Flight jackets en peau retournée (2/2) – B-3

Type B-3


L’aura des flight jackets dépasse largement celle de toutes les autres pièces militaires. Pour moi, ce succès est tout autant le résultat des spécificités des vestes (simplicité, matériaux, praticité) que celui du métier de ceux qui les ont portés. En effet être pilote fait, et fera toujours rêver, plus particulièrement depuis l’époque des Spitfires. Ajoutons à cela que ces pilotes faisaient peindre des pin-up sur la carlingue de leur engins ainsi que sur leurs vestes, et vous obtenez la définition du « cool » à l’américaine. D’ailleurs Les flight jacket feront partie intégrante, au même titre que les jeans, du bagage culturel américain prêt à envahir l’Europe dès la fin de la seconde guerre mondiale.

Après avoir décrit le fameux bomber Irvin de la Royal Air Force, jetons un œil aux productions en peau retournée de l’armée de l’air américaine (appelée USAAC puis USAAF et qui deviendra finalement l’USAF en 47).


Commençons par la plus ancienne et la plus connue : La Type B-3. Ce blouson est l’équivalent américain de la Irvin et est entrée en service peu de temps après celle-ci, en mai 1934. Encore une fois sa fonction fut de protéger des pilotes des conditions extrêmes endurées en vol.

La B-3, tout comme la Irvin, est constituée de peau de mouton retournée. Pour les premières versions, cette peau fut conservée tannée telle quelle, sans application d’une couche supplémentaire de protection. Cependant leur fragilité poussa à traiter la surface extérieure de ces vestes. Tout d’abord avec une couche de protection dans les tons bruns/rouges (ce qui donna à ces vestes le surnom de redskins), puis par un vernis coloré brun foncé standard (ou seal brown) à partir de 1942, peu après l’entrée en guerre des Etats-unis. Le col de la B-3 est plus large que celui de la Irvin, celui-ci est en effet refermable par non pas une, mais deux sangles, et des boutons pressions permettent de le maintenir abaissé si nécessaire. Deux autres sangles sur les côtés permettent d’ajuster la taille, comme sur la USN Deck Jacket A-2. Une poche est cousue sur la droite afin d’y glisser éventuellement une carte, des gants ou même un paquet de cigarettes et une couche de cuir est ajoutée sur les manches pour plus de résistance. Le cuir ajouté sur la veste (sur les manches, pour la poche, pour les sangles et pour les coutures) étant d’une autre provenance que la peau retournée constituant la veste, on observe une différence de texture et parfois de ton entre ces éléments. Autre particularité de la veste, celle-ci n’a pas d’épaulettes mais possède à la place et pour la même fonction de petits carrés de cuir cousus aux épaules.

Aujourd’hui ce blouson a atteint le statut de pièce culte, et les deux sangles retombant du col, sont une particularité assez forte de la veste qui a inspiré beaucoup de créateurs, on les retrouve partout. Il semble que cela ait notamment inspiré Christopher Bailey pour la collection Burberry de cet hiver : ici et , une belle interprétation à mon goût. Cependant, d’autres blousons en peau retournée furent produits pour l’armée de l’air américaine. Moins célèbres que le B-3 ils présentent tout de même tous des détails originaux intéressants.


Type B-6 by Eastman Leather


Tout d’abord, la B-6 est un peu la petite soeur de la B-3. Entrée en fonction à la fin des années 30 et moins chaude que la B-3, elle servit de compromis entre celle-ci et la fameuse A-2. La fourrure y est d’ailleurs coupée plus courte. Ayant été conçue quelques années après la B-3, des améliorations ont été apportées : Des poches plus pratiques sont présentes, les sangles à la taille ont été remplacées par des zips sur les cotés, les manches se resserent grâce à un bouton pression, et des épaulettes ainsi que des soufflets apparaîssent. Le col, quant à lui, est plus fin que celui de la B3, et une seule sangle permet de le refermer. On peut dailleurs retrouver des B-3 vintages sur lesquels ont été installés un col de B-6, permettant aux aviateurs une meilleure visibilité lorsque remonté.


Type D-1 by Eastman Leather


Tout comme la Irvin, une version de la B-3 existe pour le personnel au sol, plus particulièrement les mécaniciens qui eux-aussi ont affaire à des températures parfois difficiles. La D-1 est faîte de la même fourrure courte que la B-6 et, tout comme cette dernière ne possède qu’une sangle autour d’un col. Plus courte, ses poches se ferment par des zips.


ANJ-4 by Eastman Leather


Finalement, la ANJ-4 est la dernière veste de pilote de l’USAAF conçue en peau retournée. Celle-ci fut distribuée à partir de 1943 pour remplacer la B-3. Elle ne le sera cependant que pendant moins d’un an pour être remplacée par une veste doublée. Résultat de l’expérience sur le front des pilotes américains, on remarque que sa forme se rapproche des flight jackets en cuir plus classiques. L’ensemble des manches, ainsi que le bas de la veste sont recouvert de renforts en cuirs pour des raisons de solidité. Des tricotines font aussi leur apparition au poignet, empêchant le vent de s’engoufrer dans les manches. Des sangles sur le côté permettent toujours d’ajuster la taille de la veste.

Aujourd’hui, de nombreux fabriquants proposent des répliques plus ou moins fidèles de ces vestes. Près de chez nous, il y a notamment Eastman Leather (distribué chez American Classics à Londres) et Aero Leathers (distribué chez Rocker Speed Shop à Paris) qui proposent de belles pièces.

Voici enfin quelques photos de la seconde guerre mondiale où figurent certaines de ces vestes.


B-6

 

B-3, A-2 et B-6


B-3 et B-6


B-3

0 commentaires sur “Flight jackets en peau retournée (2/2) – B-3

  1. @ Whereisthecool :
    Bonne question, tout dépends si tu recherches une réplique exacte des modèles de l’époque ou non.

    Certains fabriquants vont très loin dans cette quête de la reproduction, allant jusqu’à utiliser les même zips (deadstock ou non), le même procédé de tannage et utilisant des matières premières importées du pays d’origine de la veste … Eastman sont pas mal pour ça, ils ont notamment toute une offre de reproductions exactes de pièces vintage de leur collection : http://www.shopcreator.com/mall/eastmanleather/topic/topic-15248-1.stm

    Schott ou Avirex font plutôt des modèles remis au gout du jour, sans aucun extrémisme au niveau de la recherche d' »authenticité ». Par exemple la B-3 de Schott (http://www.schottnyc.com/products/fabric/leather/classic-b-3-sheepskin-leather-bomber.htm) possède des poches des deux côtés, ce qui ne nuit en rien à la qualité de la veste.

  2. Oui oui en repro, les Real Mc Coys et Buzz Rickson font très très bien leur boulot aussi sur ce sujet..
    Je me suis un peu renseigné, Brill Bros était une bonne marque, il est possible de choper du vintage et le code sur l’étiquette permet de repérer l’époque de la pièce.

  3. Baumann Eric :

    En tous cas, je possède une B-6 seal brown de chez Aero leather et je ne sais pas si une parfaite reproduction mais en tous cas la « fourrure » mouton est beaucoup plus douce et duveteuse que celle des autres marques. Un vrai doudou ;-))). En plus, ce look plus « touffu » est beaucoup plus beau que l’aspect assez rasé des autres marques.
    Malgré tout moins épais qu’une B-3, évidemment.
    C’est juste mon avis

  4. Andrei Caudray :

    Bonjour,

    Je garde une grande nostalgie de l’époque (du milieu des années 80 jusqu’à la fin des années 90) où le blouson de pilote était à la mode parmi les 14 à 40 ans… Dans mon placard tronaient un B-3 Chevignon, deux A-2 (dont un Patrouille de France) Avirex, et un 3e Avirex en cuir à la coupe « bomber ». Ah, jeunesse ! disait Courteline. Aujourd’hui, c’est passé de mode, hélas.

    Cordialement,

    Andrei Caudray

  5. LEBER :

    Non ce n’est pas passé de mode, moi j’adore et je suis en ce moment à la recherche de « mon B-3 Chevignon. Je viens de fêter mes 51 ans et mon cadeau c’est mon bombers mais je ne l’ai pas encore trouvé!
    Pourtant c’est la classe et tellement de choses dois vous passer par le tête quand vous les portez!
    Cordialement
    Leber Anne-Sophie

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