éclectic – 8 rue Charlot


Un classique bien coupé qui recèle bien des secrets…


Par les temps qui courent, il pourrait paraître un peu étrange d’imaginer une marque de vêtement sans logo. Une marque qui ne se soucierait pas du calendrier des saisons de mode ou encore qui ne tournerait qu’autour d’une pièce et non pas d’une ligne complète, le tout sans chercher à communiquer plus que ça. Finalement ce serait vouloir se placer comme un spécialiste soigné et soucieux de l’allure et des besoins de ses clients plus que comme une marque commerçante cherchant à combler leurs envies fugaces.

Frank Malègue fait un peu ce pari en lançant éclectic l’année dernière, une marque avec laquelle il ne propose que des vestes et de belles pièces à manches. Dès le départ éclectic se positionne comme un spécialiste de la veste en prêt à porter : on fait très attention aux coupes, qui donnent de l’allure en restant près du corps, et également aux matières qui sont  belles, recherchées et agréables au toucher. Alors que la plupart des acteurs versaient l’année dernière dans l’héritage, le retour aux sources et la mode des pièces vintage, Frank Malègue décide avec éclectic de commencer à travailler sur des tissus techniques. Ainsi vous pourrez retrouver des pièces en laines imperméables, d’autres dotées de doublures chauffantes et respirantes ou encore un caban en Cordura indéchirable, spécialement étudié pour sa resistance à l’abrasion.

Veste en laine, doublée en polaire: on est bien.


Soucieux de faire fabriquer des vêtements véritablement beaux, éclectic ne coupe pas les ponts avec l’amour du savoir faire malgré son penchant pour l’innovation. L’ensemble de la collection est donc fabriqué dans un atelier italien du Veneto, à Trévise, qui travaille habituellement avec les grandes maisons de tailleurs: on peut donc compter sur une réalisation de haute qualité. Vous pouvez également le constater avec les quelques clichés qui illustrent mon propos: les finitions sont impeccables (même vraiment très belles, regardez les boutons) et le labeling est des plus discrets.

Boutons en métal lisse, joli contraste chaud/froid d’une direction artistique soignée.

 

Un labeling très discret, témoignage de bon goût.

En terme d’image, Frank Malègue semble vouloir souhaiter que sa marque reste accessible à une population plus large que celle de quelques initiés méticuleux: pour lui, chaque veste peut être portée par des gens différents d’un nombre de manières tout autant différentes. Pour mettre en lumière cet aspect il a lancé le projet photographique « éclectic portraits » qui met en scène des clichés de ses clients, ses proches et ses amis ayant étés photographiés dans la cave de la boutique. Chacun porte une veste éclectic à sa façon et participe à l’image de la marque, le résultat est bien sûr moins diffusé qu’une campagne classique, moins onéreux également mais beaucoup plus authentique, et sur le long terme ça peut donner quelque chose d’assez intéressant.

Rien à craindre avec ça sur le dos, en hiver comme par temps de pluie.


La veste devient alors un élément vraiment remarquable de votre garde-robe, assez décomplexée, un peu à la manière d’un jean que chacun usera et portera selon son look. On s’approprie une pièce multiforme qui devient quasiment une armure, qui protège volontiers du monde extérieur et que l’on pourra adapter à sa silhouette selon ses envies et ses humeurs. On l’envisage également comme une pièce hors du temps, dont on ne se lassera pas au bout d’une saison et qui relèvera avec succès l’épreuve du temps: l’idée du haut de gamme revient à grand pas, mieux vaut avoir une veste incroyable que 10 blazers mal coupés aux finitions juste moyennes que l’on est sûr de croiser à tous les coins de rues. Au pire on pourra la remiser dans un vieux coffre, le temps que vos enfants la trouvent assez cool pour l’enfiler à leurs tours.

Pas de photo maison pour celle ci, mais ça vous donne un aperçu de l’endroit.


Le positionnement luxe de la marque ne serait rien sans un un bel endroit pour lui servir d’écrin. La boutique éclectic est située dans le haut-marais à Paris, au 8 rue Charlot et l’espace joue également la carte du travail bien fait au niveau des matières et des textures (métal brut, pierres apparentes, peintures et plâtres burinés…). Les quelques vestes suspendues ou sur mannequins qui occupent l’endroit y apportent une ambiance chaude assez particulière et en sont les pièces maîtresses: rien ne vient perturber la lecture de la collection, on a tout de suite les yeux rivés sur les vêtement. L’accueil sympathique, ouvert et prompt à la conversation de Frank et de son équipe termine d’en faire un endroit où l’on a une réelle envie d’aller s’habiller. Je vous invite donc vraiment à aller y faire un tour, et surtout à aller essayer les pièces que propose la marque, ne serait ce que pour vous faire une idée du toucher des lainages et autres matières utilisées.

Sport, Esthétique et Technique, partie I

En retraçant brièvement l’origine de la redingote, pièce de vestiaire masculin dont on a emprunté le nom pour intituler ce blog, on constate que son apparition se fait aux aurores du 19ème siècle.

Il semblerait que le mot soit tout simplement une déformation de l’anglais « riding coat », donc de l’expression « manteau pour chevaucher »: la redingote aurait donc été inventée pour faciliter le port du manteau à dos de cheval tout en restant élégant.

Une fois encore, on est face à un phénomène que l’on connaît bien: les pièces créées pour répondre à un besoin pratique, continuent d’exister dans le temps de manière durable, tandis que les pièces dessinées ou modifiées par pur soucis esthétique et pour coller à la tendance semblent être vouées à une durée plus éphémère. Bien sûr, il y a des exceptions, je vous vois venir en brandissant la cravate !

Si le sujet de la création d’un vêtement élégant pour répondre à un besoin technique semble assez désuète, détrompez vous, il arrive encore de nos jours que certains designers se penchent sur des questions très actuelles, par exemple, le vélo.

Moyen de transport urbain très utilisé dans les grandes villes d’Europe, d’ailleurs très en vogue en ce moment sûrement grâce à la tendance « pignon fixe » (parce que oui, on peut lui trouver de bons côtés), le vélo peut néanmoins présenter quelques inconvénients quand il s’agit d’arriver au bureau à l’heure, alerte et immaculé. Il y a donc un besoin auquel pourraient répondre quelques designers de vêtement talentueux: faire de beaux vêtements, dans des matières permettant d’éviter la transpiration, la chaleur, et de bien se protéger contre les intempéries.

On a d’abord eu des marques proches du monde du vélo réfléchissant simplement à des coupes facilitant la pratique cycliste, comme WoodWood avec son chino Eland 91, qui se resserait au niveau des chevilles pour que la chaîne n’abime pas le pantalon. Ou encore des marques comme J.Lindberg, s’en inspirant surtout au niveau de l’esthétique générale d’une collection.

Ensuite on pense à des marques comme Rapha, se souciant à la fois de l’esthétique et de la fonction finale du vêtement avec toutes les implications techniques que cela peut entraîner, mais très orientée vers une clientèle sportive.

Côté actualité, il y a récement eu cette belle vidéo mettant en scène Paul Smith avec l’équipe cycliste Rapha Condor, qui mettait le doigt sur une partie de ce challenge que les designers vont avoir à relever dans un futur proche, et que certains exploitent déjà.

Cela fait d’ailleurs quelques temps que Rapha et Paul Smith travaillent ponctuellement ensemble sur des accessoires destinées à la pratique du vélo, le designer anglais étant un fan de cyclisme depuis sa jeunesse. Cet hiver ils sont allés un peu plus loin en proposant une veste technique, ce qui devrait continuer en s’accentuant sur Printemps Eté  2011 selon ViaComit.

Ceux qui poussent la chose le plus loin c’est sans doute Arc’Téryx, la marque canadienne d’outerwear, avec leur ligne Veillance. Moyennant un budget assez élevé, on pourra choisir chez Arc’Téryx Veillance une tenue en parfaite adéquation avec le monde de l’entreprise: un costume en GORE-TEX avec des coutures thermosoudées et des poches étanches, complètement coupe vent.

Le plus étonnant, outre la coupe d’une veste très technique reprenant celle d’un blazer, est qu’ils sont allés jusqu’à développer une ligne de chemises reprenant ces technologies. L’ensemble empêche donc la pénétration d’eau dans le textile tout en laissant passer la transpiration, et peut être trouver chez The Glade.

La question des chaussures pour les pédales automatiques est également un domaine ou l’innovation a sa place, puisque la plupart des modèles restent des modèles de sport à proprement parler. Fondée en 1994, Mission Workshop s’est donc attelé à la tache et développe une basket pour pédale automatique avec laquelle on peut marcher normalement. L’initiative est à saluer mais je suis assez impatient de voir ce que le chemin qui mènera à la production de pièces abordables et esthétiquement vraiment réussies, aura à nous faire découvrir.