En ces temps où le port de la moustache et de la barbe sont de bon augure, il est très logique de s’intéresser à la question du rasage. De plus qu’avec ces effluves de traditions omniprésentes, le rasage ça amène tout de suite des clichés dotés d’une esthétique qui a beaucoup de charme, qui n’a rien à envier à Gillette et ses compagnons du rasage minute: coupes choux, blaireaux, on s’imagine déjà en marcel blanc dans la salle de bain, cheveux gominés en arrière face au miroir.
D’ailleurs si on s’applique à suivre les commandement Chap à la lettre, le rasage revêt une importance capitale, on ne plaisante pas avec la pilosité faciale chez les anglais. Les américains ne sont pas en reste au vu des peaux impeccables des personnages de Mad Men ou Boardwalk Empire, en ces temps reculés où les codes strictes de l’élégance ne laissaient pas place au poil de trop (détail relevé par Esquire il y a quelques temps).
Influencés par ce culte de l’esthétique ancienne, de la prohibition au rockabilly, les hipsters semblent vouloir adopter les comportements correspondant: aller chez le barbier du Freeman Sporting Club à NYC devenant un nouveau signe de distinction (Scott Schuman n’échappe d’ailleurs pas à la règle). Rassurez vous, si vous êtes à Paris vous pourrez également tenter l’expérience chez Alain, maître barbier, installé depuis de nombreuses années déjà et qui doit voir grossir sa clientèle de jour en jour en ce moment.
Si vous préférez vous essayer à une nouvelle manière de traiter la corvée vous même, il vous faudra tout de même du matériel: rasoir droit (l’autre nom du coupe choux), blaireau pour appliquer la crème, cuir ou « paddle » pour aiguiser. Vous pourrez d’ailleurs aller chercher tous les conseils nécessaires sur le forum du Coupe Chou Club, étonnante communauté d’addict du rasoir au sabre. S’équiper en grooming, c’est un peu comme les nécessaires à chaussures, on a essentiellement besoin du côté pratique, mais si l’ensemble n’est pas composé de beaux objets, on aura forcément plus de mal à s’en servir.
Sachez en tout cas que les derniers fabricants européens semblent être Thiers Issard du côté français et Dovo en Allemagne, sans oublier les quelques artisans couteliers régionaux qui réalisent souvent des pièces fantastiques, rien qu’au niveau des matériaux. Ne manquez d’ailleurs pas de faire un tour sur le site internet de Thiers Issard, assez étrangement documenté de commentaires audio sur toutes les pages… qui en apprennent tout de même beaucoup sur la matière coutelière.
Évidement au début, si vous décidez d’essayer, il est probable que vous mettiez beaucoup de temps à maîtriser la technique et que vous versiez un peu de sang… le charme d’une telle pratique a donc un certain prix, allez y avec des pincettes. Ou vous pouvez aussi garder votre Bic jetable même si ça n’est pas très « green », peu de gens vous en feront le reproche, ça a du bon parfois la modernité.
Je vous laisse avec quelques images d’un Thiers Issard « Spartacus » très prisé des amateurs, empruntées sur le forum cité plus haut et d’un « Doble Temple » de Filarmonica, restauré par l’un des membres également.