pas en Angleterre ?

N C: Pour être honnête, j’avais déjà mon propre magasin à Londres il y a 15 ans de cela. A cette époque, nous vendions des produits commerciaux. J’ai décidé d’ouvrir le magasin au Japon car il y a énormément de gens qui s’intéressent à ce que je fais là bas. De plus, je savais qu’un succès serait beaucoup plus appréciable étant donné l’amour des japonais pour les vêtements authentiques et originaux. C’est pour cela que nous avons ouvert « the Army Gym » là bas et nous battons des records de ventes chaque semaine.


Un grand merci à Nigel Cabourn de nous avoir accorder un peu de son temps. Ci-dessous des visuels de la collection automne-hiver 2010, dont certaines pièces sont en vente chez FrenchTrotters.


cabourn.com