Maurice Ravel, Alborada del Gracioso

Avec Claude Debussy, Maurice Ravel est assurément le plus grand compositeur français de la musique moderne. Il est connu dans le monde entier pour ses « tubes » et plus particulièrement son boléro, qui est aujourd’hui une des oeuvres les plus jouées au monde !

Entre 1904 et 1906, Maurice Ravel compose une oeuvre intitulée Miroirs qui marque un profond changement dans son style d’écriture. Avec cette oeuvre, le compositeur affirme sa proximité et son goût pour les sonorités hispaniques et orientales. C’est une période très prolifique pour Ravel qui compose entre 1901 et 1908 de nombreux chefs-d’oeuvre.

Nous nous attarderons simplement aujourd’hui sur sa quatrième pièce des Miroirs, Alborada del Gracioso, (« Aubade du bouffon »). Maurice Ravel orchestre l’oeuvre en 1918. Reconnu comme un génie de l’orchestration, il réalise dans cette pièce un travail extraordinaire. Créée le 17 mai 1919 par Rhené-Baton à la tête de l’orchestre Pasdeloup, c’est un immense succès pour le compositeur.

L’oeuvre se découpe en trois parties : la première est une danse fuyante et mystérieuse qui s’abandonne vite à une plainte pleine de tendresse du bouffon… Arrive enfin une délirante cascade de notes où se font entendre (dans la version orchestrée) les castagnettes et le xylophone qui nous laissent percevoir les couleurs chaudes de l’Espagne !

Alborada del Gracioso

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Une autre version est également disponible en vidéo (ici).

Pour illustrer le génie de Maurice Ravel en tant qu’orchestrateur, il est intéressant d’écouter la version pour piano dans la foulée… J’ai choisi celle de Sviatoslav Richter pour son interprétation très personnelle que j’apprécie énormément. Pour une interprétation plus classique, je recommande Anne Queffélec.

La partition pour piano est disponible ici

Le compositeur expliquera plus tard à propos de cette oeuvre :

« Les Miroirs forment un recueil de pièces pour le piano qui marquent dans mon évolution harmonique un changement assez considérable pour avoir décontenancé les musiciens les plus accoutumés jusqu’alors à ma manière. […] Le titre des Miroirs a autorisé mes critiques à compter ce recueil parmi les ouvrages qui participent du mouvement dit impressionniste. Je n’y contredis point, si l’on entend parler par analogie. Analogie assez fugitive d’ailleurs, puisque l’impressionnisme ne semble avoir aucun sens précis en dehors de la peinture. Ce mot de miroir en tout état de cause ne doit pas laisser supposer chez moi la volonté d’affirmer une théorie subjectiviste de l’art. »

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